Malouinière

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Malouinière de la Mettrie aux Louëts
Malouinière de la Mettrie aux Louëts

Une malouinière est une vaste demeure de plaisance construite par des armateurs de Saint-Malo aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle. On en compte 112 dans la région.

Habitées pour la plupart, plusieurs malouinières sont tout de même ouvertes à la visite lors des Journées du Patrimoine en septembre.

Sommaire

[modifier] Histoire

La plupart des malouinières furent construites entre 1650 et 1730 dans un rayon de 12 à 15 km autour de Saint-Malo par les armateurs insatisfaits de l'espace exigu de la ville « intra-muros ». Les armateurs restaient ainsi à proximité de la sécurité des remparts de la ville en cas de visite impromptue des Anglais, et cela leurs permettaient aussi de faire détourner certains de leur bateaux revenus des Indes afin de les vider discrètement d'un contenu précieux, avant l'arrivée des percepteurs d'impôts du Roi.

Elles sont situées à l’intérieur du Clos Poulet, un nom qui signifie pays d’Aleth (région malouine) du nom du camp gallo-romain de la citadelle de Saint-Servan, point de départ vers la Cornouaille où l’on chargeait l’étain.

La prospérité de Saint-Malo date des XVe siècle et XVIe siècle, époque à laquelle commence le déclin de Saint-Servan. Sous les guerres du Roi Soleil, l’aventure maritime de Saint-Malo prend son envol. La guerre de course enrichit les corsaires, les prises étant partagées également entre le roi, l’armateur et l’équipage.

[modifier] Architecture

La plupart des malouinières étaient construites en pierre de pays enduites d’un crépi. Les toits très hauts ainsi que les cheminées sont très caractéristiques.

Jusqu’au XVIIe siècle, les ouvertures sont percées selon les besoins. Au XVIIIe siècle, elles sont symétriques et alignées comme dans l’architecture militaire.

[modifier] Malouinières notables

Icône de détail Article détaillé : Saint-Coulomb.

[modifier] Château de la Motte-Jean, XVIIe siècle

Château de la Motte-Jean Forteresse de du Guesclin au XIVe siècle, des Marquis du Hindré au XVIe, des Surcouf au XVIIIe.
Au cours des siècles, les du Guesclin se sont succédé à la Motte-Jean depuis les années 1100. Le frère de Bertrand au 14e siècle, les Eon, les Marquis du Hindré (propriétaires de 1513 à 1756).
Achetée en 1756 par le grand père de Robert Surcouf, la Motte-Jean servit de dot à sa fille Bertrane en 1760, qui épousa M. Potier de la Houssaye. Ils revendent la Motte-Jean à la veille de la Révolution aux Grout de Beauvais, propriétaires jusqu' après la 1re Guerre Mondiale.
L'officier de marine Grout de la Motte fut l'un des chefs de la conspiration de la Rouerie, guillotiné le 18 juin 1793 à Paris avec 17 autres, dont quatre jeunes filles de leur famille. Le cadastre de 1913 indique : Henri Grout de Beauvais du Meurtel, mineur sous la tutelle de sa mère au château du Meurtel, commune de Plévenon (Cotes du Nord).
La Motte-Jean fut rachetée en 1925 par son fermier dont les petits enfants la revendirent en 1975 à M. Philippe Luyt qui l'a alors fait classer à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.
La Motte-Jean est construite sous l'ancienne forteresse de du Guesclin (1 hectare) arrasée au 17e à 2 mètres de haut, peut-être sur l'emplacement d'une villa romaine et au dessus du ruisseau de la Trinité à l'est. Sur la Terrasse ouest, on peut observer deux bassins, dont l'un est partiellement comblé qui datent de cette époque.
Cette fortification servait de casernement aux troupes du frère du célèbre Connétable, qui gardaient les côtes pour le compte du Roi de France contre les Anglais et le Duc de Bretagne.
La Motte-Jean est un exemple de la recherche des creux de terrains pour s'abriter des vents de Noroît. L'ancienne motte féodale, c'est à dire une construction défensive constituée d'une butte artificielle en terre, bénéficie d'une topographie favorable qui a permis l'utilisation d'une butte naturelle. Sur la butte est érigé une tour ou donjon, généralement en bois, protégé par une palissade.
Seuls les toits émergent des champs sous la crête du Tertre à l'Ouest et la crête de la Haute Motte-Jean à l'est.
La Motte-Jean est une île, entourée d'eau à l'Est le jardin bas est bordé du ruisseau de la Trinité, à l'Ouest sept sources alimentent 2 bassins, qui se déversent dans des douves au Nord et au Sud, où se rejoignent devant l'ancienne chaussée le ruisseau de la Motte-Jean et un cours d'eau qui vient de la Recule (actuelle Hercule). Le ruisseau devient alors le ruisseau de la Trinité qui se jette dans l'anse Du Guesclin.

