Nana (roman)

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Nana

Illustration de Nana

Auteur Émile Zola
Genre roman
Pays d’origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur G. Charpentier
Date de parution 1880

Nana est un roman d’Émile Zola publié en 1880, le neuvième de la série les Rougon-Macquart, traitant le thème de la prostitution féminine à travers le parcours d’une courtisane dont les charmes ont affolé les plus hauts dignitaires du Second Empire. L’histoire commence en 1868.

Née en 1852 dans la misère du monde ouvrier, Nana est la fille de Gervaise et de Coupeau dont l’histoire est narrée dans l'Assommoir. Le début du roman la montre dans la gêne, manquant d’argent pour élever son fils Louiset qu’elle a eu à l’âge de seize ans, faisant des passes pour arrondir ses fins de journées. Ceci ne l’empêche pas d’habiter un riche appartement où l’un de ses amants l’a installée. Son ascension commence avec un rôle de Vénus qu’elle interprète dans un théâtre parisien : elle ne sait ni parler ni chanter, mais son déhanchement affole tous les hommes, qui rêvent de la posséder. C’est le cas notamment de Muffat, haut dignitaire de l’Empire, pourtant homme chaste et d’une grande piété, que Nana ruine et humilie tout au long du roman. Muffat n’est pas la seule de ses victimes : d’autres sont conduits à la ruine, en particulier Steiner, se suicident (Georges Hugon, Vandeuvre), volent (Philippe Hugon), deviennent des escrocs (Vandeuvre). Pourtant Nana est une brave fille, mais elle fait le mal sans s’en rendre compte, et surtout tous les hommes l’ennuient.

Elle se met néanmoins un moment en ménage avec un homme qu’elle aime, le comédien Fontan, un homme violent qui finit par la battre et qu’elle quittera pour l’actrice Satin, dont elle sera follement amoureuse. Après avoir épuisé toutes ses économies, elle acceptera la manne financière proposée par Muffat qui désire par-dessus tout en faire sa maîtresse. Cette liaison le mènera au bouleversement total de son être, de ses convictions dévotes, son comportement probe et ses principes intègres, il s’abaissera à une humiliation inhumaine et une complaisance révoltante, contraint d’accepter les moindres caprices de Nana qui lui fait subir les pires infamies jusqu’à lui faire accepter la foule d’amants qu’elle fréquente, alors qu’il n’exigeait d’elle que fidélité en échange de la fortune qu’il lui sacrifie.

Nana atteint le sommet de sa gloire lors d’un grand prix hippique auquel assistent Napoléon III et le tout-Paris, remporté par une pouliche qui porte son nom. Tout l’hippodrome crie « Nana », dans un délire tournant à la frénésie. Puis, après avoir peu à peu rejeté tous ses amants, elle quitte Paris, sans doute pour la Russie. Plus personne ne sait rien d’elle, jusqu’au moment où elle regagne la capitale. Atteinte de la petite vérole, Nana meurt peu de temps après, entourée de personnalités du théâtre.

[modifier] Bibliographie

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[modifier] Adaptations

s:

Nana est disponible sur Wikisource.

Le roman a souvent été adapté au cinéma. On peut retenir notamment une première adaptation en Suède en 1910 par Kund Lumbye. Un autre Suédois, Mac Ahlberg, a traité le sujet en 1970. Entre-temps, on notera surtout l’adaptation de Jean Renoir en 1926 (voir Nana) et celle de Christian-Jaque (1955), avec Martine Carol et Charles Boyer (voir Nana). Plus récemment, Nana a été adapté à la télévision, en 1981, sous forme d’un feuilleton en quatre épisodes, réalisé par Maurice Cazeneuve.