Humanisme

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L'Humanisme est une vaste catégorie de philosophies portant sur l'éthique qui affirment la dignité et la valeur de tous les individus, fondée sur la capacité de déterminer le bien et le mal par le recours à des qualités humaines universelles — en particulier la rationalité.[1],[2] Il s'agit d'une composante d'une variété de systèmes philosophiques plus spécifiques et qui est intégrée dans plusieurs écoles de pensée religieuse. L'humanisme implique un engagement à la recherche de la vérité et de la moralité par l'intermédiaire des moyens humains en solidarité avec l'humanité. En mettant l'accent sur la capacité d'auto-détermination, l'humanisme rejette la validité des justifications transcendantes, comme une dépendance à l'égard de la croyance sans raison, du surnaturel, ou de textes présentés comme d'origine divine. Les humanistes supportent une morale universelle fondée sur la communauté de la condition humaine, suggérant ainsi que des solutions humaines aux problèmes sociaux et culturels ne doivent pas être égoïstes. [3]

Histoire de la
Philosophie
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Icône de détail Article détaillé : Humanisme au XVIe siècle.

L’Humanisme est un courant de pensée qui apparaît pendant la Renaissance. Il consiste à valoriser l’Homme, à le placer au centre de son univers. Dans cette optique, le principe de base de cette théorie est que l’Homme est en possession de capacités intellectuelles potentiellement illimitées. La quête du savoir et la maîtrise des diverses disciplines sont nécessaires au bon usage de ces facultés. Il prône la vulgarisation de tous les savoirs, même religieux : pour certains humanistes, la parole divine doit être accessible à toute personne, quelles que soient ses origines, sa langue (traduction de la Bible par Erasme en 1516) ou sa catégorie sociale.

Ainsi, cet Humanisme vise à lutter contre l’ignorance, et à diffuser plus clairement le patrimoine culturel, y compris le message religieux. Cependant l’individu, correctement instruit, reste libre et pleinement responsable de ses actes dans la croyance de son choix. Les notions de liberté (ce que l'on appelle le « libre arbitre »), de tolérance, d’indépendance, d’ouverture et de curiosité sont de ce fait indissociables de la théorie humaniste classique. L'Humanisme désigne toute pensée qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l'être humain.

Sommaire

[modifier] L'humanisme et la philosophie

Dans l'acception actuelle, l'humanisme s'inspire de cette définition philosophique. On parle, par exemple, de l'humanisme « militant » de Voltaire, ou de Paul Henri Dietrich, baron d'Holbach.

Depuis Montaigne, l'humanisme, ainsi conçu, a été un des éléments les plus constants de la pensée française.

  • L'humanisme pratique ou moral consistait à s'imposer, vis-à-vis de tout être humain, des devoirs et des interdits éthiques : ne pas tuer, ne pas torturer, ne pas opprimer, ne pas asservir, ne pas violer, ne pas voler, ne pas humilier… Fondé sur le respect et la justice, cet humanisme-là revient donc à respecter les droits fondamentaux de l'être-humain(AkA E-V). C'est dans ce sens qu'André Comte-Sponville s'exprime : « L'homme n'est pas mort : ni comme espèce, ni comme idée, ni comme idéal. Mais il est mortel ; et c'est une raison de plus pour le défendre ». (Présentations de la philosophie)

Un courant humaniste en émergence depuis les années 69 est désigné sous l'appellation d'« humanisme environnemental », ou d'« écologie humaniste », développant une philosophie de l'évolution (voir humanisme évolutionniste).[réf. nécessaire]

"Bien que les formes dominantes d'humanisme soient agnostiques (et typiquement rejettent l'existence du surnaturel), toutes les formes d'humanisme ne sont pas dans ce cas." Par exemple, le cartésianisme, c’est-à-dire la philosophie de Descartes, non seulement ne nie pas l'existence de Dieu, mais prétend en énoncer la démonstration (Méditations métaphysiques III et V). Dans les pays anglo-saxonphone, le terme désigne le rejet de croyances basées uniquement sur des dogmes, sur des « révélations » et intuitions, sur la mystique ou ayant recours au surnaturel, sans évidences vérifiables.

