Lili Boulanger

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Boulanger (homonymie).
Lili Boulanger
Lili Boulanger

Lili Boulanger, de son vrai nom Juliette-Marie Olga Boulanger, est une compositrice française, née à Paris le 21 août 1893 et morte à Mézy-sur-Seine (Yvelines) le 15 mars 1918. Elle est la sœur cadette de la compositrice et pédagogue de renom Nadia Boulanger.

Sommaire

[modifier] Biographie

Lili Boulanger voit le jour dans une famille de musiciens. Son père, Ernest Boulanger, est compositeur, Premier Grand prix de Rome en 1835, et professeur de chant au Conservatoire de Paris. Sa mère, Raïssa Mychetski (ou Myshetskaya), est une cantatrice russe, originaire de Saint-Pétersbourg. L’ambiance familiale est donc propice à l’étude de la musique, art pour lequel la jeune Lili montre très tôt d’étonnantes dispositions. Dès six ans, elle sait déchiffrer les partitions — avant même de savoir lire — et étudie l'harmonie. Gabriel Fauré, ami de la famille, est émerveillé par sa précocité et lui donne ses premières leçons de piano. De santé fragile, l'enfant reçoit à domicile l'enseignement d'éminents professeurs, notamment Georges Caussade pour la fugue et le contrepoint. Elle étudie, outre le piano, le violon, le violoncelle, la harpe — elle a pour professeur le célèbre harpiste Alphonse Hasselmans —, l’orgue. Elle s'essaie à la composition, encouragée par sa sœur Nadia, mais ne subsiste de ces œuvres de prime jeunesse qu'une Valse en mi majeur, composée en 1906.

En 1909, Lili Boulanger entre au Conservatoire de Paris dans la classe de composition musicale de Paul Vidal. Elle concourt une première fois pour le Prix de Rome en 1912 mais la maladie l'oblige à se retirer de la compétition. Elle se présente l'année suivante et devient, en 1913, la première femme à remporter le Premier Grand prix de Rome de composition musicale pour sa cantate Faust et Hélène (prix qu'elle partage néanmoins avec Claude Delvincourt). Une première audition publique de l'œuvre est donnée le 16 novembre 1913 par les Concerts Colonne au Théâtre du Châtelet et rencontre un vif succès, tant public que critique. Le 24 novembre, elle est reçue à l'Élysée par le président Raymond Poincaré.

En 1914, Lili Boulanger part pour l'Italie rejoindre les lauréats du Prix de Rome à l'Académie de France à Rome (Villa Médicis). Durant ce premier séjour de quatre mois — écourté par l'éclatement de la Première Guerre mondiale —, elle entame la rédaction de ses trois Psaumes XXIV, CXXIX, CXXX et Vieille prière bouddhique, œuvres qui ne seront complétées qu'en 1917. En 1918, elle dicte à sa sœur Nadia, sur son lit de mort, son ultime œuvre, le Pie Jesu. Atteinte de tuberculose intestinale, Lili Boulanger décède prématurément à l'âge de vingt-quatre ans. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre.

Ses compositions incluent des pièces orchestrales pour piano, orgue, violon, violoncelle, hautbois ou flûte et, surtout vocales sur des poèmes de Jammes, Maeterlinck ou Musset. Le diagnostic précoce de sa maladie semble avoir accru sa créativité et ses nombreuses œuvres, d'inspiration biblique ou mystique, semblent marquées par sa tragique destinée. Beaucoup sont restées inachevées ou sont perdues.

[modifier] Œuvres

Valse en mi majeur, pour piano
Pièce, pour violon ou flûte et piano (sans titre)
Sous-bois, pour chœur à 4 voix et piano
Nocturne, pour flûte ou violon et piano ou orchestre
Renouveau, pour chœur à 4 voix mixtes et piano ou orchestre
Maïa, cantate pour soprano, ténor, basse et piano
Frédégonde, cantate pour soprano, ténor, basse et piano
Soleils de septembre, pour chœur mixte à 4 voix et piano ou orgue
Les sirènes, pour chœur à 3 voix de femmes et piano ou orchestre
Le soir, pour chœur à 4 voix et piano ou orchestre
Reflets, pour voix et piano
La tempête, pour chœur à 3 voix d'hommes et piano ou orchestre
Soir d’été, pour chœur à 4 voix et piano
La source, pour chœur et piano ou orchestre
Fugue, pour 4 voix (1912)
Attente, pour voix et piano
Le retour, pour voix et piano
Hymne au soleil, pour contralto, chœur mixte et piano ou orchestre
La nef légère, pour chœur à 4 voix et piano
Pour les funérailles d’un soldat, pour baryton, chœur mixte et piano ou orchestre
Fugue, pour 4 voix (1913)
Soir sur la plaine, pour soprano, ténor, chœur mixte et piano ou orchestre
Faust et Hélène, cantate pour mezzo-soprano, ténor, baryton, chœur et orchestre
D’un jardin clair, pour piano
D’un vieux jardin, pour piano
Cortège, pour violon ou flûte et piano
Thème et variations, pour piano
Clairières dans le ciel, cycle de treize mélodies pour voix et piano
Dans l’immense tristesse, pour voix et piano
Psaume 24 : La terre appartient à l’Éternel, pour ténor, chœur mixte, orgue et orchestre
Psaume 129 : Ils m’ont assez opprimé, pour baryton, chœur d'hommes et orchestre
Psaume 130 : Du fond de l’abîme, pour contralto, ténor, chœur mixte et orchestre
Vieille prière bouddhique, pour ténor, chœur mixte et piano ou orchestre
D’un matin de printemps, pour violon, violoncelle ou flûte et piano ou orchestre
D’un soir triste, pour violon ou violoncelle et piano ou orchestre
La princesse Maleine, opéra en 5 actes d'après le drame de Maurice Maeterlinck (inachevé)
Pie Jesu, pour soprano, quatuor à cordes, harpe et orgue

