Exposition universelle de Paris de 1889

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Photo aérienne de l'exposition
Photo aérienne de l'exposition

L'Exposition universelle de Paris de 1889 est la dixième exposition universelle organisée. Elle eut lieu du 6 mai au 31 octobre 1889. Son thème était la Révolution française, cent ans après celle ci. C'est pour cette exposition que la Tour Eiffel a été construite.

Sommaire

[modifier] Lieux

L'Exposition Universelle de 1889 était répartie sur 50 hectares dans Paris : le Champ de Mars et le palais du Trocadéro accueillaient l'art et l'industrie, tandis que l'esplanade des Invalides était dédiée aux expositions des colonies françaises et du ministère de la guerre.

C'est un proche collaborateur du baron Haussmann qui organisa l'exposition : Jean-Charles Alphand, qui était ingénieur à la ville de Paris, en charge du service des promenades et plantations.

[modifier] Les Attractions phare de l’Exposition

  • Un village nègre de 400 indigènes constituait la principale attraction de l'exposition.
  • Une reconstruction de la Bastille et son voisinage environnant, avec une cour intérieure couverte d'un plafond bleu décoré de fleur de lys, ainsi qu’une partie de la Seine et l'esplanade des Invalides.
  • Le spectacle Wild West Show de Buffalo Bill rencontra un succès énorme, puis il fut rejoint par la tireuse Annie Oakley.
  • Le plus beau des pavillons: la Galerie des Machines. Elle fut l'oeuvre de l'architecte Charles-Louis Ferdinand Dutert. Sa nef principale avait 110 m de large par 420 m de long, et elle fut la plus importante structure de fer d' Europe, jusqu' à sa démolition en 1909. L'écrivain Huysmans, ravi par sa beauté, la compara à une cathédrale du XIXe siècle. Les pavillons de l'art et de l'industrie mettaient également en évidence l'émergence de l'école de Nancy et l'arrivée de l'Art nouveau en France. C’est l'illustration même de la révolution industrielle en marche.


  • Le grand Dôme Central fut construit par Joseph Bouvard. Durant l'exposition, le grand Dôme fut le premier bâtiment à utiliser l'électricité à grand échelle ; la fontaine devant avait un jeu de lumières électriques qui changeait de couleur au son de la musique sonnée par une bande militaire. De plus, il y avait l'opportunité d'écouter par Théâtrophone, des morceaux d'opéra transmises depuis le palais Garnier. Cette prouesse technique fut l’œuvre de M.Vigreux.
  • Également présent lors de l’Exposition, le chemin de fer Decauville. Il fut l’une des attractions préférées de l‘Exposition. Le parcours du chemin de fer circulait entre le Champ de Mars et les Invalides sur une distance de 3 km, traversant deux tunnels : celui de la tour Eiffel et celui de l‘Alma. Cette ligne provisoire transporta 6 342 446 voyageurs payants. Ce chemin de fer a été inauguré le 4 mai 1889. Par la suite, le ministère des transports autorisa l'utilisation de chemins de fer à voie étroite pour le transport des personnes sans les dérogations auparavant obligatoires.
  • Certains pavillons furent imaginés par de grands architecte tels que le Pavillon de l'Argentine construit par l'architecte Albert Ballu, qui construisit aussi le pavillon Elysées. Les Palais de Beaux Arts et des Arts Libéraux, a été dessiné par Jean-Camille Formigé, et le Palais de l'Industrie imaginé par Max Berthelin.

[modifier] La Tour Eiffel

La tour en construction
La tour en construction

La Tour Eiffel est ce qu'il reste de plus visible de cette exposition. La tour, haute de 318 mètres, était la réponse d'Eiffel au concours organisé par le ministère de l'industrie et du commerce pour célébrer le centenaire de la révolution française et les progrès des sciences et techniques effectués en France depuis 1789 (voir Liste des soixante-douze noms de savants inscrits sur la tour Eiffel).

La tour Eiffel est inaugurée le 31 mars 1889. Puis elle fut dévoilée en avant-première après deux ans de travaux, lors d'une cérémonie en présence du premier ministre Pierre Tirard. Son ascension est ouverte au public à partir du 15 mai suivant. Jusqu'à la clôture de l'Exposition universelle, le 6 novembre, la Tour Eiffel accueille deux millions de visiteurs. C'est un immense succès, à la mesure des controverses suscitées pendant les mois qui ont précédé le projet, car elle fut vivement critiquée, des artistes signant un article « contre l'érection en plein cœur de notre capitale de l'inutile et monstrueuse tour…». La construction ne devait être que provisoire et ne dut son salut qu'à l'action de son créateur, Gustave Eiffel, qui obtint une concession d'exploitation.

[modifier] Progrès Techniques

L’Exposition Universelle de 1889 hérite des derniers progrès en matière d’industrie, ainsi que des formes architecturales, et des progrès de la technique en lien avec révolution industrielle du XIXe siècle.

