Géostratégie de la Russie

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le Kremlin, centre du pouvoir

Cet article traite de la géostratégie contemporaine de la Russie.

Déjà amorcé durant le second mandat de Boris Eltsine et poursuivi de manière plus significative par son successeur Vladimir Poutine, le redressement de la diplomatie russe, après la période de confusion suite au démembrement de l'URSS, s'est surtout basé sur un réalisme politique dont les principales préoccupations se rapportent aux intérêts nationaux russes. La volonté des dirigeants russes de recouvrer l'ancien prestige de leur pays en termes de superpuissance est l'un des points les plus marquants de ce début du siècle. Ce retour de la Russie sur la scène internationale est toutefois souvent perçu par de nombreux Occidentaux comme brutal et agressif.

Russie

Armoiries de la Russie
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politique de la Russie,
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Carte de la Russie.
Carte de la Russie.

Sommaire

[modifier] Les grandes phases

[modifier] Optimisme (1991-1996)

Suite au démembrement de l'Union soviétique, la volonté de rattacher la Russie au système économique mondial fut l'un des objectifs les plus flagrants du gouvernement de Boris Eltsine. Pour y parvenir, une stratégie de complaisance et de rapprochement avec l'Europe occidentale, et, surtout, les États-Unis est déployée : demande d'adhésion au Fonds monétaire international (FMI), à la Banque mondiale ou encore la coopération rapprochée avec l'OTAN, participation à la FORPRONU (Force de Protection des Nations unies) en ex-Yougoslavie, signature d'accords visant la réduction des armements et l'interdiction des armes chimiques.

Certains experts conjuguent cette période d'ouverture et d'optimisme avec la personnalité du ministre russe des Affaires étrangères de l'époque Andreï Kozyrev dont les objectifs sont le développement et la revitalisation d'une économie au bord de la faillite.

[modifier] Incertitudes (1996-2001)

Carte du Caucase du Nord.
Carte du Caucase du Nord.

Commencé en 1996, le second mandat de Boris Eltsine est marqué, sur le plan géostratégique, par une réduction de l'optimisme russe dans ses relations avec l'Occident. Evgueni Primakov, le successeur de Kozyrev, considère que les efforts d'apaisement et de rapprochement avec l'ancien adversaire n'ont pas permis de récolter les fruits escomptés. De manière générale, une ligne plus distante s'établit entre Moscou et Washington. Dans ce cadre, l'avancée de l'OTAN dans l'espace d'influence autrefois inféodé à Moscou est perçue comme une sorte de fer de lance antirusse. Avec la décision de l'OTAN d'intervenir militairement au Kosovo, les relations russo-américaines connaissent encore une période de froideur : annulation d'un voyage de Primakov (alors que celui-ci était déjà en route), fermeture du bureau de la représentation militaire russe auprès de l'OTAN à Bruxelles.

Dans un contexte de privatisations hâtives et d'inflation persistante sous l'ère Eltsine, la transition économique s'est finalement traduite par une quasi-division par deux du produit intérieur brut, entraînant une décrépitude militaire et politique de l'ancienne superpuissance majeure, avec le gel des grands investissements et des achats militaires. La campagne dévastatrice et épuisante économiquement de la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) a précipité la débâcle économique et a suscité de vives critiques en Occident ce qui a fragilisé encore plus la position géostratégique de la Russie. La dépression économique qui s'en suivit en 1998 a culminé avec une crise financière majeure, marquée par une dévaluation brutale du rouble et un endettement record.

L'arrivée de Vladimir Poutine, d'abord en tant que Premier ministre, sur la scène politique russe s'insère dans la continuité d'une diplomatie crédible qui tente d'équilibrer un partenariat renforcé avec une fermeté retrouvée avec l'Occident. L'accession de Poutine à la présidence en 2000, renforcée par une spectaculaire reprise économique et le succès dans la seconde guerre de Tchétchénie, rendit possible l'élaboration d'une nouvelle doctrine militaire (avril 2000) dans laquelle le renforcement de l'appareil militaire russe doit servir les intérêts géostratégiques de l'État sans se préoccuper des considérations occidentales. Ce durcissement russe présageait, alors, qu'une entente entre les États-Unis et la Russie ne serait pas parfaite.

[modifier] Renaissance (depuis 2001)

Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 sur les États-Unis a transformé la donne géostratégique pour la Russie et a donné une impulsion à l'établissement de relations plus rapprochées entre la Russie et les États-Unis. Le soutien de la Russie dans la lutte contre le terrorisme établit un climat d'authentique cordialité et de coopération ainsi qu'une véritable nouvelle alliance entre les deux puissances. Une perception pragmatique et réaliste des enjeux internationaux, tant du côté russe que du côté américain permet à la Russie de revenir en force sur la scène internationale en jouant un rôle prédominant dans la lutte contre le terrorisme ou dans les tentatives de médiation dans les conflits complexes comme les dossiers palestinien ou iranien.

Dans un autre ordre d'idées, la crise financière de 1998 en Russie lui a été salutaire, en ce sens qu'elle a permis à l'appareil de production de redevenir compétitif et de se remettre en marche. La hausse des prix du pétrole et les réformes économiques engagées par Vladimir Poutine à partir de 1999 ont favorisé également ce rebond. Entre 1999 et 2005, la Russie a connu une croissance économique moyenne supérieure à 6%. Depuis quelques années, le complexe militaire se redresse, grâce aux entrées des nouvelles générations des armements et des achats massifs et structurés. L'opinion publique russe est fortement favorable aux réformes économiques et politiques de Poutine ce qui lui procure une vaste marge de manœuvre à l'intérieur du pays, y compris en ce qui concerne la possibilité d'exercer une ingérence directe dans le fonctionnement des géants économiques russes.


Les secteurs énergétique et militaire ne sont plus les seuls fers de lance des stratèges russes pour regagner du terrain dans le monde économique, d'autres secteurs économiques qui ont le vent en poupe (acier, aérospatiale, agro-alimentaire, etc.) prennent graduellement la relève. Les banques russes se montrent également de plus en plus friandes d'achats d'actifs en Occident (l'acquisition de 5 % des actions du groupe aéronautique européen EADS par la Vnechtorgbank russe en est un exemple) ou l'intérêt que porte Russian Railways dans la prise de 50% du capital de Bombardier Transport.

Siège de Gazprom à Moscou.
Siège de Gazprom à Moscou.

[modifier] Le retour en force d'une grande puissance

[modifier] L'héritière affaiblie de la puissance soviétique

En 1991, la nouvelle armée russe est l'héritière de l'Armée rouge. C'est une armée démoralisée, corrompue, affaiblie par les stocks d'un matériel pléthorique rapidement vieillissant. De plus l'armée s'embourbe dans la première guerre de Tchétchénie (1994-1996).

