Condition féminine

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Du point de vue sociologique, La condition féminine décrit la position des femmes dans l'organisation sociale. Ainsi, cet article traite des différences de traitement entre les femmes et les hommes dans la société.

Il existe également une description psychologique voire philosophique de ce qu'est la "condition féminine". Elle s'intéresse aux relations entre la place de la femme dans la société (les valeurs et les exigences spécifiques que cette dernière impose -ou propose- aux femmes), et les eventuelles conséquences individuelles (formation du caractère, conséquences morales, traits psychologiques...)

jeune ouvrière, peinture de William Bouguereau, 1869.
jeune ouvrière, peinture de William Bouguereau, 1869.

Sommaire

[modifier] Femmes et travail

[modifier] Indicateurs d'égalité entre hommes et femmes

Les femmes sont en général plus durement touchées que les hommes par les problèmes de développement.

Le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) mesure cela avec deux indices composites de développement humain (IDH) :

  • l'ISDH : indicateur sexo-spécifique de développement humain.
    • il s'agit de l'IDH calculé séparément pour la population masculine et pour la population féminine, avec un facteur de correction pour représenter le fait que la durée de vie des femmes est naturellement plus élevée. La discrimination sexuelle est considérée comme extrême lorsque l'ISDH féminin est inférieur de vingt points à l'IDH. Avec ce calcul, les neuf pays où la discrimination sexuelle est la plus extrême sont : le Yémen (-58), l'Arabie saoudite (-35), Oman (-32), la Guinée-Bissau (-31), le Soudan (-29), la Syrie (-23), la Libye (-22), Bélize (-21), l'Algérie (-20).
  • l'IPF : indicateur de la participation des femmes.
    • il s'agit d'un indicateur essentiellement orienté sur la participation des femmes dans le processus de décision économique.

Il n'existe pas de relation linéaire entre ces deux critères de développement. Bien que le premier puisse être élevé, le second peut être tout autant faible. C'est le cas du Japon ou de l'Italie pour lesquelles les indicateurs IDH et ISDH sont relativement élevés par rapport à d'autres pays (ils sont classés respectivement 9e et 12e pour le Japon, 21e et 21e pour l'Italie, d'après le rapport du programme de développement des Nations-Unis 2003), alors que leurs IPF sont faibles aux vues de leurs IDH (classés respectivement 38 et 32e) (i.e. : faible participation des femmes dans le processus de décision économique).

Quant à la France, si son classement ISDH est meilleur que son classement IDH (15e et 16e), son classement IPF n'est pas établi, faute de données suffisantes.

[modifier] Discrimination

Icône de détail Article détaillé : discrimination sexuelle.

La discrimination fondée sur le sexe est illégale dans de nombreux pays. Mais même après l'égalité des sexes établie dans la loi ou la constitution, il reste souvent des us et coutumes conférant des « droits » ou des « privilèges » aux hommes ou aux femmes. Dans certains domaines, les femmes peuvent paraître avantagées, notamment en ce qui concerne :

  • les obligations militaires ;
  • l'âge de la retraite ;
  • les droits de pension ou de garde en cas de divorce (85 % des parents en situation de famille monoparentale en Europe sont des femmes).

Néanmoins, les statistiques relatives à la pauvreté signalent souvent un désavantage féminin, notamment pour celles qui restent seules avec leurs enfants. En 1990, le ministère de la Justice du Canada a procédé à une enquête qui a révélé qu'après un divorce, 46 % des femmes vivaient sous le seuil de pauvreté, comparativement à 10 % des hommes.

Les hommes sont davantage avantagés dans le développement de leur carrière. Dans ce domaine, la maternité est pour les femmes un handicap (notamment lorsqu'elles prennent un congé parental prolongé), alors que le fait d'être père de famille constitue pour l'homme un atout dans la carrière, notamment pour les cadres supérieurs.

[modifier] Différence salariale et professions « féminines »

Les salaires des femmes sont souvent inférieurs, à poste identique, et l'exercice du pouvoir en entreprise est trop souvent l'apanage des hommes. Enfin, en politique, les femmes sont nettement moins présentes, sauf dans les pays scandinaves. Ce déséquilibre a donné lieu au concept de parité.

Les professions traditionnellement féminines sont nettement dévalorisées. Les secteurs professionnels traditionnellement masculins, où les femmes ont commencé à entrer massivement au cours du XXe siècle, ont été peu à peu désertés par eux, et véhiculent donc à présent une image dévalorisée et par conséquent sont de plus en plus mal rémunérés.

