Néoplatonisme

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Néoplatonisme

Le néoplatonisme est une doctrine philosophique élaborée à partir du IIIe siècle à Rome (Ammonios Saccas, et surtout Plotin), close avec Damascius en 544. Elle tentait de concilier la philosophie de Platon avec certaines spiritualités orientales.

Sommaire

[modifier] Historique

Passons sur l'école paléoplatonicienne ou platonisme ancien (Philippe d'Oponte, Eudoxe de Cnide, Héraclide du Pont, Xénocrate, Philon de Larisse) et sur l'école médioplatonicienne ou platonisme moyen (Ammonios d'Athènes vers 67, le fameux Plutarque de Chéronée 46-125, Théon de Smyrne IIe s., Atticus, Albinus IIe s., Alcinoos, Apulée de Madaure 125-180, Maxime de Tyr IIe, Numénius d'Apamée vers 155).

Le néoplatonisme s'est développé en plusieurs écoles[1], depuis Ammonios Saccas en 232 jusqu'à la fermeture de l'école néoplatonicienne d'Athènes par Justinien en 529 ou jusqu'au milieu du VIIe s. pour l'école néoplatonicienne d'Alexandrie :

  1. école néoplatonicienne de Rome : Ammonios Saccas (fondateur du néoplatonisme en 232, maître de Plotin), Plotin (244, maître de Porphyre, Amélius, Roghatianus), Porphyre (264, secrétaire et éditeur de Plotin), Jamblique (305, élève de Porphyre), Macrobe (400)
  2. école néoplatonicienne d'Apamée (en Syrie), théurgique : Amélius (268, maître de Jamblique), Jamblique (313), Sopatros d'Apamée (325, successeur de Jamblique), Chrysanthios, Eusthate de Cappadoce
  3. école néoplatonicienne de Pergame, première ramification de l'école syrienne, magique : Aidésios de Cappadoce (disciple de Jamblique, 320), Maxime d'Éphèse (330, disciple de Jamblique), Chrysinthe, Julien l'Empereur (350), Priscus (385, vivant à Athènes), Eunape de Sardes (395, historien de l'école avec sa Vie des sophistes)
  4. école néoplatonicienne d'Athènes, deuxième ramification de l'école syrienne, mystique : Nestorius le Hiérophante (hiérophante à Éleusis de 355 à 380), Plutarque d'Athènes (375), Syrianos (435), Proclos (disciple de Plutarque d'Athènes et de Syrianos, successeur en 438), Ammonios Hermiou (Ammonius Hermiae, Ammonius d'Alexandrie, maître de Jean Philippon, Damascius et Simplicius, 475), Marinos (biographe de Proclos, 485), Isodore de Gaza (maître de Damascius, 490), Zénodote (495), Damascius (dernier chef de l'Académie d'Athènes, maître de Simplicius à Athènes). L'école naît donc à Athènes dès 355, avec Plutarque d'Athènes, Syrianos... ; puis elle émigre à Alexandrie dès 400, avec Hiéroclès, Hermias, Ammonios Hermiou... ; elle se réfugie en Perse après 529 avec Damascius et Simplicius (532, à Alexandrie, puis à Harrân).
  5. école néoplatonicienne d'Alexandrie, troisième ramification de l'école syrienne : Némésius (400), Hypathie (410), Synésius (élève d'Hypathie, évêque en 410), Hiéroclès, Olympiodore le Jeune (Olympiodore d'Alexandrie, vers 550), Ammonios Hermiou (vers 500, maître de Jean Philippon, Damascius, Simplicius), Jean Philippon, Damascius (490). Après Damascius (470-544), les penseurs sont moins philosophes, plus compilateurs ou alchimistes.

Le platonisme a continué.

