Mégalopole européenne

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La « banane bleue ».
La « banane bleue ».

Le concept de mégalopole européenne, ou de dorsale européenne a été développé par Roger Brunet pour désigner un espace densément peuplé et fortement urbanisé qui s'étend approximativement de Londres à Milan. C'est à l'intérieur de cet espace que la production de richesse et les flux sont les plus importants en Europe. D'une certaine manière, il peut être considéré comme le centre économique de l'Europe. Toutefois, d'autres concepts peuvent permettre de décrire le cœur économique européen, comme celui de Pentagone Londres-Paris-Milan-Munich-Hambourg et celui d'Euro-ring, centré autour de Bruxelles, qui rassemble toutes les métropoles européennes reliées les unes aux autres par LGV dans un délai d'environ 3 heures. De nombreux spécialistes de l'aménagement du territoire préfèrent aujourd'hui insister sur la notion de polycentrisme européen, mais concèdent qu'un certain phénomène de conurbation est observé de la mer du Nord à la vallée rhénane.

La dorsale européenne a aussi été appelée « banane bleue » , nom inspiré de sa forme courbe et de la couleur dominante du drapeau de l'Union européenne ou de celle représentant traditionnellement le continent européen, le bleu.

Sommaire

[modifier] Naissance de la notion

En 1973, Roger Brunet publie un article intitulé «Structures et dynamiques du territoire français» [1]dans lequel il insiste sur l'existence d'un axe économique et démographique majeur s'étendant de Londres à Milan. Les régions concernées étaient alors le bassin londonien, le Benelux, la frange nord-est de la France (Alsace et Lorraine), la vallée rhénane, la moitié ouest de la Bavière, la Suisse et l'ouest du bassin du au nord de l'Italie. En 1989, Brunet et le le GIP Reclus réalisent pour la DATAR une nouvelle étude, beaucoup plus médiatisée sur le même sujet[2]. Les conclusions mettaient en évidence un couloir urbain cohérent et courbe s'étendant de Londres à Milan, centre majeur du développement spatial européen selon cette étude (selon le modèle Centre / Périphérie utilisé en géographie et en économie).

[modifier] Périmètre et puissance

La mégalopole ou dorsale européenne correspond à un espace aux fortes densités spatiales s'étalant entre Londres et Milan, parfois élargit de Manchester à Rome, soit environ 70 millions d'habitants sur 1500–1700 km de long.

Cet ensemble est considéré comme le cœur de l'Europe car il rassemble les villes et les espaces les plus dynamiques en terme de poids politique, économique et culturel. On retrouve donc Londres, une ville globale avec un PUB de 208,9Md $[3] (supérieur au PIB de l'Afrique du Sud) ; le Benelux, avec deux villes regroupant les institutions majeures de l'Union européenne (Bruxelles, Luxembourg), le Randstad Holland et l'un des plus grands ports du monde (Rotterdam)[4] ; l'Europe rhénane ; l'Italie du Nord avec les villes industrielles de Milan et de Turin.

Du point de vue géographique, il existe deux discontinuités majeures avec la Manche et les Alpes, mais ces dernières ont été dépassées par la construction d'infrastructures routières et ferroviaires comme le Tunnel sous la Manche et les tunnels alpins.

[modifier] Relativisation

De nombreux détracteurs ont souligné que cette étude a été réalisée dans le contexte d'une Europe coupée en deux du fait de la Guerre froide, et que de ce fait, elle n'a pas pris en compte des secteurs pourtant tout aussi structurants sur le continent, tels que l'agglomération berlinoise, la Baltique et Varsovie, ou encore le couloir du Danube. À cela s'ajoute l'importance du bassin parisien et de l'Arc méditerranéen. Par ailleurs, un tiers de la banane bleue couvre des zones désertes (mer du Nord, Alpes) ou durement touchées par des difficultés de reconversion industrielle (Wallonie, Lorraine, Sarre, Ruhr).

[modifier] Nouvelles approches

Aujourd'hui, l'approche en terme de centre et périphérie de l'espace européen cherche à intégrer Paris qui reste une périphérie de cette dorsale.

En 1998, Roger Brunet propose de distinguer un nouvel espace regroupant les principales villes de la moitié Nord de la mégalopole : Londres, ville du Randstad hollandais, Cologne, Francfort, Stuttgart, Zurich, Bâle, Paris. Il appelle cet ensemble le Ring[5]. Ce mot signifie « anneau » en allemand, il rappelle donc l'anneau du Niebelung, l’or du Rhin, fleuve qui se trouve au cœur de ce système. Au sens anglais, le mot évoque aussi le terrain sur lequel s'affrontent les champions. Les capitales européennes Bruxelles et Strasbourg sont sensiblement deux foyers de l’ellipse du Ring et Luxembourg se trouve en son centre.

Une autre approche est proposée l'Euro-ring, qui rassemble toutes les métropoles européennes reliées les unes aux autres par une ligne à grande vitesse (LGV) dans un délai d'environ 3 heures. Centré autour de Bruxelles, il comprend notamment des villes comme Londres, Paris, Amsterdam, La Haye, Francfort, Cologne… bientôt Milan, voire dans un futur proche Madrid, via Barcelone.

La carte de ces capitales reliées entre-elles par les trains à grande vitesse comme le Thalys, l'Eurostar, ou encore l'Artésia est appelée par le géographe Guy Baudelle la "pieuvre rouge"[6].

Dans le domaine de l'Aménagement du territoire en Europe, émerge fortement la notion de polycentrisme qui se pose en réaction à la centralité jugée excessive du territoire européen. Cette centralité est décrite et dénoncée dans le Schéma de Développement de l'Espace Communautaire au travers de la figure du pentagone que forment les villes de Londres-Paris-Milan-Munich-Hambourg. Dans les représentations politiques actuelles de l'aménagement du territoire européen, la banane bleue n'est pas mobilisée pour décrire l'organisation territoriale, et Paris est résolument considérée comme faisant partie du centre.

[modifier] Notes et références

  1. R. Brunet «Structures et dynamiques du territoire français», L'Espace géographique, 1973.
  2. R. Brunet Les villes «européennes», Montpellier-Paris, Datar-Reclus, La Documentation française, 1989. ISBN 2-11-002200-0
  3. D'après la classification de Taylor réalisée en 1997 cité par René Dagorn (Université de Reims Champagne-Ardenne/Maître de conférence à l'Institut d’Études Politiques de Paris) in Marianne Gervais-Lombony (dir.) Les très grandes villes du monde, Atlande, coll. "Clefs concours", 2001).
  4. Voir l'article sur les plus grands ports du monde
  5. R. Brunet "Le Ring", L'Espace géographique, 1998 n° 4, voir aussi "Les lignes de forces de l'espace européen" (note précédente)
  6. Article "L'Europe de demain sera-t-elle polycentrique ?" par Guy Baudelle, in Territoires 2020, DIACT, n°3, 2001.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe

[modifier] Liens externes