Même après le retour de la croissance, l'armée russe reste un corps peu professionnel, qui repose sur le service militaire. Beaucoup de conscrits tentent d'échapper au service, effrayés par la violence et les piètres conditions de vie :[1]

  • 30 % des appelés seraient mentalement ou physiquement inaptes ;
  • 70 % des bases aériennes demanderaient à être rénovées.

[modifier] La restauration du potentiel militaire

Bénéficiant d'excédents budgétaires sans précédent, le gouvernement russe accélère le renouvellement de l'arsenal militaire du pays, et ce dans tous les domaines concernés : de l'aviation stratégique (par exemple, en achevant la mise en production des avions de chasse de 5e génération) aux nouveaux systèmes balistiques et de défense anti-missile (par exemple, les systèmes S-400, Topol-M et Bulava) en passant par la mise en orbite de la constellation des satellites de positionnement global (GLONASS), programmes souvent gelés sous Gorbatchev ou Eltsine à cause des manques de financement.

Fin juillet 2007, Vladimir Poutine annonçait également la reprise des vols des bombardiers stratégiques russes partout dans les zones jugées stratégiques pour la Russie.

En novembre 2007, le Conseil de stratégie nationale de la Fédération russe concluait avec pessimisme que la renaissance de la puissance militaire russe était un mythe[2].

[modifier] Un complexe militaro-industriel impressionnant

Le complexe militaro-industriel russe est revenu, depuis 2002 environ, à l'avant-scène de la stratégie globale de la Russie, aussi bien dans le plan politique qu'économique. Si, durant la guerre froide l'URSS livrait à prix coûtant et même gratuitement de nombreux matériels aux « pays frères », la Russie le vend désormais à des pays en mesure de payer comme la Chine, l'Inde et l'Iran. Ses armes, de qualité comparable et même souvent supérieure aux productions occidentales, sont beaucoup moins chères ; commercialisées par l'agence Rosoboronexport, elles attirent même des pays alliés des États-Unis tels que la Grèce, la Corée du Sud ou les Émirats arabes unis.

[modifier] Une superpuissance énergétique

Aujourd'hui, la géostratégie russe ne peut s'appréhender sans concevoir l'importance grandissante du secteur énergétique (gaz et pétrole) en termes économiques depuis 2001, période où débute la hausse fulgurante des prix des hydrocarbures dans le monde. En effet, la Russie est le premier producteur mondial (environ 600 milliards de mètres cube) et le premier exportateur mondial (environ 200 milliards de mètres cube) de gaz et le 2e producteur mondial et exportateur majeur du pétrole. Ses réserves gazières s'élèvent à plus de 23% de réserves mondiales. Compte tenu de sa situation géographique, la Russie est le premier fournisseur de l'Union européenne (30% du gaz consommé) dont la demande est en constante progression. Avec son contrôle des hydrocarbures, la Russie détient actuellement une position géopolitique inégalée par laquelle elle tente de renforcer sa place d'acteur majeur dans le « Grand Jeu » des superpuissances (Voir : Gazprom et Géopolitique du pétrole).

Notons cependant que malgré des fausses croyances, le secteur pétrogazier ne représenterait que 18,9% du PIB russe en 2007 et il doit retomber à 14,9% en 2010, il ne peut donc pas à lui seul expliquer la vigueur actuelle de l'économie russe[3].

[modifier] Le monde selon les doctrines géopolitiques de la Russie

La doctrine militaire et géostratégique russe divise le monde en deux catégories distinctes : l'étranger rapproché (les anciennes républiques soviétiques, sauf les Pays Baltes) et l'étranger éloigné (le reste du monde).

Les anciennes républiques de la défunte URSS, surtout celles membres de la Communauté des États Indépendants, occupent une place centrale dans la reconstruction de la politique internationale russe. Le but primordial de la nouvelle doctrine géostratégique russe relève d'une tentative de reconquête de l'influence prédominante dans cet espace géopolitique, depuis toujours considéré comme une zone d' « intérêt vital », ainsi qu'une limitation de l'influence de l'OTAN, par laquelle d'autres puissances ont pu créer des liens plus ou moins forts avec d'anciens alliés russes: les États-Unis et l'Union européenne d'une part, concurrents dans une défense de leurs intérêts politico-économiques, et l'Islam, d'autre part, force d'influence politico-religieuse essayant à opérer un retour au sein des sociétés de l'Asie centrale et de l'Azerbaïdjan.

[modifier] Le territoire de la Fédération de Russie

[modifier] Saint-Petersbourg et Kaliningrad: les fenêtres sur la Baltique

[modifier] L'Europe septentrionale: la mer de Barents

[modifier] Le Caucase et la Caspienne

Le contrôle des ressources naturelles n'est pas l'unique préoccupation de Moscou. La gestion de l'acheminement de l'or noir depuis la mer Caspienne jusqu'aux portes de la Méditerranée est d'une importance capitale pour la Russie. En effet, certains pipelines passent par le territoire russe (notamment dans le Caucase) où la stabilité politique est menacée par l'ingérence américaine et par l'irruption de groupuscules terroristes dans les républiques de Tchétchénie, d'Ingouchie et du Daghestan.

[modifier] La Sibérie continentale

D'un point de vue géostratégique, la Sibérie se définit comme le réservoir gazier, pétrolier, aurifère et diamantifère central de la Russie. En effet, la majorité de potentiel de production russe de ces matières premières est concentrée dans cette région. Par exemple, environ 90% de la production du gaz naturel provient de la région de Tioumen et, en particulier, du district autonome des Yamalo-Nenets, dans le Grand Nord, où sont situés les gisements géants d'Ourengoï (10.000 milliards de mètres cube) et de Iambourg (5,000 milliards de mètres cube). Dans cette même région, les gisements de la presqu'île de Yamal offre des réserves en gaz excédant 10.000 milliards de mètres cube. D'autres zones de production plus modestes sont implantées dans la République des Komis et en Yakoutie. La dernière recèle d'importants gisements de diamants, parmi les plus importants au monde.

[modifier] La Primorie et l'Océan Pacifique: l'Etrême-Orient russe

[modifier] Les revendications russes en Arctique

La limite de la région arctique
La limite de la région arctique

En 2001, la Russie avait déposé devant l'Organisation des Nations unies une demande de fixation des limites extérieures de son plateau continental en Arctique (les dorsales Lomonossov et Mendeleïev), ainsi que dans les mers de Béring et d'Okhotsk (d'une superficie de 1,2 million de kilomètres carrés au total). Ce faisant, elle a affirmé ses revendications, contestées par ses voisins, notamment par le Canada, sur le plateau continental étendu riche en hydrocarbures et dont les réserves sont estimées à 10 milliards de tonnes. La commission onusienne des limites du plateau continental qui regroupe des représentants de 21 États dont la Russie et qui est chargée de définir les limites du plateau continental conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, a conclu que les données fournies par Moscou ne suffisaient pas pour considérer les zones de l'océan Arctique indiquées comme faisant partie du plateau continental russe, et a recommandé une étude complémentaire. En juillet 2007, une expédition polaire russe a effectué une plongée inédite (à -4200 m) et spectaculaire dans les profondeurs de l'océan Arctique afin de collecter des preuves supplémentaires permettant d'appuyer les revendications russes. Un drapeau russe en titane y a également été symboliquement planté.

