Chemin de fer Matadi-Kinshasa

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Parcours dans le Bas-Congo oriental
Parcours dans le Bas-Congo oriental

La ligne de chemin de fer Matadi-Kinshasa est une ligne de chemin de fer qui fut construite de 1890 à 1898 entre le port de Matadi dans le Bas-Congo et Kinshasa (Léopoldville à l'époque). Sa longueur est de 366 kilomètres et elle est exploitée par l'Office national des Transports (ONATRA).

Sommaire

[modifier] Historique

Arrivée de la première locomotive à Léopoldville en 1898
Arrivée de la première locomotive à Léopoldville en 1898
La ligne en 1913
La ligne en 1913
Avancement des travaux de transformation de la ligne le 25 juillet 1927.
Avancement des travaux de transformation de la ligne le 25 juillet 1927.

Depuis les années 1880, l'exploration puis l'exploitation du territoire du Congo par l'État indépendant du Congo étaient réalisée en profitant du réseau hydrographique du fleuve. Mais entre Matadi et Kinshasa, le fleuve n'était pas navigable, étant barré par les chutes Livingstone puis les chutes d'Inga qui se succèdent sur 300 kilomètres. Le transport se faisait dès lors par portage, système peu efficace et qui était devenu dangereux en raison de l'augmentation des charges et des cadences de transport de marchandises. Il était également extrêmement meurtrier pour les porteurs eux-mêmes, esclaves ou population locale enrôlée de force. Il est dès lors rapidement décidé de construire une ligne de chemin de fer sur ce parcours.

La Compagnie du Congo pour le Commerce et l'Industrie (CCCI) fut fondée le 27 décembre 1886 par devant Maîtres Van Halteren et Van Bevere, notaires à Bruxelles (Moniteur du 4 janvier 1887). L'assemblée générale constitutive eut lieu le 9 février 1887 au Palais de la Bourse. Ce n'est que deux ans plus tard, le 31 juillet 1889, que fut créée sa filiale la Compagnie du Chemin de Fer du Congo (CCFC). Les travaux de construction de la ligne entre Matadi et le Stanley Pool ont été dirigés par Albert Thys qui donnera son nom à l'une des étapes, Thysville. L'achèvement du chemin de fer coûta la vie à 1932 personnes (1800 noirs et 132 blancs).

La principale difficulté fut de permettre à la ligne de chemin de fer de sortir des gorges du Congo, par le canyon de la rivière M’pozo, puis le passage par les monts de Cristal.

Ce dur labeur est évoqué par Joseph Conrad dans son roman Au cœur des ténèbres, dont il a lui même été témoin alors qu'il travaillait pour l'État indépendant du Congo vers 1890.

Commencée en 1890, la ligne fut achevée en 1898. Des travaux d'aménagement furent entrepris de 1923 à 1931 avec changement d'écartement et de tracé (y compris un échange de terrain avec le Portugal qui contrôlait l'Angola pour le second dans la région de Matadi).[1] Plusieurs dizaines de milliers de personnes, forçats et travailleurs obligatoires, furent employés pour cette rénovation. 7 000 y perdirent la vie.

Malgré les difficultés techniques et financières liées à la construction de cette ligne de chemin de fer, celle-ci s'avéra très rapidement rentable, principalement suite à l'exploitation de l'ivoire et du caoutchouc.

1898-1932 1932-[2]
Écartement 0.765 m 1.067 m
Rails 21.5 kg/m 33.4 kg/m
Charge totale ±10 t par essieu ±15 t par essieu
Longueur 400 km 366 km[3]
Pente max. 45‰ 17‰
Rayon min. 50 m 250 m

[modifier] Principales gares

Billet 2e classe, novembre 2003
Billet 2e classe, novembre 2003

[modifier] Actualité

La ligne de chemin de fer et le port de Matadi sont actuellement le principal lien de Kinshasa avec le monde extérieur. La réhabilitation de la route de Matadi début des années 2000 a cependant quelque peu relativisé cette situation.

La ligne est sous-exploitée et dangereuse. Le 26 novembre 2003, un train a déraillé et s'est abîmé dans le fleuve, occasionnant officiellement 10 morts. Il reste actuellement huit locomotives en état de marche.

[modifier] Citation

« Sans Chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny »
    — Henry Morton Stanley

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes


[modifier] Sources

  1. Changement de voie de 765mm à 3½ pieds et renouvellement du tracé, ce qui n'était que possible après un échange de terrain entre le Congo Belge et le Portugal (Angola). cf. Blanchart Charles: Le Rail au Congo Belge. Bruxelles, 1999.
  2. Blanchart Charles: Le Rail au Congo Belge (2 tomes). Bruxelles: Blanchart, 1993/1999.
  3. 396 km avec les antennes pour Ango-Ango et Thysville