[modifier] Discographie sélective

Pour découvrir la musique de Lili Boulanger, quatre enregistrements de qualité :

  • Lili Boulanger : Du fond de l'abîme, Psaumes 24 & 129, Pie Jesus, Vieille pièce bouddhique, 3 pièces pour violon et piano (Y. Menuhin & C. Curzon) - Orchestre Lamoureux, Dir. Igor Markevitch (1958 & 1967, Emi CDM 7 64281 2)
  • Lili Boulanger : les mélodies (Clairières dans le ciel — Quatre mélodies — Trois morceaux pour piano), Jean-Paul Fouchécourt (ténor), Sonia de Beaufort (mezzo-soprano) et Alain Jacquon (piano), Timpani, 1999.
  • Lili Boulanger : Psaume 24 – Faust et Hélène – D’un soir triste – D’un matin de printemps – Psaume 130, City of Birmingham Symphony Chorus, BBC Philharmonic (dir. Yan Pascal Tortelier), Lynne Dawson (mezzo-soprano), Ann Murray (mezzo-soprano), Bonaventura Bottone (ténor), Neil MacKenzie (ténor), Jason Howard (basse), Chandos, 1999.

À découvrir également le travail remarquable réalisé par deux musiciens de jazz, les frères Lionel et Stéphane Belmondo, sur l'enregistrement :

  • Belmondo, Hymne au soleil, Discograph, 2003

[modifier] Bibliographie

  • Brooks J., The Fonds Boulanger at the Bibliothèque Nationale. Dans Notes (51) 1994-1995), p. 1227-1237
  • Chailley J., L’œuvre de Lili Boulanger. Dans Revue musicale (353-354) 1982, p. 15-44
  • Croguennoc S., Les mélodies de Lili Boulanger. Dans Autour de la mélodie française, Rouen 1984, p. 99-122
  • Dopp B, Numerology and Cryptography in the Music of Lili Boulanger : the Hidden Program in Clairières dans le ciel. Dans Musical Quarterly (138) 1994, p. 556-583
  • Dumesnil R., Portraits de musiciens français. Paris 1938, p. 11-23
  • Fauser A., Die Musik hinter der Legende : Lili Boulangers Liederzyklus Clairières dans le ciel. Dans Neue Zeitschrift für Musik (Jahrgang 151, n° 11) 1990, p. 9-14
  • —, La guerre en dentelles : Women and the Prix de Rome in French Cultural Politics. Dans Journal of the Royal Musical Association (51) 1998, p. 83-129
  • —, Lili Boulanger’s La Princesse Maleine : a Composer and her Heroine as Literary Icons. Dans Journal of the Royal Musical Association (122) 1997, p. 68-108
  • Giesbrecht-Schutte S., Lili Boulanger : Clairières dans le ciel – ästhetischer Ausdruck und musikalische Form. Dans Musikforshung (97) 1994, p. 384-402
  • Landormy P., Lili Boulanger. Dans Musical Quarterly (16) 1930, p. 510-515
  • Mauclair C., La vie et l’oeuvre de Lili Boulanger. Dans Revue musicale (2, 9)1921, p. 147–55
  • Potter C., Nadia and Lili Boulanger: Sister Composers. Dans Musical Quarterly (133, 4) 1999, p. 536-156
  • Reeser H.-E., Lili Boulanger. Dans De muziek (7) 1933, p. 210-212 ; 264-279
  • RosenstielL L., The Life and Works of Lili Boulanger. Rutherford (NJ) 1978
  • Jérôme Spycket, À la recherche de Lili Boulanger, Fayard, 2004. (ISBN 2-213621306)
  • Stiévenard-Salomon B., Lili Boulanger : l’œuvre retrouvée. Paris 1993
  • Weissweiler E., Komponistinnen aus 500 Jahren : eine Kultur- und Wirkungsgeschichte in Biographien und Werkbeispielen. Frankfurt 1981, p. 325-346

[modifier] Liens externes