Finnegans Wake

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Le buste de James Joyce à St. Stephen's Green (Dublin)
Le buste de James Joyce à St. Stephen's Green (Dublin)

Finnegans Wake (Work in Progress, 1923-1938 ; Finnegans Wake, 1939), est une œuvre littéraire de James Joyce, publié en 1939 à Londres chez Faber & Faber.

Réputé "illisible" et "intraduisible", Finnegans Wake est considéré comme un monument de la littérature du XXe siècle. On dit ce livre "traduit de l'anglais", mais il mêle en fait plusieurs langues, au point que certains spécialistes prétendent qu'il n'y a pas de langue de départ.

Sommaire

[modifier] Écriture

Après avoir terminé Ulysse, Joyce pensa qu'il avait achevé l'œuvre de sa vie, mais bientôt il se remit au travail pour une œuvre plus ambitieuse encore. Le 10 mars 1923 il commença un texte qu'il nomma d'abord Work in progress (Travail en cours) et plus tard Finnegans Wake. En 1926, il avait complété les deux premières parties.

Cette année-là, il rencontra Eugene et Maria Jolas qui proposèrent de publier le livre en feuilleton dans leur magazine Transition. Les années suivantes, Joyce travailla rapidement sur ce nouveau livre, mais dans les années 1930, il progressa plus lentement. Cela était dû à plusieurs facteurs, dont la mort de son père en 1931, la santé mentale de sa fille Lucia Joyce et ses propres problèmes de santé, dont une vue qui déclinait. La majeure partie fut terminée avec l'assistance de jeunes admirateurs, parmi lesquels Samuel Beckett.

Pendant plusieurs années, Joyce nourrit le projet excentrique de demander à James Stephens de terminer, pour la simple raison que Stephens était né dans le même hôpital que lui exactement une semaine plus tard, et qu'il partageait à la fois le même prénom que lui et que son personnage de fiction (cela est un exemple des nombreuses superstitions de Joyce).

Les réactions aux premiers passages qui furent publiées dans la revue Transition furent mitigées : certaines réactions négatives émanaient d'anciens admirateurs de son travail comme Ezra Pound, ou de son frère Stanislaus Joyce. Pour contrecarrer ces critiques hostiles, un livre d'essais d'auteurs favorables à cette nouvelle œuvre comme Beckett, William Carlos Williams et d'autres fut publié en 1929 sous le titre Our Examination Round His Factification for Incamination of Work in Progress.

Lors de son 47e anniversaire chez les Jolas, Joyce annonça le titre final de son livre et Finnegans Wake fut publié sous la forme d'un livre le 4 mai 1939, près de 17 ans après avoir été commencé et deux ans avant la mort de Joyce.

[modifier] Éléments d'analyse

La vision de l'Histoire proposée dans ce texte est très fortement influencée par Giambattista Vico (1668-1744) et la métaphysique de Giordano Bruno est importante pour les interactions entre les personnages. Vico a proposé une théorie cyclique de l'Histoire, dans laquelle les civilisations naissent du chaos, passent par des phases théocratiques, aristocratiques puis démocratiques et retournent ensuite au chaos. Les exemples les plus évidents de l'influence de cette théorie de Vico peuvent être retrouvés dans les phrases du début et de la fin du livre. En d'autres termes, la première phrase commence sur la dernière page et la dernière phrase commence sur la première page, faisant du livre un cycle. En fait, Joyce a dit que le lecteur idéal du livre serait celui qui, souffrant d'une insomnie idéale, terminerait le livre, pour aussitôt retourner à la première page et entamer ainsi un cycle de lecture sans fin.

[modifier] Traduction

La traduction française de Philippe Lavergne a été publiée en 1982 chez Gallimard. Philippe Lavergne, ingénieur informaticien, avait alors 47 ans et venait de passer près de vingt ans à traduire le livre. Il déclarait avoir découvert ce livre à 17 ans et l'avoir «dévoré... comme un roman policier » (entretien au journal Le Monde du 3 décembre 1982).

Son conseil est de commencer par le chapitre 5, puis le 9 où « Joyce raconte comment il eut pour la première fois l'idée d'écrire Finnegans ». Lavergne cite la phrase de Roland Barthes : « L'écriture n'est nullement un instrument de communication... elle paraît toujours symbolique, introversée, tournée ostensiblement du côté d'un versant secret du langage. »

[modifier] Anecdotes

La traduction de Finnegans Wake par Philippe Lavergne est dédiée aux animateurs de la Radio Carbone 14. Il faut, à la fois, avoir entendu certaines nuits de Carbone 14, et avoir lu le livre, pour apprécier cette dédicace.

La phrase "Three quarks for Muster Mark" de Finnegans Wake est à l'origine de la dénomination des quarks en physique nucléaire. Cette phrase est chantée par un chœur d'oiseaux de mer et signifie probablement « trois acclamations (ou « trois railleries » d'après les notes de Joyce) pour Monsieur Mark ».


[modifier] Lien externe