Ergomotricité

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L’ergomotricité étudie le comportement physique et mental de l'homme au travail et au-delà dans sa vie quotidienne et ses loisirs. Elle désigne l'ensemble des pratiques motrices considérées comme un travail. Elle représente à elle seule 90% des mouvements de l'Homme qui sont consacrés à une activité physique de travail.

Sommaire

[modifier] Concept d'ergomotricité

[modifier] Origines

Le mot ergomotricité provient du grec ergon, signifiant travail et motricité qui désigne l'accomplissement d'une série d'actions musculaires visant le mouvement volontaire tout en constituant une action observable et un intérêt éducatif portés aux activités de travail.

Ce néologisme a été employé pour la première fois, au cours d'une conférence tenue lors du Council of Europe à Helsinki en 1980 par Michel Gendrier[1], Docteur chercheur, en ergomotricité.

[modifier] Définition

L'ergomotricité se définit comme l'ensemble des comportements psychomoteurs à intégrer par l'homme pour agir, dans son travail avec le maximum de confort, de sécurité et de capacité.

Le champ et la nature des pratiques motrices sont considérées comme un « travail ». Elles sont envisagées sous l'angle de leur rapport au milieu social au sein desquels elles se sont développées.

L'ergomotricité porte un intérêt particulier à l'analyse des tâches, à l'étude des apprentissages et des transferts d'habileté des savoir-faire et met en évidence les données informationnelles, ainsi que l'analyse des contraintes de temps et d'espace. Si la motricité est envisagée dans l'ensemble des techniques du quotidien du travail, du jeu et des loisirs, l'ergomotricité est souvent opposée à la « ludomotricité ». Si la ludomotricité est faite de fantaisie primesautière, l'ergomotricité ne tolère pas la fantaisie ; elle est soumise aux normes du rationnel, du progrès social et économique.

Dans notre monde moderne seulement 10% de nos mouvements sont consacrés à des activités physiques ludomotrices dites de loisir, le reste des mouvements étant consacré à des activités ergomotrices dites de travail.[évasif]

L'ergomotricité s'inscrit dans la problématique « ergologique »[réf. souhaitée], c'est à dire la science du travail humain, comprenant, la physiologie des mouvements et leur apprentissage, la lutte contre la fatigue, les répercussions, et les nocivités du geste mal réalisé. Elle participe à l'analyse du système Homme-Machine, à l'étude des équipements et l'analyse des conditions de travail.

L'ergomotricité est devenue dans le temps un véritable concept reconnu par les instances médicales, les entreprises et les politiques.[réf. souhaitée] Son intérêt est soulevé par une prise en compte au niveau tant national qu'européen[2].

[modifier] Méthodologie

Le concept d'ergomotricité est basé sur l'analyse du mouvement trop souvent inadapté au travail. Il est pratiqué aujourd'hui dans des milliers d'entreprises[réf. souhaitée] en Europe, en Amérique du Nord, en Russie, en Afrique du Nord et dans les pays Asiatiques. Il s'applique dans tous les secteurs d'activités (entreprises, administrations, milieux hospitaliers, agricoles).

L'ergomotricité est pensée à partir des problèmes rencontrés sur les lieux de travail et des difficultés à vaincre, et non en fonction de telles ou telles méthodes. Elle apporte une réponse à l'adaptabilité de l'homme à son milieu de travail, à la gestion de son temps et de son espace, tout en diminuant la fatigue et les accidents. Les entreprises lui reconnaisse un facteur de sociabilisation et d'amélioration des conditions de travail.[réf. souhaitée]

L'ergomotricité a été conçue par un colloque de professionnels : kinésithérapeute, médecin du travail, ergonome, enseignants d'éducation physique et sportive, ingénieur de sécurité, membres des Comités d'Hygiène de Sécurité et des Conditions de travail, des Direction des Ressources Humaines, et des responsables des chambres consulaires.

L'ergomotricité s'appuie sur l'observation des situations de travail, en identifiant toutes les sources de non-valeur ajoutée, qui constituent le plus souvent les accidents de travail[réf. souhaitée]. L'ergomotricité s'inscrit dans un processus de progrès technique qui fut malheureusement considéré trop longtemps, comme un résidu de la croissance. Elle favorise l'émergence de solutions justes, économiques et sécurisées.[réf. nécessaire] C'est le corps tout entier qui affrontent le verdict de l'expérience, sans jamais oublier de susciter l'unité "corps-esprit" indispensable pour atteindre une véritable autonomie.

