Julien Freund

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Julien Freund

Naissance 8 janvier 1921
à Henridorff
Décès 10 septembre 1993 (à 72 ans)
à Strasbourg
Nationalité France France
Profession politologue et sociologue
Occupation professeur
Autres fonctions résistant

Julien Freund (Henridorff, 8 janvier 1921 - Strasbourg, 10 septembre 1993), politologue et sociologue français.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né à Henridorff (Moselle) le 8 janvier 1921, d’une mère paysanne et d’un père ouvrier socialiste, Julien Freund était l'aîné de six enfants. Après la mort de son père, il avait dû interrompre prématurément ses études et était devenu instituteur dès l’âge de 17 ans.

[modifier] La résistance

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participa activement à la Résistance. Pris en otage par les Allemands en juillet 1940, il parvint à passer en zone libre et, dès janvier 1941, milita à Clermont-Ferrand (où s’était repliée l’université de Strasbourg) dans le mouvement Libération d’Emmanuel d'Astier de la Vigerie, puis dans les groupes-francs de Combat animés par Henri Frenay, tout en achevant une licence de philosophie.

Arrêté en juin 1942 à Clermont-Ferrand, puis en septembre à Lyon, il fut avec Emmanuel Mounier l’un des accusés du procès Combat. Incarcéré à la prison centrale d’Eysses, puis à la forteresse de Sisteron, il parvint à s’évader le 8 juin 1944 et rejoignit jusqu’à la Libération les maquis FTP des Basses-Alpes et de la Drôme. Rentré à Strasbourg en novembre 1944, il se consacra quelque temps au journalisme et à l’action politique, expériences qui furent pour lui une source de déception en même temps que le point de départ d’une longue réflexion. Il fut en 1945-46 responsable départemental du Mouvement de libération nationale (MLN) de la Moselle, et quelque temps secrétaire académique du SNES.

[modifier] Carrière académique

Ayant postulé dès 1946 un poste de professeur de philosophie, il avait passé son agrégation, puis enseigné successivement au collège de Sarrebourg (1946-49), au lycée de Metz (1949-53) et au lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg (1953-60). De 1960 à 1965, il avait été maître de recherche au CNRS, spécialisé dans les études d’analyse politique. En 1965, année de la soutenance de sa thèse de doctorat à la Sorbonne, il avait été élu professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, où il fut le principal fondateur, puis le directeur de la faculté des sciences sociales. Il y créa un certain nombre d'institutions à vocation régionale, comme l’Institut de polémologie de Strasbourg (témoignage de sa proximité avec Gaston Bouthoul), le Centre de recherches et d’études en sciences sociales (en 1967), la Revue des sciences sociales de la France de l'Est (en 1972) ou le Centre de recherche en sociologie régionale (1973). Il a également enseigné en 1973-75 au Collège d'Europe de Bruges, puis en 1975 à l’université de Montréal. Nommé en 1979 président de l’Association internationale de philosophie politique, il avait pris peu de temps après une retraite anticipée réprouvant les évolutions de l'enseignement et de l'administration universitaires. Depuis, retiré à Villé, il se consacrait entièrement à ses livres.

[modifier] Œuvre

Marqué par la pensée de Max Weber, de Georg Simmel, de Vilfredo Pareto et de Carl Schmitt, auteurs qu’il contribua à mieux faire connaître en France, Julien Freund s’était imposé avec son livre sur L’essence du politique, issu de la thèse de doctorat qu’il avait soutenue le 26 juin 1965 sous la direction de Raymond Aron (le philosophe Jean Hyppolite ayant préféré se récuser pour n’avoir à patronner ses thèses). Influencé par Schmitt, il s'efforçait dans sa thèse d'analyser les catégories fondatrices du politique, insistant sur la triple relation entre obéissance et commandement, ami et ennemi, public et privé. Il ne cessera, par la suite, de s’intéresser aux invariants de l’esprit humain, qu’il s’agisse de l’esthétique, de l’éthique, de l’économique ou du religieux.

Peu intégré à la sociologie française, Julien Freund avait toutefois une certaine réputation dans le monde entier, en particulier pour son livre sur Max Weber, traduit notamment en anglais. Il avait refusé de quitter son Alsace natale pour venir s’installer dans la capitale : « Kant vivait à Königsberg et non à Berlin », répondait-il à ceux qui s’en étonnaient. Amateur de peinture - il avait épousé en 1948 la fille du peintre alsacien René Kuder (1882-1962) - et de gastronomie régionale.

Sa fascination pour Carl Schmitt, indissociable de son approche fondamentalement agonistique du politique, de même que son engagement dans la revue Nouvelle école du Groupe de recherche et d'études sur la civilisation européenne (GRECE) et sa contribution à la revue d'extrême droite Nationalisme et République ainsi qu'aux publications du Thule Seminar de Pierre Krebs, ont fait de lui un penseur controversé.

Ses travaux ont fortement influencé deux de ses anciens élèves, la philosophe Chantal Delsol et le sociologue Michel Maffesoli.

