Développement local

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Le concept de développement local est aussi appelé "développement à la base" et est prôné dans les pays en développement en complément des mesures macroéconomiques et des grands projets.

Sommaire

[modifier] Cas des pays en développement

Dans les pays en développement, le développement local repose sur des actions mobilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités et des habitants eux-mêmes, éventuellement avec une aide technique ou financière extérieure. Exemples :

  • mini-infrastructures : creusement d'un puits, installation de cellules solaires pour alimenter un village, création d'une école),
  • mise en place de micro-coopératives ou d'associations de microcrédit,
  • initiative de certains habitants à titre personnel ou familial au niveau d'exploitations agricoles, commerciales, artisanales, tirant partie des ressources et du marché locaux et utilisant des méthodes performantes.

[modifier] Aspect français

Le concept est apparu en France au milieu des années 1960 en réaction aux pratiques dirigistes de l’aménagement du territoire fondées sur des logiques sectorielles de filière. Pour l'État, l'aménagement du territoire peut être considéré comme le volet spatial de la planification. Quand l'État, au début des années soixante, veut mener une "ardente" politique d'aménagement du territoire, il développe d'abord une critique vigoureuse du maillage territorial hérité, celui des départements : mal découpés, trop étriqués, trop dominés par ce que le général De Gaulle appelait "les petits notables de sous-préfectures", inadéquats pour une grande action nationale.

Selon Georges Gontcharoff, ancien directeur de la revue Territoires, il est à peu près certain que la fortune récente du mot "territoire" est liée simultanément à une réflexion de type planiste, c'est-à-dire à la recherche de l'espace optimal pour mener une action publique "descendante", volontariste, et à une réflexion de type autogestionnaire, c'est-à-dire à la recherche de l'espace optimal pour conduire un projet "ascendant" de développement, lié à une mobilisation sociale. La vision « descendante de l’État » (les décisions sont prises en haut lieu sans concertation avec les populations concernées) est contestée au début des années 1970 par de nombreux acteurs locaux qui considèrent que le développement d’un territoire doit prendre en compte les besoins et les aspirations de ses habitants : c’est le développement par en bas prôné par le « mouvement des Pays », dont le slogan « vivre, travailler et décider au Pays » résume bien la logique d’autonomie vis-à-vis des centres décisionnels, qu’ils soient politiques ou économiques. C’est pourquoi, les acteurs locaux engagés dans des démarches de développement local ont été apparentés dans les années 1970 comme des « militants d’un autre développement » (on parlerait aujourd’hui des alternatifs.) Pour mieux cerner la notion de développement local, on peut citer une définition qui a fait date : "Le développement local n'est pas la croissance, c'est un mouvement culturel, économique, social qui tend à augmenter le bien-être d'une société. Il doit commencer au niveau local et se propager au niveau supérieur. Il doit valoriser les ressources d'un territoire par et pour les groupes qui occupent ce territoire. Il doit être global et multidimensionnel, recomposant ainsi les logiques sectorielles" (États généraux des Pays, Mâcon, juin 1982)

Les lois Defferre de 1982-1983 de décentralisation, donnent plus de responsabilités aux collectivités territoriales pour mener des projets locaux et une politique d'aménagement plus pertinente car adaptée à chaque territoire. La loi des libertés et responsabilités locales (2004), appelée le deuxième acte de la décentralisation, poursuit cette volonté de l'État d'accorder plus de responsabilités et d'autonomie aux pouvoirs locaux. La fin des années 1990 a été marquée par une série de réformes importantes dans le domaine de l’aménagement du territoire. Elles correspondent à des logiques nouvelles reposant sur la prise en compte des territoires vécus par les habitants qui, du fait de leur mobilité, rendent caducs les découpages institutionnels du passé. Cette période marque aussi la consolidation des acteurs apparus au cours des années 1980 : l’Europe, à travers la politique régionale de l'UE, les collectivités locales, les Régions. Enfin, cette période voit apparaître de nouveaux enjeux tels que le développement durable. Il convient donc de bien saisir les mécanismes des politiques d’aménagement du territoire en France. La décentralisation de ces vingt dernières années a permis aux collectivités locales et territoriales de devenir des acteurs essentiels du développement territorial. L’émergence de nouveaux territoires de projets le montre pleinement lorsque l’on connaît le rôle porteur des collectivités locales. Aujourd'hui, après la période des pionniers, après celle des contrats de Pays, après celle des chartes intercommunales d'aménagement et de développement, on peut identifier environ 500 territoires de projet, dont 180 agglomérations (communautés urbaines et communautés d'agglomérations), à travers la France. Conséquence de cette décentralisation, de nouvelles dynamiques territoriales se sont créées pour mettre en place des projets, développant des stratégies intercommunales voire métropolitaines. En définitive, le développement local est plus qu'un concept, c'est un mandat politique, comme l'affirme l'économiste Laurent Davezies.

[modifier] Bibliographie

  • Alvergne (C.), Taulelle (F.), Du local à l’Europe. Les nouvelles politiques d’aménagement du territoire, PUF, 2002
  • Davezies Laurent, « Le développement local hors mondialisation, in Comment améliorer la performance économique des territoires ? », Les 3èmes entretiens de la Caisse des Dépôts sur le développement local, Paris : La société des Acteurs publics/CDC, Collection les Hexagonales, novembre 2000
  • Davezies Laurent « Temps de la production et temps de la consommation, les nouveaux aménageurs des territoires ? », in Futuribles, Novembre 2003
  • Debarbieux (B.), Vanier (M.), Ces territorialités qui se dessinent, Editions de l’Aube, 2002, 268p
  • Frémont (A), La région, Espace vécu, Champs Flammarion, 1999
  • Estèbe (P.), Faure (A.), Négrier (E.), Vanier (M.), « Du vent dans les branches du développement local » (Les mots massues du développement local), Sarcasme in Pouvoirs Locaux N° 53 II/2002, p. 129 (charte), p. 131-132 (gouvernance), p.132-133 (réseau)
  • Greffe (X.), le développement local, Editions de l’aube/DATAR, 2002.
  • Houée (P.), les politiques de développement rural, Paris, INRA-Economica, 1996
  • Houée (P.), le développement local au défi de la mondialisation, l’Harmattan, 2001.
  • Lorach (JM.), De Quatrebarbes (E.), avec la participation de Cantillon (G.), Le guide du territoire durable, Village Mondial, 2002
  • Pecqueur (B.), Le développement local, Syros, 2e édition revue et augmentée, 2000
  • Veltz Pierre, « Le développement local face à la mondialisation », in Comment améliorer la performance économique des territoires ?, Les 3èmes entretiens de la Caisse des Dépôts sur le développement local, Paris : La société des Acteurs publics/CDC, Collection les Hexagonales, novembre 2000.
  • Worms (J.P.), « Comment articuler aménagement du territoire et développement? » In Pouvoirs locaux N°51 IV/2001, p. 21-23

[modifier] Voir aussi