Hijab

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Femme tunisienne portant le hijab
Femme tunisienne portant le hijab

Le terme hijab (arabe : حِجَاب, hijâb) veut dire « tout voile placé devant un être ou un objet pour le soustraire à la vue ou l'isoler ». Il désigne plus particulièrement en Occident le voile qu'un nombre non négligeable de femmes musulmanes portent. Il est aussi appelé « voile islamique ».

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot arabe est issu de la racine hajaba qui signifie « dérober au regard, cacher ». Le mot hijab prend donc également le sens de « rideau », « écran ». Le champ sémantique correspondant à ce mot est plus large que pour l'équivalent français « voile » qui couvre pour protéger ou pour cacher, mais ne sépare pas.

[modifier] Histoire

Ce que l'on appelle voile en Occident et que l'on rattache à l'Islam existait bien avant ce dernier. Une loi du XIIe siècle av. J.-C. en Mésopotamie assyrienne sous le règne du roi Teglath-Phalazar Ier (−1115 à −1077) rendait déjà à l’extérieur le port du voile obligatoire à toute femme mariée[réf. nécessaire]. Il apparaît aussi avec le monde grec : Hélène de Troie se voile pour sortir[réf. nécessaire].

Dans le monde grec antique, la condition de la femme va aller en se détériorant et elle va subir sa défaite historique avec le siècle d'or de Périclès. Seules les prostituées ont alors droit à l'éducation[réf. nécessaire]. La femme convenable se voile pour sortir et ne réfléchit pas. Cette situation, présentée comme l'application d'un droit[réf. nécessaire], se retrouve dans toute la Méditerranée[réf. nécessaire].

Dans la société de la péninsule arabique anteislamique, les femmes avaient globalement une position très forte, une liberté et des droits plus importants que ceux des hommes (répudier son mari et non l'inverse, avoir des relations sexuelles avec les hommes de leur choix, etc.)[réf. nécessaire].

Mais privés de droits, les hommes commencèrent à en revendiquer et inversèrent le cours de l'histoire en changeant progressivement de condition. Par conséquent, le statut de la femme s'est dégradé : la répudiation d'une femme par son époux la laisse sans droits et sans recours, il pouvait épouser autant de femmes qu'il voulait et qui dépendaient souvent de lui pour survivre[réf. nécessaire]. Assez vite, ces femmes répudiées se retrouvaient dans la misère, l'esclavage et la prostitution.

En Islam, après la Hejra du prophète Mohammad de Mekka à Médine et surtout après son mariage avec Zainab Bent Jahsh (ex épouse de Zaid Ibn El Hareth) la religion demande aux femmes du prophète de se voiler afin d'être « distinguée des esclaves[réf. nécessaire] » et de ne point être importunées. L'Islam apporte à la femme un statut et des droits : elles ont leur propre patrimoine qu'elles sont libres de gérer et elles ont droit à la succession bien qu'elles n'héritent que la moitié de l'homme.

La traduction du mot khimar plueirel " khummurs" la mieux admise indique que c'est c'est un genre d'écharpe. Le mot jouyoub voulait dire les endroits entre les seins et sous les aiselles. Un poète arabe pre-islamique l'utilisait en parlant de la beauté d’une belle qui laissait « nue » sa poitrine[1][réf. nécessaire].

Le Coran invite donc les femmes à ne pas montrer leurs seins, à rabattre les écharpes de leurs amples vêtements sur leur poitrine. Il invite les femmes aussi bien que les hommes à ne pas avoir de comportements provocateurs[réf. nécessaire] et à baisser leur regard.

[modifier] Le hijab dans les textes

Certains estiment que le voile a de l’importance en fonction du contexte socioculturel dans lequel il apparaît et qu'il n’est donc pas un principe fondamental de l’islam. Les trois sourantes du Coran utilisaient par certains théologiens pour affirmer que le voile des femmes est une obligation sont relatives une au respect de l'intimité et du domicile du prophète, l'autre aux femmes du prophète qui doivent s'habiller d'une certaine façon afin d'être receonnue et de ne point être importunées et la troisième au fait qu'il faut couvir la poitrine (entre les seins, sous les aiselles). Le Hadith utilisé par ces mêmes théologiens est controversés car il y en a deux versions différentes et il n'a pas été classé parmi les Hadiths incontestables. Cependant, le sunnisme, par consensus, et bon nombres d'autres courants islamiques ont affirmé depuis toujours que le voile était obligatoire.