La flambée du prix du baril de pétrole a favorisé une course aux réserves jusqu'alors non rentables. Une estimation récente a montré que l'Arctique pourrait receler près du quart des réserves d'hydrocarbures restant à découvrir dans le monde. Les nouvelles technologies, le recul de la banquise suite au réchauffement climatique et la proximité géographique rendent ces nouveaux filons attirants pour la Russie. D'un point de vue économique, une diminution des glaces polaires ouvrirait de nouvelles routes commerciales pour les navires dans l'Arctique, en rendant par ce fait le pétrole plus facile à extraire. À part la Russie, la zone de l'Arctique est également convoitée par le Canada, les États-Unis, le Danemark et la Norvège. La Russie affirme cependant qu'elle ne revendique qu'une partie de la dorsale Lomonossov, son prolongement au-delà du pôle Nord appartenant probablement au Canada ou au Danemark (via le Groenland).

[modifier] L’étranger proche

Dans le cadre de ses relations avec "l'étranger proche" (en russe : ближнее зарубежье, prononcé blijnéïé zaroubejïé), la Russie a participé à la création de la Communauté des États indépendants (CEI) en 1991 en collaboration avec la Biélorussie et l'Ukraine. De nos jours, la CEI regroupe douze des quinze ex-républiques soviétiques (seuls les trois États baltes ne sont pas membres). D'abord élaborée dans l'objectif d'instaurer une intégration économique telle que l'Union européenne, la CEI est devenue essentiellement une enceinte de dialogue entre pays de l'ex-URSS, disposant d'un contenu économique limité: de nombreux accords bilatéraux de libre-échange ont toutefois été signés entre les membres. Des accords concernant des politiques extérieures ou de défense communes sont également fréquents au sein de cette organisation.

En octobre 2000, une nouvelle formation économique a été créée réunissant certains membres (Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan) de la CEI. En effet, la Communauté économique eurasienne (CEE) s'inscrit dans la poursuite de l'objectif initial de la CEI : la création d'un espace économique commun dans lequel une commission supranationale légifèrerait sur les relations commerciales et tarifaires entre les pays membres, créant ainsi un véritable bloc économique de libre-échange.

[modifier] L’Asie centrale

[modifier] Kazakhstan Kazakhstan

Avec le Kazakhstan, la Russie a signé une union économique. Les relations politiques avec ce pays ont acquis ces dernières années une dimension nouvelle. En effet, la Russie est le principal partenaire commercial du Kazakhstan. Les chiffres des échanges s'élèvent à plus de 10 milliards de dollars. La coopération bilatérale a atteint un très haut niveau en matière d'aérospatiale et dans le domaine militaire et technique. La mise en valeur des richesses de la mer Caspienne est également significative. Depuis son indépendance en 1991, le Kazakhstan a poursuivi une politique extérieure multidimensionnelle en cherchant à équilibrer de bonnes relations entre ses deux plus grands voisins (Russie, Chine) avec des relations occidentales (Union européenne, États-Unis). L'influence de la Russie est donc relative mais capitale. L'accord du 12 mai 2007 portant sur la rénovation du gazoduc allant de la zone Turkmène en mer Caspienne jusqu'en Russie via le Kazakhstan a démontré que Moscou raffermissait sa mainmise sur les ressources énergétiques de la région, évinçant même les Américains qui étaient porteur d'un projet concurrent. L'accord prévoit aussi à terme la construction d’un deuxième gazoduc.

[modifier] Kirghizistan Kirghizistan

Au Kirghizistan, la Russie a bénéficié de la croissance économique rapide du pays grâce aux réformes agraires et à l’exploitation de la mine d’or de Kumtor sous le régime mi-démocratique mi-autoritaire d'Askar Akaïev. La République kirghize est ainsi devenue la première des anciennes républiques soviétiques à adhérer à l’Organisation mondiale du commerce. Cependant, en 1998, une crise financière régionale interrompt soudainement la progression économique du Kirghizistan. Cette régression économique explique le virage diplomatique effectué lors des attaques du 11 septembre : les États-Unis ont obtenu l'installation d'une force militaire américaine permanente. Situation unique en son genre, la Russie elle aussi a obtenu une ouverture d'une base militaire dans ce pays. Malgré la révolution des Tulipes de 2005, qui a détrôné le président Akaïev soutenu par la Russie, les relations avec la puissance russe restent importantes, notamment au sein de la Communauté économique eurasienne (CEE).

[modifier] Ouzbékistan Ouzbékistan

Pays le plus peuplé de la région, l’Ouzbékistan, qui vise le leadership régional en Asie centrale, a d'abord opéré un rapprochement avec les États-Unis en les laissant disposer d'une base militaire sur son sol. Une insurrection populaire à Andijan, réprimée dans le sang par le régime de Karimov en mai 2005, ayant reçu de virulentes critiques de la part de Washington et Bruxelles, a précipité l'évincement de l'armée américaine du territoire ouzbek. Le régime autocratique d'Islam Karimov s'est, par la suite, rapproché de Moscou, plus laxiste, en signant un traité stratégique portant sur des questions militaires, politiques, économiques et commerciales. Abandonnant une politique étrangère se distinguant par la volonté d'autonomie vis-à-vis de la Russie, l'Ouzbékistan renoue un dialogue avec son ancien grand frère. Ce virage permet à Karimov de raffermir son pouvoir à l'intérieur du pays et au sein de la CEI, de l'Organisation de coopération de Shanghai ou encore de la CEE à laquelle son pays a récemment adhéré. En août 2006, l'Ouzbékistan a également intégré l'Organisation du Traité de sécurité collective, un autre organisme sous l'égide de Moscou.

[modifier]  Tadjikistan

Au Tadjikistan, une longue guerre civile (1992-1997), dans laquelle plusieurs factions politiques se sont affrontées, a empêché la prospérité économique. En 1993, afin de préserver la stabilité interne du pays et freiner le trafic de drogue depuis l'Afghanistan vers l'Europe, la Russie a signé un traité avec le Tadjikistan par lequel lui est confiée la surveillance des frontières de cette ancienne république. Après une relative période d'accalmie débutée en 1997, la décision du président Emomali Rakhmonov en avril 2004 de hâter le départ des gardes-frontières russes a été perçue comme un recul de l’influence du Kremlin au Tadjikistan. Depuis, Douchanbé a accepté l’installation d’une base militaire russe ainsi que la location du centre d'observation spatiale de Nourek pour une durée indéterminée. La pérennisation de la présence militaire russe au Tadjikistan permet à Moscou de peser un poids plus important dans la région en renforçant son influence militaire et politique.

