Jan Patočka

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jan Patočkafoto: Jindřich Přibík
Jan Patočka
foto: Jindřich Přibík

Jan Patočka (1907-1977), était un philosophe tchèque.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il étudie la philologie slave, la romanistique et la philosophie à la Faculté des Lettres de l'Université Charles, puis, effectue plusieurs séjours d'études à Paris, à Berlin et à Fribourg, où il fait la connaissance d'Edmund Husserl, d'Eugen Fink et de Martin Heidegger.

La phénoménologie devient alors l'une des bases de sa philosophie. Il enseigne à la Faculté des Lettres jusqu'à la fermeture des universités tchèques (1939) et de nouveau en 1945-1949, avant d'être expulsé lors des purges de l'université. Il travaillera alors dans diverses institutions philosophiques plus ou moins marginales, avant de retourner à la Faculté, en 1968. Il en sera à nouveau expulsé en 1971. En 1977, il signe la Charte 77 et devient, avec Jiri Hájek et Vaclav Havel, l'un de ses premiers porte-paroles. S'en suit une persécution policière constante. Après un interrogatoire particulièrement difficile, Patocka doit être hospitalisé et meurt d'une hémorragie cérébrale le 13 mars 1977.

Selon les mots de Paul Ricoeur, Jan Patočka fut « littéralement mis à mort par le pouvoir ».

[modifier] Philosophie

Dans son œuvre philosophique, Jan Patočka renoue avec la tradition représentée par J. A. Comenius, Tomáš Masaryk et Edmund Husserl, liée à un effort d'ancrer la dimension morale de l'homme dans une époque qui nie cette dimension. Il part de la phénoménologie de Husserl en la modifiant à partir de l'ontologie de Heidegger. Il se concentre sur l'analyse du "monde naturel" (Le Monde naturel en tant que problème philosophique, Přirozený svět jako filosofický problém, 1936, 1970, 1992), cherche ses bases métaphysiques et étudie la dépendance mutuelle et la cohésion de l'existence humaine et du monde.

Enfin, il aboutit à une philosophie phénoménologique, concevant l'existence dans l'esprit de trois mouvements existentiels de base : le mouvement d'auto-ancrage (l'homme accepte la situation dans laquelle il se trouve, et est accepté en tant qu'homme par les autres), le mouvement du débarassement de soi par le prolongement - mouvement du travail, du gagne-pain (l'homme ne prête son attention qu'aux choses qui peuvent lui être utiles, qui « prolongent » ses possibilités, il considère les autres ainsi que soi-même comme un objet de bénéfice qu'il est possible de manipuler) et le mouvement de la découverte de soi (l'homme dépasse le monde de l'immédiatement donné et réussit à rapporter au monde en tant que tout, il refuse de vivre une vie de consommation anonyme, il est conscient de sa nature mortelle et de la responsabilité de sa propre vie qui le porte au « soin de l'âme » platonicien comme à la chose la plus importante qu'il doit s'efforcer de remplir.)

[modifier] Livres

  • Přirozený svět jako filosofický problém, Prague, 1936
  • Aristoteles, jeho předchůdci a dědicové, Prague, 1963
  • O smysl dneška, 1969
  • Kacířské eseje o filosofii dějin, Prague, 1975 (Samizdat)
  • Negativní platonismus, 1990
  • Platón. Přednášky z antické filosofie, 1991
  • Tři studie o Masarykovi, 1991
  • Evropa a doba poevropská, 1992
  • Úvod do fenomenologické filosofie, 1993
  • Tělo, společenství, jazyk, svět. Conférences 1968-69, 1995

[modifier] En français

  • Le monde naturel comme un problème philosophique. Tranduit par Jaromír Danek and Henri Declève. The Hague: Martinus Nijhoff, 1976.
  • Essais hérétiques sur la philosophie de l'histoire. Traduit par Erika Abrams. Lagrasse: éditions Verdier, 1981.
  • Plato et l'Europe. Traduit par Erika Abrams. Lagrasse: éditions Verdier, 1983.
  • La crise du sens, tome 1, Comte, Masaryk, Husserl. Traduit par Erika Abrams. Brussels: éditions Ousia, 1985.
  • La crise du sens, tome 2, Comte, Masaryk et l'action. Traduit par Erika Abrams. Brussels: éditions Ousia, 1986.
  • Le monde naturel et le mouvement de l'existence humaine. Édité et traduit par Erika Abrams. Dordrecht: Kluwer Academic Publishers, 1988.
  • Qu'est-ce que la phénomenologie. Édité et traduit par Erika Abrams. Grenoble: J Millon, 1988.
  • L'écrivain, son "objet". Édité et traduit par Erika Abrams. Paris: P.O.L. 1990.
  • Liberté et sacrifice. Ecrits politiques. Édité et traduit par Erika Abrams. Grenoble: J. Millon, 1990.
  • L'idée de l'Europe en Bohême. Traduit par Erika Abrams. Grenoble: J. Millon, 1991.
  • L'art et le temps. Édité et traduit par Erika Abrams. Paris: P.O.L., 1992.
  • L’Europe après l’Europe, traduction par Erika Abrams, Lagrasse, éditions Verdier, 2007.

[modifier] Sur l’internet