[modifier] Dans le Coran

En ce qui concerne le sens religieux, le mot hijab est utilisé sept fois dans le Coran. Dans aucun cas il ne fait référence au vêtement féminin, pour lequel d'autres formules sont utilisées.

En revanche, le mot hijab a le sens de « rideau » pour désigner l'isolement des épouses du prophète Mahomet,  :

« Et si vous leur demandez (aux femmes du prophète) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau: c'est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs. »
sourate XXXIII, 53)

Cette séparation, d'abord réservée aux femmes du prophète Mahomet, se seraient ensuite étendue aux femmes musulmanes libres. On pourrait donc également traduire hijab par « dissimulation ».

Le terme « voile » en français, celui que l’on porte sur la tête est abordé deux fois dans le Coran :

« Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C'est plus pur pour eux. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu'ils font. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs (...) ».
(Sourate XXIV, versets 30, 31 ; traduction Muhammad Hamidullah)

Dans le cas présent de la sourate 24 An-nûr qui vient d'être citée, le but est que les hommes et les femmes soient libres et chastes. Le mot utilisé est khimâr (خِمَار). Wa liadribna bi khumurihenna ala jouyoubihenna. D'après les références de la langue arabe (voir Lisân ul-'Arab d'Ibn Manzhûr ou Al-Qâmûs Al-Muh'ît d'Al-Fayrûz Abâdî), le khimâr, synonyme de nasîf est « ce qui couvre la tête » (un fichu).

D'après l'exégète At-Tabariy (IXe siècle), ce passage recommande aux femmes de « cacher leurs cheveux, leur cou et leurs boucles d'oreilles. » Ceci ne correspond pas au sens de la Soura mais à l'interprétation qu'en ont faites certains théologiens. (arabe : وليلقين خمرهن , وهي جمع خمار , على جيوبهن , ليسترن بذلك شعورهن وأعناقهن وقرطهن).

Le texte sacré invite les femmes qui, selon les habitudes bédouines portaient des étoffes nouées et flottantes, à rabattre leurs amples vêtements sur leurs poitrines, à ne se découvrir que devant les leurs et à ne pas avoir de comportement provocateur, ceci concernant du reste aussi bien les hommes que les femmes.

Le Coran vise d’abord à la préservation sociale, il invite plus à la bienséance qu’à la pudeur avec la connotation sexuelle, du moins lorsqu’il traite des habits, des injonctions qui visent à la bienséance vestimentaire des deux sexes. Dans la sourate XXXIII, verset 59, le Coran donne une liste précise de ce qu’il faut faire et à qui cela s’adresse :

« Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands habits : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. ».

Le mot traduit par le voile dans beaucoup de traductions de qualité est en réalité, en arabe jalbibihenna (جَلَابِيبِهِنَّ), qui est un possessif féminin pluriel de djellaba (galabeyya en égyptien) donc, robe, habit.

L’objet de cette sourate ne serait pas de « camoufler » d’éventuels charmes féminins mais de permettre aux femmes, anciennement objet de convoitises réductrices de leurs libertés, d’affirmer qu’elles sont libres.

[modifier] Dans les Hadiths

Au dela du Coran, il faut prendre en compte certains hadiths : "Tout le corps de la femme est 'awra (à cacher) excepté ses mains et son visage" (Rapporte par Bukhari). Ce Hadith est controversé et n'est pas reporté dans tous les livres des Hadiths vérifiés, il y en a d'ailleurs deux versions: une qui dit que la femme doit couvrir tout le bras et ne découvrir que la main l'autre disant qu'elle doit couvrir l'avant bras. Dans l'islam sunnite et aussi chiite, aucun savant reconnu dans l'histoire n'a declaré le port du voile pour la femme comme quelque chose qui n'est pas prescrit, tous sont d'accord pour dire que le voile est une obligation islamique. Pour les sunnites, il y a consensus sur la question.

Le débat porte uniquement sur l'étendue de la 'awra de la femme. Abu Hanifa est d'avis que les pieds de la femme ne sont pas une 'awra tandis que Mâlik ibn Anas ou Ahmad Ibn Hanbal considèrent eux que les pieds de la femme doivent être cachés en se basant sur d'autres hadiths authentiques[réf. nécessaire].