[modifier]  Turkménistan

Depuis son indépendance, le Turkménistan mène une politique ambitieuse, qui repose en grande partie sur son potentiel énergétique et agricole. En effet, cet État est la deuxième région gazière de la CEI après la Russie. Le pays dispose également de richesses pétrolifères. Soutenu par Moscou, le Président Saparmourat Niazov a dominé le pays en monarque absolu pendant plus de 20 ans. Ayant opté pour une politique de neutralité tant vis-à-vis des États voisins que des principales organisations internationales, il visa à assurer une certaine stabilité à son pays. Avec la mort de Niazov en décembre 2006, l'avenir de la fourniture du gaz turkmène au prix réduit reste incertain. En effet, Moscou a signé avec le Turkménistan un accord énergétique concernant des fournitures gazières assurant des bénéfices confortables à Gazprom. De plus, une politique de désenclavement économique s'opère avec des projets récents de pipelines avec la Chine, le Pakistan, l'Azerbaïdjan et la Turquie, indépendamment de la Russie.

[modifier] Les Pays du Caucase

[modifier] Arménie Arménie

Avec l'Arménie, la Russie dispose d'un allié sûr. Depuis l'effondrement de l'empire soviétique, l'Arménie a toujours maintenu des relations de rapprochement stratégiques avec Moscou, notamment dans le but de pallier le désavantage géopolitique de son enclavement par des voisins hostiles (Turquie, Azerbaïdjan). Récemment, ces contacts ont été étendus à l'Iran (projet de pipeline) et aux États-Unis (avec la diaspora arménienne). La participation massive de la Russie à la vie économique arménienne relève d'une volonté d'entretenir une forte présence militaire russe sur le territoire arménien. Erevan représente un facteur important de stabilité en Transcaucasie pour la Russie. Dans ce cadre, Moscou et Erevan ont réaffirmé leur désir de perfectionner la coopération au sein de la Communauté des États indépendants ainsi que de mettre en œuvre des projets économiques dans les domaines de l’énergie et des transports. Les responsables russes et arméniens coopèrent également dans le but de trouver une solution viable au conflit du Haut-Karabagh qui est d'une importance capitale pour le maintien de la stabilité dans la région.

[modifier] Azerbaïdjan Azerbaïdjan

En Azerbaïdjan, la Russie est engagée dans un nouveau dialogue malgré la position clairement pro-américaine de la république azérie. Après le drame humain violent du Haut-Karabagh (notamment avec le massacre de Khodjaly) en 1992, la politique extérieure du président Aboulfaz Eltchibeï incluait l'adhésion à la CEI, un rapprochement avec la Turquie ainsi qu'un désir d'étendre les liens avec la communauté azérie vivant en Iran. Après une insurrection, qui a mis fin au règne d'Eltchibeï, Gueïdar Aliev a réussi dès 1994 à redévelopper une économie au bord de la faillite grâce à l'exportation de pétrole sur les marchés occidentaux mais la corruption et le népotisme ont empêché tout développement durable dans les autres secteurs économiques. Les discussions du projet de construction du BTC, un pipeline acheminant le gaz d'Azerbaïdjan vers la Turquie via la Géorgie, ont trainé mais un accord a été signé en 2003. L'influence russe s'est donc dégradée dans cette république caucasienne avec l'exclusion de la Russie du BTC. Après la mort de son père, Ilkham Aliev a repris le flambeau avec une poigne de fer.

[modifier]  Géorgie

Avec la Russie, la Géorgie tient un discours plutôt ferme, surtout depuis la présidence de Mikheil Saakachvili. Déjà sous Edouard Chevardnadze, la Géorgie accusait Moscou de soutenir les autorités séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. De son côté, la Russie a longtemps reproché à la Géorgie d'être laxiste envers les rebelles tchétchènes retranchées sur son territoire. En 2003, la révolution des Roses a délogé le président Chevardnadzé, au profit de Saakachvili qui lui a succédé en 2004. Ce dernier s'est engagé dans un programme de renforcement de l'appareil militaire géorgien ainsi que vers un rapprochement très prononcé avec les États-Unis. Ses discours vilipendent souvent sévèrement Moscou ce qui froisse cette dernière. L'évacuation des dernières bases militaires russes exigée par Tbilissi s'inscrit également dans la volonté d'indépendance géorgienne face à l'influence russe. Avec l'Ukraine, Tbilissi réfléchit même au retrait de la CEI. En avril 2006 Moscou a décrété un embargo sur les vins et eaux minérales géorgiens jugés non conformes aux normes sanitaires ce qui a aggravé la détérioration de relations entre les deux pays déjà très tendues. Une grave escalade des tensions russo-géorgiennes fut provoquée par l'arrestation en septembre 2006 de quatre officiers russes des Forces du maintien de la paix en Ossétie du Sud, accusés d'espionnage par la Géorgie.[4],[5]. Le 2 octobre, la Russie a décrété un blocus aérien, maritime, ferroviaire et postal de la Géorgie à titre de représailles. Elle a également entrepris un durcissement du contrôle des ressortissants géorgiens (au nombre d'un million) sur son sol en vue d'expulser des immigrants illégaux, une mesure considérée par la Géorgie comme discriminatoire. On s'attend également à ce que le Gazprom annonce le passage des tarifs du gaz naturel livré à la Géorgie en 2007, de 110 $US actuels (prix d’"ami") à 230 $US (prix pour l'Europe de l’Ouest), une autre mesure considérée par Tbilissi comme de la pression économique. Confirmant son orientation pro-américaine, le parlement géorgien a voté à l'unanimité la demande d'adhésion à l'OTAN le mardi 13 mars 2007, laissant entrevoir l'utilisation de bases géorgiennes par l'armée des États-Unis.

Le soutien de plus en plus fort de la Fédération de Russie à deux régions séparatistes de Géorgie, sans toutefois reconnaitre officiellement leur indépendance (resserement de liens économiques, envoi de forces de maintien de la paix, renforcé fin avril 2008, etc.), attisent les tensions russo-géorgiennes. La Géorgie a menacé, entre autres, de bloquer l'entrée de la dernière au sein de l'OMC[6]. La Russie prétend vouloir éviter le conflit armé et protéger ses citoyens (la majorités des Abkhazes et des Ossètes du Sud sont naturalisés Russes).

