Nabi (peinture)

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Le mouvement nabi que l'on désigne souvent par Les Nabis est un mouvement artistique post-impressionniste d'avant-garde, né à la fin du XIXe siècle en réaction contre la peinture académique et qui perdurera jusqu'au début du XXe siècle.

Sommaire

[modifier] Histoire

Paul Sérusier, Le Talisman (1888)Huile sur bois. 27 x 21.5 cmMusée d'Orsay
Paul Sérusier, Le Talisman (1888)
Huile sur bois. 27 x 21.5 cm
Musée d'Orsay

C'est vers 1888 que le terme de Nabis ou Nebiim (qui veut dire en hébreu : intellectuel , l'occident l'ayant traduit par prophète, illuminé ou encore celui qui reçoit les paroles de l'au-delà, l'inspiré de Dieu) fut proposé par le poète Henri Cazalis comme nom à un cercle de jeunes peintres fondé par Paul Sérusier.

Ce cercle est né d'une controverse autour d'une peinture de Sérusier, « Le Talisman », réalisée sous la direction de Paul Gauguin qu'il avait rencontré en Bretagne, à Pont-Aven durant l'été 1888. Gauguin l'encouragea à se débarrasser de la contrainte imitative de la peinture, à user de couleurs pures, vives, à ne pas hésiter à exagérer ses visions, et à donner à ses peintures sa propre logique décorative et symbolique.

Lorsqu'il revint à Paris, le tableau fit naître des débats enflammés avec les autres étudiants de l'Académie Julian sur le rôle sacré de l'Art et de la peinture. C'est alors qu'avec des proches partageant ses idées, il créé le mouvement nabi.

Le mouvement ne dure que quelques années puisque Les Nabis se dispersent vers 1900. Toutefois, au tournant du siècle, les Nabis font la transition et annoncent, ou préfigurent, les recherches contemporaines de l'Art nouveau.

[modifier] Caractéristiques

Les Nabis ont de grandes ambitions intellectuelles et spirituelles ; ils représentent un moment important où l'art français s'ouvre sur une grande créativité. Ils s'attachent dans leur pratique à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel au moyen de l'Art[1].

Plus ou moins détachés du christianisme, les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme et de théosophie[2].

En réaction contre l'impressionnisme, le naturalisme, libérant la peinture des entraves du réalisme, les Nabis veulent lui donner une âme. Le peintre Henri-Gabriel Ibels écrira : « Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés »[3].

Les Nabis se caractérisent par l'utilisation de grands aplats de couleurs « sorties du tube », sans mélange, par le cerne , la perspective absente ou fausse, la ligne d'horizon haute des paysages. On trouve également dans leur peinture un attrait pour le symbolisme et des influences de l'école de Pont-Aven. La lumière est prédominante dans les tableaux des Nabis, préfigurant la lumière spirituelle.

En tant qu'artistes, ils entendent également redonner ses lettres de noblesse à l'artisanat. Ne se limitant pas strictement à la peinture, ils s'intéressent à toutes les formes de décoration et d'expression : tapisseries, vitraux, tissus et papiers peints, décors de théâtre, illustrations de livres, affiches.

Si les Nabis sont subjugués par la personnalité et l'œuvre de Gauguin, ils se sont également intéressés, comme les artistes et musiciens de leur époque (Satie, Debussy) à l'orientalisme et plus particulièrement au japonisme, qui inspirat le surnom de Bonnard, notamment au travers des ukiyo-e, aux textes de la sagesse orientale et aux ouvrages ésotériques. Vuillard possedait la plus importante collection d'objet japonais des Nabis. Ils lisaient également tous la revue « Le Japon artistique »[4] de Samuel Bing. Les lettres qu'ils échangent sont paraphées du sigle « ETPMVMP » En ta paume mon verbe et ma pensée.

[modifier] Quelques Nabis célèbres

Les Nabis ont compté dans leurs rangs, entre autres, Paul Sérusier, Édouard Vuillard, Pierre Bonnard, Maurice Denis (le théoricien du groupe), Ker-Xavier Roussel, Félix Vallotton, Paul-Elie Ranson, Georges Lacombe, Jan Verkade, Henri-Gabriel Ibels, Mogens Ballin, Jozsef Rippl-Ronai, Charles Filiger ainsi que le sculpteur Aristide Maillol qui sans l'aisance de leur culture bourgeoise ne s'intégra pas au groupe mais en fut très proche.

Ils se donnèrent un surnom comme un nouveau baptême et signe de l' initiation[5] :

  • Sérusier : le nabi à la barbe rutilante,ou le bon nabi, ou encore nabi boutou coat.
  • Bonnard : le nabi très japonard .
  • Cazalis : le nabi ben kalyre.
  • Ranson : le nabi plus japonard que le nabi japonard.
  • Denis : le nabi aux belles icônes.
  • Vuillard : le nabi zouave.
  • Ibels : le nabi journaliste.
  • Verkade : le nabi obéliscal.
  • Ballin : le nabi danois.
  • Lacombe : le nabi sculpteur.
  • Rippl-Ronai : le nabi hongrois.
  • Vallotton : le nabi étranger.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Céline Julhiet(dir.), Nabis 1888-1900, Catalogue de l'exposition du Grand palais, Munich/ Paris, Prestel-Verlag/Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1993, 512p.
  • « La peinture des Nabis » par Claude Jeancolas, FVW Édition.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et Références

  1. Retour à la teinte plate, aux coloriages des images d'Épinal, au hiératisme des égyptiens, des bysantins, des fresques Romanes...
  2. Pierre Vuillard : "Notre mérite, si toutefois il y a mérite, consiste peut-être en ceci que nous avons accepté les expressions les plus hétérogènes quand elles étaient sincères.
  3. ?
  4. Les Ukiyo-e et les maitres japonais, « La peinture des Nabis », p 66.
  5. La Peinture des Nabis, Claude Jeancolas, FVW Edition