A la croisée de ses anciennes rabines, la Motte-Jean est dans sa forme actuelle une superbe construction du début du 17e siècle (1625), d'aspect seigneurial, avec un corps central flanqué de pavillons en saillie aux extrémités; elle a servi de modèle à la Giclais construite 50 ans plus tard à Saint-Servan.

A l'intérieur, subsistent un grand escalier Renaissance avec une très belle rampe en bois sculpté, quelques boiseries, deux vastes cuisines à cheminées monumentales, dont une à four à pain dans l'aile Nord, de grandes pièces avec des plafonds avec poutres et solives sculptées Renaissances et de belles cheminées en granit.

A l'Ouest, se trouve l'ancienne forteresse avec ses pièces d'eau à laquelle mène un escalier à double évolution. La vue vers l'Est est plaisante, le jardin français, en contre-bas de la terrasse est bordé par une peupleraie le long du ruisseau de la Trinité qui sépare Saint-Coulomb et Cancale. « L'ancien étang et les douves qui vont se perdre au Sud, entre les collines boisées, composent un paysage charmant » (D. Derveaux). La Chapelle de la Trinité

Au Nord de l'ancienne forteresse, une ancienne tour a été transformée en chapelle, rectangulaire avec son abside au Nord. On y entre par la cour de l'ancienne ferme de la Basse Motte-Jean à l'Est ou par la tribune au Sud.

La porte publique sur la cour de la ferme, présente un encadrement dorique surmonté d'un écusson ovale à la couronne de comte; écartelé au 1 et au 4, de sable à trois têtes d'or; au 2 et au 3, trois losanges de même, sur champ d'azur, ce sont les armes des Grout de Beauvais du Meurtel, qui ont probablement remplacées celles du Marquis du Hindré.

La date de 1707 indique une restauration, puisque il y avait là une chapelle avant cette époque (P. Banéat), dont le chapelain était l'abbé Charles Girot en 1708.

La Motte-Jean fut prise 2 fois par les Anglais pendant la guerre de Sept Ans 1746-1753.

Pendant la Révolution, on installa à la Motte-Jean un hôpital militaire, ce qui permit aux dames Grout de Beauvais, qui n'avaient pas suivi leur mari et père en émigration, de servir de point de ralliement aux agents royaux arrivant et partant pour l'Angleterre ou Chausey depuis l'anse Du Guesclin.

En 1794, la Chapelle de la Trinité, ou Sainte Trinité, servit de fosse commune pour dissoudre dans la chaux vive 300 victimes de la Carmagnole, à Cancale.

En 1799, l'Abbé Auffret raconte que deux soldats croyants avoir trouvé des navets firent une soupe, c'étaient des racines de cigüe...

Pendant les travaux de terrassements entrepris en 1976 et 1982, Philippe Luyt a trouvé plusieurs boulets de canon en pierre de l'époque de du Guesclin, mais aussi en fers et probablement Anglais datant de la guerre de Sept Ans.

