Méduse (mythologie)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Méduse.
Copie romaine de la tête de Méduse ornant l'égide de la statue d'Athéna du Parthénon (original de Phidias), Glyptothèque de Munich (Inv. 252)
Copie romaine de la tête de Méduse ornant l'égide de la statue d'Athéna du Parthénon (original de Phidias), Glyptothèque de Munich (Inv. 252)

Dans la mythologie grecque, Méduse (en grec ancien Μέδουσα / Médousa, de μέδω / médô, « commander, régner »[1]), appelée aussi Gorgo, est l'une des trois Gorgones (avec Euryale et Sthéno), la seule à être mortelle.

Sommaire

[modifier] Mythe

Tête de Méduse par le Caravage, huile sur cuir marouflé monté sur bois, v. 1592-1600, galerie des Offices (Inv. 1351)
Tête de Méduse par le Caravage, huile sur cuir marouflé monté sur bois, v. 1592-1600, galerie des Offices (Inv. 1351)

Fille de Phorcys et de Céto, et donc sœur des Grées[2], elle est une belle jeune fille dont Poséidon s'éprend[3] . Séduite ou violée par le dieu dans un temple dédié à Athéna, elle est punie par la déesse qui la transforme en Gorgone. Ses cheveux deviennent des serpents et désormais son regard pétrifie tous ceux qui le croisent[4]. (Selon certaines versions, c'est Aphrodite qui, jalouse de sa chevelure et de sa beauté, change ses cheveux en serpents.)

Elle est décapitée par le héros Persée car Méduse le lui avait demandé, aidé, selon des sources plus tardives, par Hermès et Athéna[5]. De son sang jaillissent ses deux fils, Chrysaor, père de Géryon, et le cheval ailé Pégase[6], sur lequel Persée s'enfuit, poursuivi par les autres Gorgones[7]. Après l'avoir utilisée pour pétrifier Atlas, délivrer Andromède et tuer Polydecte qui retenait sa mère prisonnière, Persée offre à Athéna la tête de Méduse, que la déesse fixe sur son bouclier, l'égide[8].

Pausanias[9] livre une version historicisante du mythe. Pour lui, Méduse est une reine qui, après la mort de son père, a repris elle-même le sceptre, gouvernant ses sujets, près du lac Tritonide, en Libye. Elle a été tuée pendant la nuit au cours d'une campagne contre Persée, un prince péloponnésien.

[modifier] Iconographie

Persée portant un chapeau, des bottes ailées et la kibisis jetée sur l'épaule, détourne la tête pour tuer Méduse, pithos orientalisant à reliefs, v. 660 av. J.-C., musée du Louvre (CA 795)
Persée portant un chapeau, des bottes ailées et la kibisis jetée sur l'épaule, détourne la tête pour tuer Méduse, pithos orientalisant à reliefs, v. 660 av. J.-C., musée du Louvre (CA 795)

Les premières représentations du mythe de Méduse apparaissent sur deux pithoi béotiens à relief (Louvre CA 795 et CA 937) et sur une amphore à col protoattique (musée d'Éleusis), tous trois remontant au second quart du VIIe siècle av. J.-C.[10] Sur les premiers, Méduse apparaît comme un centaure femelle, sur le point d'être décapitée par Persée, qui détourne la tête pour éviter d'être pétrifié. Sur l'amphore d'Éleusis, Méduse gît, décapitée, parmi les fleurs ; ses sœurs, à forme humaine mais aux visages monstrueux, veulent poursuivre Persée, mais sont arrêtées par Athéna qui s'interpose.

À la fin du VIIe siècle, la représentation du masque de Méduse (ou gorgoneion) évolue sous le pinceau des peintres de Corinthe, sans doute sous l'influence des têtes de lion apotropaïques (destinées à conjurer le mauvais sort)[11] : elle a le visage rond, avec de gros yeux proéminents, un nez épaté et une barbe ; elle tire souvent la langue. L'exemple le plus connu est une assiette attique de Lydos conservée au Staatliche Antikensammlungen de Munich (Inv. 8760). Le gorgonéion est souvent représenté sur les boucliers dans la peinture vasculaire attique : au départ, il peut orner le bouclier de n'importe quel guerrier ; à partir du milieu du Ve siècle av. J.-C., il se rencontre le plus souvent, sur les vases comme en sculpture, comme ornement de l'égide d'Athéna. Parallèlement, la tête de Méduse perd son aspect terrifiant : elle est désormais celle d'une belle jeune femme, seuls les serpents de la chevelure rappelant sa nature monstrueuse.

Parmi les représentations modernes, les plus connues sont le bouclier d'apparat peint par le Caravage, conservé à la galerie des Offices, ou encore le buste du Bernin conservé aux musées du Capitole.

[modifier] Notes

Buste de Méduse par le Bernin, 1630, musées du Capitole (MC 1166)
Buste de Méduse par le Bernin, 1630, musées du Capitole (MC 1166)
  1. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Klincksieck, Paris, 1999 (édition mise à jour) (ISBN 2-252-03277-4), s.v. μέδω, p. 675b.
  2. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 270-276).
  3. Ibid. (v. 278-279).
  4. C'est l'origine du terme « médusé », synonyme de « stupéfait ».
  5. Selon un résumé de Phérécyde et une trilogie tragique perdue d'Eschyle, cf. (en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, 1993 [détail édition], p. 307-308.
  6. Théogonie (v. 280-281).
  7. Hésiode, Bouclier d'Héraclès [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 216-237).
  8. Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 4, 3).
  9. Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 21, 5).
  10. Gantz op. cit., p. 304 ; Thomas H. Carpenter, Les Mythes dans l'art grec, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Paris, 1997 (1re édition 1991) (ISBN 2-87811-136-2), p. 104.
  11. Carpenter, op. cit., p. 105.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Méduse.