Fellation

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La fellation (du latin felatio) est une pratique sexuelle qui consiste à stimuler le pénis du partenaire avec la bouche, les lèvres et la langue. La fellation peut être employée comme préliminaire sexuel ou pour conduire l'homme à l'orgasme. Cette pratique est également désignée par un grand nombre de termes familiers.

On désigne par irrumation l'introduction du pénis dans la bouche d'une autre personne pour en recevoir une stimulation sexuelle. Cette contrepartie de la fellation s'en distingue généralement par l'ajout de mouvement coïtaux et d'autres actions de la part du partenaire inserteur.

Certains voient la fellation comme l'équivalent masculin du cunnilingus.

Sommaire

[modifier] Pratique de la fellation

La fellation vise la stimulation du pénis à l'aide de la langue, des lèvres et de la bouche du partenaire. Les sensations de la fellation peuvent être amplifiées en masturbant la verge en même temps, ainsi qu'en stimulant les testicules et l'anus.


La fellation peut aboutir à une éjaculation, notamment dans la bouche ou sur une partie du corps de la fellatrice ou du fellateur. Certains hommes préfèrent jouir dans la bouche de leur partenaire ; cependant, si le fait d'éjaculer dans la bouche ou sur une partie du corps n'est pas un plaisir partagé d'un commun accord par les deux partenaires, cela peut être considéré comme une pratique humiliante. Dans le même sens, l'homme devra s'assurer avant de se laisser aller à l'éjaculation, que la fellatrice ou le fellateur a une certaine expérience de cette réaction ou du moins s'attend à ce qui va se passer. Des réactions de dégoût, sous la surprise, peuvent avoir lieu dans le cas contraire, et gâcher une première expérience. De même, pratique répandue dans les films pornographiques, l'homme peut éjaculer sur le visage du partenaire. Là aussi, il convient que cela se fasse en accord avec lui ou elle.


La fellation est largement répandue dans la plupart des cultures. Dans les pays industrialisés, des préservatifs spécialement parfumés pour cette pratique (fraise, vanille, réglisse principalement) sont disponibles dans de nombreux points de vente.

[modifier] Fellation et MST

Bien que la fellation ne puisse pas causer de grossesse, la possibilité de transmission des maladies sexuellement transmissibles entre les deux partenaires est envisageable, même si l'absence de certitudes scientifiques sur le sujet est à relever. De nombreuses MST sont concernées : le VIH-SIDA mais aussi la syphilis, l'herpès, les chlamydiae, les gonorrhées, et plusieurs types d'hépatites, cette liste n'étant pas exhaustive.

Lors d'une fellation, ce risque peut apparaître s'il y a des lésions aux lèvres et à l'intérieur de la bouche du partenaire. Une bonne hygiène bucco-dentaire est donc recommandée, mais se laver les dents peu de temps avant la fellation peut faire saigner les gencives, et avoir un effet contraire à celui recherché. On suspecte aussi une possibilité de transmission du SIDA en cas d'éjaculation dans les yeux du partenaire.

Le préservatif permet d'éviter le contact entre la personne qui effectue la fellation et les fluides sexuels de l'homme. Afin de cacher le goût du latex, de nombreux fabricants proposent des préservatifs parfumés. Cependant, le conseil d'utilisation du préservatif est ici moins suivi que pour les rapports sexuels génitaux, en raison tant de l'absence de campagnes de prévention axées sur ce point - même si cela commence à changer - que d'une plus grande modification des sensations physiques par la présence du préservatif dans le cas de la fellation, par rapport aux rapports génitaux ou anaux.

Les risques liés à la fellation semblent peu pris en considération par la population. Ainsi, un sondage mené par le site Internet Doctissimo[1] indique qu'un tiers des visiteurs estiment que la fellation n'est pas une pratique à risque. Il faut noter que peu d'études existent sur le sujet, compte tenu de la difficulté d'établir avec certitude qu'une maladie s'est transmise par sexe oral et non par une autre pratique. Certaines études[2],[3] établissent un risque plus élevé de développer un cancer (de l'oropharynx, en particulier) chez les personnes ayant des relations bucco-génitales avec des partenaires différents.

