Bombardement de Sakiet Sidi Youssef

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Article sur les incidents du 11 janvier 1958, L'Écho d'Alger, 15 janvier 1958
Article sur les incidents du 11 janvier 1958, L'Écho d'Alger, 15 janvier 1958

Le bombardement de Sakiet Sidi Youssef est une opération menée par l'armée française, dans le cadre de la guerre d'Algérie, sur le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef le 8 février 1958. Depuis, chaque 8 février, la Tunisie et l'Algérie commémorent conjointement cet événement.

Sommaire

[modifier] Contexte

Alors que la guerre d'Algérie fait rage, l'armée française subit régulièrement des attaques venant de l'autre côté de la frontière tunisienne. Le pays, devenu une véritable base arrière, apporte en effet son soutien logistique, par le transit des armes, et héberge des troupes de l'Armée de libération nationale. En 1958, le commandement de l'armée française en Algérie décide de ne plus tolérer le harcèlement de ses forces.

Le 2 janvier se produit un accrochage à la frontière lors duquel les Algériens réussissent à capturer quatre soldats français et à les ramener dans la région du Kef. Le président du Conseil français, Félix Gaillard, charge le général Duchalet de porter un message au président Habib Bourguiba, lequel refuse de recevoir ce militaire qui avait combattu les fellaghas en 1954. Gaillard envoie alors son chef de cabinet en vain. Bourguiba déclare à la presse : « La France doit comprendre qu'un général pour appuyer une protestation ou une frégate pour soutenir une politique, tout cela doit prendre fin. Si l'action continue, je demanderai l'installation d'un régiment de l'ONU aux frontières[1]. » À Paris, ces réactions ne sont guère appréciées car Bourguiba semble ainsi vouloir internationaliser la guerre d'Algérie.

Le 11 janvier, des unités algériennes attaquent à l'arme lourde une patrouille française (15 soldats français tués et 4 prisonniers) puis se retranchent à Sakiet Sidi Youssef[réf. nécessaire]. Le commandant basé à Alger avise Paris que « des bandes d'assaillants algériens, repérés par l'aviation française, franchissent la frontière à partir de la Tunisie et se répandent dans les fermes et les mechtas (groupement de maisons en dehors d'une agglomération) algériens et que les véhicules de la garde nationale tunisienne stationnent de plus en plus à la frontière en position d'accueil[1]. »

[modifier] Opération

Le 8 février, l'armée française indique qu'un avion, touché par une mitrailleuse postée à Sakiet Sidi Youssef, a dû se poser en catastrophe à Tébessa. Le général Edmond Jouhaud, commandant de la 5e région aérienne, décide d'effectuer un raid et demande à Gaillard et Jacques Chaban-Delmas (ministre de la défense) l'autorisation de risposter. Vers 10h50, un marché où se pressent des paysans de la région est mitraillé par une escadrille de chasseurs volant en rase-mottes. Ensuite, trois vagues de sept bombardiers B26 pilonnent la localité jusque vers midi. Le bilan varie entre 72 et 75 morts et 148 blessés dont une douzaine d'élèves d'une école primaire[1] et des réfugiés algériens regroupés par une mission de la Croix-Rouge[2].

En réaction, la Tunisie expulse cinq consuls français qui exercent dans les principales villes du pays, organise le blocus des casernes françaises et met sur pied une visite organisée du village par la presse internationale. Le conflit purement français devient ainsi international puisque la Tunisie porte plainte auprès de l'ONU. Le Conseil de sécurité décide alors une mission de bons offices anglo-américaine.

Face à la polémique, le gouvernement Gaillard est renversé par l'Assemblée nationale le 15 avril, les partisans de l'Algérie française évoquant un « nouveau Munich ». Les communistes votent également la censure. Cette crise ouvre ainsi la voie au retour du général de Gaulle au pouvoir et impose, le 17 juin, un accord entre les deux pays stipulant « l'évacuation de toutes les troupes françaises du territoire tunisien à l'exception de Bizerte. »

[modifier] Références

  1. abc Tahar Belkhodja, Les trois décennies Bourguiba. Témoignage, éd. Publisud, Paris, 1998
  2. (fr) « Du bon et du mauvais usage d'une commémoration », Jeune Afrique, 3 février 2008

[modifier] Liens externes


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