Magyars

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Cet article fait référence au peuple Magyar. Pour en savoir plus sur leur langue, consulter l'article sur le hongrois.

Les Magyars sont le principal groupe ethnique constitutif de la Hongrie. Leur dénomination usuelle est d'ailleurs celle de Hongrois, mis à part dans certains textes historiques où le terme de hongrois regroupait tous les sujets du royaume de Hongrie, indépendamment de leur origine ethnique (et donc pas seulement les Magyars). Le terme latin natio hungarica désignait de la même manière toute la noblesse de Hongrie, quelle que fût son origine.

Il y a environ 8 800 000 Magyars en Hongrie (2004). Ceux-ci ont été les principaux habitants du royaume de Hongrie jusqu'au démembrement de celui-ci avec le traité du Trianon en juin 1920. Les Magyars ont dès lors constitué des minorités nationales en Roumanie (1 350 000 dont les 700 000 Sicules magyarophones), Slovaquie (500 000), Serbie-et-Monténégro (300 000, essentiellement concentrés dans la province de Voïvodine), l'Ukraine (170 000), la Croatie (16 000), la République tchèque (15 000) et la Slovénie (< 10 000).

Un référendum a eu lieu le 5 décembre 2004 portant sur l'attribution automatique de la nationalité hongroise à tous les Magyars des pays limitrophes, ce qui ne fut pas sans laisser réagir les voisins de la Hongrie. Bien que le résultat du vote fut favorable au « oui », les règles électorales en vigueur ont invalidé le vote en raison de la participation insuffisante lors du scrutin (moins de 40 %).

Sommaire

[modifier] Hongrois, mais pas Huns

Une erreur fréquente et datant du Moyen Âge consiste à assimiler les Hongrois aux Huns, peuplade barbare venue d'Asie et semi-nomade qui occupait le bassin hongrois quelque 500 ans avant l'arrivée des premières tribus magyares. Les noms hunniques tels qu'« Attila » (le plus grand des chefs hunniques) et « Rika » (une reine hunnique) sont d'ailleurs encore très populaires en Hongrie, bien que ces deux prénoms soient d'origine gotique.
Venues de l'Oural et dépossédées du royaume de l'Atelkosou ou Etelkoz par les Pétchenègues vers 895, sept tribus magyares migrent dans la plaine de la Pannonie en 896 sous la conduite d'Árpád. Leur expansion vers l'ouest arrêtée après la bataille du Lechfeld en 955, l'implantation des Magyars dans la région est consacrée par le pape Sylvestre II le jour de Noël de l'an 1000, lors de la conversion du roi Étienne Ier de Hongrie, (futur Saint Étienne de Hongrie, Szent István en hongrois). Jusque-là, les Hongrois se livraient surtout au pillage à travers l'Europe, du Danemark jusqu'à la péninsule Ibérique (Catalogne), de la Gaule au sud de l'Italie (Bénévent). La christianisation, commencée après la bataille du Lechfeld et généralisée au cours du XIe siècle par le roi Saint Étienne, marquera l'intégration du royaume de Hongrie dans l'Occident chrétien.

Depuis le XIIIe siècle, le royaume de Hongrie a presque toujours été essentiellement multiethnique, accueillant régulièrement des restants ou des détachements d'autres peuplades, le plus souvent originaires d'Asie (Bulgares, Coumans, Khazars, Pétchenègues, Turcs, etc.), sans compter les reliquats slaves et germaniques de la Pannonie. Les autres peuples sujets allant jusqu'à représenter plus de 70% de la population hongroise à la fin du XVIIIe siècle. Ce n'est que depuis le Traité de Trianon en 1920 que la Hongrie peut être considérée comme une nation mono-ethnique.

[modifier] Origines

L'origine ethnique des Hongrois (ou Magyars) est encore obscure, même si les chercheurs s'accordent à penser qu'en dépit de la croyance générale les Magyars n'ont aucun lien de parenté avec les Huns ou les Sumériens. En faisant la synthèse des données linguistiques, archéologiques et anthropologiques, on arrive au résultat suivant:

[modifier] Est des montagnes de l'Oural - jusqu'au VIe siècle av. J.-C.

Des tribus finno-ougriennes sont installées depuis -4000 à l'est de l'Oural. Il s'agit essentiellement de chasseurs-cueilleurs.

Ces Finno-Ougriens (probablement les ancêtres des Finlandais actuels) s'installent dans la vallée de la Kama, à l'ouest des monts Oural autour de 3000 av. J.-C. Les Ougriens (les ancêtres des Magyars), eux, restent à l'est de l'Oural dans les steppes boisées de Sibérie occidentale jusqu'en -2000 au moins. Les restes de lieux d'habitation trouvés sont d'ailleurs très proches de ceux découverts au Nord-Ouest du site de la culture d'Andronovo. À partir de -1500, et grâce probablement à l'aide de tribus voisines, ils apprennent l'agriculture, la domestication du bétail et le travail du bronze, et s'orientent de plus en plus vers une culture équestre.

Des changements climatiques intervenus au début du premier millénaire avant JC déplacent le sous-groupe des Ob-Ougriens plus en aval de la rivière Ob (vers -500), alors que les Protomagyars restent plus au sud pour devenir des éleveurs nomades.