[modifier] Les conditions du hijab

Selon la charia, le voile de la femme musulmane doit remplir certaines conditions afin d'être considéré comme valide. En outre, il doit :

  • Couvrir tout le corps, à l'exception du visage et des mains (et des pieds selon certains oulémas)
  • Être opaque
  • Être large
  • Ne pas ressembler aux habits des hommes
  • Ne pas symboliser les habits des mécréantes
  • Ne pas attirer le regard

[modifier] Dévoilement

Le hijab porté par une femme de Dubaï.
Le hijab porté par une femme de Dubaï.

En Égypte, on considère que la première remise en cause du voile a lieu à la fin du XIXe siècle : Qasim Amin, qui appartient alors au courant de pensée moderniste qui cherche à interpréter l'islam pour le rendre compatible avec la modernisation de la société, s'exprime en faveur d'une évolution du statut de la femme dans son ouvrage Tahrîr al-mar'a (La libération de la femme publié en 1899). Il s'exprime notamment pour l'éducation des femmes, la réforme de la procédure de divorce et la fin du voile et du confinement des femmes. En ce temps là, Amin fait référence au voile facial (burqu : voile de mousseline blanche qui recouvrait le nez et la bouche) que portent les femmes de classe aisée en ville, qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes. Le hijab d'alors est effectivement lié à l'isolement des femmes. On considère généralement que c'est à ce moment que le hijab cesse d'être le symbole d'un statut social et de richesse pour devenir un symbole d'arriération (selon ses détracteurs) et un enjeu social, politique et religieux.

En 1923, Huda Sha'arawi, considérée comme l'une des premières féministes, retire son voile facial en rentrant d'une rencontre féministe à Rome, lançant ainsi, d'après de nombreux auteurs, un mouvement de dévoilement (al-sufûr).

En Turquie et en Iran, le dévoilement est imposé au début du XXe siècle par Mustafa Kemal Atatürk et le Shah d'Iran, qui voient l'adoption de la tenue occidentale comme un signe de modernisation. En février 2008, le Parlement turc, dominé par l'AKP, a voté une loi autorisant les femmes à porter le voile dans les universités[2]. En Tunisie, Habib Bourguiba interdit le port du voile dans l'administration publique et déconseille fortement aux femmes de le porter en public.

Au Maroc à l'avènement de l'indépendance, le roi Mohammed V, père du roi Hassan II, demande à sa propre fille d'ôter le voile en public, comme symbole de la libération de la femme. Cependant en présence du Roi, les députées se voient obliger de se voiler les cheveux par respect de la tradition.

Au cours des dernières années de la guerre d'Algérie, les Français organisent des cérémonies de dévoilement collectif censées démontrer l'œuvre civilisatrice de la France en Algérie en faveur de l'émancipation des femmes algériennes[3]. Elles ne rencontreront que peu de succès.

À partir des années 1960, le port du voile ne fut ni imposé et ni fortement recommandé dans la plupart des pays musulmans, à quelques exceptions près : citons l'Arabie saoudite et l'Iran. Depuis la Révolution islamique de 1979, le port du voile est obligatoire pour les Iraniennes, mais aussi pour les touristes et les femmes non musulmanes (ce qui n'est même pas le cas de l'Arabie saoudite, qui oblige juste les femmes non musulmanes à porter l'abaya sans qu'elles soient obligées de se couvrir les cheveux)[4]. En avril 2007, la police a interpellé des dizaines de contrevenantes et a distribué 10 000 avertissements[5].

[modifier] Sens contemporain

Fille irakienne portant le voile
Fille irakienne portant le voile
Femme en jilbab
Femme en jilbab

Actuellement, la plupart des auteurs s'entendent pour en faire l'équivalent du zay al-chari‘î ou « vêtement islamique ». Il désigne dans un premier temps la tenue que les fondamentalistes musulmanes adoptent à partir des années 1970 consistant en une robe longue et ample, (Le jilbab), de couleur sobre et d'un voile, khimâra, également de couleur sobre, recouvrant entièrement les cheveux, couvrant également le cou, les épaules et la poitrine, ressemblant à la guimpe des nonnes occidentales, de telle sorte que, conformément à la loi islamique, n'apparaissent que les mains et le visage des femmes.