[modifier] Les voisins de l'ouest

[modifier] Biélorussie Biélorussie

Avec la Biélorussie, la Russie s'est engagée dans un processus d'union de type confédéral qui dépasserait les objectifs d'une simple union douanière et monétaire. La dépendance de Minsk en énergie et en termes de débouchés permet à Moscou de préserver son influence dans cette république slave. Fin 2006, la Biélorussie a ardemment négocié le prix de son gaz, qu'elle payait jusqu'à cette date 47 USD pour 1 000 m³ (contre plus de 250 dollars alors sur le marché européen). Menaçant de couper les robinets à moins d'obtenir le prix demandé, la Russie a obtenu un accord final in extremis le 31 décembre 2006 à un prix de 100 USD pour 1 000 m³. De plus, elle a obtenu une compensation en 50 % de titres dans la société gazière biélorusse Beltransgaz (dont le montant de 5 milliards de USD est estimé surévalué par les experts russes). Outrée par cette augmentation, la Biélorussie a appliqué une taxe sur le transit du pétrole russe à destination des pays plus à l'ouest (45 USD/tonne) qu'elle a du supprimer quelques jours après sous la pression de la Russie. Cette confrontation des deux alliés traditionnels survient malgré le soutien que la Russie apporte traditionnellement au président Loukachenko, toujours au pouvoir suite à l'élection présidentielle controversée du 19 mars 2006, qui lui a valu les critiques des pays européens (L'UE a classé la Biélorussie comme dictature). Certains analystes estiment que la Russie veut également marchander d'autres concessions substantielles de la part de la Biélorussie, allant jusqu'à la solution plus radicale de l'annexion de la Biélorussie, sous une forme ou une autre, au sein de la Fédération de Russie. Les autorités russes quant à aux rejettent tout leitmotiv politique de la crise, stipulant n'être régies que par des motivations économiques. Les relations avec ce pays se sont détériorées suite à la crise du gaz de janvier 2007 quand la Russie a exigé une hausse substantielle de tarifs.

[modifier] Ukraine Ukraine

Les relations russo-ukrainiennes se sont embrouillées suite aux évènements de la révolution orange en 2004. Lors du conflit gazier entre l'Ukraine et le groupe russe Gazprom en fin d'année 2005, la Russie a exigé que Kiev paie le prix du marché mondial pour le gaz naturel. Le refus catégorique de Kiev a abouti à une suspension des fournitures de cette ressource stratégique. Finalement, le 4 janvier 2006, le gouvernement ukrainien trouve un arrangement avec la Russie avec une nouvelle formule de prix, le gaz russe au tarif international étant mélangé avec celui des pays de l'Asie Centrale, sensiblement moins cher. Aujourd'hui, Moscou tente d'opérer une reprise avec Kiev de l'entente amicale en termes économique, politique et social, sur une base pragmatique, surmontant ainsi la période indécise du début de l'année. Considérables en Ukraine, les intérêts russes ont déterminé la Russie à entretenir une très forte présence économique en Ukraine, notamment en acquérant des parts de marchés dans le secteur de l'énergie et dans celui des médias. Dans le domaine politique, la Russie a soutenu et financé de nombreux hommes politiques ukrainiens lui étant favorables dans le but de contrer le jeu diplomatique des États-Unis et d'éviter à ce que l'Ukraine rejoigne l'OTAN. Ainsi, avec un soutien évident de Moscou, le leader pro-russe du Parti des régions Viktor Ianoukovytch fut nommé le 4 août 2006 au poste de Premier ministre ukrainien. Début 2008, un conflit gazier similaire à celui de 2006 a failli retentir à nouveau, sauvé in extremis par les efforts des présidents de deux pays. Le premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko accuse certains hommes d'affaires de son pays d'être corrompus par les milieux d'affaires voire politiques russes, entre autre ceux liés au schéma controversé de livraison du gaz russe via un intermédiaire opaque.

[modifier]  Moldavie

Avec la Moldavie, la Russie continue à entretenir un contingent militaire sur demande de la population de l'enclave séparatiste de Transnistrie. Cette région, située à l'est du Dniestr, la plus industrialisée du pays et habitée en grande majorité par des Russes et des Ukrainiens d'origine, a proclamé son indépendance en 1992, craignant l'unification de la Moldavie à la Roumanie. Moscou, avec le soutien de Kiev, est intervenue en faveur des Transnistriens mais les négociations perdurent encore. Toutefois, malgré son rattachement culturel à la Roumanie, Chisinau est restée indépendante. En termes économiques, la performance moldave est la plus médiocre d'Europe. La perte de certains marchés traditionnels, la dépendance énergétique au gaz russe (augmentation du prix gazier), l'émigration importante des cadres russes et ukrainiens et la sécession de la principale région industrielle, la Transnistrie, ont provoqué la chute dramatique du PIB, une inflation galopante et un déficit commercial considérable. Sur le plan politique, la présence militaire continue de la Russie en Transnistrie permet à Moscou d'exercer une influence tangible sur la politique de la Moldavie.

[modifier] Les Pays baltes

Les trois pays baltes mènent clairement un politique tournée vers l'ouest et tentent de se dégager de la tutelle russe, depuis leur indépendance. Cependant, leur situation géopolitique ainsi que leurs besoins énergétiques confèrent à la Russie une influence encore palpable sur les trois États.

[modifier] Estonie Estonie

Avec l'Estonie, la Russie peine à retrouver des relations cordiales en raison d'un long passé de méfiance. Depuis l'effondrement du régime soviétique, Tallinn a refusé l'adhésion à la CEI (1991) mais est devenu membre de l'OTAN (2004) puis de l'Union européenne (2004), les troupes russes ayant quitté le pays en août 1994. Cette émancipation a permis à Tallinn de s'affranchir de l'influence russe. Toutefois, sa dépendance gazière et sa situation géographique relativisent son indépendance politique. Sur le plan diplomatique et politique, les deux pays ont signé un accord en mai 2005 prévoyant une redéfinition des frontières, sujet de discorde depuis 1991. La tension entre la Russie et l'Estonie monte d'un cran lorsque le gouvernement de ce pays balte décide en avril 2007 de déplacer le monument au soldat de l'Armée rouge.

[modifier] Lettonie Lettonie

La Russie a récemment effectué une série d'efforts afin de normaliser ses relations avec Rīga après une période tendue et compliquée, notamment à cause des questions concernant les droits de la minorité ethnique russe en sol letton. Depuis 1991, la volonté politique de la Lettonie de tourner le dos à la sphère d'influence russe pour s'ancrer définitivement au sein du monde occidental n'a pas atténué les nombreux différents entre les deux pays. Suite à la crise économique russe de la fin des années 1990, Rīga a orchestré une restructuration radicale de son commerce extérieur (excluant la Russie). Celui-ci est désormais orienté vers l’UE qui représente environ les deux tiers des exportations et importations lettonnes. Cependant, le pays accorde une importance plus palpable des intérêts économiques russes.

