Ethnocentrisme

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L’ethnocentrisme est un concept ethnologique qui est apparu, en même temps que le mot, au milieu du XXe siècle. Il signifie la « tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient »[1]. Une autre définition restreint l'ethnocentrisme à un « Comportement social et [une] attitude inconsciemment motivée »[2] qui amènent en particulier à « surestimer le groupe racial, géographique ou national auquel on appartient, aboutissant parfois à des préjugés en ce qui concerne les autres peuples »[2]. L'ethnocentrisme peut se trouver aggravé par la pensée raciale, c'est-à-dire la croyance selon laquelle les peuples, faits culturels et historiques, seraient de soi-disant « races », concept naturel-biologique qui a malencontreusement migré de la zoologie aux affaires humaines vers la fin du XVIIIe siècle.

Sommaire

[modifier] Dans le domaine des sciences humaines

[modifier] L'ethnocentrisme : trait universel de l'humanité ?

L'anthropologie a constaté à maintes reprises dans les sociétés et civilisations premières que la notion d'humanité est presque toujours restreinte au groupe d'êtres humains auquel l'individu appartient. Le plus souvent, le mot qui définit le concept d'être humain dans la langue du groupe considéré ne concerne que les membres dudit groupe [3]. Claude Lévi-Strauss estime même que « la notion d’humanité, englobant, sans distinction de race ou de civilisation, toutes les formes de l’espèce humaine, est d’apparition fort tardive »[4] ; d'une part, et que le rejet hors de l'humanité de tous ceux trop différents pour en faire partie[5]est, paradoxalement, un trait de comportement universel[6], d'autre part.

[modifier] L'ethnocentrisme : le propre de l'ethnologue ?

En ce qui concerne les sciences humaines, en général, et l'anthropologie, en particulier, un auteur comme C. Geertz considère que, n'étant justement pas des sciences expérimentales à la recherche de lois, mais des sciences interprétatives à la recherche de sens, toute description implique un ethnocentrisme relatif mais inévitable. Pour Geertz, l'observateur (l'ethnographe) ne peut qu'essayer « de lire par-dessus l'épaule »[citation nécessaire]de la population étudiée. Les linguistes {{Citation témoignant de leur lien d'étude à l'ethnocentrisme : "si les groupes ethniques établissent les limites de leur identité aux frontières, et aux frontières du langage, transformant l'altérité en étrangeté, la plupart d'entre eux ont aussi cette capacité cognitive inverse de "faire éclater cette fermeture du groupe sur lui-même, et de promouvoir la notion approchée d'une humanité sans frontières" (Lévi-Strauss, 1962, p201). }}, quant à eux, ont pu démontrer que la langue même, en ce qu'elle est un construit culturel, participe à cette tendance[7].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

Théories pouvant se référer à l'ethnocentrisme  : Évolutionnisme (anthropologie) - Nationalisme - Régionalisme - Racisme - Racialisme - Communautarisme identitaire - Colonialisme - Patriotisme - Religions - ethnodifférencialisme - polycentrisme - Médiation interculturelle - Habitus (sociologie)

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Dictionnaire de l'Académie française, 8e édition, 1932-1935.
  2. ab Le trésor de la langue française informatisé.
  3. « un grand nombre de populations dites primitives se désignent d’un nom qui signifie les hommes (…) impliquant ainsi que les autres (…) ne participent pas des vertus – ou même de la nature – humaines (...). », Race et histoire.
  4. Claude Lévi-Strauss, Race et histoire.
  5. « l'attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles (...) qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. », Race et histoire.
  6. « Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les sauvages (ou tous ceux qu’on choisit de considérer comme tels) hors de l’humanité, est justement l’attitude la plus marquante et la plus distinctive de ces sauvages mêmes. (...) En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus “sauvages” ou “barbares” de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. » , Race et histoire.
  7. « [pour] un grand nombre de populations dites primitives (…) les autres(…) sont tout au plus composées de mauvais, de méchants, de singes de terre ou d'oeufs de pou. On va jusqu'à priver l'étranger de ce dernier degré de réalité en en faisant un fantôme ou une apparition. », Race et histoire.