Maison à colombage

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Maisons à colombages à Pont-Audemer.
Maisons à colombages à Pont-Audemer.

Une maison à colombages ou maison à pans de bois, est constituée de deux éléments principaux :

  • Une ossature de bois, la structure même de la maison, composée de sablières hautes et basses, de poteaux, de décharges et de tournisses.
  • Le hourdage, qui forme les murs et qui a un rôle de remplissage et de raidisseur. Il est fait de briques (crues le plus souvent) ou de matériaux légers comme le torchis ou le plâtre.

Le terme de colombage utilisé couramment pour désigner une maison à pans de bois vient de la petite avancée en tuiles protégeant des intempéries les murs et sur laquelle les pigeons ou colombes viennent se poser. Cette avancée se trouve souvent sur les extrémités des maisons, mais parcourent parfois l’ensemble du périmètre.

Cette technique, qui existait déjà dans l’antiquité romaine, a été utilisée en France dès le début du Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle. Cependant, dès le XVIIIe siècle et durant tout le XIXe siècle, on plâtre les façades des maisons à pans de bois afin de leur donner un aspect plus luxueux et moderne. Cela dit de nombreuses maisons à colombage subsistent un peu partout en Europe et des plans de restauration sont mis en œuvre afin de conserver ce type d’habitat considéré comme un patrimoine architectural.

Sommaire

[modifier] Les différentes techniques de construction à colombages

[modifier] Matériaux utilisés

Maison à colombage dans la Petite-France à Strasbourg.
Maison à colombage dans la Petite-France à Strasbourg.

La maison repose généralement sur un mur de refend qui protège le bois de l’humidité du sol. Parfois, tout le premier niveau est fait de pierres.

Le remplissage (hourdage) est généralement fait de torchis (argile, de la paille, du sable, et de la chaux), matière isolante et imperméable. La brique a aussi été utilisée, recouverte d’une couche de plâtre pour lisser le tout.

Pour les techniques de remplissage au torchis, il existe, entre autres, la technique de plaquage (comme en Bresse), mais aussi deux autres techniques originales : l’espace à remplir est d’abord « palissé » (mise en place verticale de sections de bois imputrescible), puis le torchis est mélangé à de la paille afin d’obtenir une forme de boudin que l’on entoure autour du palissage. On peut aussi faire une boule que l’on place entre le palissage.

[modifier] La technique des bois longs

Bois longs et bois courts dans les rues de Rouen
Bois longs et bois courts dans les rues de Rouen

La technique des bois longs a été utilisée principalement au début du moyen âge. Pourtant relativement simple, elle a été assez rapidement abandonnée en raison de plusieurs facteurs. Les poteaux montent d’un seul trait, du bas de la maison vers le haut. Les pièces horizontales viennent alors s’assembler dans les pièces verticales.

Les raisons de son abandon sont multiples. Tout d’abord, beaucoup de ces maisons étaient construites à même le sol, sans isolation du bois qui pourrissait donc facilement. Les maisons en longs pans qui sont actuellement conservées ont été construites avec un mur de refend, prévenant ainsi le pourrissement des bois. De plus, à partir du XIIIe siècle, le bois long se raréfie, tout particulièrement en ville. Il était en outre bien difficile d’apporter de longs poteaux dans les ruelles étroites et sinueuses des villes médiévales. Cette technique a donc été abandonnée progressivement pour laisser place à la technique des bois courts. Elle a été interdite dans les voies publiques des grandes villes, afin d’éviter la communication du feu d’un côté d’une rue à l’autre[1].

[modifier] La technique des bois courts

La technique des bois courts a donc pris le pas sur les bois longs. On n’utilise plus de longs pans mais des bois plus courts qui facilitent la construction, tout particulièrement en ville. Un poteau forme un niveau. Cette forme de construction va permettre le développement des maisons à encorbellement.

