Cosmologie religieuse

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Pour les articles homonymes, voir Cosmologie (homonymie).

Une cosmologie religieuse est une représentation sociale proposée par une religion concernant le monde accessible aux êtres humains.

Le périmètre de cet article correspond aux religions abrahamiques, mais de très nombreux mythes relatifs à la cosmologie, ont été élaborés par diverses cultures et religions sur tous les continents

Historiquement, jusqu'au XVIIIe siècle, l'ensemble du domaine de la cosmologie était intégré à la « métaphysique spéciale » (voir par exemple la classification de Christian Wolff en 1729 et l'article ontologie (philosophie)).

Aujourd'hui, Les cosmologies « religieuses » n'ont plus vocation à décrire la structure physique et chimique de l'univers d'une façon scientifique, les religions considèrant qu'une telle entreprise relève de la responsabilité des scientifiques. Les religions, sur la base de leurs écrits et traditions décrivent seulement, très succinctement, les principes selon lesquels leurs fidèles sont invités à se représenter le monde dans lequel ils vivent, afin de « bien » se comporter avec leurs semblables.

Les religions, telles qu'elles ont évolué jusqu'à aujourd'hui, ne contestent généralement pas telle ou telle théorie cosmologique (big bang, univers en expansion,...). Des tendances persistent cependant, dans certains mouvements religieux, à nier les théories scientifiques sur l'univers. Cela s'appelle le créationnisme.

En revanche, les représentants des grandes religions et de certaines spiritualités considèrent généralement, d'un point de vue symbolique, qu'il existe une cause première à l'origine de la vie, qu'elles nomment Dieu ou d'une autre appellation.

Icône de détail Article détaillé : Origine de la philosophie.

Sommaire

[modifier] Cosmologie, calendrier et relation avec les sciences

Dans l'Antiquité, au Moyen Âge, à la Renaissance et encore pendant les Lumières, la cosmologie religieuse ne se distinguait pas de la cosmologie scientifique. Les principaux objectifs poursuivis par l'étude du ciel concernaient le calcul du temps. L'astronomie avait donc pour application pratique l'établissement des calendriers, ainsi que la fabrication des cadrans solaires, des gnomons, et des horloges. Une autre préoccupation qui apparaît dès l'antiquité est la détermination des dates des fêtes religieuses.

Une illustration en est donnée de nos jours, dans le christianisme, à l'église Saint-Sulpice à Paris, où l'on trouve, dans le transept gauche, un gnomon astronomique, conçu de façon telle que la lumière du soleil éclaire l'autel lors de la fête de Pâques. Le calcul de la date de Pâques en relation avec l'astronomie fait l'objet d'une science appelée le comput, fondée par saint Bède le Vénérable au VIIIe siècle et enrichie à la fin du Xe siècle par le moine Birtferth et Gerbert d'Aurillac (pape Sylvestre II) à partir des sciences et techniques islamiques (Al-Khwarizmi). Dans le christianisme, les règles du comput sont utilisées pour l'établissement du calendrier incluant les fêtes religieuses (principalement la date de Pâques). Les agendas sont établis en coopération avec les autorités religieuses (Centre national de pastorale liturgique). L'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) calcule ainsi la date de Pâques selon les règles du comput ecclésiastique. La date de Pâques, dans le catholicisme, est celle définie lors du concile de Nicée en 325[1].

Ce n'est que plus tard, à partir des XVIIe siècle et XVIIIe siècle, avec Kepler, Tycho Brahé, Galilée, et Newton, que l'astronomie permit de faire des découvertes dans les sciences fondamentales (la gravitation universelle) qui eurent des applications dans d'autres domaines que le calcul du temps et le calendrier : la mécanique ouvrit la voie à la Révolution industrielle. L'astronomie, puis la cosmologie, devinrent des sciences autonomes, indépendantes des autorités religieuses, à partir du XVIIIe siècle. Enrichie par les sciences physiques et la chimie (mécanique quantique), l'astronomie a donné naissance à la fin du XIXe siècle à l'astrophysique.

[modifier] Historique lié à la civilisation islamique

La civilisation islamique s'intéressa de très près à la cosmologie et à l'astronomie. L'objectif en était simple, il s'agissait de déterminer :

Dès le VIIIe siècle, c'est-à-dire un siècle environ après la venue du Prophète, la dynastie abbasside fonda un centre intellectuel à Bagdad. On reprit l'héritage des grecs, en particulier Ptolémée, et Aristote.

