Lamine Guèye

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Amadou Lamine Birahim Guèye
Amadou Lamine Birahim Guèye
Lamine Guèye sur une fresque à Dakar
Nationalité Sénégalaise
Naissance 20 septembre 1891
à Médine Soudan français (actuel Mali)
Décès 10 juin 1968
à Dakar, Sénégal
Profession Avocat, Magistrat
Carrière Homme politique
Parti(s) SFIO, Parti socialiste sénégalais
Plus haut poste (France) Sénateur
1958
Plus haut poste en Sénégal Président de l'Assemblée Nationale
1960
Plus haut poste international Magistrat

Lamine Guèye est né le 20 septembre 1891 à Médine Soudan français (actuel Mali) d'un père commerçant Birahim Guèye et de Coura Waly Cissé. Il est issu d'une famille sénégalaise originaire de Saint-Louis, ce qui en fait une des figures historiques de cette ville.

En 1930, il rencontre en France sa femme Marthe Dominique Lapalun qui est d'origine guadeloupéenne :

  • leur fille Renée se marie avec un avocat ivoirien, Me Carlon ;
  • leur fils Iba devient avocat et s'illustre également au cinéma.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Sa formation

Il suit les études traditionnelles coraniques et entre en maternelle en 1903. Il obtient le Certificat d'études primaires en 1906 puis le Brevet élémentaire en 1907 à l'École Faidherbe (École primaire supérieure et commerciale). Il devient instituteur-stagiaire à l’école Duval.

Il passe également une licence de mathématique ce qui lui permet d'être enseignant en classe de mathématique à l'École William Ponty à Gorée. Il aura comme élève, Félix Houphouët-Boigny. Il enseignera pendant dix ans.

Lamine Guèye étudie le droit en France durant la Première Guerre mondiale, devenant le premier juriste noir de l'Afrique française. Docteur en droit, il possède aussi deux DESS : droit privé en 1919 et droit romain en 1933.

[modifier] Sa carrière juridique

[modifier] Avocat

Il devient avocat auprès des tribunaux et cours d'appel de l'AOF. Il défend des amis politiques tels que :

[modifier] Magistrat

Amadou Dugay Clédor l'aidera à devenir magistrat en intervenant auprès du gouverneur de l'AOF. Il devient magistrat en 1931 et sera pendant 6 ans, président de Chambre correctionnelle. En février 1937, il est nommé conseiller à la Cour d’appel de la Martinique.

En 1940, il quitte la magistrature pour redevenir avocat et rentre au Sénégal.

[modifier] Sa carrière politique

[modifier] Avec B. Diagne

De retour au Sénégal en 1922, il adhère à la SFIO en 1923.

En 1925, il devient maire de Saint-Louis. En 1924, il achète au député François Carpot, le journal « l'AOF » qui deviendra le support de ses campagnes politiques. Mais cela ne sera pas suffisant car il échoue :

  • aux élections législatives de 1928, battu par Blaise Diagne ;
  • aux élections municipales de 1929 ;
  • élections législatives de 1930, battu par Ngalandou Diouf.

Déçu par ces reverts politiques, il quitte le Sénégal pour occuper des fonctions de magistrat à l'île de la Réunion en 1931.

Blaise Diagne meurt en 1934. Un mouvement de jeunes étudiants sénégalais[1]lui écrit une lettre [2]afin de l'inciter à revenir sur la scène politique. Lamine Gueye se représente aux élections législatives mais il est battu de nouveau par Galandou Diouf.

En 1935, il réorganise le Parti socialiste sénégalais afin d'y attirer la jeune élite sénégalaise (le PSS fut le premier parti politique moderne de l'Afrique francophone). Le premier congrès de ce parti se déroule au célèbre cinéma « Rex » sur la place de l'indépendance.

En 1945, il se présente aux élections municipales de Dakar et devient maire de Dakar avec son colistier L.S. Senghor. Il restera maire de Dakar pendant seize ans.

Il devient sous-secrétaire d'État à la Présidence du Conseil du gouvernement Léon Blum (3), du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947.

[modifier] La loi française « Lamine Guèye »

En 1946, soutenu par la SFIO, Lamine Gueye remporta facilement la représentation des communes urbaines. À l'Assemblée nationale, il est l'auteur de la Loi Lamine Guèye, plus tard intégrée à la Constitution de la Quatrième République, étendant la citoyenneté française aux indigènes des colonies françaises.