Le verre plat va permettre la construction de nouveaux programmes, tels que des gares, des halles, des grands magasins, des palais d’exposition, ou encore des serres. L’architecture métallique peut se déployer notamment grâce à des surfaces vitrées de plus en plus vastes. L’évocation de ce thème permet un développement passionnant sur divers projets. Certains sont utopiques, tels ceux d’Hector Horeau (Projet de couverture des vieux boulevards, 1865-1868), et de Joseph Paxton et Owen Jones (Projet de Palais de Cristal à Saint-Cloud, 1860). D’autres furent réalisés, notamment pour les Expositions universelles : le Palais de l’Industrie de Viel et Barrault en 1855 et surtout la Galerie des Machines de Dutert et Contamin en 1889, que Huysmans décrit comme « une exorbitante ogive qui rejoint sous le ciel infini des vitres ses prestigieuses pointes ». et dont Saint Gobain fournit les 35 000 m² de surface vitrée.

Mais c’est aussi cette Exposition de Paris, qui offre le dernier exemple de Galerie des Machines. Des gigantesque plates-formes coulissantes, plus vastes encore que celles de 1878. Elles peuvent supporter jusqu’à cent cinquante personnes et être utilisées aussi pour des besoins de manutention. Le panorama s’étend sur une vaste exposition; qui revêt désormais un caractère plus rétrospectif que tourné vers le futur. L’exposition, en fait, ne présente pas de modification significative par rapport à la précédente exposition parisienne.

Nombreuses sont les machines à vapeur, horizontales ou verticales, parmi lesquelles figure celle de J. Farcot, déjà primée en 1878, et qui le sera en 1889 puis en 1900 ; on accorde un soin particulier aux chaudières, aux améliorations intéressantes de la vitesse des pistons, aux engrenages et aux poulies d’A. Piat, aux chaudières à vapeur brevetées en 1867 par les Américains G.H. Babcox et S. Wilcox, au progrès, depuis 1878, des moteurs à gaz, aux puissantes grues hydrauliques et à vapeur déjà employées pour construire la Tour Eiffel et la Galerie des Machines elles-mêmes.

Sur les mesures de sécurités et de prévention contre l’explosion des chaudières sujet déjà abordé lors de l’Exposition industrielle allemande de Berlin en 1882, l’association des propriétaires de machines à vapeur organise, à l’occasion de l’Exposition de 1889, le Congrès international des accidents du travail. Ce congrès est capital, car il reconnaît que tous les contrôles et formes de prévention incombent totalement aux propriétaires. Il ressort de ce congrès que les accidents, en France, sont en nette diminution grâce aux avis d’ingénieurs spécialisés et d’inspecteurs chargés de la surveillance des appareils (sur le modèle anglais de la Manchester Steam Users Association créée en 1855 et de la Boiter Insurance and Steam Power Company, qui a vu le jour en 1859).

Dans l’industrie du textile, l’Exposition montre une grande spécialisation des machines : la production française est dominante (en partie grâce à la faible présence de l’Angleterre) avec l’exposition collective de soies organisée par les chambres de commerces de Lyon et de Saint-Étienne, où 200 000 ouvriers traitent presque un quart de la production mondiale, des produits de luxe à ceux de grande consommation, y compris les tissus en soie artificielle. Les tissus Lyonnais se signalent par l’originalité de leurs dessins et la richesse de leurs couleurs, obtenus grâce aux laboratoires chimiques spécialisés et aux laboratoires d’étude de la soie, grâce aussi à des écoles et des instituts professionnels spécialisés.

Ainsi cette Exposition de 1889 cherche à illustrer, le plus richement possible, l’histoire du progrès technologiques : les machines font l’objet de réflexions historiques, de recherches sur la sécurité et les conséquences sociales de l’industrialisation. Mais l’innovation sur laquelle repose l’Exposition semble être une valeur à la fois plus diffuse et plus ambiguë, un critère de valeur sociale et de jugement qui permet de mesurer la modernisation.

[modifier] Anecdotes

  • À l’occasion de l’Exposition, Eugène Mercier décida de faire connaître son champagne en présentant un foudre de champagne gigantesque. Le 7 juillet 1885, la Maison Mercier inscrit sur son livre d'inventaire: un fût de 200 000 bouteilles, jaugé par la Régie pour 1 600 hectolitres, pesant 20 000 kilos et contenant 800 pièces d'assemblage. Après un voyage rocambolesque d’Epernay à Paris, le foudre Mercier est présenté dans le hall de l’exposition universelle de 1889, juché sur 7 pyramides de bouteilles.
  • Heineken reçut le Grand Prix lors de cette exposition de 1889

[modifier] Statistiques

  • Surface : plus de 50 hectares
  • Dépenses : 41,5 millions de Francs
  • Recettes : 49,5 millions de Francs
  • Visiteurs : 32.3 millions
  • Exposants : plus de 60 000 dont 55 % de Français

[modifier] Références

  • Grand Dictionnaire Universel du XIXe, Larousse
  • LINDA AIMONE, CARLO OLMO, Les Expositions Universelles 1851-1900, Belin
  • JEAN LORRAIN, Mes Expositions Universelles (1889-1900), Honoré Champion Paris
  • Le Temps, 14 février 1887

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens internes