Dans nombre de domaines, les sociétés occidentales modernes restent sexistes. Un certain nombre de secteurs professionnels ou de professions restent presque exclusivement le domaine d'un sexe ou de l'autre. Dans le monde du travail la disparité reste immense : les possibilités d'emploi sont moindres pour les femmes et la précarité plus grande pour elles, et elles doivent trop souvent, pour réussir professionnellement, s'adapter au modèle masculin et en adopter les valeurs de compétitivité et d'agressivité[1].

Icône de détail Article détaillé : Taux d'emploi des femmes en Europe.

[modifier] Chronologie de la lutte pour l'égalité professionnelle en France

  • 1907 : une loi autorise les femmes mariées à disposer librement de leur salaire
  • 1908 : la loi accorde un congé de maternité de huit semaines, sans salaire
  • 1920 : les femmes peuvent adhérer à un syndicat sans l'autorisation de leur mari.
  • 1928 : congé de maternité, à plein salaire, de deux mois dans la fonction publique
  • 1942 : les femmes veuves peuvent travailler, même si leurs maris travaillent déjà, à condition de ne pas causer de licenciement
  • 1945 : suppression de la notion de « salaire féminin ». La notion « à travail égal, salaire égal » est inscrite dans la législation
  • 1965 : réforme des régimes matrimoniaux : les femmes peuvent exercer un travail sans l'autorisation de leur mari et bénéficier des avantages sociaux
  • 1967 : loi Neuwirth autorisant la contraception
  • 1971 : instauration du congé de maternité indemnisé à 90 % pour tous
  • 1972 : une loi instaure le principe d'égalité de rémunération entre les hommes et femmes ; première d'une série de lois jamais vraiment appliquées sur le sujet
  • 1974 : loi permettant l'avortement grâce à Simone Veil.
  • 1975 : loi interdisant toute discrimination dans la fonction publique
  • 1977 : suppression de l'allocation de salaire unique
  • 1982 : les femmes de commerçants et artisans peuvent choisir entre trois statuts : conjoint collaborateur, salarié ou associé
  • 1983 : loi sur l'égalité salariale entre hommes et femmes, très peu appliquée
  • 1984 : le congé parental est ouvert à chacun des parents, au choix
  • 1986 : circulaire ministérielle favorisant la féminisation des termes de métiers: artisane, écrivaine...
  • 1987 : assouplissement des restrictions sur le travail de nuit
  • 1992 : loi contre le harcèlement sexuel
  • 2001 : renforcement de la loi de 1983 sur l'égalité professionnelle
  • 2005 : nouvelle loi sur l'égalité professionnelle, sans critère contraignant ni sanction, en cas de non-respect des objectifs.

[modifier] L'inégalité des sexes dans le travail domestique

Cette disparité existe tout autant dans le monde familial et domestique. Le rapport de l'ONU en vue de la Conférence de Pékin en 1995 a démontré que les femmes sont largement victimes de la « double journée ». En moyenne, elles consacrent au travail familial et domestique, « invisible » et non rémunéré, beaucoup plus de temps que leurs compagnons. Ce cumul de labeur effectué à l'extérieur et à demeure conduit les femmes à travailler en moyenne 13 % de plus que les hommes. La masse mondiale du seul travail domestique féminin, gratuit et indispensable au fonctionnement d'une société, représentait, en 1995, onze milliards de dollars et les 2/3 du seul travail féminin. Les femmes travaillent donc plus et gagnent moins que les hommes. Dans les sociétés post-industrielles occidentales, à la « double journée » vient s'ajouter la « triple présence », puisque, outre à leur travail et à leur foyer, les femmes doivent fréquemment se charger des personnes âgées démunies. Cette tendance générale semble empirer depuis 1995, avec le chômage et la précarité.

Il est cependant vrai que celles qui ont la chance d'avoir un emploi correctement rémunéré et de percevoir régulièrement une pension alimentaire voient le départ de l'homme alléger leur charge de travail ménager de six heures hebdomadaires[2].

[modifier] Les inégalités dans l'éducation

Icône de détail Article détaillé : Histoire de l'éducation des filles.

De nombreux stéréotypes concernant l'éducation des fillettes sont restés les mêmes durant les dernières décennies et n'ont évolué que assez récemment quant au partage des tâches domestiques : plus de la moitié des filles de plus de onze ans y dédient quotidiennement au moins une heure alors que 30 % des garçons n'y consacrent que moins d'une demi-heure par jour.

À âge égal, il est généralement demandé davantage aux filles qu'aux garçons, et celles-ci se trouvent chargées de davantage de responsabilités au sein de la famille : menus services et travaux ménagers, courses ou préparations alimentaires, garde des frères et sœurs plus jeunes en l'absence de baby-sitter (personnel presque exclusivement féminin) si les parents travaillent.