Ptolémée était un grand géographe du IIe siècle. Par ailleurs, son système cosmologique (géocentrique) fournissait une explication satisfaisante, pour la vie sociale de cette époque, de la configuration du cosmos.

Les Arabes fabriquèrent des abaques, des cartes géographiques, permettant de déterminer les éléments nécessaires à la prière.

De grands esprits participèrent à cette entreprise, qui nécessita des talents dans tous les domaines : algèbre, astronomie, philosophie, géographie...

On peut citer un ensemble de savants auxquels l'Occident chrétien doit beaucoup :

pour n'en citer que quelques-uns.

Cette période de forte expansion de la pensée issue de l'islam est souvent connue sous l'expression d'« âge d'or de la civilisation islamique », ou, plus simplement, période classique.

[modifier] Historique lié à l'Occident chrétien

[modifier] La cosmologie dans le système de pensée du haut Moyen Âge

À l'origine, l'astronomie se confondait avec l'astrologie. Ce dernier terme, employé dans la civilisation islamique, n'avait pas le sens péjoratif que nous lui attribuons quelquefois aujourd'hui (logos signifie discours, science en grec). D'autre part, on ne distinguait pas les aspects scientifiques et religieux de la cosmologie.

L'astronomie était l'une des quatre disciplines du quadrivium, avec l'algèbre, la géométrie, et la musique. Le quadrivium et le trivium formaient les sept arts libéraux.

Ce fut saint Bède le Vénérable, moine anglais, l'un des plus grands lettrés de son époque, qui, au VIIIe siècle, donna ses lettres de noblesse à la mesure du temps qui, on l'a vu, était liée à la cosmologie. Saint Bède le Vénérable fut le véritable inventeur de la science du comput. Il a été proclamé docteur de l'Église à la fin du XIXe siècle.

Vers l'an mille, les études du comput reprirent, sous l'impulsion d'un autre moine anglais, Birthfert, qui comprit la complexité de cette science : pour lui, le comput faisait appel à quatre disciplines des arts libéraux : deux du trivium (dialectique et grammaire, à vérifier) et deux du quadrivium (astronomie et algèbre).

Gerbert d'Aurillac fut également un grand astronome, doublé de talents exceptionnels, pour l'époque, en mathématiques (on parlait d'algèbre et de géométrie) et en philosophie. Il relança les études de la dialectique et du quadrivium à l'école cathédrale de Reims, diffusant ainsi la connaissance dans tout l'occident. Gerbert fut le premier introducteur de la philosophie d'Aristote en occident. Il devint pape sous le nom de Sylvestre II.

[modifier] Intégration de la représentation géocentrique en Occident

Aux XIIe siècle, l'occident intégra la philosophie et les sciences grecques, par l'intermédiaire des échanges avec la civilisation islamique. Le système de représentation du monde d'Aristote devint progressivement une référence absolue dans les écoles et universités de l'occident chrétien, comme dans la civilisation islamique.

Il représentait le monde centré sur la terre, avec un monde sub-lunaire et un monde supra-lunaire. Les principales traductions des œuvres d'Aristote eurent lieu au XIIe siècle.

Icône de détail Article détaillé : Relation entre science et religion.
Icône de détail Article détaillé : Philosophie médiévale.

A partir du XIIIe siècle, la cosmologie fut intégrée dans la métaphysique générale, qui était intimement liée à la métaphysique spéciale, ou théologie, dans l'école scolastique (Thomas d'Aquin, John Duns Scot, parmi d'autres). La scolastique adopta les théories cosmologiques prédominantes depuis l'Antiquité : Ptolémée (IIe siècle ap. J.-C.) et Aristote (IVe siècle av. J.-C.). Il faut noter que certains scientifiques avaient déjà compris l'héliocentrisme quelques siècles av. J.-C.

Icône de détail Article détaillé : Scolastique.

[modifier] psaume 93 (92)

Tout le monde se représentait donc l'univers comme géocentrique, selon les théories d'Aristote et de Ptolémée.

Quelques passages de la Bible étaient rédigés dans ce sens, comme cette ligne du psaume 93 (92) (Dieu roi de l'Univers) :

« Tu as fixé la Terre immobile et ferme. »

[modifier] Passage du comput julien au comput grégorien

On savait depuis l'Antiquité (Jules César) que des corrections astronomiques étaient nécessaires sur le rapport entre le temps de rotation de la terre sur elle-même (journée), et la durée du cycle solaire (année), soit 365,24 au lieu de 365,25.

