Gertrude Stein

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Gertrude Stein Photographiée par Carl van Vechten, 1935
Gertrude Stein
Photographiée par Carl van Vechten, 1935

Gertrude Stein, née le 3 février 1874, à Alleghany (États-Unis) et décédée le 27 juillet 1946 à Paris (France), était une poétesse, écrivain, dramaturge et féministe américaine qui a passé la majeure partie de sa vie en France. Elle a été un catalyseur dans le développement de la littérature moderne et de l'art moderne. Par sa collection personnelle et par ses livres, elle contribua à la diffusion du cubisme et plus particulièrement de l'œuvre de Picasso, Matisse et même Cézanne.

Son œuvre la plus connue est L'Autobiographie d'Alice B. Toklas et le public qui en fit un succès découvrait une Gertrude Stein que ses oeuvres antérieures avaient reléguée dans le champ plus restreint de l'avant-garde.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Les années de formation

Elle naît en Pennsylvanie, dans une famille juive aisée, et passe sa petite enfance en Europe (Vienne et Paris). À quatre ans elle retourne avec ses parents aux États-Unis et grandit en Californie. Elle fera ensuite ses études dans de prestigieux établissements de la côte est dans le Massachusetts. Elle a commencé des études de médecine à l'Université Johns Hopkins qui resteront inachevées mais au cours desquelles elle s'intéresse à l'hystérie féminine et se penche sur des cas d'écriture pathologique.

[modifier] La vie parisienne

Gertrude Stein arrive à Paris en 1902, en compagnie de son frère Leo Stein, attirés par l'effervescence artistique du quartier du Montparnasse du début du XXe siècle. Tous les deux collectionneurs, Gertrude défend l'art moderne notamment Picasso (qui fera un célèbre portrait d'elle en 1906) et les cubistes, alors que son frère reste plus traditionaliste. Elle sera à ce titre un des grandes collectionneuses de la jeune génération de l'École de Paris. Elle côtoie notamment le collectionneur Henri-Pierre Roché mais aussi Francis Picabia par exemple. Elle ne fréquente pas Dada particulièrement mais considère Tristan Tzara comme un cousin. En 1907, elle rencontre Alice B. Toklas, avec qui elle partagera sa vie à partir de 1909 et jusqu'à sa mort. Son appartement du 27 rue de Fleurus devient un lieu de rencontre pour l'avant-garde, dans la tradition des salons du XVIIIe siècle, où Gertrude Stein aime rencontrer les grands esprits de son époque en provenance du monde entier.

[modifier] Les années difficiles

Entre 1906 et 1908, elle écrit les mille pages de The Making of the Americans, qu'elle considère comme son grand œuvre mais qui est l'objet d'un différend avec son frère Léo qui n'approuve pas cette écriture.

Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, Stein et Toklas, par fidélité à leur patrie d'adoption la France, participent à l'approvisionnement des hôpitaux de campagne et au transport des blessés avec leur propre voiture. Elles seront récompensées par le gouvernement pour cet engagement.

Après la guerre, le salon de rue de Fleurus a moins de succès. Elle aura le plaisir de voir paraître The Making of Americans en 1925 aux éditions Contact.

[modifier] Les premiers succès

Gertrude Stein en 1934
Gertrude Stein en 1934

Le succès ne viendra qu'avec L'autobiograpie d'Alice B. Toklas, son œuvre la plus facile d'accès qui lui vaudra une tournée de conférences aux États-Unis. En 1938, Alice et Gertrude déménagent rue Christine.

[modifier] La Seconde Guerre Mondiale

Stein et Toklas quittent Paris pour échapper aux persécutions. Elles bénéficièrent de la protection de leur ami Bernard Faÿ, directeur de la Bibliothèque nationale de Vichy, qui demande au maire de Belley dans l'Ain de veiller sur elles. Pendant la guerre, elles se lient à Béon avec la famille d'Aiguy-Pierlot. L'ouvrage La Terre est ronde sera dédié à la petite Rose d'Aiguy, petite-fille de la baronne Pierlot, amie de Gertrude Stein. Gertrude Stein s'oppose vivement à une paix de compromis entre Américains et Allemands comme la chose fut envisagée un moment et demande à la petite Rose d'écrire à Mme Roosevelt en ce sens. Elle rencontre Claudel chez son amie la baronne Pierlot qui évoque Gertrude Stein dans son journal.

Stein décède, en 1946 à Neuilly-sur-Seine, d'un cancer de l'estomac.

[modifier] Anecdotes

  • Son portrait par Picasso en 1906 se fit avec beaucoup de difficultés. Près d'une centaine de séances de poses furent nécessaires à Picasso pour saisir la personnalité de Stein. Picasso trouva la solution en utilisant cette espèce de masque inexpressif, issu de ses travaux proches de l'art ibérique ancien, qui préfigurera à la même époque un autre travail majeur, fondateur du futur cubisme: Les Demoiselles d'Avignon (1907). Il est intéressant de noter que personne n'aimait ce portrait à l'époque, sauf le peintre et son modèle ! À ceux qui s'inquiétaient de la fidélité au modèle de son portrait de Gertrude Stein, Picasso répondait :«Vous verrez, elle finira par lui ressembler».
  • C'est elle qui définira les auteurs James Joyce, Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald comme « The Lost Generation » (La génération perdue).
  • Son vers Rose is a rose is a rose is a rose (1922) est devenu le symbole de la répétition dans l'avant-garde. Il a été parodié, entre autres par Ernest Hemingway et Jeanette Winterson. Il est cité dans des chansons de Mecano et de Jeanne Balibar.
  • Gertrude Stein a écrit des livrets d'opéras pour le compositeur Virgil Thomson. Marc Dachy a interviewé Virgil Thomson au Chelsea Hotel à ce sujet et a publié l'entretien dans la revue [Luna-Park] (nouvelle série, n° 2) qui comprend aussi un important inédit de Gertrude Stein et deux témoignages du compositeur au sujet de l'écrivain. A Lyrical Opera Made By Two a été mis en musique par le compositeur français Pascal Dusapin en 1994, sous le titre To Be Sung.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Parutions originales