  • platonisme médiéval : Jean Philippon, Stéphane d'Alexandrie, Chalcidius, Alain de Lille (1170), Witelo, Thierry de Fribourg, Berthold de Moosburg (1330), etc.
  • platonisme de Mistra : Pléthon (1409), Bessarion (1430)
  • platonisme de Florence : Marsile Ficin (1484), Jean Pic de la Mirandole (1487)
  • platonisme de Cambridge : Henry More (1641), Ralph Cudworth (1654), lady Anne Conway (1692), Th. Burnet, R. Burthogge
  • néoplatonisme juif ésotérisant : Bahya ibn Paquda (1040), Avicebron (Ibn Gabirol, mort en 1058), Abraham bar Hiyya (1100), Abraham Ibn Ezra, le cercle des rabbins de Provence (Abraham ben Isaac de Narbonne, Jacob Nazir de Lunel), les kabbalistes néoplatoniciens (Isaac l'Aveugle en 1180, Ibn Latif en 1300, David ben Abraham ha-Lavan), Moïse de Leon (auteur du Zohar en 1280)
  • néoplatonisme islamique ésotérisant : Avicenne (1020), Sohrawardî d'Alep (1155-1191), Ibn Arabî (1220), néoplatoniciens musulmans d'Espagne
  • gnosticisme platonisant : Ménandre (fin du Ier s.), Basilide (vers 120), Cérinthe, Satornil, Hermogène, Isidore, Bardenase (vers 220)
  • platonisme de Perse : Sohrawardî d'Alep, Mollâ Sadrâ Shîrâzî (1572-1640).

[modifier] Définition

Cette philosophie a pour but la résolution d'un des problèmes au cœur de la pensée grecque antique, à savoir le problème de l'Un et du multiple. Plus particulièrement, il s'agit de comprendre comment passer de l'Un au Multiple. Nous constatons le Multiple dans la nature, or l'Un est le fondement de l'intelligibilité. Cette philosophie est rattachée au platonisme de par sa volonté de résoudre les apories de la pensée platonicienne, et en particulier celles d'un des dialogues les plus difficiles : Parménide.

Il y a quatre principes qui commandent cette solution :

  • Toute multiplicité suppose une unité qui lui donne sa structure, principe d'unité systématisante
  • Toute unité transcende la multiplicité qu'elle unifie, principe de transcendance
  • Toute multiplicité est contenue en quelque manière dans l'unité qui la transcende, principe d'immanence
  • Toute réalité qui, pour se réaliser, doit sortir de l'unité où elle était contenue, ne peut se réaliser pleinement que par un retour à l'unité dont elle émane, principe de conversion

Le néoplatonisme de Plotin, retient surtout l'idée de l'absolue transcendance du Bien. Contrairement à Platon, qui pense que le philosophe doit redescendre dans la cité, pour y instaurer l'ordre et la justice, Plotin voit la philosophie comme un cheminement de l'âme vers ce principe de transcendance, donnant pour but à ce système, l'union avec le principe premier, originel, Dieu.

De ce point de vue, le néo-platonisme comporte une dimension mystique forte. Elle a influencé la philosophie et la science moderne, les grands systèmes de l'idéalisme allemand et même la pensée contemporaine.

La philosophie néoplatonicienne est intervenue lors des débats ecclésiastiques sur la christologie et la Trinité chrétienne, à l'époque où furent composés le symbole de Nicée, le symbole de Chalcédoine et le symbole d'Athanase.


[modifier] Bibliographie

[modifier] Textes néoplatoniciens

(par ordre chronologique)

