Colbertisme

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Le colbertisme est une doctrine économico-politique du XVIIe siècle, élaborée par Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV. Le colbertisme est une variante du mercantilisme, et est davantage un ensemble de pratiques économiques qu’un véritable courant de pensée économique.

Cette politique économique fut mise en pratique entre 1661 et 1683, date de la mort de Colbert, puis fut continuée par ses successeurs.

En tant que courant de pensée économique, elle est remplacée au XVIIIe siècle par le physiocratisme, qui est une réaction face au colbertisme, puis par le libéralisme économique.

Sommaire

[modifier] Principales caractéristiques

Le colbertisme est la variante française de la théorie économique du mercantilisme dont les principales caractéristiques sont :

  • la thésaurisation des richesses (or, argent ...) ;
  • le protectionnisme du marché intérieur ;
  • l'octroi de subsides à l’exportation ;
  • la mise en place de commandes publiques.

Colbert tranforme la logique mercantiliste d’accumulation de métaux précieux en une organisation méticuleuse de l’État qui sera un vecteur de puissance et de grandeur pour le pays et son monarque.

Les soutiens apportés à l’industrie française (dont les fameuses manufactures) par Colbert ne sont pas conçus pour durer éternellement : l’objectif que les entreprises acquièrent un savoir-faire et une taille suffisante (qui entraîne des économies d'échelle) qui leur permettront de devenir compétitives face aux principales concurrentes de l'époque, anglaises et hollandaises.

[modifier] Mise en oeuvre

Il faut valoriser l'exportation de produits manufacturés dans l'intention d'en tirer plus profit. En effet, il faut exporter des biens à valeur ajoutée et non par exemple des matières premières. Ce système passe par une intervention protectionniste de l'Etat, qui limite par ailleurs les importations.

[modifier] Lutte commerciale avec les autres pays d'Europe

[modifier] Néo-colbertisme en France après 1945

On parle de « néo-colbertisme » (ou de dirigisme) pour qualifier les politiques d’interventionnisme menées par les gouvernements français après 1945. S’il ne s’agit plus d’accumuler de l’or ou d’accorder des subsides à l’exportation, le but recherché est de faire émerger, à partir de la masse des petites entreprises et du tissu économique désorganisé, de grandes entreprises françaises qui pourront reconstruire les infrastructures économiques et réaliser des économies d'échelle. En effet, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les infrastructures en France sont en ruine ; l'industrie a besoin d’être réorganisée et modernisée.

Les gouvernements français au sortir de la guerre, qui mêlent gaullistes et communistes, nationalisent des secteurs économiques entiers (énergie, transport ferroviaire, secteur bancaire,…), dans le prolongement des premières nationalisations de l’avant-guerre, avec la volonté de former des « champions nationaux » (EDF, SNCF,…). L’État lance de grands projets : TGV, industrie nucléaire, Airbus, etc.

Alors qu’une crise du logement a lieu en raison du sous-investissement d’avant-guerre[1] et des destructions, il intervient massivement sur le marché immobilier français et lance la construction de grands ensembles, tout en limitant les autorisations de constructions pour les opérateurs privés.

Avec la mise en place du marché commun, et la disparition des tarifs douaniers avec les principaux partenaires commerciaux, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, les entreprises françaises sont confrontées à des concurrentes étrangères, et l’État favorise alors les grandes entreprises sur le marché intérieur, au détriment des PME, avec la volonté qu’augmenter le profit économique des grandes entrepreises les aiderait à gagner des marchés à l’exportation.

Le « néo-colbertisme », français ou européen, auquel s’opposent les libéraux, est évoqué par des hommes politiques pour faire face aux délocalisations[2]. Il n’est pas approuvé par la grande majorité des économistes ; ainsi, Philippe Escande écrit dans Les Échos : « cette politique dirigiste a deux défauts. D'une part, elle dirige l'argent public, notamment les aides à la recherche, vers les champions qui n'en ont pas forcément besoin, au détriment des petits. Ainsi en 2005, plus de 80 % des aides à l'industrie, supposées soutenir les petits, sont tombées dans la poche des grands groupes. D'autre part, elle protège les grands groupes et limite la concurrence et donc l'apparition éventuelle de nouveaux rivaux. Ce que l'économiste autrichien Joseph Schumpeter avait théorisé comme la destruction créatrice qui permet aux innovateurs de prendre la place des acteurs en place. »[3]

[modifier] Bibliographie

  • Philippe MINARD, La fortune du colbertisme, Etat et industrie dans la France des Lumières, Paris, Fayard, 1998.

[modifier] Notes et références

  1. Jean-Charles Asselain, Histoire économique de la France du XVIIIe siècle à nos jours 2. De 1919 à la fin des années 1970 éd. Seuil, coll. Points Histoire, 1984, chapitre 4, page 81
  2. rapport d'information d'un sénateur UMP, 2004
  3. Le trou noir des PME, Les Échos, 26 février 2008

[modifier] Voir aussi