L'obligation de se voiler est aujourd'hui controversée, mais généralement déduite d'un ensemble de versets du Coran et de hadiths du prophète Mahomet. On ne trouve pas une trace d'une telle controverse dans les textes des oulémas et exégètes anciens. Leur sujet de désaccord était plutôt de savoir s'il est obligatoire à la femme de cacher son visage ou pas. L'obligation de cacher les autres partie du corps (à part le visage, les mains et les pieds pour certains) est même rapportée dans les livres consacrés aux sujets de consensus (ijmâ'), comme celui d'Ibn Hazm (XIe siècle) Marâtib ul-Idjmâ'.

Le hijab désigne donc une tenue conforme aux prescriptions coraniques et implique modestie et piété, mais il désigne aussi, et surtout, une nouvelle manière de se couvrir la tête et se distingue des formes utilisées traditionnellement ou à la campagne. C'est ce que A.E. Mac Leod désigne par l'expression new veiling, le « nouveau voilement ».

Celui-ci se diversifie au fur et à mesure que cette nouvelle manière de se couvrir la tête se répand si bien que hijab ne désigne plus seulement la tenue traditionnelle, mais l'ensemble des nouvelles manières de se voiler adoptées, principalement par les femmes appartenant à la classe moyenne au cours des années 1970 et 1980, et dont la tenue est devenue courante dans l'ensemble du Monde arabe et du monde musulman.

Bien sûr le terme renvoie à une diversité de phénomènes : le hijab n'est pas le même et n'a pas le même sens en Iran, dans la Turquie laïque ou en France. En France particulièrement, le voile est devenu pour certaines femmes une manière de revendiquer publiquement leur religion, ainsi que d'une certaine manière de s'affranchir de contraintes imposées par le milieu de vie[6].

Certains partis d'extrême-droite européens (citons le MPF français) souhaiteraient donc, pour ces raisons, interdire le port du voile islamique en public.

[modifier] Autres noms

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Pour attirer l'attention des hommes, les prostituées montraient leur poitrine « nue »
  2. « En Turquie, le Parlement autorise le port du voile à l'université », dans Le Monde du 07-02-2008, [lire en ligne]
  3. Todd Shepard, « La bataille du voile pendant la guerre d'Algérie », in Le foulard islamique en questions, sous la direction de Charlotte Nordmann, Paris, éditions Amsterdam, 2004
  4. Dépêche de l'AFP, « En Iran, les touristes devront mieux respecter le voile islamique », dans Libération du 01/05/2007, [lire en ligne]
  5. Dépêche de l'AFP, « En Iran, les touristes devront mieux respecter le voile islamique », dans Libération du 01/05/2007, [lire en ligne]
  6. Document : Le voile (hijab), sujet à polémique (Société / Informations / Actualité et faits de société) (orientale.fr)

[modifier] Articles connexes

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les vétements islamiques féminins.

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[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Les citations sont issues de J. Chelhod, « Hidjâb », in Encyclopédie de l'Islam, 1975, t. III, p 370 ;
  • les citations du Coran sont issues du Coran, traduit de l'arabe par Régis Blachère, Paris, Maisonneuve et Larose, 1999, 743 pages ;
  • Arlene Elowe Mac Leod, accommodating Protest, New Veiling and Social Change in Cairo, 1992 (pour une interprétation du phénomène du nouveau voile dans la classe moyenne urbaine égyptienne).
  • Leïla Djiti, Lettre à ma fille qui veut porter le voile, Paris, La Martinière, 2004 ISBN 2-84675-136-6
Pour compléter la réflexion, on peut lire avec attention l'importante littérature parue ces dernières années :
  • Michèle Tribalat , Jeannette Kaltenbach La République et l’Islam, Gallimard, 2002.
  • Leïla Babès, Le voile démystifié, Bayard,
  • Michèle Vianès, Un voile sous la république, Stock, 2004.
  • Chahdortt Djavann, Bas les voiles !, Gallimard, 2003.
  • Le Foulard islamique en questions (Paris, Éditions Amsterdam, 2004), publié sous la direction de Charlotte Nordmann, avec notamment des contributions d'Etienne Balibar, Saïd Bouamama, Dounia Bouzar, Christine Delphy, Françoise Gaspard, Nilufer Göle, Nacira Guénif-Souilamas, Farhad Khosrokhavar, Emmanuel Terray et Pierre Tournemire.