Dès 1345, Clément VI appela à sa cour à Avignon le grand astronome Jean de Murs et lui commanda un rapport sur la réforme du calendrier.

Le cardinal Pierre d'Ailly rappela au concile de Constance (1415) l'âge d'or où les dignitaires de l'Église primitive « se préoccupaient davantage du calcul des jours et des moments que du compte des deniers et des monnaies ».

Deux conciles examinèrent le projet de réforme : le concile de Bâle (1431-1449) et le Ve concile du Latran (1512-1517), mais il traîna en longueur.

Lorsque Grégoire XIII devint pape en 1572, il mit le projet de réforme dans ses priorités. La réforme fut décidée en février 1582.

On passa donc du comput julien au comput grégorien, ce qui entraîna un décalage de calendrier, dont les historiens doivent tenir compte (10 jours supprimés).

Icône de détail Article détaillé : Calendrier grégorien.
Icône de détail Article détaillé : Comput grégorien.

Le passage fut progressif dans les pays de la chrétienté :

  • Les pays catholiques et leurs colonies adoptèrent le nouveau calendrier entre 1582 et 1590,
  • Les pays luthériens l'adoptèrent en 1700 (lorsque Descartes écrivit son système philosophique, il était à la frontière des zones julienne et grégorienne).

[modifier] Apparition de la théorie héliocentrique

Copernic (re)découvrit l'héliocentrisme au XVIe siècle (1543). La théorie de l'héliocentrisme prétendait que le Soleil était fixe au centre de l'univers.

À partir de 1609, le savant florentin Galilée utilisa la lunette astronomique qu'il avait perfectionnée pour étudier le mouvement des planètes, les étoiles, les taches solaires. Les découvertes de Copernic furent alors confirmées par Galilée.

Une longue lettre de Galilée à Catherine de Lorraine en avril 1615 indique les passages de la Bible qui posaient, pour Galilée, des problèmes d'interprétation par rapport à la cosmologie. En février 1616, Galilée fut inquiété par un dominicain. Le 5 mars 1616, l'Inquisition publia un décret définissant l'héliocentrisme comme une doctrine fausse et contraire à l'Écriture, et mit tous les écrits sur l'héliocentrisme (dont ceux de Copernic) à l'index.

Galilée publia en 1632 le dialogue sur les deux grands systèmes du monde, ouvrage dans lequel il ridiculisait un partisan de la représentation géocentrique. Malgré l'appui de certains jésuites, Galilée fut condamné en 1633 par l'Inquisition, pour un motif qui, selon certains historiens, n'aurait pas été entièrement lié à l'héliocentrisme (ce point est discuté). On opposa à Galilée le passage de la BibleJosué arrête la course du Soleil (Js, 10, 12-13). Urbain VIII, qui était un ami de Galilée, commua immédiatement la peine en assignation à résidence.

Selon Pietro Redondi, les véritables motifs étaient autres que l'héliocentrisme : Galilée, en soutenant la théorie de l'atomisme, aurait violé le dogme de la transsubstantiation lors de l'Eucharistie (ceci est discuté, voir lien externe ci-dessous).

Icône de détail Article détaillé : Galileo Galilei.

Descartes apprit le résultat du procès en novembre 1633. Lorsqu'il reçut de son ami Beeckman la copie de l'ouvrage de Galilée, en 1634, Descartes renonça à publier le traité du monde et de la lumière. Considérant que Galilée avait manqué de méthode, Descartes s'orienta vers une carrière philosophique et conçut un projet de philosophie des sciences universelles, qui se démarquait nettement de la scolastique. Descartes prit le doute universel et le cogito comme principe premier, et mit de côté l'ancienne conception de la cause première (philosophie première d'Aristote réconciliée avec le christianisme par saint Thomas d'Aquin) dans tous ses ouvrages ultérieurs.

Voir article détaillé : le projet cartésien d'une science universelle

Les tentatives de conciliation entre les théories héliocentriques et celles de Ptolémée, imaginées par certains scientifiques pour sauver la face de l'Église (équivalence des hypothèses), ne résistèrent pas aux théories de la gravitation énoncées par Newton.

Les conséquences de ces controverses furent d'autant plus graves pour l'Église et l'école scolastique que les enseignements de métaphysique à l'université étaient les plus prestigieux (episteme) par rapport aux enseignements techniques (techne), et que certains passages des textes bibliques paraissaient erronés. Ces polémiques discréditèrent les positions de la scolastique et de l'Église toute entière.

