Blitzkrieg

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Le Blitzkrieg est une doctrine militaire développée durant l'entre deux-guerre. Son objectif est d'emporter une victoire décisive avec des moyens limités dans le temps. Résolument offensive, elle vise à obtenir la percée du front en un point faible appelé Schwerpunkt grâce à un assaut massif de troupes appuyé par une étroite combinaison d'aviation d'appui au sol, d'artillerie et de sapeurs d'assaut. La percée est définitivement obtenue par l'irruption de forces terrestres motorisées s'enfonçant, le plus rapidement possible, au cœur du dispositif logistique et militaire ennemi. L'objectif visé est la rupture de la chaîne de commandement et la paralysie des moyens logistiques et opérationnels. La dernière étape de cette doctrine consiste en la destruction des unités ennemies qui auraient été prises de vitesse et se retrouveraient isolées, encerclées et coupées de tout ravitaillement. Historiquement associé à l'Allemagne nazie et à ses victoires, l'aura d'invincibilité qui y est prêtée cache paradoxalement les faiblesses d'un état pouvant difficilement soutenir une guerre industrielle et/ou d'usure.

Sommaire

[modifier] Une tactique d'invasion

L'objectif de la Blitzkrieg est de neutraliser l'ennemi avant qu'il n'ait eu le temps d'opposer un front solide aux attaques de l'agresseur. Les trois éléments essentiels sont l'effet de surprise, la rapidité de la manœuvre et la brutalité de l'assaut. Celui-ci a pour but de percer le front, afin d'encercler l'armée ennemie dans une poche, qui coupée de son ravitaillement, sera obligée de se rendre après épuisement des munitions et du carburant.

La concentration massive des Panzers en quelques pointes a fait la différence par rapport à la dispersion des chars Alliés durant la bataille de France où ceux-ci n'étaient là que pour soutenir l'infanterie selon la doctrine alors en vigueur. Les chars allemands avaient ainsi pu former la fameuse poche de Dunkerque qui acheva l'armée française.

C'est grâce à cette tactique très offensive que la Wehrmacht a réussi à vaincre les armées alliées durant la première partie de la Seconde Guerre mondiale.

Cette nouvelle tactique a payé car elle était nouvelle, et ceci en situation d'infériorité numérique au niveau des chars, mais comme toute nouveauté une fois comprise elle put être appliquée à son tour par les Alliés, ainsi que contrée.

[modifier] Les limites

Cependant, cette tactique de combat a commencé à montrer ses limites à partir de 1942. En effet, cette stratégie de guerre-éclair n'était applicable que sur des théâtres d'opération réduits et dans des durées courtes. C'est une des raisons qui expliquent l'affaiblissement de la Wehrmacht à partir de 1942. Il y a aussi la compréhension de cette tactique par les alliés, qui explique en partie le début des défaites allemandes en 1942.

On estime que la bataille de Stalingrad fut le tournant décisif de la guerre, justement, car le maréchal Joukov appliqua cette technique des pinces d'encerclement à l'armée de Friedrich Paulus qui se rendit en février 1943 car affamée et sans munitions, et non pas parce qu'elle fut détruite.

D'autres part, il n'y a pas de doctrine défensive dans la blitzkrieg ce qui, dans le cas d'Hitler, l'a incité à interdire les replis, nécessaires quand on est encerclé et donc coupé de son ravitaillement. C'est ce qui explique la ou les premières défaites allemandes alors que, dans les premiers jours, il était totalement envisageable pour l'armée de Paulus à Stalingrad en novembre 1942, ou l'armée de Rommel en Afrique du Nord en mai 1943 de se replier, au lieu de se rendre.

[modifier] Mythe de la Blitzkrieg selon Frieser

L'étude récente d'un historien allemand, Le Mythe de la Blitzkrieg (éditions Belin) de Karl-Heinz Frieser suggère que cette technique fut moins le résultat d'une préparation que le fruit des événements sur le terrain et du zèle de quelques généraux (Heinz Guderian ou Erwin Rommel, par exemple). Les forces allemandes sont en effet moins motorisées en 1940 que les forces britanniques. Les chefs politiques et militaires sont divisés en deux camps : conservateurs fidèles aux principe de la guerre de position (comme sous la Première Guerre mondiale) et progressistes plus enclins à la guerre de mouvement.

