Ijtihad

L’ijtihâd (arabe : ijtihād, اِجْتِهاد, effort de réflexion) désigne l'effort de réflexion, complémentaire au Coran puis à la Sounna, que les oulémas ou muftis et les juristes musulmans entreprennent pour interpréter les textes fondateurs de l'islam et les transcrire en terme de droit musulman. Depuis le 10ème siècle, seuls les chiites pratiquent l'ijtihad, ce qui fait que, théologiquement, le chiisme est relativement plus moderne et libéral que le sunnisme.

Le mujtahid (arabe : mujtahid], مُجْتَهِد, appliqué; diligent; zélé) est celui qui produit cet effort de réflexion de l'ijtihâd.

Néanmoins, cet effort de réflexion est aussi le devoir de toute personne car si un juriste est considéré apte à extraire une réponse légale à partir des sources de l'Islam, chaque individu devra nécessairement l'appliquer individuellement à son contexte. Aussi, si la vie ne consiste pas à s'inscrire dans des limites juridiques, chacun devra effectuer cet effort à partir des principes universels vers son contexte à titre individuel.

L'ijtihâd est également une forme d'élaboration du droit. Pour les écoles juridiques (madhhab) sunnites, le temps de l'ijtihâd est pratiquement terminé depuis le X^e siècle avec la constitution des quatre grandes écoles de droit, un calife abbasside ayant fermé les "portes de l'ijtihâd". En principe le musulman peut déclarer son adhésion à une école juridique particulière et s'appliquer à pratiquer le taqlid. Néanmoins les conditions de vie modernes font que certains oulémas ont tendance à demander la réouverture de l'ijtihâd.

Dans le chiisme, l'ijtihâd n'a jamais été fermé. Les mujtahids sont les interprètes de la loi islamique.

Si l'Ijtihâd c'est penser les principes islamiques afin de les réfléchir sur un contexte, alors nulle décision ne peut fermer cette porte. Pour ceux qui ne peuvent fournir cet effort, ils n'auront malheureusement qu'a suivre (taqlid) une école juridique dont la voie de la pensée a été fermée à l'heure actuelle.

Dans l'entreprise qui tente de concilier Islam et modernité, de nombreux auteurs et activistes musulmans lancent un ardent appel au retour du concept d'ijtihad appliqué. Ces mujtahids, bien que ne faisant pas école, sont nombreux. On peut citer à titre d'exemple Mohammed Arkoun, Farid Esack, Abdesselam Cheddadi, Abdelwahab Meddeb.

[modifier] Voir aussi

Al-Kindi (801-873), philosophe
Averroès (1126-1183), philosophe et théologien
Avicenne (980-1037), philosophe et médecin
Ibn Khaldoun (1332-1406), philosophe, auteur de la Muqaddima qui fonde l'histoire comme discipline positive
Abdelhamid Ben Badis (1889-1940), fondateur de l'Association des oulémas musulmans algériens et figure de proue du mouvement réformiste musulman en Algérie
Allal El-Fassi (1910-1947), fondateur de l'Istiqlal (parti indépendantiste marocain)
Mohammad Abdouh (1849-1905), fondateur du modernisme islamique
Jamal-Eddine Al-Afghani (1838-1897), fondateur du modernisme islamique
Mohammed Arkoun (1928-), fondateur de l'islamologie appliquée, professeur à la Sorbonne
Mohammed Talbi (1921-), islamologue tunisien
Islam libéral
Féminisme islamique