La loi du 30 juin 1950 proclame l’égalité de traitements et d’avantages de toutes sortes à tous les fonctionnaires civils et militaires servant Outre-Mer, sans distinction de race, de religion ou de statut. Mais les défenseurs de la monogamie redoutent que cela incite à la polygamie à cause des allocations perçues par enfants dans les familles polygames.

[modifier] Avec L. S. Senghor

1948 fut l'année de la rupture entre Lamine Gueye et son protégé Léopold Sédar Senghor qui va créer le Bloc démocratique sénégalais (BDS). Lamine Gueye aura privilégié l’électorat des villes, tandis que Léopold Sédar Senghor investit les campagnes, ce qui lui permet de constituer une base électorale beaucoup plus large. 1958 vit la fusion du Parti socialiste sénégalais (PSS) avec premier Bloc populaire sénégalais (BPS) de Léopold Sédar Senghor pour former l'Union progressiste sénégalaise (UPS).

En 1951, il est battu aux élections législatives par Abass Guèye (candidat senghoriste).

Il se retire involontairement en France afin de se soigner d'une grave maladie. Durant ce séjour, il est nommé délégué de la France à la représentation politique auprès des Nations unies.

[modifier] Les indépendances

Il revient en 1957 et prend la tête du Mouvement socialiste africain (MAS). Il devient directeur politique de la section locale sénégalaise, le Parti sénégalais d'action socialiste (PSAS).

Du 8 juin 1958 au 15 juillet 1959, il devient sénateur de la Quatrième république française.

En 1958, dans le cadre des négociations de l’accès à l’indépendance, il s'unit avec Senghor face aux autres leaders africains qui favorisent l'autonomie pour chaque territoire de l'AOF plutôt qu'une structure fédérative. Le Sénégal parvint ainsi à la création de la Fédération du Mali regroupant le Mali et le Sénégal.

Le MSA et l'UPS fusionnent. Lamine Guèye devient directeur politique de l’Union progressiste sénégalaise (UPS). Il fait son entrée dans l’hémicycle comme député UPS à l’Assemblée constituante du Sénégal. Puis il devient président de l’Assemblée nationale du Sénégal indépendant.

En décembre 1962, de vives tensions opposent Senghor au président du conseil Mamadou Dia : les députés vont venir se réunir chez Lamine Guèye afin de destituer le gouvernement de Dia et sauver ainsi le régime de Senghor.

Lamine Gueye maintient une intense activité politique au sein du parti au pouvoir et reste président de l'Assemblée nationale jusqu'à sa mort le 10 juin 1968 à Dakar. Il sera enterré auprès de son unique fils Iba, décédé en 1963.

[modifier] Écrits

  • De la situation politique des Sénégalais originaires des communes de plein exercice telle qu'elle résulte des lois des 19 octobre 1915, 29 septembre 1916 et de la jurisprudence antérieure. Conséquences au point de vue du conflit des lois françaises et musulmanes en matière civile, Université de Paris, Faculté de Droit, 1921 (Thèse)
  • Rapport : présenté par M. Lamine Gueye,... au sujet des projets et propositions de loi tendant à fixer l'organisation et la compétence des Assemblées de groupe en Afrique équatoriale française et Afrique occidentale française, 1948
  • Étapes et perspectives de l'Union Française, Paris, 1955
  • Itinéraire africain, Paris, Présence africaine, 1966

[modifier] Notes et références

  1. Léopold Sédar Senghor, Docteur Birago Diop, ou encore Amadou Karim Guèye
  2. « Cher compatriote, la mort de Blaise Diagne jette le Sénégal dans une confusion sans précédent. La réaction, épaulée par les politiciens de profession, se camoufle et se prépare à nous arracher les quelques libertés qui nous restent sur la terre africaine. Votre programme et votre section politiques nous sont encore présents dans la mémoire. Nous vous supplions aujourd’hui de sortir de votre retraite et de vous présenter devant le corps électoral avec votre programme de redressement politique et intellectuel et économique. »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • N. B. Duquenet, « Lamine Guèye : De l'ancienne Afrique au Sénégal nouveau », in C. A. Julien (et al.), Les Africains, Jeune Afrique, Paris, 1977, III, p. 143-169

[modifier] Liens externes

Autres langues