[modifier] Bibliographie

  • L’essence du politique (Sirey, 1965).
  • Max Weber (PUF, 1966 et 1983).
  • Europa ohne Schminke (Drückerei Winkelhagen, Goslar 1967).
  • Qu’est-ce que la politique ? (Seuil, 1968 et 1978).
  • Max Weber (PUF, 1969).
  • Le nouvel âge. Éléments pour la théorie de la démocratie et de la paix (Marcel Rivière, 1970).
  • Le droit d’aujourd’hui (PUF, 1972).
  • Les théories des sciences humaines (PUF, 1973).
  • Pareto. La théorie de l’équilibre (Seghers, 1974).
  • Georges Sorel. Eine geistige Biographie (Siemens-Stiftung, Munich 1977).
  • Les problèmes nouveaux posés à la politique de nos jours (Université européenne des affaires, 1977),
  • Utopie et violence (Marcel Rivière, 1978).
  • Il luogo della violenza (Cappelli, Bologna 1979).
  • La fin de la Renaissance (PUF, 1980).
  • La crisis del Estado y otros estudios (Instituto de Ciencia política, Santiago de Chile 1982).
  • Idées et expériences. Les activités sociales: regards d’un sociologue (Institut des Sciences Politiques et Sociales de l’U.C.L., Louvain-la-Neuve 1983).
  • Sociologie du conflit (PUF, 1983).
  • Idées et expériences (Institut de sociologie de l’UCL, Louvain-la-Neuve 1983).
  • La décadence. Histoire sociologique et philosophique d’une catégorie de l’expérience humaine (Sirey, 1984).
  • Philosophie et sociologie (Cabay, Louvain-la-Neuve 1984).
  • Politique et impolitique (Sirey, 1987).
  • Philosophie philosophique (Découverte, 1990).
  • Études sur Max Weber (Droz, Genève 1990).
  • Essais de sociologie économique et politique (Faculté catholique Saint-Louis, Bruxelles 1990).
  • L’aventure du politique. Entretiens avec Charles Blanchet (Critérion, 1991).
  • D’Auguste Comte à Max Weber (Economica, 1992).
  • L’essence de l’économique (Presses universitaires de Strasbourg, Strasbourg 1993).
  • Diritto e Politica. Saggi di filosofia giuridica (Edizioni Scientifiche Italiane, Napoli 1994).
  • Il Terzo, il nemico, il conflitto. Materiali per una teoria del Politico (Giuffrè, Milano 1995).
  • Warfare in the modern world: a short but critical analysis (Plutarch Press, Washington D.C. 1996).
  • Voci di teoria politica (Antonio Pellicani Editore, Roma, 2001).
  • Vista de conjunto sobre la obra de Carl Schmitt (Struhart & Cía., Buenos Aires, 2002).

[modifier] Traductions

  • Max Weber, Le savant et le politique, Plon, Paris 1959.
  • Max Weber, Essais sur la théorie de la science, Plon, Paris 1965, et Agora/Presses-Pocket, 1992.
  • Max Weber, Economie et société, Plon, Paris 1971.

Son œuvre comprend aussi un nombre très important d’articles, d’essais, de préfaces et de communications. On en trouvera la liste dans La bibliographie de Julien Freund dressée par Piet Tommissen dans le numéro spécial de la Revue européenne des sciences sociales (Nr. 54-55, 1981, pp. 49-70) offert à Freund pour son 60ème anniversaire. Une autre bibliographie, prolongée jusqu’en 1984 et également établie par Piet Tommissen, figure en annexe de Philosophie et sociologie (Cabay, Louvain-la-Neuve 1984, pp. 415-456 : Julien Freund, une esquisse bio-bibliographique).

[modifier] Études sur l'auteur

  • Revue européenne des sciences sociales, "Critique des théories du social et épistémologie des sciences humaines: études en l’honneur de Julien Freund", 19, nº 54-55, Droz, Genève 1981.
  • Revue des sciences sociales de la France de l’Est, "Région et conflits. Hommage à Julien Freund" (Strasbourg), nº 10.
  • Tijdschrift voor de studie van de verlichting en van het vrije denken, "Politiek en decadentie volgens Julien Freund", 11, nº4, 1983.
  • Studi Perugini, Università degli Studi di Perugia, nº 1, 1996.
  • Empresas políticas, Sociedad de Estudios Políticos de la Región de Murcia, nº 5, 2004.
  • Jerónimo Molina Cano, La filosofía económica de Julien Freund ante la economía moderna, Fund. Cánovas del Castillo, Cuadernos Veintiuno de Formación, nº 10, Madrid 1997.
  • Jerónimo Molina Cano, Julien Freund, lo político y la política, Ediciones Sequitur, Madrid, 1999.
  • Jerónimo Molina Cano, Conflicto, gobierno y economía (cuatro ensayos sobre Julien Freund), Struhart & Cía., Buenos Aires 2004.
  • Alessandro Campi, Carl Schmitt, Freund, Miglio: figure e temi del realismo politico europeo, La Roccia di Erec, Fiorenza 1996.
  • Sébastien de la Touanne, Julien Freund - Penseur "machiavélien" de la politique, L'Harmattan, Paris, 2004.
  • Juan Carlos Valderrama Abenza, Julien Freund, la imperiosa obligación de lo real. Estudio bio-bibliográfico, Sociedad de Estudios Políticos de la Región de Murcia, 2005.

[modifier] Liens externes

Autres langues