Gentrification

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Le quartier de Harlem à New York, traditionnellement un « ghetto noir mal famé », aujourd'hui en reconquête par les classes aisées qui le rénovent et se le réapproprient.
Le quartier de Harlem à New York, traditionnellement un « ghetto noir mal famé », aujourd'hui en reconquête par les classes aisées qui le rénovent et se le réapproprient.

La gentrification (de gentry, petite noblesse en anglais), ou "embourgeoisement", est le processus par lequel le profil économique et social des habitants d'un quartier se transforme au profit d'une couche sociale supérieure.

Sommaire

[modifier] Profil social d'un quartier

Pendant longtemps, la place en zone urbaine étant rare et limitée (notamment par les nécessaires fortifications), le transport étant difficile et cher, et l'appartenance se déterminant sur des critères surtout ethniques ou professionnels, riches et pauvres ont vécu côte à côte, voire dans les mêmes immeubles (exemple haussmannien : les riches en bas, les plus pauvres sous les toits). Il existait néanmoins, déjà, des segmentations géographiques, certaines zones étant mal famés (les zones portuaires, par exemple) et d'autres occupées par la classe supérieure.

Les moyens de transport se développant, et l'argent supplantant progressivement les autres critères de distinction et de regroupement, une certaine spécialisation des quartiers s'est développée.

Les zones géographiques peuvent être plus ou moins attirantes selon les périodes. Tel endroit, hier huppé, laisse progressivement la place à une population plus nombreuse et plus pauvre, parce que les ressources se sont taries, ou parce que les classes supérieures ont trouvé mieux ailleurs. Tel autre quartier, parce qu'il dispose d'attraits naturels, que des inconvénients ont été supprimés (décharges, industrie polluante, zone de délinquance, ...), ou que des avantages nouveaux sont apparus (une nouvelle industrie, une liaison rapide avec les centres économiques, un parc qui le rend agréable, ...), ou (non exclusif) parce que la classe sociale intermédiaire s'est accrue et ne trouve plus de place suffisante dans les secteurs qu'elle occupait antérieurement, (re)devient d'un rapport qualité prix intéressant.

[modifier] Analyse sociologique

La gentrification commence lorsque des gens relativement aisés (re)découvrent un quartier offrant les avantages nouveaux précités et décident d'y migrer. L'embourgeoisement se traduit par la rénovation des bâtiments et l'accroissement des valeurs immobilières.

L'embourgeoisement se traduit aussi par une pression plus forte des nouveaux habitants sur les pouvoirs publics, pour qu'ils améliorent le quartier (encore moins de bruit, encore plus de protection et d'équipements, destructions de logements massifs au profit d'un habitat de type pavillonnaire, etc.). L'enjeu de la réussite scolaire des enfants est devenu central pour une couche sociale dans son désir de reproduction, et c'est notamment la qualité de l'école qui constitue le tropisme autour duquel la société s'organise.

Les pauvres ne peuvent plus suivre en terme de loyer et doivent chercher ailleurs, dans des zones moins chères, donc offrant moins d'avantages (zones excentrées ou mal desservies par les réseaux) et plus d'inconvénients (bruit, pollution, délinquance, climat...). Si cela leur est difficile (par manque d'offre ailleurs, par exemple), ils réagiront, eux aussi, pour pouvoir rester sur place, et réclameront des logements sociaux, un contrôle des loyers, etc.

Éric Maurin dans Le Ghetto français analyse l'embourgeoisement comme une forme de ségrégation . Le processus de développement et d'expansion urbaine procède souvent par "l'expulsion" des "plus faibles économiquement" vers des zones moins demandées. Ce phénomène engendre potentiellement des problèmes sociaux, surtout s'il se produit rapidement. Les pouvoirs publics sont sollicités pour réduire l'impact du processus, en maintenant un certain degré de mixité sociale.

[modifier] Bibliographie

  • Catherine Bidou-Zahariansen (dir), Daniel Hiernaux-Nicolas, Hélène Rivière d'Arc, Retours en ville, des processus de «gentrification» urbaine aux politiques de «revitalisation» des centres, Paris, Descartes et Cie, 2003, 268 pages.

[modifier] Liens externes