[modifier] L’encorbellement

Icône de détail Article détaillé : encorbellement.
Encorbellements primitifs à Rouen, rue du Petit Mouton (XIVe siècle)
Encorbellements primitifs à Rouen, rue du Petit Mouton (XIVe siècle)
Les encorbellements assombrissent complètement la Ruelle des Chats à Troyes
Les encorbellements assombrissent complètement la Ruelle des Chats à Troyes

Ce terme est dérivé de corbel, forme ancienne de corbeau. L’encorbellement a pu se développer grâce à la technique des bois courts. Ce système de construction permet de porter une charge en surplomb sur le nu d’un mur. Les maisons vont donc avoir un ou plusieurs étages, en saillie sur le rez-de-chaussée.

On en trouve dès le XIVe siècle. Au cours du temps, cette technique va se perfectionner, ce qui va permettre la multiplication des encorbellements. Certaines maisons pouvaient avoir deux ou trois étages en encorbellement.

L’encorbellement primitif était fort simple : le poteau du rez-de-chaussée portait le sommier et s’évasait vers le haut en portant le pigeard ; la première sablière du premier étage était directement posée dessus. Ce système va évoluer vers un assemblage plus compliqué : le sommier repose sur le pigeard. Il y a deux sablières, une inférieure, correspondant au mur du rez-de-chaussée et une supérieure, servant au mur du premier étage.

La construction en encorbellement avait plusieurs avantages : elle permettait de gagner un peu de place dans les étages, mais surtout elle évitait aux eaux de pluie de s’écouler sur la façade; ainsi, chaque étage en encorbellement protégeait l’étage inférieur.

Cependant, au fur et à mesure ce système a été interdit. À Rouen, par exemple, il fut interdit en 1520, au prétexte de « faire circuler l’air pour lutter contre la peste ». À Paris, il fut interdit plus tardivement, en 1667. Il comportait en effet aussi de nombreux désagréments. Les rues médiévales, assez étroites, se trouvaient ainsi encore plus réduites, ce qui les assombrissait. D’autre part, ce système posait des problèmes de sécurité lors des incendies, assez courants dans les villes médiévales. Un autre facteur qui est à prendre en compte est celui de la nouvelle influence de l’architecture italienne.

[modifier] L’essentage

L’essentage consiste à recouvrir les poutres, le plus souvent les pignons, avec des ardoises. C’est une protection durable du bois qui se trouve exposés aux intempéries.

(Pour une protection en « tuiles bois » on parlera plutôt de bardage)

Essentage décoratif dans les rues de Rouen
Essentage décoratif dans les rues de Rouen

[modifier] La maison gothique

Le type de la maison gothique s’est développé après la guerre de Cent Ans et 1520. Le rez-de-chaussée comporte parfois une boutique. Elle était constituée d’un ouvroir qui donnait sur la rue, ouvert la journée, et que l’on fermait la nuit avec des volets de bois. Les étages étaient bien souvent en encorbellement. Cette période est d’ailleurs l’âge d’or de ce type de construction, qui connut parfois des abus. Le toit est à pignon sur rue, avec ferme débordante, portée par des pigearts. Il y a un système de surcroît afin de plus facilement utiliser le comble.

Les fenêtres de la maison gothique prennent de l’importance. En effet, elles sont souvent regroupées par plusieurs afin de donner davantage de clarté à l’intérieur; parfois même, elles se développent sur toute la largeur de la façade.

Le décor de la maison se fait à cette époque plus présent : tout élément en bois peut être sculpté. C’est ainsi que les sablières, pigearts, meneaux, traverses, encadrements des fenêtres et des portes sont sculptés.

Les maisons dites gothiques étaient peintes, parfois dans des tons assez vifs. Cette peinture a disparu au cours du temps ou a tout simplement été otée plus tard; de nos jours, lors de la restauration de ces maisons, elles sont repeintes.