L'affaire Galilée et ses suites constituent un changement de paradigme très important, qui s'est poursuivi jusqu'au XIXe siècle. La science et la religion ont semblé se séparer, avec des phases très violentes. Ce changement de représentation du monde est connu sous le nom de révolution copernicienne.

Icône de détail Article détaillé : Révolution copernicienne.

[modifier] Levées d'index, éditions des œuvres de Galilée

En 1741, devant la preuve optique de l'orbitation de la Terre, le pape Benoît XIV fit donner par le Saint-Office l'imprimatur à la première édition des œuvres complètes de Galilée. Ce geste constitua une révision implicite des sentences de 1616 et 1633.

En 1757, les ouvrages favorables à l'héliocentrisme furent à nouveau autorisés, par un décret de la Congrégation de l'Index, qui retira ces ouvrages du catalogue des livres interdits.

Napoléon fit transférer certains archives du Vatican à Paris. Le dossier de Galilée fut soigneusement inventorié et numéroté, et la traduction bilingue de toutes les pièces engagée. À la fin du règne de Napoléon, le dossier revint au Vatican.

En 1823, Pie VII fit confirmer les mesures de levée d'index, et le père Olivieri, commissaire du Saint-Office, rédigea un rapport favorable avec concession d'imprimatur pour tous les ouvrages présentant l'astronomie copernicienne comme une thèse vérifiée.

Malgré toutes ces corrections, l'image de l'Église catholique fut gravement affectée, de sorte que l'« affaire Galilée » fut sans doute pour beaucoup dans le rejet de la métaphysique par les philosophies athées au XIXe siècle.

[modifier] Travaux d'exégèse

Au XIXe siècle, les protestants engagèrent des travaux d'exégèse. Ils travaillèrent sur l'Ancien Testament.

En 1893, le pape Léon XIII promulgua l'encyclique Providentissimus deus sur les études bibliques.

En 1942, Agostino Gemelli reconnut que l'affaire Galilée fut une erreur grave, qui ne mettait en cause ni l'infaillibilité du pape ni l'autorité de l'Église.

En 1943, le pape Pie XII promulgua l'encyclique Divino Afflante Spiritu, qui donna à l'exégèse sa norme de liberté en distinguant les différents genres littéraires dans l'Écriture.

Le même pape Pie XII ne s'opposa pas à la théorie du big bang (encore discutée par les scientifiques).

Sur la controverse née de l'affaire Galilée, voir :

A titre d'exemple, le psaume 93 (92) (Dieu de majesté), qui contient un passage cosmologique, est maintenant rédigé de la façon suivante :

Bible de Jérusalem :

« Oui, le monde est stable, point ne bronchera. Ton trône est établi dès l'origine, depuis toujours, tu es. »

Traduction œcuménique de la Bible :

« Oui, le monde reste ferme, inébranlable. Depuis lors, ton trône est ferme ; depuis toujours tu es. »

Ces rédactions semblent compatibles avec les cosmologies scientifiques actuelles (voir ci-dessous).

[modifier] Hommages à Galilée

Les papes modernes n'ont cessé de rendre hommage à Galilée. Le concile Vatican II reconnut le caractère indu de certaines interventions de l'Église dans le domaine de la science. Il fit écho à la pensée de Galilée sur les rapports entre science et religion.

En 1979 et en 1981, le pape Jean-Paul II a chargé une commission de revoir les conditions historiques dans lesquelles eurent lieu la condamnation de Galilée. L'Église considère qu'il n'est pas nécessaire de parler de réhabilitation, puisque l'institution qui l'a condamné n'existe plus, et que les levées d'index ont eu lieu depuis longtemps (1741, 1757). Le principe de l'index a lui-même été supprimé depuis Vatican II.

En 1983, pour le 350e anniversaire du procès de Galilée, le cardinal Poupard publia un livre (voir bibliographie).

La « commission pontificale d'études de la controverse ptoléméo-copernicienne aux XVIe-XVIIe siècles » comprenait quatre groupes de travail :

  • section exégétique (cardinal Martini)
  • section culturelle, cardinal Paul Poupard,
  • section scientifique et épistémologique, professeur Carlos Chagas et R.P. George Coyne,
  • questions historiques et juridiques, Mgr Michele Maccarone.

