Céramique

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Premier « art du feu » à apparaître (avant la métallurgie et le travail du verre), la céramique désigne l’ensemble des objets fabriqués en terre cuite qui ont subi une transformation physico-chimique irréversible au cours d’une cuisson à température plus ou moins élevée.

Sommaire

[modifier] Généralités

Le mot céramique provient du grec ancien κέραμος / kéramos, qui signifie « terre à potier », « argile ». Il a donné son nom à un quartier d'Athènes, le Céramique.

Un matériau céramique est solide à température ambiante et n'est ni métallique, ni organique. Les objets en céramique sont réalisés par solidification à haute température d'une pâte humide plastique (verres minéraux), ou agglutination par chauffage (frittage) d'une poudre sèche préalablement comprimée, sans passer par une phase liquide (céramiques polycristallines) ; par extension, on désigne sous le terme « céramique » les objets eux-mêmes ainsi fabriqués.

On peut distinguer trois branches de la céramique :

  • la céramique utilitaire, principalement la poterie, la plus ancienne des formes de céramique (elle est antérieure au travail des métaux) qui utilise les terres argileuses comme matériau de base ;
  • la céramique d'art qui a dérivé de la précédente, et délaisse la fonction utilitaire pour se centrer sur la valeur décorative ou esthétique;
  • la céramique industrielle, particulièrement développée au XXe siècle, elle utilise des matériaux à base d'oxydes, de carbures, de nitrures, etc.

[modifier] Histoire

[modifier] Préhistoire

La céramique apparaît

  1. vers le Xe millénaire av. J.-C. en Extrême-Orient,
  2. au VIIe millénaire av. J.-C. au Proche-Orient,
  3. et au VIe millénaire av. J.-C. en Occident.

[modifier] Europe et Proche-Orient

D'abord basée sur du modelage, la technique de travail évolue pendant la protohistoire avec l'invention du tour, sans doute originaire du Proche-Orient. Elle permet la production rapide de nombreux récipients standardisés. La pose de vernis noir à base d'oxydes métalliques permet d'améliorer les techniques de décor. La technique est reprise par les potiers grecs durant l'Antiquité puis dans le monde romain, notamment avec la technique de la céramique sigillée dont un des centres principaux de production est le site de La Graufesenque, dans le sud-ouest de la Gaule.

Voir aussi : Céramique grecque antique
Voir aussi : Céramique sigillée romaine

Mais c'est la découverte du décor vitrifié (à base d'eau, de silice et de colorants), déjà employée dans l’Empire byzantin et en terre d’Islam, qui permet au Xe siècle le développement de la poterie vernissée. Les Arabes qui occupent l'Espagne jusque au XVe et l'Italie du Sud jusqu'au XIIe introduisent la technique en Europe.La technique de la terre vernissée est redécouverte en France entre le XIVe et le XVIe siècle, notamment avec les travaux sur l'émail de Bernard Palissy dont les italiens et les espagnols avaient jusque là le quasi-monopole.

Voir aussi : Art de la céramique en terre d'Islam.

Les techniques empruntées aux potiers Ottomans et Arabes permettent aussi aux italiens de découvrir le sgraffiato et les majoliques. Le décor à istoriato apparaît à Florence et à Faenza au XVe siècle et la faïence est fréquemment utilisée. La technique de la porcelaine est redécouverte et affinée, mais s'interrompt au début du XVIIe siècle.

À partir du XVIe siècle, l'art des potiers italiens se répand. Au XVIIe siècle, l'Europe subit deux influences: l’une italienne à Nevers, l’autre chinoise à Delft. La faïence française du XVIIIe siècle, avec des décors cuits à température de petit feu, se développe avec des centres de production comme Marseille, Strasbourg, Niderviller.

Le secret de fabrication de la porcelaine est réétudié. En 1709, un alchimiste allemand de Dresde, Böttger, découvre la recette de la porcelaine dure, alors que les principaux centres de production européens (Rouen, Saint-Cloud, Chantilly, Mennecy, Vincennes et Sèvres) utilisaient une porcelaine tendre. Dès lors la fabrication devient intense, variée et abondante. La manufacture de Sèvres devient manufacture nationale en France. Au XIXe siècle, ses collections sont alimentées par son directeur, Alexandre Brongniart.

L'industrialisation croissante à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle modifie le rapport à la céramique. La généralisation de procédés de fabrication pour la production de masse, et les nouveaux moyens de transport (notamment le chemin de fer), signent l'arrêt de la pièce unique artisanale aux profit des arts appliqués. Les ateliers se transforment en fabriques et la petite industrie se développe dans des centres comme Limoges ou Vallauris.

Au début du XXe siècle, l'art nouveau fait rentrer l'art — et en particulier la céramique — dans la majorité des foyers. Il est prolongé après la Première Guerre mondiale par l'art déco et les recherches sur le design. Mais la crise économique de 1929 et l'arrivée de matériaux comme la fonte, l'aluminium ou l'inox vont amener à un désintérêt de la céramique utilitaire. L'apparition après la Seconde Guerre mondiale des matières plastiques va aggraver la situation des artisans et des petites fabriques.

En parallèle, l'évolution de la chimie et de l'étude des matériaux va aussi permettre la création de nouveaux matériaux céramiques pour des applications industrielles: aussi appelée néocéramique, c'est la céramique industrielle.

Face à cette désaffection de l'artisanat utilitaire, un nouveau courant artistique apparaît dans l'immédiat après-guerre: la céramique contemporaine naît des échanges entre artistes, souvent des peintres venus à la céramique. Les techniques de céramique orientales, notamment celles de Chine et du Japon — par l'intermédiaire de l'anglais Bernard Leach — sont popularisées. En France, des villages de potiers revivent. C'est le cas de La Borne sous l'impulsion de Jean et Jacqueline Lerat et leurs travaux sur le grès. Vallauris vit une véritable renaissance avec l'arrivée de nombreux artistes, suivis rapidement par une star: Picasso. En Italie c'est à Albisola que de nombreux artistes ont travaillés: Jorn, Wifredo Lam, Fontana, Capogrossi, Arroyo, Recalcati, Rougemont, Mondino, Patrick Moya, Laveri... Depuis les futuristes jusqu'aux artistes les plus contemporains du Movimento Artistico Mediterraneo, les ateliers de cette petite ville balnéaire sont restés ouverts à toutes les tendances contemporaines.

[modifier] Les Etats-Unis

Aux États-Unis, la technique des cuissons rapides, notamment celle du raku japonais, est réappropriée par des artistes comme Paul Soldner. Sa simplicité apparente conjuguée à la vague des rencontres professionnelles de potiers, ou workshops, permet une large démocratisation de l'art céramique à partir des années soixante-dix en Amérique, puis de 1981 en Europe.

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Liens externes