Pourtant, elles réussissent globalement mieux à l'école et sont statistiquement plus performantes et plus diplômées. Cela ne se traduit cependant pas dans la vie professionnelle où les proportions sont non seulement inversées mais largement amplifiées au détriment des femmes. La sous-performance scolaire des garçons émerge désormais. Plus libres de jouer, moins de responsabilités familiales leur incombant, ils tendent à se sentir plus facilement exonérés du travail scolaire.

Les jeux électroniques sont davantage offerts aux garçons, ce qui tend à inculquer aux filles une certaine réticence face aux objets tels que les ordinateurs.

Mais certes cela n'est pas toujours le cas dans toutes les familles. Il y a de plus en plus de garçons qui font des travaux domestiques, mais il est vrai que c'est encore un petit pourcentage en comparaison avec les filles.

[modifier] Difficultés, discriminations et handicaps

La maternité reste un souci majeur dans la vie professionnelle féminine. La maternité est en effet perçue par nombre d'employeurs comme une cause supplémentaire d'absence qui, pour un poste donné, leur fait préférer un homme. Cependant, d'autres obstacles de nature plus opaque contribuent à ces difficultés. Dans de nombreux cas, ce n'est pas tant la discrimination volontaire de la part de leurs collègues ou supérieurs masculins qui rentre en jeu aujourd'hui. D'une part, le monde du travail est structuré de façon trop rigide en dépit de quelques lois permettant certains aménagements horaires ; vu les travaux domestiques qui leur incombent et les enfants à charge, il est difficile pour les femmes de s'y adapter. D'autre part, il semble que les femmes ne disposent pas de certaines ressources sociales nécessaires dans une stratégie de projet et de carrière qui sont toutes basées sur des mécanismes de cooptation de la part du groupe dominant masculin, souvent réticents à accepter leurs collègues féminines, ou tout simplement parce qu'ils s'attendent à ce que celles-ci réagissent comme eux. Deux de ces mécanismes basiques ont été analysés par les sociologues :

  • L'effet « Token » :

Celui-ci analyse les règles générales de la stratification du pouvoir, selon les trames Token Ring parcourant l'anneau dans un sens qui est toujours le même. Il semble que les femmes tendent à assumer des comportements qui ne leur sont pas naturels, et qui à la longue jouent en leur défaveur, lorsqu'elles entrent en contact avec un milieu essentiellement masculin. Ne se sentant pas vraiment acceptées mais confrontées aux pressions du groupe masculin dominant attendant d'elles qu'elles changent leur manière d'être, un grand nombre de femmes réagissent par deux types de réactions défensives qui jouent contre elles : d'une part l'hyperconformisme et tout le zèle du néophyte qui leur en fait faire de trop de sorte qu'elles se vassalisent rapidement, ou la fugue dans l' « invisibilité », cherchant à être le plus « neutre » possible de façon à ce que l'on s'aperçoive le moins possible de leur présence ; passant inaperçues il ne leur sera guère proposé un travail plus intéressant, même si elles ont toutes les capacités pour le faire.

Il tire son nom de l'évangéliste qui rapporte les paroles[1]« A celui qui a, on donnera ; à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a », d'après la parabole des talents, Évangiles de St Matthieu 25/29.</ref> de Jésus Christ selon lesquelles ceux qui ont la foi augmenteront leur grâce et ceux qui ne l'ont pas seront précipitées dans l'éternelle damnation. En l'occurrence, ceux qui « ont » (le pouvoir) sont les hommes et celles qui « n'ont pas » sont les femmes. D'après les recherches de la sociologue Judith Lorber à ce sujet, il semble bien que, quand les femmes perdent le fil conducteur de l'évolution de carrière (souvent à cause d'une maternité), elles accumulent les désavantages et ne se sortent que très difficilement de ce cercle vicieux. Exclues du cercle vertueux du prestige et du pouvoir, elles se retrouvent souvent pour le restant de leur vie condamnées aux emplois subalternes peu gratifiants et peu rémunérés.

[modifier] Notes et références

  1. ab « A celui qui a, on donnera ; à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a », d'après la parabole des talents, Évangiles de St Matthieu 25/29.
  2. Chiara Valentini, Le donne fanno paura, (non traduit en français), il Saggiatore, Milano, 1997

[modifier] Voir aussi

[modifier] Citation

« Si l’on dit que les hommes oppriment les femmes, le mari s’indigne, mais le fait est que c’est le code masculin, c’est la société élaborée par les mâles et dans leur intérêt qui a défini la condition féminine sous une forme qui est à présent pour les deux sexes une source de tourments. »
    — Simone de Beauvoir

« Dans la famille, l'homme est le bourgeois ; la femme joue le rôle du prolétariat. »
    — Karl Marx

[modifier] Œuvres traitant le sujet

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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