[modifier] Histoire

On trouve des fresques de scènes de fellations à Pompéi ainsi que sur des bas-reliefs hindous et aussi dans les papyrus de l'Égypte antique. Les Romains pratiquaient l'irrumation, l'homme devant être actif (la passivité dans l'acte sexuel était assimilée à une perte de la virilité).


Dans la Bible, le passage suivant du Livre des Proverbes pourrait décrire la pratique de la fellation chez la femme adultère :

«  Il y a trois choses qui sont au-dessus de ma portée,
Même quatre que je ne puis comprendre :
La trace de l'aigle dans les cieux,
La trace du serpent sur le rocher,
La trace du navire au milieu de la mer,
Et la trace de l'homme chez la jeune femme.
Telle est la voie de la femme adultère :
Elle mange, et s'essuie la bouche,
Puis elle dit : Je n'ai point fait de mal.  »
    — Pr 30:18-20

À en croire Voltaire dans la Relation de la maladie, de la confession, de la mort et de l'apparition du jésuite Berthier, le célèbre jésuite Sánchez se serait demandé : «Semen ubi femina effudit, an teneatur alter effundere, sive inter uxores, sive inter fornicantes ? », question que Roger Peyrefitte traduisait par : « Si l'on peut commencer dans les vases illégitimes » ; à quoi l'illustre théologien aurait répondu : « Utrum liceat intra vas praeposterum, aut in os feminae, membrum intromittere, animo consummandi intra vas legitimum », c'est-à-dire qu'il autorisait ces préludes « à condition de finir dans le vase légitime ».[4]

[modifier] Irrumation

L'irrumation est une fellation active de la part de l'homme qui reçoit la fellation : la personne n'est plus passive mais effectue un mouvement de va-et-vient avec son sexe dans la bouche de sa/son partenaire ; la pénétration du sexe est en général plus profonde, à la manière d'une gorge profonde.

Une partie du plaisir tiré de cette pratique par l'homme effectuant la pénétration peut provenir du sentiment de maîtrise et de contrôle sur son partenaire, voire de domination. Inversement, le ou la partenaire peut prendre plaisir à se soumettre à l'irrumation. Néanmoins cette pratique peut être difficilement supportable de la part de la personne qui reçoit le sexe : elle peut provoquer un réflexe de vomissement et peut entraîner des étouffements passagers ou des douleurs dans le fond de la gorge.

La personne qui se fait caresser immobilise généralement la tête du partenaire, peut saisir les cheveux et effectuer son coït dans la bouche et la gorge de l'autre personne avec un rythme plus ou moins soutenu. D'autres positions sont possibles pour maintenir la tête de son partenaire, comme l'allonger sur le dos.

Les scènes d'irrumation sont courantes dans le cinéma pornographique ; le sentiment de domination que cette pratique transmet au spectateur (généralement masculin) est parfois renforcé par d'autres pratiques sexuelles perverses ou violentes, assez peu répandues en-dehors du milieu pornographique:

  • Gestes brutaux (gifles) ou méprisants (crachats au visage, insultes) ;
  • Imposition du rythme de l'irrumation en pinçant le nez de sa/son partenaire ;
  • Le sourire de banane (en anglais banana smile), qui consiste à recouvrir la denture du ou de la partenaire avec son pénis tout en forçant la joue avec le gland (ce qui forme une bosse), obligeant ainsi le ou la partenaire à émettre un grand sourire ;
  • Les claques de verges, qui consiste à donner une rafale de coups de pénis sur le visage ou la langue (alors pendue) du ou de la partenaire[réf. nécessaire].

[modifier] Terminologie

Les termes « actif » et « passif », lorsqu'ils sont employés pour désigner le rôle de chacun des deux partenaires impliqués dans une irrumation, pouvant être ambigus, il est parfois conseillé de parler plutôt des partenaires « insertif » et « réceptif »[5].

[modifier] Auto-fellation

Icône de détail Article détaillé : auto-fellation.

L'auto-fellation consiste, pour les hommes très souples, à se contorsionner pour pratiquer une fellation sur leur propre sexe.

[modifier] Autres désignations

La fellation est aussi connue sous les noms plus ou moins familiers ou vulgaires suivants : baiser au grand chauve, pipe, pipou, bouffarde, pompier, plume, turlutte[6], flûte, flûte enchantée, descendre au barbu, remonter la grande échelle du chef de la police, fournir le dentifrice...