Dans son compte-rendu au pape Jean-Paul II du 31 octobre 1992, le cardinal Poupard indiquait :

« Ces travaux ne s'inscrivent pas dans un procès de réhabilitation, comme on a pu parfois le croire, ni dans un cadre juridique qui est hors de leur compétence. Il s'agit d'une clarification opérée par des hommes de sciences, soucieux de comprendre et d'aider à comprendre : situer Galilée, d'abord par rapport à ses prédécesseurs, le chanoine Copernic, d'une part, et par rapport à ses contemporains, les professeurs du Collège romain, d'autre part ; puis dans la culture scientifique, philosophique et théologique de son temps, enfin au cours des siècles, de l'époque des Lumières aux milieux scientifiques aujourd'hui. »

Ce même 31 octobre 1992, le pape Jean-Paul II se prononça en faveur de Galilée lors de son discours aux participants à la session plénière de l'Académie pontificale des sciences.

Une conférence eut lieu à l'ENSTA avec le cardinal Poupard du 12 décembre 2001 au 27 mars 2002.

Un second livre du cardinal Poupard sur l'affaire Galilée est paru en octobre 2005.

[modifier] Cosmologie et représentation sociale au cours des âges

Les représentations du monde ont constamment évolué dans l'Histoire.

On peut noter cette citation de Montesquieu au XVIIIe siècle :

« Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. »

Il se produit ainsi des périodes, dans l'Histoire, où les représentations du monde changent radicalement. Celle que vécurent Montesquieu et ses contemporains du siècle des Lumières s'appelait la révolution copernicienne. À partir de découvertes scientifiques sur l'univers, opérées par l'observation et le recoupement par les méthodes mathématiques (Copernic, Galilée), on en déduisit les lois de la dynamique (Newton), qui eurent des applications dans tous les domaines de la vie pratique au XVIIIe et XIXe siècle. Cette nouvelle représentation de l'univers eut ainsi des conséquences sur les représentations sociales.

Avant le siècle des Lumières, les représentations collectives du monde avaient déjà beaucoup évolué.

Au Moyen Âge, jusque vers le XIVe siècle, on se représentait ainsi la terre comme un disque plat.

Cette représentation parut toutefois naïve, car on observa en Égypte un puits, au fond duquel la lumière ne parvenait qu'à certains jours de l'année. Certains en déduisirent que la terre était ronde, et ils purent même en calculer le diamètre avec une certaine précision. Au XVe siècle, la terre était donc généralement considérée comme ronde. Cela autorisa les explorateurs, comme Christophe Colomb, à se risquer à partir vers l'ouest par l'océan pour atteindre l'Asie. C'est ainsi qu'il "découvrit" l'Amérique, qui en fait était connue par les vikings déjà depuis l'an mille environ.

[modifier] Représentation religieuse actuelle

Les travaux d'exégèse et d'herméneutique des XIXe et XXe siècles ont insisté sur les dangers d'une interprétation littérale des textes. L'interprétation des textes doit d'abord être symbolique.

Les travaux d'exégèse ont formulé certains passages différemment. Par exemple, le psaume 93 (92) dans la Traduction oecuménique de la Bible : « Oui, le monde reste ferme, inébranlable.

Ces rédactions semblent compatibles avec les cosmologies scientifiques actuelles, qui, selon les moyens d'observation radioastronomiques et les calculs astrophysiques actuels, représentent l'univers comme un ensemble de galaxies (amas de galaxies, super-amas de galaxies), dont la Voie lactée.

Le système solaire tourne autour du centre de la Voie lactée, au deux tiers du rayon de celle-ci.

[modifier] Cosmologie religieuse et sciences humaines

[modifier] Exégèse et herméneutique

On a vu que la cosmologie religieuse pose des questions d'interprétation des textes bibliques.

Même si les passages cosmologiques de la Bible sont peu nombreux, ils ont des implications sur les représentations, qui engagent tout le corps social, et même peut-être sur certains dogmes centraux.

Les erreurs commises au sujet de Galilée semblent, à première vue, le fait d'interprétations trop littérales de la Bible.

Il a donc fallu déterminer les critères d'interprétation (herméneutique), et de retour aux sources des textes anciens (exégèse).

Les études bibliques ont fait l'objet d'encycliques :

Icône de détail Article détaillé : Exégèse.
Icône de détail Article détaillé : Herméneutique.
Icône de détail Article détaillé : Théologie catholique.