Le pigeonnier

Au Sud, se trouve une tour carrée de la motte féodale dans laquelle, il y a 600 boulins (niches en pierre pour les pigeons) qui indiquent qu'au 15e siècle, la Motte-Jean avait plus de 300 hectares de terres, ce qui correspond à une bande d'un kilomètre sur trois reliant l'anse Du Guesclin au Plessix Bertrand. L'intérieur du pigeonnier est remarquable puisqu'il est cylindrique dans un corps carré. Là aussi, il s'agit sans doute d'une tour de défense transformée en pigeonnier.

Bibliographie A. Dagnet. Le Clos Poulet, ses Chapelles, Chateaux et Gentilhommières. Paul Baneât. Le département d'Ille et Vilaine, 1929. Daniel Derveaux. Gentilhommières du pays de Saint-Malo, 1965. Secrétariat d'Etat à la Culture. Les Malouinières, 1975. Abbé Auffret. Saint-Coulomb, des origines à nos jours, 1982. Alain Roman. La Saga des Surcouf, 2006. Alain Bailhache. Les Malouinières, 2007. www.lamottejean.com

Au cours des siècles, l’ancienne forteresse, s’est adaptée à son époque, à sa fonction, elle est aujourd’hui aux normes du confort moderne, un havre préservé dans une des plus belles régions de France.

http://www.lamottejean.com

[modifier] La Ville Bague

La malouinière de la Ville Bague[1] (Saint-Coulomb) fut construite en 1715 par Guillaume Eon, issu d’une famille de riches négociants malouins qui avaient ouvert de nombreux comptoirs à l’étranger et notamment à Cadix.

Un manoir plus modeste se tenait à l’emplacement de l’actuelle malouinière, le pigeonnier, la chapelle et les murs d’enceinte sont donc antérieurs (1666).

À la Révolution, la maison fut abandonnée par ses propriétaires.

Propriété successive des familles Éon (en 1670), Magon seigneurs de la Chipaudière (en 1676), Éon (en 1776), puis du marquis de Penfentenio ou Penfeunteunio (en 1789) et de la famille Esnoul Le Sénéchal (de 1892 à 1946). À noter qu'en 1768, Julie Marie Eon épouse le marquis Jonathas de Penfeunteunio.

Le domaine a été morcelé il y a vingt cinq ans mais l’allée centrale menant à la pièce d’eau a été conservée, ce qui protège l’effet de perspective du jardin actuel.

Le papier peint du grand salon date de 1820 (manufacture Dufour et Leroy) et représente l'arrivée de Pizzare chez les Incas. Exemplaire exceptionnel, ce panoramique est classé Monument historique.

La Ville-Bague propose une visite guidée du parc, de la chapelle, du pigeonnier ainsi que de l'intérieur avec les salons, de la salle à manger et du hall d'entrée. Les horaires des visites sont disponibles sur leur site internet.

[modifier] Montmarin

Malouinière construite en 1760 par Aaron-Pierre Magon du Bosq[2].

Cette demeure, classée monument historique, contraste avec les austères malouinières de la région et le luxe de sa réalisation ruinera son propriétaire.

