Ganymède

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Fig. 1 : Ganymède, cratère à figures rouges du Peintre de Berlin, Ve siècle av. J.-C., musée du Louvre
Fig. 1 : Ganymède, cratère à figures rouges du Peintre de Berlin, Ve siècle av. J.-C., musée du Louvre

Dans la mythologie grecque, Ganymède (en grec ancien Γανυμήδης / Ganymếdês) est l'amant de Zeus et l'échanson des dieux.

Sommaire

[modifier] Mythe

C'est un prince troyen, fils de Tros (roi fondateur de Troie) et de la nymphe Callirrhoé, arrière-petit-fils de Dardanos et donc descendant de Zeus. Selon l'Iliade, il est réputé être le plus beau des adolescents.

Alors qu'il fait paître son troupeau sur le mont Ida de Troade, Zeus l'aperçoit et, se transformant en aigle, l'enlève pour en faire son amant, et l'échanson des dieux. En compensation, son père reçoit de Zeus quatre chevaux qu'il tenait de Poséidon, qui figurent ensuite dans le mythe d'Héraclès : Laomédon (père de Ganymède selon d'autres versions) les promet au demi-dieu s'il sauve sa fille Hésione. D'autres traditions parlent plutôt d'une coupe en or, œuvre d'Héphaïstos. Héra, jalouse non seulement de ce nouvel amant mais aussi de sa fonction d'échanson que Zeus avait enlevé à Hébé, sa fille, force son mari à renvoyer Ganymède chez les mortels. Zeus l'élève alors plutôt au ciel sous la forme de la constellation du Verseau.

Il faut noter qu'Homère (Iliade, XX, 232-233), lui, mentionne seulement qu'il est enlevé par « des dieux », sans parler d'aigle. Enfin, selon une version plus tardive, c'est Éos (l'Aurore) qui enlève Ganymède et Tithon. Zeus, apercevant Ganymède, le réclame à la déesse, et l'obtient à condition qu'il exauce un vœu.

Ganymède donna son nom à la constellation du Verseau.

Il est difficile d'identifier ce qui revient à l'histoire et ce qui revient au mythe à propos de Ganymède. « Zeus et Ganymède » étant le couple pédérastique archétypal et divin depuis la Grèce classique, il a donné lieu à d'innombrables œuvres, aussi bien par les poètes de l'antiquité que par les artistes depuis la Renaissance.

[modifier] Dans les arts

[modifier] Antiquité

Fig. 2 : Zeus enlevant Ganymède, terre cuite peinte, v. 480 av. J.-C., Musée archéologique d'Olympie
Fig. 2 : Zeus enlevant Ganymède, terre cuite peinte, v. 480 av. J.-C., Musée archéologique d'Olympie

Il n'est pas vain de faire une distinction dans les arts entre l'antiquité et toute la période postérieure. En effet, après la fin du paganisme, les représentations de Ganymède font uniquement référence au mythe, alors qu'auparavant il avait une incidence dans la vie quotidienne, justifiant des objets votifs ou funéraires.

En sculpture, l'une des plus célèbres représentations de Ganymède est le groupe sculpté par Léocharès au IVe siècle av. J.-C., admiré par Pline l'Ancien : « Léocharès [a réalisé] un aigle conscient de ce qu'il enlève en Ganymède et pour qui : il épargne l'enfant en plantant ses serres dans son vêtement[1]. » Cette délicatesse de l'aigle est souvent louée par la suite : Straton de Sardes l'évoque dans l'une de ses épigrammes (Anthologie grecque, XII, 221), de même que Martial (I, 7). La légende de Ganymède a également inspiré un groupe en terre cuite, probablement d'origine corinthienne, conservé au Musée archéologique d'Olympie (fig. 2) : c'est l'un des rares exemples de grande sculpture en terre cuite.

En céramique, le thème de Ganymède est fréquemment repris, le plus souvent sur des cratères, ces vases dans lesquels on mélangeait l'eau et le vin à l'occasion des banquets (symposiums), tenus entre hommes, au cours desquels les convives rivalisaient d'imagination pour célébrer les mérites de leurs éromènes respectifs. Parmi les plus célèbres figurent le cratère à figures rouges du Peintre de Berlin (fig. 1) : d'un côté, Zeus est figuré en pleine poursuite ; de l'autre, un Ganymède roux, joue avec un cerceau, symbole de sa jeunesse. Il tient également un coq, présent pédérastique traditionnel. Le motif du coq est repris sur le tondo d'un célèbre kylix du Peintre de Penthésilée, conservé au Musée archéologique national de Ferrare : Ganymède, en train de s'enfuir, se retourne vers Zeus qui vient de se saisir de lui.

[modifier] Époque moderne

Fig. 3 : L'enlèvement de Ganymède, gravure de François Chauveau, XVIIe siècle
Fig. 3 : L'enlèvement de Ganymède, gravure de François Chauveau, XVIIe siècle

La Renaissance a vu ressurgir d'innombrables représentations de ce mythe (Michel-Ange, Benvenuto Cellini), mais aussi le néoclassicisme du XIXe siècle (Thorvaldsen), y compris une représentation Art Nouveau à Washington, fort loin de la culture d'origine, à la Bibliothèque du Congrès, en 1883.

D'une manière générale, toute représentation d'un aigle enlevant un jeune homme, comme on en voit sur de nombreux plafonds peints aux XVIIe et XVIIIe siècles dans les demeures privées, doit a priori être rapportée à la représentation de ce mythe.

2007 - oeuvre de Pierre et Gilles (triptyque)

[modifier] Astronomie

Ganymède est aussi une lune de Jupiter (voir Ganymède). En effet, Galilée, grâce à sa célèbre lunette, fut le premier à observer les quatre plus gros satellites de Jupiter. Il les appela « lunes médicéennes », en hommage aux Médicis. Son rival Simon Marius, en 1614, proposa plutôt de donner à chacune le nom d'une aventure amoureuse de Zeus.

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. Extrait de la traduction de Marion Muller-Dufeu in La Sculpture grecque. Sources littéraire et épigraphiques, éditions de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts, 2002, p. 525.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • (en) Eva C. Keuls, The Reign of the Phallus. Sexual Politics in Ancient Athens, University of California Press, Berkeley, 1985 (ISBN 0-250-07929-9), p. 285-287.
  • Bernard Sergent, Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens, Payot, coll. « Histoire », Paris, 1996 (ISBN 2-228-89052-9), p. 239-249.
  • V. Gély (dir.), Ganymède ou l'échanson. Rapt, ravissement et ivresse poétique, Presses Universitaires de Paris 10, 2008 (ISBN 978-2-84016-10-6)

[modifier] Liens externes

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