  • Numénius d'Apamée, Fragments (vers 155), trad. du grec, Les Belles Lettres, 1973, 220 p.
  • Oracles chaldaïques (vers 170), trad. du grec, Les Belles Lettres, 1997, 357 p. Recueil attribué à un magicien ayant interrogé l'âme de Platon
  • Ammonios Saccas (232) : voir W. Theiler, Forschungen zum Neuplatonismus, Berli, 1966.
  • Plotin (205-270), Ennéades (254-270), trad. du grec, Garnier-Flammarion.
  • Porphyre (234-310), De l'abstinence, trad. du grec, Les Belles Lettres, 1977-1995, 2 t.
  • Jamblique (250-330), Protreptique ; éd. et trad. Edouard des Places. Paris : les Belles Lettres, 1989. (Collection des Universités de France) ISBN 2-251-00397-5
  • Jamblique, De l'Abstinence; en 3 tomes, éd. et tr. J. Bouffartigue, M. Patillon et Alain Philippe Segonds. Paris, Les Belles Lettres, 1977, 1979 et 1995. (Collection des Universités de France), ISBN 2-251-00281-2, ISBN 2-251-00282-0 et ISBN 2-251-00444-0
  • Jamblique, Fragments de L'histoire de la philosophie ; éd. et trad. Alain Philippe Segonds. Paris, Les Belles Lettres, 1982. (Collection des Universités de France), ISBN 2-251-00361-4
  • Saloustios (IVe s.), Des Dieux et du Monde, trad., Les Belles Lettres, 1983, L-85 p.
  • Eunape de Sardes, Vie des sophistes (vers 395) : trad. an. Lives of the Philosophers and Sophists, Harvard University Press, 1921, p. 342-565 (sur Jamblique, Maxime d'Éphèse, etc.).
  • Proclus (412-485), Commentaires sur le Timée (439), en 5 tomes, trad. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1966, 1967, 1968 et 1969, (Bibliothèque des textes philosophiques), ISBN 2-7116-0626-0, ISBN 2-7116-0627-9, ISBN 2-7116-0628-7, ISBN 2-7116-0629-5, ISBN 2-7116-0630-9
  • Proclus, Commentaires sur la République (439), en 3 tomes, trad. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1970. (Bibliothèque des textes philosophiques), ISBN 2-7116-0632-5, ISBN 2-7116-0633-3 et ISBN 2-7116-0634-1
  • Proclus, Éléments de théologie (480 ?), trad. Jean Trouillard. Paris : Aubier-Montaigne, 1965. (Bibliothèque philosophique)
  • Proclus, Théologie platonicienne, en 6 tomes, éd. et trad. Leendert Gerritt Westerink & Henri Dominique Saffrey. Paris : les Belles Lettres, 1968, 1974, 1978 et 1987. (Collection des Universités de France), ISBN 2-251-00284-7, ISBN 2-251-00285-5, ISBN 2-251-00286-3, ISBN 2-251-00287-1, ISBN 2-251-00386-X et ISBN 2-251-00462-9
  • Marinus, Proclus ou Sur le bonheur (486), texte établi, traduit et annoté par Henri Dominique Saffrey et Alain Philippe Segonds, avec la collaboration de Concetta Luna. Paris, Les Belles lettres, 2001. (Collection des Universités de France), ISBN 2-251-00496-3
  • Damascius (470-544), Commentaire du Parménide de Platon, en 4 tomes, éd. Leendert Gerritt Westerink, intr., tr. et notes Joseph Combès, avec la collaboration d’Alain Philippe Segonds. Paris, Les Belles Lettres, 1997, 2002 et 2003. (Collection des Universités de France), ISBN 2-251-00454-8, ISBN 2-251-00456-4, ISBN 2-251-00500-5 et ISBN 2-251-00512-9
  • Olympiodore le Jeune (v. 500-?), Commentaire sur le premier Alcibiade, trad. an. : Olympiodorus, Commentary on the First Alcibiades of Plato, Amsterdam, North-Holland Publishers, 1956.

[modifier] Études

(par ordre alphabétique)

  • Brun, Jean, Le néoplatonisme, Paris, PUF, "Que sais-je ?".
  • Festugière, André-Jean, Études de religion grecque et hellénistique, Paris, J. Vrin, Bibliothèque d'histoire de la philosophie, 1972. ISBN 2-7116-0244-3.
  • Flamant, J., Macrobe et le néoplatonisme latin à la fin du IVe siècle, Leyde, BRill, 1977.
  • Hadot, Ilsetraut, Simplicius, sa vie, son oeuvre, sa survie, Berlin, de Gruyter, 1987.
  • Hadot, Pierre, Plotin et la simplicité du regard, Études augustiniennes, 1989.
  • Saffrey, Henri-Dominique, Recherches sur le néoplatonisme après Plotin, Vrin, 1990.

[modifier] Postérité

[modifier] Liens externes


[modifier] Voir aussi

Platon

Plotin

Ammonius Saccas

Marsile Ficin