[modifier] La Renaissance

Durant la Renaissance, nous constatons peu de modifications dans la technique de construction. Le principal fait réside en la disparition progressive des encorbellements, due aux interdictions. On utilise davantage la pierre ; certaines maisons à pans de bois ont les deux premiers niveaux construits dans ce matériau. La principale innovation est dans la décoration, qui a tendance à s’inspirer des décors italiens : on abandonne peu à peu le décor gothique pour des pilastres, chapiteaux, moulurations, volutes, corniches… Les parties les plus ornées sont les sablières, fenêtres et portes.

[modifier] Les XVIIe et XVIIIe siècles

Les maisons se font à cette époque plus sobres. On continue de construire dans le style des bois courts ; mais les fenêtres s’allongent et les façades sont en général plus sobres et s’adaptent aux lignes droites de l’ordonnance générale.

[modifier] Exemples actuels

Limoges : place Saint-Martial
Limoges : place Saint-Martial

On trouve de jolies maisons à colombage dans le vieux Limoges, plus précisément dans le quartier des bouchers (rue de la Boucherie). Voir aussi celles de la Place Plumereau à Tours qui constituent un ensemble magnifique. Également dans de nombreuses rues d’Angers ou bien dans les petites rues pavées du vieux Rouen.

Il ne faut surtout pas oublier le pays d'Auge qui est réputé pour ses constructions à pans de bois. Même si beaucoup de manoirs ont aujourd’hui un statut privé, la villa Strassburger à Deauville, le château de Crevecœur en Auge ou le manoir de Coupesarte sont des éléments marquants de ce type d’architecture que l’on peut visiter.

Dans la Bresse du XVe siècle, ont été créées des maisons en pans de bois démontables et transportables, sans fondations, reposant sur un socle en bois appelé cheule. Les pans de bois reposant sur le cheule étaient chevillés. Après les pans de bois, on posait directement la toiture et ce n’est qu’ensuite que les interstices muraux étaient hourdis avec des briques ou du torchis (argile plaquée sur des branchages, pailles ou autres).

En Bresse, exemple de torchis pouvant être un agglomérat de terre grasse pauvre en chaux, et de branches d’aulne rouge ou noir.

Le Porcien canton des Ardennes de France compte aussi nombre de bâtiments à pans de bois et torchis: maisons et granges, mais aussi une église, à Montmeillant, et des Halles à Wasigny, Saint-Jean-aux-Bois ou Chesnois-Auboncourt.

En Alsace la technique du pan de bois fait largement appel à la triangulation(pour permettre une répartition du poids, décharge). Certaines poutres, apportent des éléments décoratifs représentant des losanges, barrés ou non de croix de saint Antoine, des chaises curules ou, notamment dans la région du Kochersberg, une figure stylisée d'homme ("Mànn"), bras et jambes écartées.…

L’Alsace compte encore un grand nombre d’exemples de structures à colombage , avec des villages entiers ayant conservé leur maisons d’époque, notamment au sud dans le Sungau ou au nord, en Outre-Forêt (Seebach, Hunspach Hoffen...)et dans le vignoble, Ribeauvillé, Kaysersberg, Riquewihr, Obernai.... À Strasbourg, le quartier de la Petite France, la maison Kammerzell, sont également réputés pour leur architecture.

[modifier] Notes et références

  1. Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle.
Colombages de la place du Römerberg à Francfort-sur-le-Main (Hesse, Allemagne)
Colombages de la place du Römerberg à Francfort-sur-le-Main (Hesse, Allemagne)

[modifier] Annexes

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les maisons à colombage.

  • Daniel Leloup, Maisons en pan-de-bois de Bretagne, éditions Ouest-France, 2002
  • Ct Raymond Quenedey, L’Habitation rouennaise : étude d’histoire, de géographie et d’archéologie urbaines, Paris, 1926.
  • Maurice Ruch, La Maison alsacienne à colombage, éditions Berger-Levrault, Paris, 1977, Préface de P. Pflimlin.
  • Maurice Ruch, La Maison traditionnelle d’Alsace, éditions J.P. Gyss, Barembach, 1986