Portail:Littérature/Invitation à la lecture/Sélection

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Sommaire

[modifier] Recommandations

  • Une invitation à la lecture est constituée par un extrait cohérent — et plutôt emblématique de l'oeuvre tant qu'à faire — qui doit rester de taille raisonnable (environ 120 à 150 mots ou 15 à 20 vers), avec le nom de l'auteur, ses dates, le titre de l'œuvre en italique, et, impérativement pour les œuvres sous copyright, l'éditeur et la date de publication).
  • Une illustration est souhaitable pour animer la page du Portail:littérature où s'affiche l'invitation à la lecture.
  • L’expérience montre que prendre appui sur les commémorations du mois ou sur le contexte des saisons et des fêtes (14 juillet, 11 novembre, Noël ...) peut-être une bonne idée, même si le choix d’un texte n'a pas besoin d'être justifié, il doit simplement ne pas constituer une provocation. Il est par ailleurs souhaitable aussi de faire référence à Wikisource quand cela est possible. Cependant, comme la littérature est vivante, le droit de citation est un outil précieux pour faire une place à des textes récents.
  • La variété des textes est la bienvenue : variété des genres (poésie, roman, théâtre...) et des siècles en s’ouvrant aux littératures étrangères, mais aussi variété des sensibilités par la diversité des contributeurs. Cependant, pour conserver une visibilité satisfaisante à chaque texte qui sera affiché de façon aléatoire, le nombre maximum est fixé à 5 textes pour un mois.

[modifier] Marche à suivre

Il faut enregistrer chaque invitation individuellement en créant une page propre pour chaque texte. Cliquer sur un des liens rouges du TABLEAU ci-dessous (partie 4) pour créer une invitation, en y ajoutant le code suivant :

<div style="margin-bottom:0.7em;padding:1em;text-align:justify;font-weight:normal;font-family:Georgia,Times New Roman,Times Roman,Times,serif;font-size:95%">
[[Image:Nom de l’image|90px|right]]
</nowiki> Nom de l’auteur

Texte et références</nowiki>
</nowiki>

</nowiki>

Remarque : pour établir un renvoi à Wikisource, utiliser la syntaxe suivante en la complétant :
<div align="right" style="position:float;float:left">[[Image:1rightarrow.png|16px]]''[[s:Auteur|Retrouvez l’œuvre de ‹Nom de l’auteur› dans Wikisource]]''</div> <div style="position:float;float:right">[[Image:Wikisource-logo.svg|30px|left|Wikisource]]</div>


[modifier] Les invitations du mois

[modifier] s:juin 2008 Invitation 1

Margaret Mazzantini – Naissance

Entre les bras de Kentu, c'est toi : un petit singe rouge dans une couverture blanche. Je te reçois, je te scrute. Tu es vraiment affreuse. Tu es vraiment magnifique. Tu as des lèvres épaisses, déjà dessinées, tournées vers l'extérieur de ton visage encore chiffonné, les yeux gonflés, mi-clos à cause de cette lumière soudaine qui te gêne. Je lève le coude pour te protéger de ce violent rayon qui tombe du Scialytique encore allumé. C'est le premier geste que je fais pour toi, le premier pour te protéger. Et je me penche sur ta mère. Je n'oublierai jamais le visage avec lequel elle te regarde. Un visage comblé et stupéfait, mais avec un imperceptible fond de tristesse. Je comprends le sentiment qu'il exprime : la conscience subite de la tâche que lui confie la vie.

Margaret Mazzantini - « Écoute-moi » (page 261) - (éditions Robert Laffont, 2004)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 2

Fernando Pessoa - Ulysse

Le mythe est le rien qui est tout.
Le soleil lui-même qui épanouit les cieux
Est un mythe brillant et silencieux –
Le corps mort de Dieu,
Vivant et nu.
Celui qui aborda ce port,
Il fut sans avoir existé.
Sans exister il nous suffit.
Pour n’être pas venu il vint
Et nous créa.
Ainsi s’écoulant, la légende
Entre dans la réalité,
Qu’elle féconde en advenant.
En bas, la vie, moitié néant,
S’en va mourant.

Fernando Pessoa (13/06/1888 – 1935) - Message (Traduit par Bernard Sesé - coédition Unesco /José Corti, éd. Bilingue 1988)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 3

Federico García Lorca - Poema de la Saeta : Paso

Vierge en crinoline,
Vierge de la Soledad,
épanouie comme une immense
tulipe.
Dans ta barque de lumières
tu vas
sur la marée haute
de la ville,
parmi les saetas troubles
et des étoiles de cristal.
Vierge en crinoline,
tu vas
sur le fleuve de la rue
jusqu'à la mer!

Federico García Lorca (5/06/1898 -1936) - Poema del cante jondo (1921-1931)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 4

Erich Maria Remarque - Assaut

Personne ne croirait que dans ce désert tout déchiqueté il puisse y avoir encore des êtres humains ; mais, maintenant, des casques d’acier surgissent partout dans la tranchée et à cinquante mètres de nous, il y a déjà une mitrailleuse qui, aussitôt, se met à crépiter.

[…] Nous reconnaissons les visages crispés et les casques ; ce sont des Français. Ils atteignent les débris de barbelés et ont déjà des pertes visibles. Toute une file est fauchée par la mitrailleuse qui est à côté de nous ; puis nous avons une série d’enrayages et les assaillants se rapprochent. Je vois l’un d’eux tomber dans un cheval de frise, la figure haute. Le corps s’affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent croisées comme s’il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il n’y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras qui restent accrochés dans les barbelés.