[modifier] Lituanie Lituanie

Avec la Lituanie, la Russie entretient des relations qui oscillent entre bon voisinage et mésentente malgré le retrait des troupes russes du territoire lituanien achevé en 1993. Sur le plan politique, Vilnius accorde la plus haute importance à son intégration dans l'UE et dans l'OTAN. Des craintes persistent vu l'acharnement de Moscou à utiliser l'enclavement de Kaliningrad pour obtenir un droit de transit civil et militaire illimité à travers le territoire lituanien. En conséquence, de nombreux diplomates russes ont été expulsés du pays, accusés d'espionnage. Selon Vilnius, l'ombre des services secrets russes a indéniablement plané sur la campagne présidentielle de Rolandas Paksas. Sur le plan économique, la Lituanie est fortement dépendante de la Russie en matière énergétique même si elle tente de diversifier ses partenaires grâce à des accords de libre-échange signés avec les deux autres États Baltes, l'Union européenne, la Turquie et la Pologne.

[modifier] Remarques sur l'enclave russe de Kaliningrad

Suite à l'adhésion de la Pologne et de la Lituanie à l'Union européenne, l'enclave russe de Kaliningrad est au cœur de négociations diplomatiques entre la Russie et l'Union. En effet, en vertu des accords de Schengen, les frontières de l'enclave deviennent en juillet 2003 des frontières extérieures de l'Union européenne, rendant donc difficiles les liaisons terrestres avec le reste de la Russie[7].

[modifier] L'étranger « éloigné »

[modifier]  Union européenne et les Balkans

Avec l'Union européenne, la Russie dispose d'un espace frontalier depuis 1995 (adhésion de la Finlande). La dépendance énergétique européenne a été le fer de lance de l'établissement de relations cordiales avec la Russie. En effet, la Russie, par l'intermédiaire du groupe Gazprom, a fourni à l'Europe occidentale 25% de ses besoins en gaz naturel en 2005. De plus, selon des statistiques récentes, les pays baltes sont dépendants à 100%, l'Autriche à 55%, l'Allemagne à 37%, la France à 21%. Moscou peut donc utiliser cette dépendance énergétique pour faire pression sur les pays concernés. Toutefois, après le conflit gazier avec l'Ukraine, les Européens tentent de diversifier leur importation gazière et pétrolifère. La Russie quant à elle, refuse de signer la Charte énergétique européenne qu'elle juge discriminatoire à son égard. Le projet controversé de gazoduc via la mer Baltique avec l'appui de l'Allemagne, a été lancé l'année dernière, il contournera le transit par des pays tiers (Pologne, Ukraine). La remise en service des pipelines qui débouchaient dans la mer Adriatique via la Croatie et le Monténégro ou encore ceux qui conduisaient en mer Blanche et sur golfe de Finlande s'ajoutent également à la liste grandissante des pipelines à destination de l'Europe. Au niveau politique, l'UE est aujourd'hui engagée dans l'intégration des pays d'Europe centrale et orientale. Cette politique de consolidation peut parfois entrer en conflit avec certains intérêts russes (notamment en Ukraine ou en Biélorussie). L'enclave russe de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie, devient dans ce cadre l'objet de préoccupation pour l'UE. La supériorité russe ne tient toutefois pas qu'à la dépendance gazière de l'UE. Cette dernière souffre également de l'inexistence d'une politique extérieure commune qui régirait globalement et d'une seule voix ses relations avec la Russie, les pays membres s'entendant encore au cas par cas avec le Kremlin. Les négociations politiques entre Moscou et Bruxelles, entre autres, dans le cadre du Sommet UE-Russie, sont souvent longues et ardues sur pratiquement toutes les questions depuis le jour où l'Union européenne a admis dans ses rangs ses anciens satellites qui ne cachent pas leur animosité à l'égard de la Russie. L'embargo russe sur la viande de provenance de Pologne en 2006-2007 fut à l'origine du veto polonais à la signature de l'Accord UE-Russie, mettant les négociations entre les deux partenaires dans une impasse et conduisant au refus de renégocier un nouvel accord de partenariat et de coopération (APC) en vigueur depuis 1997. Début 2008, les divergences entre la Russie et l'Union européenne sur la question de l'indépendance de la province serbe de Kosovo se sont également exacerbées. La majorité de membres de l’Union européenne soutenant l’indépendance de la province, alors que la Russie s'y opposait farouchement, mettant en avant que cette indépendance était contraire au principe de l’unité territoriale de la Serbie et à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies[8]. Le soutien de l'Union européenne à l'intégrité du territoire géorgien compliquent les relations avec la Russie.

[modifier] Les États-Unis États-Unis

Vladimir Poutine en visite chez George W. Bush dans son ranch à Crawford (Texas)
Vladimir Poutine en visite chez George W. Bush dans son ranch à Crawford (Texas)

Avec les États-Unis, les relations diplomatiques se sont refroidies après la période dite de la "grande alliance" suite aux attentats du 11 septembre 2001. À l'époque, la Russie avait soutenu la « Guerre contre le terrorisme » lancée par Washington, ce qui lui a permis d'inscrire la résistance tchétchène dans la catégorie des mouvements terroristes. La coopération entre les deux États s'est non seulement située au niveau des services de renseignements et de l'information mais également au niveau militaire. Un accord tacite russe pour l'utilisation des bases militaires en Asie centrale (Ouzbékistan et Kirghizistan) par les Américains a démontré une certaine solidarité face à la mouvance terroriste entre Washington et Moscou. Le nouveau Conseil de coopération stratégique OTAN-Russie est aussitôt créé dans la foulée de cette coopération antiterroriste. Toutefois, depuis le refus russe sur la question irakienne, les relations russo-américaines ont évolué, faisant resurgir un sentiment d'incertitudes et de méfiance mutuelle. La subtile lutte d'influence en Asie centrale, en Transcaucasie et en Europe de l'Est, entre Américains et Russes, froisse l'une ou l'autre partie. Dans la même veine, des inquiétudes ont été exprimées par Washington au sujet des relations russes avec des pays ennemis (« Axe du mal ») comme l'Iran ou la Corée du Nord. En ce sens, le dossier du nucléaire iranien sur lequel la Russie maintient une position ferme risque d'aggraver une situation déjà tendue entre les deux puissances. En début d'année 2006, le refroidissement croissant des deux nations s'est concrétisé avec le discours réprobateur prononcé à Vilnius par le vice-président américain Dick Cheney provoquant des répliques acerbes et caustiques tenues par Vladimir Poutine. Redoutant le retour en force de la Russie sur la scène internationale, les États-Unis soutiennent financièrement certains pays de l'ex-bloc soviétique ayant fait le choix de la démocratie par le biais des révolutions de velours au sein d'organisations telles que le GUAM ou la toute nouvelle l'Alliance pour le Choix Démocratique, les organisations ayant comme but de contrer l'influence russe sur l'espace post-soviétique. Certains experts russes accusent l'administration américaine de procéder à "un sabotage en douceur de la politique du Kremlin via les médias", d'encourager l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie, et même de soutenir "les processus de désintégration dans la Fédération russe".[9]

Début 2007, face aux projets d'installation des systèmes de défense anti-missile américains en Europe de l’Est, Poutine hausse le ton dans ses relations avec les États-Unis et l'OTAN. Son discours prononcé le 10 février 2007 devant la Conférence de Munich sur la sécurité fustige le rapprochement des troupes de l'OTAN des frontières de la Russie, ainsi qu'un monde unipolaire avec "Washington pour centre de direction", qui imposerait ses lois intérieures et sa propre vision du monde à l'ensemble de la communauté internationale.[10].

