Bisexualité

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Bisexualité (mot formé sur le modèle de homosexualité et hétérosexualité) désigne l'attirance sexuelle ou/et sentimentale pour des personnes des deux sexes, soit simultanément soit alternativement.

Sommaire

[modifier] Origines du mot

[modifier] En biologie

A l'origine le terme s'appliquait à la biologie puis il a pris le sens d'une prédisposition bio-psychologique à la fois féminine et masculine propre à tout être humain. Cette prédisposition n'augure en rien des conduites sexuelles à proprement parler. Il ne faut pas la confondre avec l’androgynie, c’est-à-dire un être humain dont l'apparence ne permet pas de décider à quel sexe il appartient. Quand une personne est physiquement porteuse des deux sexes on parle plutôt d'hermaphrodite.

[modifier] En psychanalyse

On distingue la bisexualité comme comportement de la "bisexualité psychique" théorisée notamment par Wilhelm Fliess et Freud qui serait le fondement psychique inconscient de tout être humain. Selon Freud dans "Trois essais sur la théorie sexuelle. Les bisexuel-le-s peuvent avoir des relations simultanées avec les partenaires de n’importe quel sexe, pratiquer la monogamie en série avec des partenaires de l’un ou l’autre sexe, avoir des relations avec des partenaires d’un seul sexe ou pratiquer la chasteté. La bisexualité se réfère aux désirs et au concept de soi, pas nécessairement au comportement.

[modifier] Orientation sexuelle ou comportement agi

Dans son sens actuel il désigne les conduites et l'attirance sexuelle et/ou sentimentale pour des personnes des deux sexes, soit simultanément soit alternativement.

La bisexualité agie est une orientation sexuelle caractérisée par l’amour romantique et/ou le désir sexuel pour les membres des deux sexes, en complément avec l’homosexualité, l’hétérosexualité, l’asexualité, la transexualité, l'intersexualité, le travestisme.

L’orientation bisexuelle se situe entre les deux orientations sexuelles d’homosexualité et d’hétérosexualité et peut être une combinaison unique de caractéristiques.

[modifier] La prédominance de la bisexualité au sens large

Quelques études, notamment le Comportement sexuel du mâle humain (1948) et le Comportement sexuel de la femelle humaine (1953) d’Alfred Kinsey tendent à prouver qu'une large majorité n'a pas une orientation sexuelle aussi tranchée qu'il y parait. Les cas de strictes hétérosexualité ou de strictes homosexualité seraient relativement rare (entre 5-10% selon Kinsey) et les cas de réelle indétermination (la bisexualité "pure") plus rare encore (inférieur à 1%). L'identification à un comportement ou une orientation sexuelle relèverait purement du domaine social selon les études de Kinsey.

[modifier] Échelle de Kinsey

Niveau Description
0 Exclusivement hétérosexuel(le)
1 Prédominance hétérosexuelle, expérience homosexuelle
2 Prédominance hétérosexuelle, occasionnellement homosexuel(le)
3 Bisexuel sans préférence
4 Prédominance homosexuelle, occasionnellement hétérosexuel(le)
5 Prédominance homosexuelle, expérience hétérosexuelle
6 Exclusivement homosexuel(le)

[modifier] La bisexualité dans l'Histoire

La bisexualité a une histoire universelle, selon la plupart des sources historiques et littéraires. Les gens dans la plupart des sociétés connues ont montré des degrés variables de bisexualité et ce sans que ce comportement ait été jugé anormal. La plupart des relations bisexuelles étaient attachées soit à une période de la vie (comme pour le shudo dans le Japon pré-moderne), soit à un troisième genre (comme pour les Deux-Esprits nord-amérindiens ou les bacchás d'Asie centrale). Les comportements hétérosexuels et homosexuels masculins, bien qu'également présents, semblent constituer des exceptions partout, sauf dans les sociétés influencées par les religions abrahamiques (judaïsme, islam et certaines églises du christianisme), où les comportements bisexuels et homosexuels sont fortement réprimés et l'hétérosexualité encouragée. La plupart de ce que l’on appelle homosexualité dans les cultures anciennes est en fait une forme de bisexualité.

L'histoire de la bisexualité agie féminine est plus difficile à établir, dans la mesure où les sociétés les mieux connues étaient généralement patriarcales, pour lesquelles les sources dont l'on dispose émanent principalement d'hommes.

Dans la Grèce antique, il semble que les hommes avaient successivement des comportements homosexuels, bisexuels puis majoritairement hétérosexuels. L'homosexualité était associée à l'adolescence, suivie par une phase de bisexualité caractérisée par des relations pédérastes, suite à quoi l'homme adulte se mariait, enfantait et adoptait un comportement principalement hétérosexuel. La Rome antique, les pays arabes (y compris aujourd'hui), la Chine et le Japon connaissent également des modèles de comportement similaires. Le cas le plus célèbre est sans nul doute celui d'Alexandre le Grand qui a eu beaucoup de femmes, mais entretenait aussi des relations avec au moins deux hommes, dont son ami proche Héphaestion. Mais les comportements bisexuels étaient également courants chez les empereurs romains et chinois, ou encore chez les shogun japonais.

