Fin de l'histoire

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La fin de l'histoire est un concept, ou une idée, qui apparaît d'abord dans La Phénoménologie de l'esprit de Hegel. Elle a par la suite été réinterprétée, au XXe siècle, d'abord par Alexandre Kojève, et remise au goût du jour après la chute du mur de Berlin par Francis Fukuyama, comme terme final de l'histoire. Si cette interprétation a été fortement contestée suite aux événements des années 1990, entre autres par Jacques Derrida dans Spectres de Marx, des interprétations contemporaines de Hegel distinguent clairement l'utilisation, par ce dernier, de ce terme, de l'usage qu'en ont fait Kojève et Fukuyama. Dans cette perspective, la « fin de l'histoire » serait, chez Hegel, présente à chaque instant dans le processus historique, processus qui ne connaît pas lui-même de terme final. Les interprétations au sujet du sens de ce terme divergent donc très fortement, et le débat est loin d'être tranché.

Sommaire

[modifier] Origines

L'hypothèse de la fin de l'histoire a été avancée au milieu du XXe siècle par le philosophe français d'origine russe Alexandre Kojève. Élaborée au fil d'une correspondance avec Georges Bataille, cette hypothèse trouve chez lui une forme originale au regard de celles qu'elle a connues par la suite. Alexandre Kojève soutient en effet que l'histoire est d'ores et déjà finie.

Selon lui, le défilé des troupes de Napoléon Ier sous les fenêtres de Georg Wilhelm Friedrich Hegel au terme de la bataille d'Iéna constitue le terme de l'histoire. En effet, cet événement singulier est le fait d'un double aboutissement. D'une part, il conduit au triomphe d'un nouvel ordre militaire et juridique en Europe : chaque avancée de la Grande Armée conduit à l'extension de la codification du droit et débouche sur la rationalisation de celui-ci. D'autre part, l'événement permet de faire comprendre à Hegel que l'histoire permet la réalisation de la raison philosophique. Droit et philosophie s'achèvent donc pleinement en 1806.

Pour Alexandre Kojève, les événements postérieurs à cette date ne constituent que l'extension de la fin de l'histoire au reste du monde, hors de l'Europe. Les guerres mondiales participent à cette lente diffusion de la raison.

[modifier] Développements récents

L'hypothèse de la fin de l'histoire a été relancée par Francis Fukuyama peu avant la chute du mur de Berlin [1]. Considérant la fin des dictatures dans la péninsule Ibérique (Salazar, Franquisme), en Grèce (dictature des colonels) ou en Amérique latine (juntes) puis le début de l'éclatement de l'Union soviétique dans les années 1970 et 1980, ce chercheur conclut que la démocratie et le libéralisme n'auront désormais plus d'entraves et que la guerre devient de plus en plus impossible.

Cette théorie qui précède de peu celle du choc des civilisations de Samuel Huntington sera très débattue dans les années 1990, ses critiques estimant que la Guerre du Golfe ou au Kosovo sont autant de contre-arguments puissants qui prouvent son caractère erroné. Ils estiment notamment que la théorie de la fin des idéologies qui nourrit celle de la fin de l'histoire est elle-même on ne peut plus idéologique.

[modifier] Hypothèses

La fin de l'histoire présuppose épistémologiquement un critère d'arrêt et présuppose l'histoire comme n'étant pas cyclique, ni gouvernée par l'éternel retour. Il y a selon cette thèse, une évolution de l'histoire qui aura un terme, et qui débouchera sur une période stable sans évolutions majeures. Il y aurait un sens à l'histoire, une fin. La compréhension d'une telle thèse passe nécessairement par la mise en lumière de ses hypothèses.

En philosophie, l'influence de Hegel et de sa vision de l'histoire comme le développement de l'Esprit est indéniable. Elle sera reprise par le marxisme, qui parle plutôt de l'histoire comme du lieu de déroulement de la lutte des classes, qui doit déboucher sur la société sans classe. En fait, pour Karl Marx, la véritable histoire commmence avec la fin de la lutte des classes, les hommes étant alors pleinement maîtres de leur destinée (s'il y a une fin, c'est la fin d'une préhistoire).

Il est possible de trouver une dimension messianique dans la thèse de la fin de l'histoire, en effet c'est dans la Bible qu'apparaît pour la première fois[réf. nécessaire] l'idée d'une fin de l'histoire, avec les temps messianiques.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. lire La Fin de l'histoire et le Dernier Homme.

[modifier] Liens internes

  • Influence de Hegel sur le sens de l'Histoire ; ses concepts furent contestés par Merleau-Ponty.
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