Histoire de la langue anglaise
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L’anglais est une langue germanique occidentale dont les origines proviennent des dialectes anglo-frison qui ont été apportés sur l’île de Bretagne par les tribus germaniques venues s’y installer[1], et fortement influencée ensuite, surtout au plan lexical, par les langues des envahisseurs scandinaves et normands.
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[modifier] Le vieil anglais (Old English)
L'anglais descend de la langue parlée par les tribus germaniques angles (d'où la langue tire son nom), saxonnes et jutes s'étant installées en Grande-Bretagne au Ve siècle de l'ère chrétienne, repoussant vers les extrémités du nord et de l'ouest de l'île les langues celtiques présentes sur le territoire. C'est l'origine officielle de l'anglais.
Les dialectes germaniques, qui ont connu la première mutation consonantique, sont alors désignés sous le nom de vieil anglais, d'abord écrit en runes, puis avec l'alphabet latin, apporté par les scribes irlandais au VIIIe siècle.
La seconde grande invasion linguistique fut le fait des Vikings, qui effectuèrent des raids sur la côte est de l'Angleterre à partir de 787 et commencèrent à s'y installer au milieu du IXe siècle. La région soumise aux Danois est connue sous le nom de Danelaw. Leur influence est notable dans le lexique qui a alors emprunté de nombreux termes au vieux norrois (ou « vieil islandais »), dont des mots très courants en anglais moderne: fellow, take, give, skin, etc. La grammaire est même affectée, avec le remplacement des anciens pronoms pluriels du saxon par they, them et their et l'apparition du -s de la 3e personne du singulier[2].
L'influence du latin, langue liturgique du christianisme que les scribes irlandais ont apporté, est aussi très forte. On arrête le vieil anglais au XIe siècle, à l'issue de la bataille de Hastings, en 1066.
Ci-dessous le texte du Notre Père en vieil anglais (saxon occidental):
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[modifier] Le moyen anglais (Middle English)
Après sa victoire à Hastings sur les Saxons, Guillaume le Conquérant s'installe en Grande-Bretagne et impose sa langue, le normand (langue d'oïl de l'ancien français), comme langue de la cour ; ce faisant, il modifie profondément la langue anglaise. Les emprunts sont très nombreux et concernent principalement les domaines auxquels s'intéressent les maîtres normands, c'est-à-dire l'administration (authority, government...), la justice (evidence, pardon...), la religion (abbey, temptation...), l'armée (battle, retreat...), la nourriture (cream, vinegar...), la mode (button, garter...), les arts (minstrel, rhyme...), les sciences (anatomy, sulphur...) etc.[2].
Ces emprunts doublonnent souvent avec des mots de radical saxon (germanique). Le mot saxon est employé par le peuple, alors que le terme français est souvent lié au registre soutenu ou au parler des nobles. Par exemple, ox, calf, pig ou swine et sheep , termes germaniques, représentent chez le producteur - les paysans - ce que le consommateur - essentiellement les nobles normands - désigne par beef (« bœuf »), veal, (« veau »), pork (« porc ») et mutton (« mouton »). Ainsi, ces quatre derniers mots désignent surtout la viande par opposition au bétail sur pied; mais on a aussi let's return to our muttons « revenons à nos moutons » et fig. muttonhead, « mouton [de Panurge] ». Par contre la soupe de queue de bœuf est appelée oxtail soup, car à l'origine, ce potage était un plat plébéien.
Cette thèse de la différenciation sociale des doublons français et saxons doit cependant être nuancée si l'on en croit Robert Burchfield[3] : selon lui les mots d'origine française tels que beef et mutton ont bien coexisté avec leurs équivalents saxons ox et sheep, mais pouvaient tout aussi bien désigner l'animal sur pied. Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle, soit bien après la conquête normande, que les usages de ces mots d'origine française et saxonne ont divergé.
D'autre part, la langue simplifie ses déclinaisons. C'est le moyen anglais, dont l'orthographe est fortement influencée par celle des scribes normands, lesquels inventent par exemple les digrammes de la langue (ch, sh, gh, th) et introduisent la lettre w (anciennement un digramme vv ou uu), faisant ainsi sortir de l'usage des lettres anciennes comme þ (thorn, remplacé par th), ð (edh, remplacé aussi par th), ȝ (yogh, proche d'un 3, remplacé par gh ou y principalement) ou ƿ (wynn, proche d'un p, remplacé par w). Les Contes de Cantorbéry de Geoffrey Chaucer (XIVe siècle) sont écrits en moyen anglais.
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[modifier] L'anglais moderne (Modern English)
Le grand changement vocalique, qui a vu la modification en profondeur des voyelles anglaises, du XVIe siècle marque le tournant d'un autre état de la langue, l'anglais moderne. On y distingue deux sous-périodes : l’anglais moderne naissant (avant le XVIIe siècle) (période de Shakespeare) et l'anglais moderne (tardif) (après 1650/1700), quand, à la suite des conquêtes britanniques, la langue s'est de nouveau lexicalement enrichie de manière notable grâce aux emprunts faits aux langues des colonies.
[modifier] Notes
[modifier] Liens externes
[modifier] Sources
- (en) David Crystal, The Stories of English, Penguin Books, 2005