Les termes d’hétérosexualité, bisexualité, d’homosexualité et généralement d'orientation sexuelle correspondent à des constructions sociologiques modernes qui ne sont pas forcément adaptées dans ces contextes historiques. Dans la plupart des sociétés anciennes, les comportements ont pu être considérés comme homosexuels sans que l’on ait pour autant utilisé de tels termes.

[modifier] Grèce antique

Pour les Grecs, "celui qui aime la beauté humaine sera favorablement et équitablement disposé envers les deux sexes, au lieu de supposer que les hommes et les femmes différent sous le rapport de l'amour comme sous celui du vêtement" (Plutarque).

[modifier] Rome

Les Romains sont bisexuels sans état d'âme. Leur règle de comportement moral et social, très contraignante, suppose qu'un homme libre doit être "actif", c'est-à-dire être celui qui pénètre : la passivité chez un citoyen libre est infamante, fait perdre tout honneur à celui qui s'est fait pénétrer.

En conséquence, on ne peut pénétrer, en dehors de sa femme, aucune femme libre, célibataire ou mariée, et aucun homme libre : si deux hommes libres ont des rapports, le passif est sévèrement puni (en théorie). Si un adulte a des rapports avec un jeune citoyen non pubère, il sera puni (et là l'indulgence est rare). Restent à la libre disposition des maîtres tous les esclaves et tous ceux qui ne sont pas Romains, hommes et femmes, enfants, adolescents ou adultes… Ce que résume le philosophe Sénèque : "la passivité sexuelle chez un homme libre est un crime, chez un esclave, une obligation, chez l'affranchi, un service".

Ainsi Cicéron, qui a dirigé un moment l'Empire, a une femme (et un fils), mais lui préfère les charmes de son jeune esclave-secrétaire favori.

[modifier] La bisexualité dans la culture occidentale

Les gays et lesbiennes ont parfois adopté l’étiquette « bisexuel(le) » de façon à garder le privilège de l’hétérosexualité. En découle l’idée reçue que tous ceux qui s’identifient comme bisexuel(le) sont en réalité des gays ou lesbiennes ayant peur de l’admettre. Cette idée fausse explique cependant un des adages de la culture gay : « Bi maintenant, gay plus tard ».

Beaucoup de bisexuels ne se sentent de véritable place ni dans la communauté gay ni dans le monde hétérosexuel. Parce qu’ils ont tendance à rester invisibles au public (vivant sans attirer de l’attention des sociétés homosexuelles et hétérosexuelles), quelques bisexuel(le)s ont formé leurs propres communautés et leurs propres mouvements.

« Biphobie » est un néologisme caractérisant une personne pensant que la bisexualité n'existe pas, c'est-à-dire croyant qu'on ne peut être qu'hétérosexuel ou homosexuel, ou possédant des clichés défavorables sur la bisexualité, comme par exemple le fait qu'être bisexuel rendrait infidèle ou instable.

[modifier] Le drapeau de la fierté bisexuelle

Le drapeau de la fierté bisexuelle

Pour plus de visibilité et pour créer un symbole pour le rassemblement de la communauté bisexuelle, Michael Page a créé le drapeau de la fierté bisexuelle.

Le drapeau bisexuel a une raie rose en haut pour l’homosexualité, une raie bleue en bas pour l’hétérosexualité et violette au milieu pour représenter la bisexualité, le violet étant la combinaison du rouge et du bleu. Cette dernière est plus petite que les autres, figurant ainsi la non-visibilité des bisexuel(le)s dans la société.

Histoire du drapeau de la fierté bisexuelle par Michael Page (Source : The biflag (http://biflag.com) / Traduit de l'anglais par http://bi-way.net)

Le premier drapeau de la fierté bisexuelle a été dévoilé le 5 septembre 1998. Le but de créer un tel drapeau était de maximiser la visibilité des bisexuels.

En raison de mon implication comme bénévole chez Bi-Net USA, il m’est clairement apparu nécessaire d’avoir un drapeau pour nous rendre visibles de façon distincte en tant que bisexuels lors d’évènements célébrant la fierté ainsi que lors de rassemblement politiques. À cette époque, il n’y avait, selon moi, aucune représentation bisexuelle qui soit assez haute en couleurs, ou qui aie été suffisamment mise en avant pour pouvoir instantanément et de façon durable être reconnue comme un drapeau. Il n’y avait alors que les "bi-angles", un double triangle inversé, le symbole bi constitué de trois anneaux, et diverses autres représentations sorties de l’imagination de groupes bi locaux.