Le 4 juin, Poutine mentionne la possibilité de diriger des missiles russes vers l'Europe occidentale si le projet d'installation du système de défense anti-missile venait à être créé.[11].

[modifier] Les relations ambigües avec l' OTAN

Dans ses relations avec l'OTAN la Russie est surtout préoccupée des problèmes du déploiement en Europe d'éléments du bouclier antimissile américain (ABM), du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), de l'indépendance de la province serbe de Kosovo et de l'éventualité de l'élargissement de l'OTAN à certains États postsoviétiques (Ukraine et Géorgie, notamement).

Face aux changements de la donne géostratégique en Europe, le 12 décembre 2007, la Russie suspend l'application du Traité sur les forces conventionnelles en Europe ce qui crée un remous au sein de l'OTAN et à Washington[12].

Lors de la réunion de l'OTAN d'avril 2008 à Bucarest, alors qu'invité pour discuter de l'autorisation du transport logistique de materiel non militaire sur le sol russe, Vladimir Poutine a déclaré que l'élargissement de l'OTAN vers les ex-républiques de l'URSS constituait une menace pour la Russie. En parlant de l'Ukraine, il a notamment précisé que son éventuelle adhésion à l'OTAN ne va pas constituer une garantie pour sa démocratisation.[13]

[modifier] Asie du Sud et Extrême-Orient

Avec la Chine et l'Inde, la Russie entre dans une phase de relations sans précédent. Une déclaration conjointe signée par Pékin, New Delhi et Moscou a formulé la nécessité d'établir une stratégie globale de développement en Eurasie reposant à la fois sur la confiance et le profit mutuels, l'égalité et la coordination.

[modifier] République populaire de Chine

La République populaire de Chine et la Russie sont 2 voisins à la fois proches et très lointains. D'une part, il est permis de rêver ou de craindre une alliance décisive entre le plus vaste pays du monde, son savoir-faire et ses réserves de matières premières, d'une part; et le pays le plus peuplé, le plus dynamique de ce début du XXIe siècle. D'un autre côté, les relations entre les 2 géants sont structurellement ambigües: l'héritière de l'ancienne Rome au travers de l'Empire byzantin, le colonisateur de l'Orient, fait face à l'Empire du Milieu qui a toujours perçu les habitants du Nord et du Centre de l'Asie comme des barbares. La Russie perçoit donc la Chine à la fois comme un partenaire et un géant à surveiller. Cela explique pourquoi la première visite du Président Dimitri Medvedev à l'étranger a été réservée à la Chine, avec étape symbolique au Kazakhstan.[14]

  • Un partenaire:

La Chine et la Russie, puissances régionales, ne peuvent que discuter d'un partenariat en Asie centrale ou dans le Pacifique comme balance face à l'hyperpuissance américaine.

C'est dans le domaine du nucléaire civil que le partenariat russo-chinois semble avancer le plus vite. En novembre 2007, Atomstroïexport a signé un accord sur la fourniture de 2 réacteurs d'une puissance supérieure à 1000 MW (Centrale nucléaire de Tianwan, province de Jiangsu. Lors de la visite du nouveau Président Medvedev, un nouvel accord a été signé en vue de l'extension d'une usine chinoise d'enrichissement de l'uranium, pour un montant de 1 milliard de dollars.

  • Un géant à surveiller:

Les cœurs économiques et la Russie (L'espace Moscou - Saint-Petersbourg) d'une part, les mégapoles chinoises (Beijing, Shanghaï, le delta de la Rivière des Perles) sont en fait très éloignés. Les Russes s'inquiètent structurellement de la longueur de leur frontière démesurée entre l'Extrême-Orient russe (7 millions d'habitants à l'Est du Lac Baïkal) face aux 110 millions de Chinois vivant au Sud du fleuve Amour. Plus à l'ouest, la Mongolie apparaît comme un vaste glacis dépeuplé.

L'aire d'influence traditionnelle des Russes en Asie centrale ex-soviétique se heurte à l'influence grandissante de la puissance chinoise. La Chine y convoite les immenses ressources énergétiques vitales pour son économie, par exemple le pétrole du Kazakhstan.

La Russie peine à transformer la puissante Chine en partenaire commerciale aussi maléable que les Etats de l'Europe de l'Est. L'exportation d'hydrocarbures butte sur les exigences chinoises en matière de prix, notamment. La construction de l'oléoduc Sibérie-Pacifique est donc encore à l'état de projet. Les échanges économies restent relativement faibles bien que croissants: 40 milliards de dollars en 2007 (+40%) faisant de la Russie le 8ème partenaire commercial de la Chine. Les exportations de bois s'apparentent souvent à du pillage incontrôlable tandis que l'armement est souvent copié, ce qui freine les projets.

[modifier] Mongolie

[modifier] Myanmar ou ex-Birmanie

La Russie s'entend avec la République populaire de Chine, alliée traditionnelle du Myanmar, pour soutenir le pouvoir militaire en place. Un pouvoir démocratique nouveau serait susceptible de privilégier une nouvelle alliance avec les Etats-Unis.[15]

Le Myanmar est un client pour le système militaro-industriel russe:

  • En 2001, le Myanmar a acquis 15 chasseurs Mig-29 Fulcrum pour 150 millions de $.
  • La société AtomStroyExport a signé un accord sur la construction d'un centre de recherches nucléaires, à vocation civile.
  • En 2007, la société Rasoboronexport engagea des pourparlers en vue de la construction de systèmes de défenses aérienne équipés de missiles Tor-M1 et Bouk-M1-2 au moment où Moscou refusait de condamner la répression des manifestants en demande de démocratie.

Pour la Russie, le Myanmar est un pays potentiellement riche. 3 compagnies russes exploitent du pétrole off-shore birman, aux côtés de la firme transnationale chinoise Petrochina. Pour Moscou, sans doute s'agit-il de prendre le contrôle de ressources énergétiques stratégiques hors des limites de son territoire.