[modifier] Autres malouinières

  • Malouinière de la Balue, à Saint-Malo (XVIIIe siècle), abrite aujourd'hui le lycée Jacques Cartier.
  • Château de Beauchêne, à Langrolay, classique début XVIIIe, édifiée sur les ruines de l'ancien château par le navigateur malouin Gouin de Beauchêne qui découvrit l'une des Malouines (Ile Beauchêne) près de la Terre de Feu.
  • Malouinière du Bos, à Saint-Jouan-des-Guérets, construite entre 1715 et 1718.
  • Malouinière de Château Doré, à Saint-Malo (XVIIe siècle). L'une des premières malouinières dont la construction pourrait être attribuée à la famille d'armateurs Magon. L'architecture laisse supposer une construction des années 1660. La sobriété, la symétrie de l'architecture, le bandeau dessiné sur l'enduit annoncent l'architecture des malouinières. L'intérieur conserve d'origine le grand escalier et la cheminée de la cuisine. Le parc présente toujours des communs, un puits, un jardin, les murs de clôture et une rabine d'accès.
  • Malouinière de La Chipaudière
  • Malouinière de L'Ormerie, à Paramé (XVIIIe siècle). Édifice remarquable daté de 1725. On peut l'observer au haut du boulevard de Rochebonne d'où cette malouinière dominait autrefois par sa splendeur, le sommet des Masses. Elle appartint au capitaine Bossinot de Pomphily qui parcourut la mer de Chine pour le compte de la Compagnie des Indes. La famille Bossinot comptait plusieurs procureurs à l'Amirauté. Ceux-ci représentaient l'État et étaient chargés d'évaluer la cargaison des navires à leur retour. Parmi les descendants des Bossinot se trouvent Céleste Buisson de la Vigne, épouse de François-René de Chateaubriand, plusieurs corsaires dont les frères Duhaut-Cilly. Ils sont alliés à diverses familles malouines, les Le Fer, les Guillemaut des Peschers, les Trublet et les Surcouf.
  • Malouinière du Puits Sauvage (1720), édifiée à l'emplacement d'un ancien manoir du XVe siècle, au hameau de Saint-Étienne (Saint-Malo).
  • Malouinière de Rivasselou, à Paramé (XVIIe siècle). Édifice bâti en 1789, s'inspirant directement du modèle de la malouinière. Le corps central comprend les pièces "nobles" (salon et salle à manger), flanqué de deux pavillons plus bas, cour complètement séparée du jardin par le mur de clôture, architecture symétrique, sans décor. Les pièces du rez-de-chaussée ont conservé leurs lambris Louis XVI.
  • Malouinière de la Rivière, à Paramé (XVIIIe siècle). Édifice daté de 1730. Elévations à trois travées séparées par des œils-de-bœufs ovales dans la façade sur cour, cheminées épaulées, linteaux des fenêtres formant larmiers, plan type (entrée dans le hall contenant l'escalier et ouvrant sur la salle-à-manger centrale, flanquée d'une part d'un grand salon, d'autre part de la cuisine avec son tréhory). L'environnement a été modifié dans les années 1820-1830. La salle-à-manger a conservé ses lambris d'origine. Le salon a complètement été modifié au XIXe siècle.
La Verderie, côté rue
La Verderie, côté rue
La Verderie, côté jardin
La Verderie, côté jardin
  • Malouinière de la Verderie, à Saint-Servan (XVIIe siècle). Édifice remarquable datant de 1637, représentatif des proto-malouinières. Le plan ramassé en L, avec tour d'escalier octogonale hors-œuvre sur l'arrière du logis (visible depuis la rue Dreux), révèle encore l'influence de l'architecture des XVe-XVIe siècle. Mais sa situation en périphérie de Saint-Malo, la symétrie de la façade sur jardin et les cheminées épaulées, rattachent l'édifice à l'architecture des malouinières. Bien que la demeure ait été remaniée au XVIIIe siècle (boiseries du rez-de-chaussée, ajout d'une extension couverte d'un toit à la Mansart), elle a conservé une partie de ses lambris-cloisons du XVIIe siècle. La construction de la Verderie est attribuée à Noël Danycan, Seigneur de l'Epine, puissant commanditaire de la Compagnie des Indes et l'une des plus importantes fortunes du royaume, qui observait, dit-on, le retour de ses navires du haut de la tour. Logis et jardin sont inscrits à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.
  • Malouinière de la Ville Bague, XVIIIe siècle, à Saint-Coulomb. Parc.

[modifier] Références

http://www.lamottejean.com

[modifier] Liens externes