[modifier] Philosophie

La cosmologie religieuse a beaucoup d'implications en philosophie, auxquelles les scientifiques reconnaissent ne pas pouvoir répondre seuls :

Certaines hypothèses (cf Pietro Redondi ci-dessus) sur Galilée montrent que le dogme de la transsubstantiation était en jeu dans les débats.

George V. Coyne, directeur de l'observatoire astronomique du Vatican, indique les conditions dans lesquelles on peut établir un dialogue entre philosophie, théologie, et cosmologie.

Icône de détail Article détaillé : Métaphysique.

[modifier] Anthropologie

Derrière une cosmologie religieuse, peut se cacher une nouvelle manière d'aborder le rapport de l'homme à la nature, et de sa vision des sciences de la vie. Tous les phénomènes étant liés (holisme), on en vient à redéfinir une nouvelle anthropologie.

[modifier] Archéologie du savoir et sociologie

La cosmologie religieuse, vue sous l'angle de l'archéologie des sciences humaines et du savoir, correspond à certains aspects de la notion de conception du monde.

Le philosophe Michel Foucault appelle les conceptions du monde des épistémès. Selon lui, nous entrons dans un nouvel épistémè qu'il appelle l'hypermodernité.

Michel Foucault développe ces idées dans Les mots et les choses (1966), et dans l'Archéologie du savoir (1969).

[modifier] Reconnaissance des erreurs de certains théologiens du XVIIe siècle sur Galilée

Le 31 octobre 1992, le pape Jean-Paul II rend une nouvelle fois hommage à Galilée lors de son Discours aux participants à la session plénière de l'Académie pontificale des sciences.

Jean-Paul II a reconnu clairement le 31 octobre 1992 les erreurs de certains théologiens du XVIIe siècle dans l'affaire :

« Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu'elle suppose, obligeait les théologiens à s'interroger sur leurs propres critères d'interprétation de l'Écriture. La plupart n'ont pas su le faire. Paradoxalement, Galilée, croyant sincère, s'est montré plus perspicace sur ce point que ses adversaires théologiens. "Si l'écriture ne peut errer, écrit-il à Benedetto Castelli, certains de ses interprètes et commentateurs le peuvent, et de plusieurs façons". On connaît aussi sa lettre à Christine de Lorraine (1615) qui est comme un petit traité d'herméneutique biblique. »

[modifier] Citations

  • Les protestants aiment mieux être en désaccord avec le Soleil qu'en accord avec le pape, Johannes Kepler.
  • Depuis la Création, il ne s'est jamais agi d'autre chose que de la fin du monde, Paul Claudel.

[modifier] Voir aussi

Cosmogonies

[modifier] Bibliographie

  • Brèves méditations sur la création du monde, Jean-Marc Rouvière, Paris, Ed. L'Harmattan 2006.
  • Traduction œcuménique de la Bible,
  • Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, 1998. Cette version de la Bible propose un tableau chronologique sur les origines de l'homme (Gn 1-11), remontant à 2 000 000 av. J.-C. (homo habilis),
  • Les grandeurs de l'an mille, Pierre Riché, éditions Christian Bartillat, mars 1999,
  • De temps en temps, Histoires de calendriers, sous la direction éditoriale de Claude Naudin, Tallandier / Historia, Centre Historique des Archives Nationales, 2001,
  • Galilée en procès, Galilée réhabilité, sous la direction de Francesco Beretta. Saint-Maurice, Éditions Saint-Augustin, 2005. ISBN 2-88011-369-5.
  • Galilée hérétique, Pietro Redondi, Paris, Gallimard, 1981. (Bibliothèque des Histoires). ISBN 2-07-070419-X,
  • Galileo Galilei, 350 ans d'histoire (1633-1983), ouvrage collectif sous la direction de Mgr Poupard , Desclée International, Tournai 1983,
  • Histoire illustrée de la philosophie, de Socrate à nos jours, 2500 ans de philosophie occidentale, Bryan Magee, éditions France Loisirs,
  • Les grands procès, sous la direction de Nadeije Laneyrie-Dagen, France Loisirs, 1995.

[modifier] Liens internes

Sur les études bibliques

Sur les relations avec le calendrier d'un point de vue historique

Sur les relations avec la philosophie

Sur les relations avec les sciences

Sur les aspects sociologiques

[modifier] Références

  1. Voir pour plus de détails sur le calcul de la date de Pâques, le site de l'IMCCE : Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides, calcul de la date de Pâques.

[modifier] Liens externes