Ses prosélytes ont forgé le faux proverbe : la fonction fait l'orgasme et la bouche fait l'action.

[modifier] Est-ce un rapport sexuel ?

Un sondage montre que chez les adolescents américains, environ 40% estiment que l'on n'est plus vierge après un acte de sexe oral[7]. Les autres emploient le concept de virginité « technique », qui ne retient comme perte de virginité que les actes sexuels susceptibles de briser l'hymen. Dans le cadre des métaphores du baseball décrivant le sexe, on dit que la fellation se situe à la « troisième base » (contact intime) et n'est pas un « home run » (rapport sexuel). De même, lors de l'affaire Monica Lewinsky, Bill Clinton nia avoir eu un rapport sexuel avec la stagiaire. Accusé de parjure après les révélations, il argumenta qu'il n'estimait pas que recevoir une fellation constituait un rapport sexuel. En fait, avec la définition d'un rapport sexuel qui fut arrêtée pour juger l'affaire, cette interprétation n'est pas fausse, quoique difficile à défendre: en définissant le rapport sexuel comme toucher les parties intimes d'une personne pour lui procurer du plaisir, on peut conclure que la fellation ne constitue un acte sexuel que pour celui qui la donne[8].

[modifier] La fellation en droit pénal

[modifier] En France

[modifier] État actuel de la jurisprudence

«  l'élément matériel du crime de viol n'est caractérisé que si l'auteur réalise l'acte de pénétration sexuelle sur la personne de la victime  » 
Crim. 22 août 2001, pourvoi n° 01-84024

(rejetant l'argument de la partie civile selon lequel « la fellation abusivement pratiquée sur l'organe génital de la victime constitue un viol »)

La fellation pratiquée sur l'organe génital de la victime peut recevoir une autre qualification, comme celle d'agression sexuelle.

[modifier] État ancien de la jurisprudence

« tout acte de fellation constitue un viol au sens des articles précités, dès lors qu'il est imposé par violence, contrainte, menace ou surprise, à celui qui le subit ou à celui qui le pratique  » 
Crim. 16 décembre 1997, pourvoi n° 97-85455

[modifier] États-Unis

Dans l'affaire dite Wilson v. State of Georgia, un adolescent a été condamné pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure. Lui-même avait 17 ans, sa partenaire 15, la majorité sexuelle étant fixée à 16 ans dans cet état. D'une manière assez paradoxale au vu du statut de la fellation comme « moins » qu'un rapport sexuel, le jeune homme a été condamné à 10 ans de prison parce que le fait qu'il ait reçu une fellation a été retenu comme circonstance aggravante, alors qu'il était admis qu'un rapport avec pénétration n'aurait valu qu'un an de prison[9].

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • « La pipe est-elle déculottée ? », in Libération, n° 7523, 18 juillet 2005.
  • Thierry Leguay, Histoire raisonnée de la fellation, GECEP/Le Cercle, 1999 ISBN
  • Franck Evrard, De la Fellation dans la littérature, Paris, Le Castor astral, 2000.
  • Note sous Cass. crim., 22 août 2001, 01-84024, Gazette du Palais, 30 juillet 2002 n° 211, P. 33s

[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes et références

  1. (fr)http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2001/mag0720/sa_4307_fellation.htm Doctissimo
  2. (en)http://content.nejm.org/cgi/content/full/356/19/1944 Étude du lien entre les relations sexuelles orales et le cancer de l'oropharynx
  3. (en) Voir par exemple: Article de NewScientist.com et article de BBC News
  4. in Les Clés de saint Pierre. C'est l'un des graves problèmes sur lesquels, à en croire l'auteur, on faisait plancher les jeunes séminaristes pour les préparer à leur futur métier de confesseurs.
  5. « Homosexual men and women », Robin Bell, British Medical Journal, 13 février 1999, No. 7181, Vol. 318; Pg. 452
  6. Ne pas confondre avec le chant québecois, la turlutte.
  7. USATODAY.com - 'Technical virginity' becomes part of teens' equation
  8. Perjury about sexual relations from the Paula Jones deposition
  9. Georgia Man Fights Conviction as Molester - New York Times