Jabberwocky (poème)

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Illustration par John Tenniel
Illustration par John Tenniel

Le Jabberwocky (on rencontre parfois Jabberwock dans les traductions françaises) est un des poèmes les plus connus de Lewis Carroll. en triturant la langue et les mots, y invente le mot-valise (qu'il appelle portmanteau). Il ouvre ainsi une route nouvelle pour les poètes et la poésie, qu’emprunteront (en France) aussi bien Roussel et Artaud que Leiris, puis Queneau et les oulipiens comme Roubaud, Salon, Fournel ou Le Tellier.

Le poème est inséré dans le premier chapitre de De l'autre côté du miroir, où une glace est nécessaire à Alice pour parvenir à le lire, car il est imprimé à l'envers :

Twas brillig, and the slithy toves
Did gyre and gimble in the wabe ;
All mimsy were the borogoves,
And the mome raths outgrabe.

Sommaire

[modifier] Comment traduire le "Jabberwocky" ?

Lewis Carroll a lancé à ses traducteurs un vrai défi. Se frotter à la traduction de "Jabberwocky", c'est à la fois pénétrer dans les profondeurs d’une langue et de son imaginaire, mais aussi se plier à une impérieuse et unique exigence de rythme, de musique et de sens.

La traduction souvent citée date de 1946 (ce n'est pas la première), et elle est de Henri Parisot :

"Il était reveneure ; les slictueux toves
"Sur l’alloinde gyraient et vriblaient ;
"Tout flivoreux étaient les borogoves
"Les vergons fourgus bourniflaient."

Il en existe plus de dix autres. Un ouvrage a été consacré à cette question épineuse par l'oulipien Bernard Cerquiglini, angliciste et linguiste. Dans À travers le Jabberwocky de Lewis Carroll (paru aux éditions Le Castor Astral), il se concentre sur cette première strophe, incontestablement la plus originale, et analyse onze de ces mots-valises, dans huit traductions, de celle, « classique », de Parisot, à celle, « anti-grammaticale », d’Antonin Artaud. La préface de cet ouvrage est d'Hervé Le Tellier.

[modifier] Traduction complète du poème

Cette traduction, la plus connue, est due à Henri Parisot, qui en réalisa 3 successives, incluant de légères variantes d'une version à l'autre. D'autres auteurs se sont essayé à ce difficile exercice, avec des résultats très inégaux.

Il était grilheure ; les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient :
Tout flivoreux allaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.

« Prends garde au Jabberwock, mon fils !
A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent !
Gare l'oiseau Jubjube, et laisse
En paix le frumieux Bandersnatch ! »

Le jeune homme, ayant pris sa vorpaline épée,
Cherchait longtemps l'ennemi manxiquais...
Puis, arrivé près de l'Arbre Tépé,
Pour réfléchir un instant s'arrêtait.

Or, comme il ruminait de suffêches pensées,
Le Jabberwock, l'œil flamboyant,
Ruginiflant par le bois touffeté,
Arrivait en barigoulant !

Une, deux ! Une, deux ! D'outre en outre,
Le glaive vorpalin virevolte, flac-vlan !
Il terrasse le monstre, et, brandissant sa tête,
Il s'en retourne galomphant.

« Tu as donc tué le Jabberwock !
Dans mes bras, mob fils rayonnois !
Ô jour frabieux ! Callouh ! Callock ! »
Le vieux glouffait de joie.

Il était grilheure : les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient :
Tout flivoreux allaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.

[modifier] Références croisées

  • Fredric Brown, dans son roman policier "La nuit du Jabberwock", rend un hommage à l'univers de Lewis Carrol, et notamment à ce poème qui sert notamment de prétexte au premier meurtre de l'histoire.

[modifier] Lien externe

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