C'est un courant philosophique qui énonce la primauté de l'humain et des lois naturelles sur les croyances religieuses et la croyance en un (ou plusieurs) être(s) divin(s) surnaturel(s). On retrouve dans les organisations humanistes des athées, des agnostiques, des libre penseurs, des sceptiques ainsi que des croyants, qui affirment que l'éthique peut et doit exister sans qu'intervienne le fait religieux (justice immanente et Jugement Dernier).

Le sens contemporain du terme français, qui n'a pas vraiment varié depuis le XVIIIe siècle, est assez voisin de ce sens anglophone. D'autre part, le terme français d'humanisme au XVIIIe siècle a une connotation plus athée que le terme humaniste au XVIe siècle.

[modifier] Les racines de l'humanisme moderne

Certains humanistes modernes voient dans l'humanisme de la Renaissance la prise de conscience d'un courant qui a des racines profondes non seulement dans le monde antique de l'Occident mais également en Asie. Confucius semble être l'un des premiers philosophes à exclure formellement le divin dans sa recherche de l'harmonie sociale : sa morale est complètement dépourvue de toute finalité métaphysique. De même, la version originale du Bouddhisme (selon le canon de Pali) comprend la notion d'âme mais pas celle de divinités et son but reste l'accomplissement de l'homme.

Dans l'Antiquité grecque, Protagoras, affirmant que « L'Homme est la mesure de toute chose », illustre le scepticisme antique à l'égard des divinités. Démocrite, avec son explication purement matérialiste de la nature, selon lui constituée de minuscules particules, élimine aussi les dieux de sa vision de la réalité du monde. Épicure non plus n'a pas besoin de dieux pour établir son éthique. En 431 av. J.-C., le stratège d'Athènes, Périclès, pour honorer les guerriers athéniens morts au combat lors de la Guerre du Péloponnèse, prononce une longue oraison funèbre dans laquelle n'est faite aucune mention aux dieux[4].

[modifier] Critique sur l'humanisme

À la Renaissance, des humanistes ont été liés au développement de la kabbale et à l'ésotérisme, ce qui provoqua des controverses. Marin Mersenne est resté célèbre pour avoir dénoncé une secte philosophique qui réunissait Mirandole, Cornelius Agrippa et Francesco di Giorgio.

Au XXe siècle, le théologien catholique Henri de Lubac a écrit Le drame de l'humanisme athée : selon lui, l'humanisme athée exalte le libre-arbitre jusqu'à l'excès. Il dit que l'humanisme moderne constitue une forme nouvelle de pélagianisme, c'est-à-dire une religion humaniste privée de grâce.

Lubac croyait que l'orgueil de l'homme pour soi était la cause principale de l'athéisme moderne. Il écrivit que la doctrine humaniste athée conduisait immanquablement vers un manque d'humilité et un manque de charité.

Sur le plan éthique, les valeurs humanistes ont été critiquée par Pierre-André Taguieff comme étant prométhéennes. Selon lui, il déresponsabilise l'homme et encourage des pratiques douteuses comme l'eugénisme[5].

Le terme « humanisme » a été repris dans une optique de Marketing politique ou dans d'autres buts non déclarés explicitement. En France, Jean-Pierre Raffarin l'a ainsi utilisé à partir de 2001 [6]'[7]. A l'échelle mondiale, certains aspects de l'humanisme philosophique, ainsi que la dénomination, ont été repris par le Mouvement Humaniste, fondé en 1969 par l'Argentin Mario Rodriguez Cobos. Les valeurs exprimées insistent sur la solidarité, la non-violence active, la non-discrimination, l'autogestion. En France, le Parti humaniste a été cité dans le Rapport parlementaire sur les sectes[8].