[modifier] Inde

[modifier] Organisation de coopération de Shanghai

L'Organisation de coopération de Shanghai, dont l'Inde est devenu membre observateur, s'inscrit dans cette nouvelle alliance eurasiatique. Ce triangle Russie-Chine- Inde se transforme en une structure de plus en plus solide. En effet, des exercices militaires conjoints avec la Chine (Mission de Paix 2005) ont remporté un vif succès et New Delhi a déjà fait savoir qu'elle serait intéressée à participer à des exercices similaires. Le maintien de la stabilité en Asie centrale et la sécurité des voies maritimes de transport d’hydrocarbures semblent être les objectifs les plus primordiaux de ce rapprochement eurasiatique. Un autre point de convergence des intérêts des trois pays est la lutte contre le terrorisme international. Le Caucase pour la Russie, le Cachemire pour l'Inde et le Xinjiang pour la Chine sont des régions abritant une mouvance islamique extrémiste et fondamentaliste. Plus globalement, ces relations triangulaires interétatiques, en permettant d'établir un partenariat militaire, unissent ces trois états dans leur volonté de mettre un terme à la stratégie américaine du monde unipolaire en créant une véritable force régionale. Le développement économique rapide de l'Inde et par conséquent ses besoins croissants en énergie ont permis à Moscou de conclure des accords pesant plusieurs milliards de dollars, ce qui a fait de la Russie l'un des plus importants partenaires de l'Inde non seulement dans le secteur énergétique mais aussi en matière de défense et de recherche spatiale. Il est de plus en plus évident que la Russie tente d'attirer ce pays géant dans la sphère de ses intérêts géopolitiques et économiques, rapprochant le moment de l'adhésion indienne à l'Organisation de Coopération de Shanghaï.

[modifier] Proche et Moyen-Orient

Dans cette région, la Russie est divisée entre les forces internes prônant un rapprochement avec les pays du Moyen-Orient et son engagement extérieur en Occident. Suite à l'effondrement de l'empire soviétique, la Russie s'est éclipsée de cette région pour des raisons internes de reconstruction nationale, laissant le terrain libre aux ambitions américaines. Toutefois, ces dernières années, le rôle plus sérieux que se donne la Russie sur la scène internationale lui a permis de se porter garant en tant que médiateur de choix dans la région. Au Proche-Orient, la Russie a toujours cherché à équilibrer ses relations arabes avec celles israéliennes. La réception d'une délégation du Hamas démarque une Russie avide de retrouver sa respectabilité internationale après l'humiliation de l'effondrement du régime soviétique et des révolutions démocratiques survenues dans son ancienne sphère d'influence. Même si elles peuvent froisser son partenaire israélien, les fournitures éventuelles de systèmes russes de défense anti-aériens à la Syrie s'inscrivent dans la vision géopolitique réaliste de Moscou. Toutefois, les projets bilatéraux prometteurs avec Israël dans l’énergie, l’informatique et les télécommunications se heurtent à la concurrence des États-Unis. Au Moyen-Orient, le rôle de médiation de la Russie sur la question du nucléaire iranien est incontestable. Les relations bilatérales entre les deux états sont vitales pour la Russie en terme économique et militaire. Moscou prône la négociation avec Téhéran, contrairement à la position plus « musclée » de Washington et de certains pays européens, favorables aux sanctions sévères, position jugée par la Russie trop isolationniste et contre-productive vis-à-vis de l'Iran. Divisant la communauté internationale, ce dossier se présente toutefois comme une véritable source potentielle de conflit : la position géopolitique russe peut permettre de débloquer la situation entre l'Iran et Israël, en empêchant une confrontation, mais cette perspective dépendra à la fois de la position des dirigeants israéliens et du pragmatisme des dirigeants iraniens, actuellement sur la voie de confrontation et de provocation.

[modifier] Syrie

La Russie envisage la Syrie comme un pivot essentiel en Méditerranée. Depuis l'été 2007, le commandant en chef de la marine, l'amiral Vladimir Massorine, réfléchit au rétablissement d'une présence navale permanente en Méditerranée, mer... de la plus haute importance stratégique(Septembre 2007), et ceci correspond aux déclarations du Président Poutine à propos des régions où la puissance navale et le drapeau russe doivent être vus(2005).

Le projet repose pour commencer sur le prélèvement de bâtiments dans la flotte de la Baltique, qui viendraient compléter l'effectif symbolique entretenu depuis une dizaine d'années dans le port de Tartous (où les Russes effectuent des travaux en 2006) mais aussi à Lattaquié. Les Israéliens estiment que l'escadre serait constituée autour du croiseur lance missiles Moskva, et craignent que les bases russes deviennent des sites de défense aérienne puissante et des centres de renseignement électronique.

Moscou a déjà fourni à Damas des chasseurs MiG 31E de grande qualité; la Syrie aurait aussi obtenu l'effacement de 70% de sa dette. Mais toute la question, finalement, repose sur la capacité russe de renouveler des unités navales vieillissantes avant d'envisager un vraie projection des forces.[16]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Référence

  1. Que reste-t-il de l'armée rouge ?, L'Express, 06/03/08, p. 50.
  2. Que reste-t-il de l'Armée rouge ?, L'Express, 06/03/08, p. 50.
  3. http://fr.rian.ru/analysis/20070503/64831963.html Article du journal Izvestia paru le 3 mai 2007.
  4. Saakashvili Says Russia Is Overreacting, 2 octobre 2006, Radio Free Europe - Radio Liberty
  5. http://www.lefigaro.fr/international/20060930.WWW000000050_la_tension_monte_entre_moscou_et_tbilissi.html Le Figaro le 30 septembre 2006
  6. Les Dépêches - Le Monde.fr
  7. (fr)l'Express - Kaliningrad encerclé par l'Union
  8. Texte intégral de la résolution 1244 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU le 10 juin 1999.
  9. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-819376@51-818028,0.html Le Monde, le 03.10.06
  10. (fr) La Conférence de Munich sur la politique de sécurité, l'antipode des Accords de Munich. RIA Novosti, le 13/02/2007
  11. (en) Putin's missile threat was "hypothetical": Kremlin, Reuters, 6 juin
  12. [1]Le moratoire russe sur la participation au Traité FCE est entré en vigueur. Dépêche de RIA Novosti. Le 12/12/2007
  13. (en) [2]
  14. Medvedev en Chine pour sa première sortie - Les deux puissances amies affichent leur ccopération, sur fond de rivalités stratégiques, Jean-Jacques Mével et Fabrice Nodé-Langlois, Le Figaro, 24/05/08, p 8
  15. Pourquoi Moscou soutient la junte, Asia Times Online, cité par Courrier International, n°886, 25/10/08, p 32
  16. Vers un retour de l'Eskadra en Méditerranée, Arnaud de la Grange, Le Figaro, 15/09/07, p 2