L'armée allemande de 1940 était bien inférieure en nombre et en qualité aux armées de l'Ouest[1]. Frieser relève qu'à peine la moitié des forces allemandes (5,4 millions d'hommes mobilisées en 1940) étaient normalement équipées. Le répit donné par la drôle de guerre a profité aux Allemands qui s'entraînaient pendant que beaucoup de soldats français restaient cantonnés dans la Ligne Maginot. Hitler n'était pas, en dépit de la propagande, un chef éclairé. Avant la victoire en France, la construction de blindés n'aurait pas exemple pas été une priorité, Hitler préférant l'artillerie lourde.

La réussite de l'attaque allemande de mai 1940 tient surtout à un coup stratégique important, le « coup de faucille » au travers des Ardennes, renouvelant ainsi un des concepts fondamentaux de l'art militaire : attaquer - ici, en violation de la neutralité belge - là où l'ennemi ne s'y attend pas. Lorsque les panzerdivisions mettent en déroute les armées alliées, le reste des forces allemandes traverse péniblement à pied ou à cheval (l'armée allemande utilise deux fois plus de chevaux que lors de la Première Guerre mondiale c'est-à-dire 2,5 millions environ) les Ardennes, ne rencontrant aucune résistance et ne tirant souvent aucun coup de feu, se contentant d'occuper le terrain et prenant simplement la Ligne Maginot à revers.

Quand l'Allemagne attaque en 1940, elle concentre 75 % de ses forces dans la bataille, tandis que les Alliés ne font face qu'avec 25 % de leurs forces (gardant des troupes en réserve dans l'optique d'une guerre longue).

Toujours pour Frieser, la Blitzkrieg se serait révélée un échec dès qu'elle fut théorisée, après la campagne de France, et notamment à l'Est.

[modifier] Le contexte

La fin de l'expansionnisme allemand trouve sa source dans des contextes précis qui montrent les limites de la guerre-éclair dans ces contextes précis : l'hiver russe (manque d'équipement imputable à une avancée très rapide), les fortifications de la Bataille d'El-Alamein (Rommel n'avait pas les troupes nécessaires), etc.

[modifier] Pionniers de la Blitzkrieg chez les alliés

Avant que la Seconde Guerre mondiale ne débute, il y a eu des militaires alliés qui ont compris l'utilisation concentrée de chars et d'avions, bien qu'ils furent peu écoutés.

  • Liddell Hart, capitaine anglais retraité de la Première Guerre mondiale. Il a théorisé une approche souple et latérale de la guerre moderne, en opposition avec les attaques frontales et rigides de 1914-1918. Ses écrits, bien qu'encore éloignés de la Blitzkrieg, ont fortement influencé les théoriciens militaires allemands.
  • Charles de Gaulle, colonel de cavalerie, commandant une division cuirassée en 1940. Autant en Afrique du Nord que sur le front de l'Italie, les Forces françaises libres remportèrent ses victoires grâce à son habileté. Sur le front de l'Italie par exemple, ce sont les forces coloniales marocaines qui brisèrent la ligne Gustave, et c'est seulement après que Monte Cassino fut pris, déjà évacué car le front avait justement déjà été percé.
  • le général russe Joukov a infligé des défaites décisives aux Japonais justement grâce à son utilisation massive des chars BT7, facteur qui incita les Japonais à diriger plutôt leur offensive vers le sud de l'Asie. Joukov a par la suite planifié la bataille de Stalingrad, la bataille de Koursk, etc.
  • le général 3 étoiles Patton lui aussi fut totalement conscient de la potentialité des chars dans l'armée américaine, et conséquemment fut à l'origine des percées des alliés en Sicile, de la percée d'Avranches, et enfin de celle de la ligne Siegfried en février 1945.

On peut à titre anecdotique rappeler que Jules César, dans sa Guerre des Gaules, mentionnait déjà l'embryon d'une sorte de Blitzkrieg : première frappe de l'ennemi à distance avec les pilums et « blindage » des troupes qui avancent sous la carapace des boucliers formant une « tortue ».

[modifier] Notes

  1. Ce qui avait sans doute motivé le « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » de Paul Reynaud

[modifier] Bibliographie

  • Karl-Heinz Frieser, Le Mythe de la guerre-éclair : La Campagne de l’Ouest de 1940, Ed. Belin, 2003
  • Basil Sir H. Liddel Hart, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Ed. Fayard, 1973

[modifier] Voir aussi