Groupe ethnique

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La notion de groupe ethnique ou d'ethnicité est utilisée en sociologie et différentes autres disciplines, cette notion est à bien différencier de celle d'ethnie, utilisée par les ethnologues.

Sommaire

[modifier] Groupe ethnique, ethnicité et ethnie

Pour le sociologue allemand Max Weber, les groupes ethniques sont des « groupes humains qui nourrissent une croyance subjective à une communauté d’origine fondée sur des similitudes de l’habitus extérieur ou des mœurs, ou des deux, ou sur des souvenirs de la colonisation ou de la migration [1] ». Contrairement au concept d'ethnie (ou ethnos), qui est surtout utilisé par l'ethnologie pour désigner des groupes sociaux isolés et non urbanisés, et dont l'applicabilité n'est pas pertinente dans des sociétés urbanisées où des groupes sociaux d'origines et de cultures diverses sont en contact, celui de groupe ethnique est couramment utilisé en sociologie.

Dans un cas comme dans l'autre, il est indispensable de distinguer entre les catégories déterminées par les chercheurs en sciences sociales et/ou les autorités politiques d'une part, et les groupes sociaux tels que dénommés et délimités par les individus qui estiment en faire partie.

[modifier] Quelques situations

[modifier] Canada

Au Canada, le terme groupes ethniques désigne les groupes sociaux issus de l'immigration qui ne font partie ni des deux peuples fondateurs, Anglais et Français, ni des peuples autochtones (Amérindiens, Inuit, Métis). Un autre terme a été introduit en 1995 dans la législation canadienne, celui de minorité visible.

[modifier] France

À ce jour, les statistiques ethniques n'y sont pas autorisées[2].
Toutefois, à l'initiative de l' Africagora, ainsi que de deux députés de l'UMP membres de la CNIL, un amendement au projet de loi sur l'immigration, adopté jeudi 13 septembre 2007 par la commission des lois de l'Assemblée nationale, propose de l'autoriser[3].

[modifier] Hongrie

En Hongrie, la nationalité ethnique, distincte de la nationalité étatique, est dénommée nemzetiség.

[modifier] Inde

Il existe un débat entre sociologues et orientalistes spécialistes de l'Inde quant à l'applicabilité du concept de groupe ethnique aux castes. Certains ont développé la thèse d'une origine ethnique des diverses castes, qui auraient initialement été des groupes ethniques stratifiés par la domination politique de certains, qui se seraient érigés en castes supérieures, mais cette thèse est très controversée[4],[5],[6],[7].

[modifier] Indonésie

En Indonésie, le terme suku désigne un groupe d'hommes liés par la conscience d'une identité culturelle éventuellement renforcée par la langue (et parfois la religion). Il s'oppose à bangsa, qui désigne la nation. En fait, ces termes servent avant tout à décrire la réalité indonésienne, constituée de groupes de langues, coutumes et religions différentes qui, à une époque, ont subi le même joug colonial hollandais et s'en sont libérés ensemble pour construire une nation.

[modifier] Israël

En Israël, deux termes existent pour désigner un groupe ethnique,

  • eda (pl. edot) pour les différents groupes ethniques juifs (parfois qualifiés de "tribus", shevatim, à l'instar des tribus juives bibliques) groupés par origine nationale (par exemple Geruzim, Juifs originaires de Géorgie, Sefardim, originaires d'Espagne, Ashkenazim originaire d'europe centrale et orientale) ou infranationale (Urfalim, Juifs originaires de la région turque autour de la ville d'Urfa).
  • le'om, nationalité ethnique (Juif, Arabe, Druze, Circassien, Arménien etc.), qui diffère de la citoyenneté israélienne, de la même façon que l'Union soviétique distinguait entre narodnost (nationalité ethnique) et pripadnost (citoyenneté soviétique).

[modifier] Union Soviétique

L'Union soviétique, à l'instar d'autres puissances coloniales, a manipulé les concepts d'ethnie/ethnos et de groupe ethnique dans l'application du droit des nations à disposer d'elles-mêmes en créant des groupes ethniques (narod) fictifs pour diviser des groupes plus importants, comme les Adyghés, en attribuant à chaque sous-groupe une entité territoriale autonome pour éviter de leur attribuer une république fédérée en tant que telle (le cas des Tatars et des Bachkirs est assez similaire). Une autre manipulation a consisté à ériger des républiques distinctes par nationalités ethniques en lieu et place des anciens États (khanats de Khiva et de Boukhara en Asie centrale) pré-russes ou pré-soviétiques qui étaient pluriethniques.

[modifier] Yougoslavie

[modifier] Problèmes communs

Les processus d'intégration inter-ethnique ont des dénominations différentes selon les pays, melting pot aux États-Unis, salad bowl au Canada, mizzoug galouyot (intégration des seuls immigrés juifs) en Israël.

Il n'y a pas d'unanimité quant au qualificatif désignant la pluralité ethnique: pluriethnique, multiethnique, polyethnique, voire multiculturel.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Terminologies apparentées

Allochtone - ethnie - minorité visible - race - peuple autochtone

[modifier] Liens externes et références

  1. Économie et société, 1922
  2. L'article 8 de la loi Informatique et libertés de 1978 interdit «de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques». http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-955008@51-955009,0.html
  3. Un amendement au projet de loi sur l'immigration autorise la statistique ethnique. Le Monde, 13 septembre 2007. [1]
  4. Louis Dumont, Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Paris, Gallimard, 1966 ISBN 2070286495
  5. Michael Bamshad et al, « Genetic evidence on the origins of Indian caste populations », dans Genome Research, 11(6):994-1004. [texte intégral]. Consulté le 2006-12-08
  6. Stephen Knapp, « Death of the Aryan Invasion Theory ». Consulté le 8 décembre 2006
  7. David Frawley, « Solid Evidence Debunking Aryan Invasion ». Consulté le 8 décembre 2006