[modifier] Objectifs

L'objectif de l'ergomoticité est de donner à l'homme les moyens de faire une analyse mentale de sa propre motricité, afin qu'il apporte une réponse et un correctif à des situations réelles de travail. Dans de très nombreux cas l'opérateur devra atteindre une anticipation motrice et de comportement tout en tenant compte de l'évolution potentielle de l'action auquel il est confronté.

{{évasif|Depuis 30 ans, les services de sécurité, les comités d'hygiène de sécurité et des conditions de travail des entreprises ont démontrés que, sur les lieux de travail, l'accident dû au comportement physique de l'homme intervient souvent dans le cadre d'actions motrices qui auraient pu être supprimées, ou par l'intermédiaire de gestes parasites (syncinésies) provoqués par une mauvaise coordination.

Avec un geste professionnel habituel et très spécifique, les lombalgies, les troubles musculosquelettiques sont quasiment inexistants. En revanche 90% des lombalgies ou des troubles musculosquelettiques - véritable fléau national et du monde du travail - interviennent presque toujours au cours d'activités occasionnelles et tout à la fois très variées. On retrouve ce même rapport d'accidentabilité dans tous les actes de la vie quotidienne. Cet échec par rapport au milieu se retrouve à travers la gestuelle, la marche, la conduite d'engins, ainsi que , dans tous les modes opératoires ; dans les commandements et les prises de décisions. S'il y a inadéquation entre la commande motrice et l'action principale ; le pouvoir de décision et l'application de la décision, il en résulte une non valeur ajoutée, et une accidentabilité. Dans tous les cas, l'ergomotricien morpho-analyste doit agir sur la conception de l'outil, de l'équipement, sur l'architecture du milieu, de l'environnement du poste de travail (machine, outil,...), sur l'interface Homme/Machine, ainsi que sur la capacité énergétique et motrice de l'opérateur. On retrouve cette même problèmatique dans les pratiques sportives lorsque le matériel (ski, vélo, raquette...) n'est pas adaptés, mal entretenus, mal utilisés, mal réglés... il y a diminution de la performance et souvent accident.

Les postes de travail, sont trop souvent conçus sans tenir compte de ce qui se passe en aval et en amont de la fabrication. Seul le geste professionnel est considéré, à tort, comme acte de production. L'ergomotricien spécialiste des comportements, analyse et intervient pour réguler l'ensemble de ces données. Il agit sur la perception, l'identification du milieu d'évolution de l'opérateur, pour organiser, mémoriser, et partager les résultats des savoirs. Après ces différentes analyses motrices, il conceptualise et aménage un nouveau poste de travail tout en permettant au travailleur, un "grand angle" de travail d'observation et un champ important d'évolution. On enregistre aujourd'hui 3 niveaux d'intervention :

- 1) LE POSTE DE TRAVAIL est un milieu trop standardisé, banalisé, sécurisé, où l'acte moteur se déroule dans un cadre immobilisé, avec des enchaînements programmés avec la création induite de stéréotypes psychomoteurs très performants. (Ex: poste informatisé, travail sur machine outils...) Le comportement y est très souvent automatisé. On enregistre un (Taux de fréquence d'accidents faible, mais avec un taux de gravité d'accidents important). Le travailleur se trouve en situations psychomotrices marquées par l'absence de communications praxiques importantes.

- 2) PÉRIPHÉRIE DU POSTE DE TRAVAIL aussi bien en aval qu'en amont de l'opération, l'absence d'aménagement du milieu et les interactions sociomotrices sont un lieu de causes accidentelles (taux de fréquence d'accidents important, taux de gravité d'accidents moyen) le milieu est en mouvement et peu sécurisé. L'opérateur se trouve en situations sociomotrices importantes marqués par la présence de communications praxiques. IL est en recherche constante d'informations, il doit évaluer, scruter le mileu qui l'entoure et doit trouver des indices pertinents qui lui permettront d'adopter la meilleure stratégie d'action. Il agit trop souvent avec des automatismes préalablement utilisés. Il s'adapte mal aux fluctuations du milieu. L'accident y est grave et très fréquent. On y rencontre surtout des accidents du travail liés au déplacement et à la manipulation.

- 3) HORS DU POSTE DE TRAVAIL L'opérateur est éloigné de son poste de travail, il pénètre dans un milieu inhabituel fait d'incertitudes. Il est privé d'actions stéréotypées, il se trouve en situation de communication directe. Ce milieu à risques l'oblige à être plus vigilant, il invente maladroitement une nouvelle analyse motrice qui devient à son tour accidentelle.

