Janus (mythologie)

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Buste romain de Janus, Musée du Vatican
Buste romain de Janus, Musée du Vatican

Janus est une divinité romaine veillant sur les ouvertures : ouverture de l’année, de la guerre (les portes de son temple étaient fermées quand Rome était en paix), etc.

Les mythologues ne sont pas d'accord sur son origine[1]. Les uns le font Scythe ; les autres, originaire du pays des Perrhèbes, peuple de Thessalie ; enfin, d'autres en font un fils d'Apollon et de Créuse, fille d'Érechtée, roi d'Athènes, ce qui ferait de lui un parfait équivalent latin du héros grec Ion, fils traditionnel d'Apollon et de cette princesse athénienne (sources : divers auteurs grecs). Devenu grand, Janus, ayant équipé une flotte, aborda en Italie, y fit des conquêtes et bâtit une ville qu'il appela de son nom Janicule. Toutes ces origines sont obscures et confondues. Mais la légende le fait régner, dès les premiers âges, dans le Latium. Saturne, chassé du ciel, se réfugia dans ce pays, et fut accueilli par Janus qui même l'associa à sa royauté. Par reconnaissance, le dieu détrôné le doua d'une rare prudence qui rendait le passé et l'avenir toujours présents à ses yeux, ce qu'on a exprimé en le représentant avec deux visages tournés en sens contraires.

Ovide, dans le premier chant des Fastes consacré au mois de janvier, identifie Janus au Chaos des grecs, racontant que lorsque les éléments formant la matière première de l'univers (l'air, l'eau, la terre et le feu) eussent été séparés, le corps d'un dieu se dégagea de cette matière, et que ce dieu fut Janus, dont le double visage est la seule trace de l'état de confusion cosmique qui précéda sa venue au monde. (Cf. textes des Fastes en ligne).

Selon une autre tradition issue de l'âge de bronze, Janus serait le "Dieu des Dieux", le tout premier être divin issu du Chaos. L'arrivée des Indo-européens en Italie aurait ainsi modifié le panthéon.

Le mois de janvier (januarius), auquel le roi Numa donna son nom, lui était consacré.

Sommaire

[modifier] Liens de parenté

Père de Proca, né de l'union avec la nymphe Cama.

Père de Tibérinus, né de l'union avec Camisé. Ce dernier se noiera dans le Tibre, fleuve qui portera son nom.

Père de Canens, la personnification du chant, qu'il maria à Picus, fils de Saturne né dans le Latium après son exil sur terre, et que la magicienne Circé, par dépit amoureux, devait plus tard changer en pic-vert. Par elle, il est le grand-père maternel de Faunus, l'arrière-grand-père de Latinus et l'ancêtre d'une longue lignée royale.

On lui prête également des amours heureuses avec la déesse des eaux douces Vénilia et, selon Ovide avec la nymphe Cardea ou Carna qu'il parvint à vaincre lors d'un défi - grâce à son double visage - et qui lui accorda ses faveurs à l'issue de sa défaite. Aussi en retour en fit-il une déesse, présidant aux gonds des portes et chargée, en parallèle, de protéger la santé des nouveau-nés, et notamment le bon développement de leurs organes.

Enfin, certains lui attribuent pour parèdre l'antique déesse Jana ou Diana, et voient dans ce couple de divinités exclusivement latines un parfait équivalent de celui formé en Grèce par Apollon et Artémis, à laquelle Diana fut rapidement identifiée.

[modifier] Son règne

[modifier] Pouvoir

C'est le dieu des portes (de janua, porte en latin, selon Tertullien). Il est représenté avec deux visages, l'un tourné vers le passé et l'autre tourné vers le futur. À Rome, son temple principal a la particularité d'avoir les portes ouvertes en temps de guerre et fermées en temps de paix. Les portes de ce temple n'ont d'ailleurs été fermées que deux fois de 509 av. J.-C.

[modifier] Culte

[modifier] Représentations

On le représente tenant d'une main une clef, et de l'autre une verge, pour marquer qu'il est le gardien des portes (januae) et qu'il préside aux chemins. Ses statues marquent souvent de la main droite le nombre de trois cents, et de la gauche celui de soixante-cinq, pour exprimer la mesure de l'année. Il était invoqué le premier lorsqu'on faisait un sacrifice à quelque autre dieu.

Ovide dit que Janus a un double visage parce qu'il exerce son pouvoir sur le ciel, sur la mer comme sur la terre ; il est aussi ancien que le monde ; tout s'ouvre ou se ferme à sa volonté. Lui seul gouverne la vaste étendue de l'univers. Il préside aux portes du ciel, et les garde de concert avec les Heures. Il observe en même temps l'orient et l'occident.

Sur le revers de ses médailles on voyait un navire ou simplement une proue, en mémoire de l'arrivée de Saturne en Italie sur un vaisseau.

[modifier] Temples

Il y avait à Rome plusieurs temples de Janus, les uns de Janus Bifrons, les autres de Janus Quadrifrons. Au-delà de la porte du Janicule on avait élevé, en dehors des murs de Rome, douze autels à Janus, par rapport aux douze mois de l'année.

[modifier] Légende

Ne pouvant plus diriger le ciel, Saturne cherchait la tranquillité. Il fut accueilli avec hospitalité en Italie par Janus, le roi des latins et le dieu des portes des enfers. En plus de son hospitalité, Janus proposa à Saturne de s’associer tous les deux sur le trône. Janus et Saturne s’entendaient merveilleusement bien, il n’y avait jamais de querelles. Ils ne travaillaient jamais car la terre était toujours féconde. C’était l’Âge d’or. En souvenir d’une pareille époque, on fêtait les Saturnales, où pendant trois jours tous étaient égaux, il n’y avait ni maître, ni esclave.

[modifier] Bibliographie

  • P. Grimal, « Le dieu Janus et les origines de Rome », Lettres d'Humanité, IV, 1945, p. 15-121.
  • A. Grenier, « Les religions étrusque et romaine », dans Les religions de l'Europe ancienne (t. 3 de la collection « Mana »), Paris, 1948, p. 124.
  • G. Dumézil, De Janus à Vesta, dans Tarpeia, Paris, 1947, p. 31-113.
  • R. Pettazzoni, L'onniscienza di Dio, Turin, 1955, p. 242-258.
  • P. Fabre, La religion romaine, dans Brillant M. et Aigrain R. [Dir.], Histoire des religions, III, Paris, 1955, p. 327, 348 et 351.
  • Jean Bayet, Histoire politique et psychologique de la religion romaine, 2e éd., Paris, Payot, 1969; réédité sous le titre La religion romaine, histoire politique et psychologique, Paris, Petite bibliothèque Payot, 1976.
  • P. Grimal, Le dieu Janus, Berg International, 1999.
  • P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, 15e éd., 2d tirage, Paris, P.U.F., 2005.
  • Ovide, Les Métamorphoses (XIV, 320 et suivants), les Fastes (I, 89).
  • Jean-Emile Bianchi,"Les secrets du Dieu Janus", 2004, Editions Ivoire Clair

[modifier] Notes

  1. Voltaire, Dictionnaire philosophique, art. Élie et Énoch, rattache, sur la foi d'un savant qu'il ne nomme pas, le nom de Janus à celui du personnage biblique Hénoch. Il y a longtemps que Voltaire n'est plus une autorité en matière de religions comparées.

[modifier] Voir aussi

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