Erich Maria Remarque (22/06/1898 - 1970) - À l’Ouest, rien de nouveau (Éditions Stock, 1928)

[modifier] s:juin 2008 Invitation 5

Jorge Semprun - Fidélité à l'exil

Je demanderais à être enterré dans le petit cimetière de Biriatou. Dans ce lieu de frontière, patrie possible des apatrides, entre l'une et l'autre appartenance – l'espagnole, qui est de naissance, avec toute l'impériosité, accablante parfois, de ce qui va se soi ; la française, qui est de choix, avec toute l'incertitude, angoissante parfois, de la passion – , sur cette vieille terre d'Euskal Herria. Voilà un lieu qui me conviendrait parfaitement pour que se perpétue mon absence.

D'ailleurs, si je me laissais aller à ce désir profond, dont je mesure bien l'inconvenance, du moins les inconvénients pour ceux qui se croiraient obliger de le combler, je demanderais également que mon corps fût enveloppé dans le drapeau tricolore – rouge, or, violet – de la République (espagnole).

(...) Il symboliserait simplement une fidélité à l'exil et à la douleur mortifère des miens : ceux à qui je n'ai cessé de penser sur la terrasse ombragée de Biriatou, encore aujourd'hui, quand il m'arrive d'y revenir.

Jorge Semprun - Adieu vive clarté (page 219) - (Éditions Gallimard, 1998).

[modifier] Les invitations du mois suivant

[modifier] s:juillet 2008 Invitation 1

Georges Bernanos - Ma paroisse

(...) De la côte de Saint-Vaast, le village m'est apparu brusquement, si tassé, si misérable sous le ciel hideux de novembre. L'eau fumait sur lui de toute part, et il avait l'air de s'être couché là, dans l'herbe ruisselante, comme une pauvre bête épuisée. Que c'est petit, un village ! Et ce village était ma paroisse. C'était ma paroisse, mais je ne pouvais rien pour elle, je la regardais tristement s'enfoncer dans la nuit, disparaître... Quelques moments encore, et je ne la verrais plus. Jamais je n'avais senti si cruellement sa solitude et la mienne. Je pensais à ces bestiaux que j'entendais tousser dans le brouillard et que le petit vacher, revenant de l'école, son cartable sous le bras, mènerait tout à l'heure à travers les pâtures trempées, vers l'étable chaude, odorante... Et lui, le village, il semblait attendre aussi — sans grand espoir — après tant d'autres nuits passées dans la boue, un maître à suivre vers quelque improbable, quelque inimaginable asile.

Georges Bernanos (1888 - 5/07/1948) - Journal d'un curé de campagne (Première page) – (éditions Plon, 1936)

[modifier] s:juillet 2008 Invitation 2

Emily Brontë - Wuthering Heights

Wuthering Heights (Les Hauts de Hurle-Vent), tel est le nom de l’habitation de Mr. Heathcliff : « wuthering » est un provincialisme qui rend d’une façon expressive le tumulte de l’atmosphère auquel sa situation expose cette demeure en temps d’ouragan. Certes on doit avoir là-haut un air pur et salubre en toute saison : la force avec laquelle le vent du nord souffle par-dessus la crête se devine à l’inclinaison excessive de quelques sapins rabougris plantés à l’extrémité de la maison, et à une rangée de maigres épines qui toutes étendent leurs rameaux du même côté, comme si elles imploraient l’aumône du soleil. Heureusement l’architecte a eu la précaution de bâtir solidement : les fenêtres étroites sont profondément enfoncées dans le mur et les angles protégés par de grandes pierres en saillie.

Emily Brontë (30/07/1818 - 1848) - Les Hauts de Hurlevent (1847) (Chapitre premier)

Wikisource

[modifier] s:juillet 2008 Invitation 3

Jean-Jacques Rousseau - Une entreprise qui n'eut jamais d'exemple

Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement: Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon; et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire. J'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus: méprisable et vil quand je l'ai été ; bon, généreux, sublime, quand je l'ai été : j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables ; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : je fus meilleur que cet homme-là.

Jean-Jacques Rousseau (1712 - 2/07/1778) - Les Confessions (Incipit)

Wikisource

[modifier] s:juillet 2008 Invitation 4

Chateaubriand - Exaltation romantique

Souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j'aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur, mais une voix du ciel semblait me dire : Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande.

Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie ! Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie, ni frimas, enchanté, tourmenté et comme possédé par le démon de mon cœur.

La nuit, lorsque l'aquilon ébranlait ma chaumière, que les pluies tombaient en torrent sur mon toit, qu'à travers ma fenêtre je voyais la lune sillonner les nuages amoncelés, comme un pâle vaisseau qui laboure les vagues, il me semblait que la vie redoublait au fond de mon cœur, que j'aurais la puissance de créer des mondes.

François-René de Chateaubriand (4/09/1768 - 4/07/1848) - René (1802)

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[modifier] s:juillet 2008 Invitation 5

François Coppée - Je suis un pâle enfant du vieux Paris...

Je suis un pâle enfant du vieux Paris, et j'ai
Le regret des rêveurs qui n'ont pas voyagé.
Au pays bleu mon âme en vain se réfugie,
Elle n'a jamais pu perdre la nostalgie
Des verts chemins qui vont là-bas, à l'horizon.
Comme un pauvre captif vieilli dans sa prison
Se cramponne aux barreaux étroits de sa fenêtre
Pour voir mourir le jour et pour le voir renaître.
Ou comme un exilé, promeneur assidu,
Regarde du coteau le pays défendu
Se dérouler au loin sous l'immensité bleue,
Ainsi je fuis la ville et cherche la banlieue.

François Coppée (1842 - 23/05/1908) - Intimités (1868)

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