Bruche (rivière)

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Bruche
Le pont SNCF de Fouday
Longueur 76,8 km
Débit moyen 8,21 m3.s-1
mesurés à Holtzheim
Surface du bassin 727 km2
Régime pluvio-nival
Se jette dans l'Ill
Bassin collecteur Rhin
Pays France
Cours d’eau - Hydrologie

La Bruche (Breusch en allemand) est une rivière française qui traverse le sud du département du Bas-Rhin en Alsace. De toutes les rivières tributaires de l'Ill, elle est la plus constante dans son débit.

Sommaire

[modifier] Le cours de la Bruche

La Bruche prend sa source sur le territoire de la commune de Saales, sur le versant nord du Climont. Elle se dirige d'abord vers le nord-nord-est par une vallée souvent étroite où la voie ferrée et la route nationale 420 doivent emprunter de nombreux ponts. Après Schirmeck, la vallée oblique vers l'est et s'élargit.

La rivière traverse Mutzig et Molsheim, ses principaux affluents sont la Climontaine, la Schirgoutte, le Ranville, la Chergoutte, la Rothaine, le rupt de Framont, le Netzenbach, la Hasel, la Magel, le ruisseau de Still et la Mossig. La Bruche se jette dans l'Ill à Strasbourg au lieu-dit du Gliesberg.

Étymologie

En dialecte vosgien la rivière se prononce "Bruchrine" (ch guttural comme en allemand). C'est sous cette forme que le consigne le pasteur Jean Georges Stuber originaire de Strasbourg vers 1752 lorsqu'il se trouvait encore pasteur à la paroisse de Waldersbach au Ban de la Roche (Steintal). Il semble s'agir d'un nom plutôt d'origine gallo-romaine et non germanique comme on a tendance à la croire.

[modifier] Le canal de la Bruche

Le début du canal de la Bruche à Wolxheim
Le début du canal de la Bruche à Wolxheim

En aval de Molsheim, à Wolxheim-le Canal (village bâti pour loger les ouvriers employés dans les carrières de grès de Soultz-les-Bains), une partie de l'eau de la rivière alimente le canal de la Bruche qui traverse la plaine d'Alsace jusqu'à Strasbourg. Ce canal, achevé en 1682, est l'œuvre de Vauban qui l'a exécuté en deux ans. Louis XIV emprunta la digue du canal de la Bruche lors d'une visite d'inspection des fortifications de la ville de Strasbourg le 29 juin 1683.

D'une longueur de 20 km (19,78 km précisément), ponctué de 11 écluses pour absorber un dénivelé de 29 m, il a permis d'apporter à Strasbourg les pierres des Vosges nécessaires à la réalisation de la citadelle de la ville, suite à sa reconquête en 1681. L'aménagement simultané de la rivière a aussi rendu plus efficace le flottage du bois. Plus récemment, le transport du vin, du bois, des briques et des tuiles a duré jusqu'en 1939. Certains ponts bombardés au cours de la seconde guerre mondiale ont été reconstruits trop bas, empêchant la navigation. Aujourd'hui, l'ancien chemin de halage est devenu une piste cyclable (Molsheim - Allemagne) appréciée des citadins et la pêche y est réputée.

[modifier] Haute-Bruche

On dénomme familièrement Haute-Bruche le bassin de la Bruche en amont de Lutzelhouse-Muhlbach-sur-Bruche, que remontent la D420 et la voie ferrée (TER Strasbourg-Saint-Dié). Incluant de nombreux vaux affluents, de part et d'autre de la rivière souvent cascadante, cette région touristique un peu enclavée, cependant voie de communication importante, est verdoyante et forestière, peu fertile. Jadis animée par l'industrie textile, cette vallée en moyenne montagne se revendique alsacienne et vosgienne. On y parla le welsch, un patois lorrain, ainsi que l'alsacien, cela dans des secteurs bien délimités, à l'instar des pratiques religieuses (villages traditionnellement catholiques ou protestants, quand égise et temple ne s'y côtoyaient pas).

Frôlant la Lorraine, incluant de ce côté quelques montruosités? de l'ancienne principauté de Salm, la vallée oblique longuement dans la montagne bas-rhinoise, sous le Champ du Feu (à l'est), le Donon (à l'ouest) et le massif du Climont. Abandonnant le cours de la Bruche, la passante D420, ex "nationale", franchit le col de Saales à 420 m d'altitude. Le Ban de la Roche rendu célèbre pas le pasteur pédagogue Oberlin appartient au microcosme jadis rude et fermé de la Haute-Bruche, aujourd'hui communauté de 25 communes (Communauté de communes de la Haute-Bruche).

Principal centre commercial et de services : Schirmeck. Cité la plus importante : La Broque (environ 2800 habitants). Commune la moins peuplée : Blancherupt (une trentaine d'habitants).

[modifier] Vallée en BD

Tirant parti de la géographie du lieu, l'auteur de BD Jacques Martin, né à Strasbourg, a fait de la vallée de la Bruche le théâtre de certaines aventures de son héros Guy Lefranc.

[modifier] Dynamisme en amont

Une petite équipe d'hôteliers-restaurateurs, à l'origine galvanisée par Denis Boulanger, jeune chef brillant disparu jeune, a beaucoup fait depuis la fin des années 1990 pour la promotion de la Haute-Bruche qui englobe la partie de la vallée située en amont de Molsheim et les vaux affluents (ceux de la Rothaine et de la Chirgoutte, par exemple). Le plus souvent entraînés par Gérard Goetz, de Fouday, ils ont lancé d'importantes manifestations, certaines particulièrement originales.