  • Three Lives, New York, Grafton Press, 1909.
  • Tender Buttons, New York, Claire Marie, 1914.
  • Geography and Plays, Boston, Four Seas, 1922.
  • The Making of Americans, Paris, Contact Editions, 1925. Réédité par Something Else Press.
  • Composition as Explanation, Londres, Hogarth Press, 1926. Traduit dans la revue Luna-Park en 1978.
  • Lucy Church Amiably, Paris, Plain Edition, 1931.
  • Before the Flowers of Friendship Faded Friendship Faded, Paris, Plain Edition, 1931.
  • How to Write, Plain Edition, 1931.
  • Operas and Plays, Plain Edition, 1932.
  • The Autobiography of Alice B. Toklas, New York, Harcourt Brace, 1933.
  • Matisse Picasso and Gertrude Stein with Two Shorter Pieces, Paris, Plain Edition, 1933.
  • Four Saints in Three Acts, an Opera to Be Sung, New York, Random House, 1934.
  • Portraits and Prayers, Random House, 1934.
  • Lectures in America, Random House, 1935.
  • Narration, University of Chicago Press, 1935.
  • The Geographical History of America, York, Random House, 1936.
  • Everybody’s Autobiography, York, Random House, 1937.
  • Paris France, Londres, Batsford, 1940.
  • What Are Masterpieces, Los Angeles, Conference, 1940.
  • Ida, New York, Random House, 1941.
  • Brewsie and Willie, Random House, 1945.
  • Wars I Have Seen, Random House, 1945; Batsford, 1945.
  • Blood on the Dining Room Floor, Pawlet, Banyan Press, 1948.
  • Things as They Are, Pawlet, Banyan Press, 1948.
  • Two: Gertrude Stein and Her Brother and Other Early Portraits (1908-1912), New Haven, Yale University Press, 1951.
  • Bee Time Vine and Other Pieces, 1913-1927, New Haven, Yale University Press, 1953.
  • Painted Lace and Other Pieces (1914-1937), New Haven, Yale University Press, 1956.
  • Stanzas in meditation and Other Poems (1929-1933), New Haven, Yale University Press, 1956
  • Fernhurst, Q.E.D., and Other Early Writings, New York, Liveright, 1971; Londres, Owen, 1971.

[modifier] Traductions en français

  • Dix Portraits, (trad. Georges Hugnet et Virgil Thomson, éditions de la Montagne, 1930 ; Deux Temps Tierce, 1991.
  • Américains d’Amérique, Paris, Stock, 1933 (trad. Bernard Faÿ); 1972.
  • Picasso, (ouvrage écrit en français), Paris, Floury, 1938 ; Christian Bourgois, 1978 ; 2006.
  • Paris France, Charlot, 1941.
  • Petits poèmes, pour un livre de lecture, Charlot, 1944.
  • Autobiographies, Lyon, Confluences, 1945.
  • Brewsie and Willie, Morihien, 1947 ; Rivages, 1990.
  • Les Guerres que j’ai vues, Charlot, 1947.
  • Trois vies, Gallimard, 1954 ; « L’imaginaire », 1981.
  • Gertrude Stein, numéro spécial [Luna-Park] n° 4 / [Cahiers du Grif], [Transédition], 1978.
  • Autobiographie d’Alice Toklas, (trad. Bernard Faÿ), Mazenod, 1965 ; Gallimard, 1973 ; « L’imaginaire », 1980.
  • Autobiographie de tout le monde, Seuil, 1978.
  • L’Histoire géographique de l’Amérique ou la relation de la nature humaine avec l’esprit humain, Christian Bourgois, 1978.
  • Ida, (trad. Daniel Mauroc), Seuil « Fiction & Cie », 1978.
  • Lectures en Amérique, Christian Bourgois, 1978.
  • Du sang sur le sol de la salle à manger, Christian Bourgois, 1984.
  • La Terre est ronde, (trad. Marc Dachy), Transédition, 1984.
  • Le Monde est rond, (trad. Françoise Collin et Pierre Taminiaux, Tierce, 1984 ; Seuil, 1991.
  • Une pièce circulaire, Traversière, 1985.
  • Interview transatlantique, (trad. Marc Dachy),Transédition, 1987.
  • Poèmes, Textuel, « L’œil du poète », 1999.
  • Strophes en méditation, Romainville, Al Dante, 2005.
  • Tendres Boutons, Caen, Nous, 2005.
  • Flirter au Bon Marché, Phébus, 2008.

[modifier] Au sujet de Gertrude Stein en France

  • Gertrude Stein par Marc Dachy. Préface de Paul Bowles. Culoz, Le Clos Poncet, 1987.

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Gertrude Stein.