[modifier] La Bachkirie et le khânat Khazar (IVe siècle av. J.-C. - 830 ap. J.-C.)

Les migrations des Magyars
Les migrations des Magyars

Les Protomagyars migrent vers l'ouest des monts Oural entre les IVe et Ve siècles av. J.-C., et s'installent entre les montagnes et la Volga (la Bachkirie).

Au début du VIIIe siècle de l'ère chrétienne, les Protomagyars arrivent sur le Don. La présence de descendants des Protomagyars restés en Bachkirie est documentée jusqu'en 1241. De nombreuses références historiques assimilent d'ailleurs les Bachkirs et les Magyars (Hongrois) aux deux branches d'un même peuple. Les Bachkirs actuels sont pourtant très différents de leurs ancêtres géographiques, ceux-ci ayant été largement décimés par les invasions mongoles (XIIIe siècle) et assimilés aux peuplades turques qui s'installèrent par la suite.

Les Protomagyars de la région du Don était des sujets du khânat Khazar. Organisés en une confédération de sept tribus (Jenő, Kér, Keszi, Kürt-Gyarmat, Megyer (Magyar), Nyék, et Tarján), leurs voisins étaient les Protobulgares et les Alains. Les Bulgares et Magyars ont énormément interagi en Khazarie, que ce soit dans l'alliance ou le conflit : Khazars et Bulgares ont transmis aux Magyars l'influence de leur langue dérivée du turc, et l'on retrouve encore aujourd'hui près de 300 mots et noms turcs dans le hongrois moderne. Le système à trois chefs (connus plus tard sous le nom de "kende" (chef sacral), "gyula" (chef de guerre) et "harka" (juge suprême?) date également de cette époque.

[modifier] Etelköz (env. 830 – env. 895)

La guerre civile éclate dans le khânat Khazar vers 830. Trois tribus khazares se joignent aux Protomagyars et, sous la pression des Pétchenègues, tous s'installent dans la région que les Magyars désignent sous le nom d'Etelköz, entre les Carpates et le Don (soit l'actuelle Ukraine). À partir de 862, les Magyars (dès lors également désignés par le terme de Ungris) commencent à opérer des raids en Grande-Moravie, contre l'Empire franc et la Bulgarie.

[modifier] L'installation dans le bassin des Carpates (après 895)

En 895/896, sous la direction probable d'Árpád, une partie des tribus protomagyares traverse la chaîne des Carpates pour entrer dans le bassin du même nom. La tribu Megyer (Magyar) était aux avant-postes de cette conquête.

Au même moment (vers 895), l'Etelköz fut attaqué par les Bulgares, en représailles aux interventions des Protomagyars durant le conflit bulgaro-byzantin de 894-896, puis par leurs vieux ennemis pétchenègues. Il n'est pas clairement établi si ces attaques furent à la source ou postérieures au départ de la tribu d'Árpád.
Les premières installations dans le bassin des Carpates se firent en Grande-Moravie, en amont de la rivière Tisza - un territoire faiblement peuplé où les Grand-Moraves avaient l'habitude de déporter leurs criminels et où les Romains avaient installé les Iazyges plusieurs siècles auparavant. Depuis cette base, les raids et pillages se multiplièrent à travers l'Europe. En l'an 900, les tribus magyares descendirent la Tisza jusqu'en Transdanubie (ou Pannonie), qui devint par la suite le noyau de développement du royaume hongrois alors en formation. Les alliés des Magyars - les Khazars - s'installent sous la direction de Kursan dans la région de l'actuelle Hajdú-Bihar.

Sous l'influence des populations slaves déjà présentes dans la région (Bulgares, Slovaques, Croates etc.), les Magyars se sédentarisent et abandonnent progressivement leur mode de vie pastoral, intégrant techniques agricoles et vocabulaire slave.

De nombreux (Proto-)Magyars restèrent cependant au nord des Carpates après 895/896, comme l'indiquent de nombreux vestiges archéologiques près de Przemysl (ou Peremysl, en Pologne). Ils semblent pourtant avoir rejoint les autres Magyars à partir de l'an 900. Les Protomagyars restés dans l'Etelköz finirent, sous la pression des Bulgares et des Pétchenègues, par s'installer en Transylvanie où l'on pense qu'une partie de la minorité magyarophone actuelle n'est pas descendante des tribus d'Árpád: ces Sicules constituent environ 40% de la population magyarophone de Roumanie, mais leur origine exacte est encore matière à débat. Certains avancent même que les Sicules s'étaient en fait installés en Transylvanie avant que les tribus magyares ne quittent la Khazarie (voir l'article Sicules pour plus de détails).

[modifier] Évolutions subséquentes

Outre les diverses nations mentionnées plus haut, qui se mélangèrent plus ou moins aux Protomagyars puis aux Magyars au long de leur vaste périple, ceux-ci possèdent également des « gènes » apportés par des peuplades arrivées après eux dans le bassin des Carpates: que ce soit les Coumans, Pétchenègues ou Allemands au Moyen Âge, les Turcs pendant leur occupation de la Hongrie de 1541 à 1700, ou les populations (Autrichiens, Slovaques et Serbes) invitées à repeupler les territoires abandonnés par les Turcs après 1700.

[modifier] Voir aussi