La synthétisation du mouvement, la miniaturisation de la production provoquent une intériorisation des actions physiques et des actes mentaux chez l'opérateur. Celui-ci n'est plus à même de libérer l'énergie vitale qui se crée autour du corps, lien entre le milieu et le mental. Le risque d'accident se manifeste précisément lorsqu'il y a rupture entre corps et milieu. Le ryhme d'autorégulation est perturbé et il y a relâchement du système de perception et de la transmission des stimuli. Avec un niveau de vigilance ainsi réduit (l'inattention et la maladresse en sont deux manifestations fréquentes) le milieu devient dangereux pour l'opérateur. Son état psycho-énergétique reste au centre de toute intervention ergomotrice.

Le concept de l'ergomotricité est d'agir sur la charge relative du travail (en fonction du niveau d'exigence énergétique de la tâche et la capacité énergétique et du savoir du sujet). Pour atteindre les objectifs il faut agir en même temps sur les milieux et sur l'homme afin de rendre nulle LA CHARGE RELATIVE DE TRAVAIL. Il faut provoquer une synergie additive entre une réponse techno-centrée (actions techniques, actions organisationnelles) et une réponse anthropo-centrée (savoir-faire gestuel et technique du mouvement).

L' ÉDUCATION ERGOMOTRICE s'efforce d'obtenir :

  • La conscience du corps propre (intériorisation des sensations relatives à telle ou telle partie du corps.
  • La maîtrise de l'équilibre, des conduites perceptivo-motrices. L'indépendance des différents segments, (jambes, tronc, bras).
  • La maîtrise des principes de sécurité pour soulever une charge (Fixation de la colonne vertébrale - Appuis stables - Orientation et mobilité des pieds - Superposition des centres de gravité - Action primordiale des jambes). Ces principes ergomoteurs s'appliquent dans toutes les manutentions "dites manuelles" d'objets et de matériels dans les entreprises ou dans les professions de santé (manutentions de malades).
  • Le contrôle puis l'efficacité des diverses coordinations globales, segmentaires et oculo manuelle, afin de lutter contre les syncinésies (mouvement qui s'effectue dans une partie du corps au moment ou s'effectue un mouvement volontaire ou réflexe dans une autre partie du corps).
  • Le contrôle de l'inhibition volontaire et de la respiration.
  • Le réglage et organisation des postes de travail, des postures assises, des rythmes de W avec des temps de récupération. L'exercice rythmé est économique ; grâce à l'alternance des temps forts et faibles, de l'effort et du relâchement, on enregistre un intérêt incontestable dans l'activité de travail.
  • La gestions des flux.
  • La maîtrise du schéma corporel à l'orientation spatiale. L'image corporelle, l'image du moi physique s'édifie grâce aux impressions kinesthésiques, labyrinthiques et surtout visuelles.

Grâce à cette méthologie d'observation d'anti-échec, d'actions participatives, de mise en adéquation "Corps-milieu" les accidents d'inadaptations (Manipulations - manutentions dites manuelles - déplacements de plain pied ou de hauteur) ont diminués de 40 à 60 %. (compte rendus d'entreprises). Dans tous les cas la productivité qualitative a été placée en tête des objectifs opérationnel. Les troubles musculosquelettiques et les douleurs lombaires ont largement diminués. Le taux de fréquence (Nombre d'accidents / 1000000 d'heures de travail) diminue de 80%. (Rapport d'entreprises).

[modifier] Bibliographie

  • L'Ergomotricité - Le Corps, le travail et la santé - Michel GENDRIER - Grenoble Sciences - PUG - 1995
  • Gestes et Mouvements Justes "Guide de l'Ergomotricité pour tous - Michel GENDRIER - Grenoble Sciences - EDP Sciences. - 2005

[modifier] Références

  1. Voir bibliographie
  2. Directive de la C.E.E. en date du 29 mai 1990 reprise par le décret du J.O. du 3 septembre 1992 qui réglemente les prescriptions minimales de sécurité concernant la manutention manuelle de charges comportant des risques, notamment lombaires pour les travailleurs.
  • Boltansky L. Les usages sociaux du corps - Sport travail et bien être - conseil de l'Europe -1983
  • La charge physique du travail en service de gériatrie - Le courrier du corps, p. 9. -
  • 1ère journée d'automne biomécanique, Beg-Rohu - Novembre 1982
  • Apprendre à utiliser son corps - L'Expansion - Septembre 1976
  • Référence au décret N°92-958 du 3 Septembre 1992.
  • Arrêté du 29 janvier 1993 (J.O. du 19 Février 1993)
  • Arrêté du 15 Juin 1993 (J.O. du 11 Août 1993)
  • Directives Européenne N° 90-269 du Conseil du 29 Mai 1990.
  • Normes AFNOR X 35-002/35-104/35-106/35-109/35-205.

[modifier] Voir aussi