[modifier] Liste d'humanistes par époque

1-XIVe siècle

Pétrarque (1304-1374)
Boccace (1313-1375)
Coluche Salutati (1331-1406)

2-XVe siècle

Guarino Veronese (1374-1460)
François Philelphe (1398- 1481)
Nicolas de Cuse (1401-1464)
Lorenzo Valla (1407-1457)
Giovanni Pontano (1426-1503)
Giulio Pomponio Leto (1428-1497)
Guillaume Fichet (1433- vers 1480 ou 1490)
Marsile Ficin (1433-1499)
Léonard de Vinci (1452- 1519)
Johannes Reuchlin (1455-1522)
Jean Pic de la Mirandole (1463-1494)
Leon Baptiste Alberti (1404-1472)

3-XVIe siècle

Erasme (v. 1466-1536)
Guillaume Budé (1467-1540)
Thomas More (1478-1535)
Georgius Macropedius (1487-1558)
Juan Luis Vivès (1492-1540)
François Rabelais (1494-1553)
Étienne Dolet (1509-1546)
Louise Labé (1524-1566)
Pierre de Ronsard (1524-1585)
Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592)

4-XVIIe siècle

Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637)
René Descartes (1595-1650)
Baruch Spinoza (1632-1677)
Jean Meslier (1664-1729)

5-XVIIIe siècle

Montesquieu (1689-1755)
Voltaire (1694-1778)
Jean-Jacques Rousseau(1712-1778)
David Hume (1711-1776)
Paul Henri Dietrich, baron d'Holbach (1723-1789)
Emmanuel Kant (1724-1804)
Nicolas de Condorcet (1743-1794)
Thomas Jefferson (1743-1826)
Jeremy Bentham (1748-1832)
Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison (1750-1805)

6-XIXe siècle

Auguste Comte (1798-1857)
Alexis de Tocqueville (1805-1859)
Henri Dunant (1828-1910)
Émile Zola (1840-1902)
Ludwik Lejzer Zamenhof (1859-1917)

7-XXe siècle

Albert Einstein[réf. nécessaire] (1879-1955 )
Bertrand Russell (1872-1970)
Albert Camus (1913-1960)
Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944)
Henri Grouès (dit l'Abbé Pierre) (1912-2007)
Jean Bost (1934-1995)
Marc Fumaroli (1932-)
Albert Schweitzer (1875-1965)
Pierre Bourdieu (1930- 2002)
Peter Ustinov (1921-2004)
Albert Jacquard (1925-)
Jakob von Uexküll (1944-) (fondeur du Prix Nobel alternatif)
Théodore Monod (1902-2000)
Stefan Zweig (1881-1942)
René Etiemble (1909-2002)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Philippe Hubert, Humanum est..., 978 2 911137 05 1 recueil n°1 éditions Elan Sud 2007
  • Bernard Quilliet, La tradition humaniste, VIIIe siècle av. J.-C. - XXe siècle ap. J.-C., Fayard, 2002.
  • Marc Carl, Discours sur l'écologie humaniste et sur la philosophie de l'évolution, LEAI, Paris, 1997-2002.
  • Jean Delumeau, une histoire de la Renaissance, Perrin, 1999, ISBN 2-262-01288-1
  • Philosophies de l'humanisme, Revue L'Art du Comprendre, 2006, N°15.
  • Jacques Maritain, Humanisme Intégral, Paris, édition Montaigne, 1936.
  • Francisco Rico, Le rêve de l'humanisme - de Petrarque à Erasme, Les Belles Lettres - Coll. L'Âne d'or - Paris 2002, ISBN 2-251-42019-3
  • Stéphane Toussaint, Humanismes - Antihumanismes - De Ficin à Heidegger, Tome I (Tome II à paraître), Les Belles Lettres - L'Âne d'Or, Paris, février 2008, ISBN 978-2-251-42033-2

[modifier] Articles connexes liés à la Renaissance

La Renaissance

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[modifier] Références

[modifier] Notes

  1. (2007) Compact Oxford English Dictionary. Oxford University Press. “humanism noun 1 a rationalistic system of thought attaching prime importance to human rather than divine or supernatural matters. 2 a Renaissance cultural movement which turned away from medieval scholastic-ism and revived interest in ancient Greek and Roman thought.” This article handles sense 1. See history section and main article Renaissance Humanism for sense 2.
  2. (1999) Collins Concise Dictionary. HarperCollins. “The rejection of religion in favour of a belief in the advancement of humanity by its own efforts.” .
  3. Definitions of humanism (subsection), Institute for Humanist Studies
  4. (fr) Thucydide, livre II
  5. www.lemonde.fr
  6. www.vie-publique.fr
  7. Edition l'Archipel # Catalogue
  8. www.assemblee-nationale.fr