Grands chefs de cuisine alsaciens et d'ailleurs, gastronomes et journalistes furent invités en pleine nature, dans une ancienne scierie, où avait été dressé un buffet colossal de produits et de plats vosgiens, voire spécifiquement "bruchois". Ils devaient revenir en train spécialement affrété... pour se retrouver en pleine montagne sous le chapiteau d'un vrai cirque (Kino's), monté là, presque périlleusement, avec éléphants et tigres.

Les '"Mariannes" de l'association Saveurs de France-Saveurs d'Europe (diplômes ornés d'une effigie de Marianne) furent, au soir de cette journée ludique et gastronomique, décernées devant un millier de personnes attablées sous un immense chapiteau à Schirmeck. Cela en présence de plusieurs cuisiniers et restaurateurs de l'Est et de la Forêt-Noire généreusement étoilés par le Michelin. Gérard Goetz, Yves Metzger (Natzwiller) et Valérie Boulanger (qui perpétue l'affaire de Denis, à Saulxures) ont participé à de nombreuses manifestations contribuant à faire connaître une haute vallée, jadis industrielle, dont l'essor touristique est récent (à Strasbourg, à l'Hôtel de la Région, à Paris, au Sénat, à Fribourg-en-Brisgau, en Forêt-Noire, lors du salon Plaza Culinaria, à Martigny, en Suisse, lors de la Foire du Valais).

La Bruche et sa vallée supérieure sont les "héroïnes" de Saveurs d'Alsace, Plaisirs des Vosges, gros album très illustré et documenté publié par les éditions de la Nuée bleue (ouvrage épuisé, après avoir connu un succès de librairie inattendu). Ce livre, orchestré, rédigé et, pour une bonne part, illustré par Jacques-Louis Delpal a été conçu à l'initiative d'un enfant du pays, Gérard Goetz. S'il fait la part belle à Fouday et à Plaine, l'ouvrage dense et coloré présente aussi paysages et personnages du Ban-de-la-Roche et des mini-univers que constituent les vallons convergeant vers la haute vallée de la Bruche.

Il évoque le rôle de la rivière autrefois force motrice des industries textiles et des scieries, aujourd'hui attrait touristique, et rappelle qu'elle fut capricieuse, difficilement franchissable en amont de Schirmeck jusqu'à la construction du Pont de la Charité à l'initiative du pasteur Jean-Frédéric Oberlin, grand personnage du Ban-de-la-Roche connu dans le monde entier pour son rôle pédagogique.

[modifier] Un club de la table

Il faut noter qu'il n'existe pas de « Bruchois » proprement dits (comme on dit « Alsaciens » ou « Vosgiens »), mais que la Bruche est souvent revendiquée comme un symbole d'union dans le haut pays, entre Climont et Donon (cela beaucoup plus qu'en plaine). Par le Club gastronomique professionnel de la haute vallée de la Bruche, par exemple — une association sans buts lucratifs à l'origine fédérée par Denis Boulanger —, par diverses associations professionnelles et, surtout, par la « ComCom », la Communauté de communes de la Haute-Bruche.

Association de restaurateurs et d'hôteliers, le Club gastronomique a été particulièrement actif au début des années 2000, la Haute-Bruche attirant enfin une clientèle autre que celle des habitués strasbourgeois et de la plaine alsacienne (pratiquement toutes les belles fermes de la vallée et des vaux afférents sont devenues résidences secondaires). Presque toute l'année, des centaines, voire des milliers de clients affluent le dimanche midi dans les restaurants et les fermes-auberges. Une clientèle belge importante séjourne Devant-Fouday (lieu dit dépendant de Plaine, mais regardant l'église protestante dominant la tombe du pasteur Oberlin) ; Colroy-la-Roche, Natzwiller et Saulxures ont les honneurs des guides gastronomiques, dont le Pudlo Alsace (Gilles Pudlowski consacre de nombreux articles à la vallée dans les Dernières Nouvelles d'Alsace).

Une maison du tourisme importante a été aménagée à Schirmeck, qui se rénove depuis la création du tunnel routier débarrassant la petite cité d'une circulation qui fut abominable et dangereuse (beaucoup de camions, notamment des grumiers négociant péniblement le virage serré à l'entrée de La Broque).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Chip Buchheit, Florent Fritsch et Olivier Haegel, La haute vallée de la Bruche (photographies : Claude Menninger ; dessins : Audrey Schneider), Lieux dits, Lyon, 2005, 104 p. (ISBN 2914528132)
  • Claude Keiflin, Gens de Bruche : une vallée vosgienne et son patois welche, La Nuée Bleue, Strasbourg, 1998, 94 p. (ISBN 2-7165-0465-2)
  • Denis Leypold, La métallurgie du fer dans le massif vosgien : la vallée de la Bruche, de l'antiquité au XIXe siècle, Société Savante d'Alsace, 1996, 529 p. (ISBN 2904920137)
  • G. Maire, La Basse Bruche. Cône de piedmont et dynamique actuelle, Université de Strasbourg, 1966 (thèse de 3e cycle)
  • G. Maire, « Aspects de l'évolution quaternaire de la vallée inférieure de la Bruche », Bulletin Serv. Carte Géol. Alsace Lorraine, 1967, n° 20, 3, p. 175-184.
  • Jean Sainty (et al.), Mutzig : les chasseurs de mammouths dans la vallée de la Bruche, Les musées de la ville de Strasbourg, Strasbourg, 1995 (ISBN 2901833128)

[modifier] Liens externes

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