Il est incontestable que nombre de personnes bisexuelles ont supporté le mouvement Gay et Lesbien depuis les émeutes de Stonewall en 1969, je peux en témoigner. Le principal problème des bisexuels demeurait leur manque de visibilité. C’était le problème des homosexuels et lesbiennes avant 1969, car peu d’entre eux étaient "sortis du placard".

En 1978, j’ai fait la connaissance de Gilbert Baker de San Francisco en Italie à l’occasion du World Pride 2000. C’est lui qui a créé le drapeau arc-en-ciel. Chacune des couleurs de ce drapeau représente la communauté homosexuelle et lesbienne dans sa diversité. Ce drapeau est désormais le symbole incontesté de la communauté homosexuelle et lesbienne.

D’après mon expérience personnelle, la grande majorité des personnes bisexuelles ne se reconnaît pas dans le drapeau arc-en-ciel, pas plus que dans le triangle rose ou le triangle noir, le symbole lambda, ou la cognée à double tranchant. Ces symboles étaient considérés comme des représentations homosexuelles et lesbiennes, ce qui était leur but premier. Recherchez l’histoire de la création du drapeau arc-en-ciel sur internet, et vous comprendrez ce que je veux dire.

Je crois que les personnes bisexuelles ont besoin de se rassembler autour de leur propre drapeau et symboles. Je constate d’ailleurs que les GLBT (Gay, Lesbiennes, Bisexuels, Transgenre) ont besoin de travailler ensemble autant que de s’affirmer comme des composantes uniques de l’équation GLBT.

En créant le drapeau de la fierté bi, j’ai repris les couleurs du "bi-angle" en choisissant celles qui étaient le plus attrayantes, à savoir le magenta, la couleur lavande et le bleu roi. Ayant choisi les couleurs, j’ai décidé de prendre le magenta pour faire la partie supérieure du drapeau et de lui donner 40% de la hauteur. La couleur lavande qui est la résultante du mélange du magenta et du bleu roi occuperait la partie centrale du drapeau, sur 20% de la hauteur. Finalement, la partie inférieure occupant les 40% restant, sera bleue.

Symbolique : Le magenta représente l’attirance pour les personnes de même sexe (homosexuels et lesbiennes). Le bleu représente l’attirance pour les personnes de sexe opposé (hétérosexuels). La couleur lavande qui occupe la partie centrale du drapeau, et qui est le résultat du mélange des deux autres couleurs représente l’attirance pour les deux sexes. Pour bien comprendre le symbolisme de ce drapeau, il faut savoir que la subtilité réside dans le fait que la couleur lavande se fond de façon imperceptible dans les deux autres couleurs, rappelant que dans la réalité aussi, les personnes bisexuelles se mêlent imperceptiblement dans les communautés homosexuelles et hétérosexuelles, ce qui est la cause de leur manque de visibilité.

[modifier] Représentations de la bisexualité dans les arts

[modifier] Cinéma : filmographie chronologique

[modifier] Théâtre

  • Jupe obligatoire, comédie de Nathalie Vierne, 2007.[1]

[modifier] Littérature

  • Michel Canesi et Jamil Rahmani, Le syndrome de Lazare, éditions du Rocher, 2006.
  • John Flaherty-Cox, Paul, éditions Blanche, 2004.
  • Julie Hilden, 3, Actes Sud, 2004.

[modifier] BD et Manga

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • Coll.(Jean-Bertrand Pontalis) ; Robert Stoller ; Pierre Fédida ; Wilhelm Fliess ; André Green, Joyce McDougall ; Masud R Khan, Bisexualité et différence des sexes, Éditeur : Gallimard Collection : FOLIO ESSAIS N°359 Date de Parution : 01/03/2000 poche (ISBN 2070411869)
  • Coll. (D. Hall et M. Pramaggiore, dir.), Representing Bisexuality, Subjects and Cultures of Fluid Desire, New York, New York University Press, 1996.
  • Coll. (BI Academic Intervention), The Bisexual Imaginary: Representation, Identity and Desire, Londres et Washington, Cassel, 1997.
  • Coll. (Jonathan Alexander, dir.), Bisexuality and Transgenderism: Intersexions of the Others, New York, Harrington Park Press, 2004.
  • Steven Angelides, A History of Bisexuality, Chicago, University of Chicago Press, 2001.
  • Claude Aron, La bisexualité et l'ordre de la nature,Odile Jacob, 1996.
  • Eva Cantarella, Selon la nature, l'usage et la loi : La Bisexualité dans le monde antique, La Découverte, 1991.
  • Christian David, Bisexualité psychique, Payot-poche, 1992 (ISBN 2228883999)
  • Marie Delcourt, Hermaphrodite : mythes et rites de la bisexualité dans l'antiquité, PUF 1958.
  • Catherine Deschamps, Le Miroir bisexuel, une socio-anthropologie de l’invisible, Balland Modernes, 2002.
  • Pierre Des Esseintes, Osez... la bisexualité, Édition La Musardine 2006.
  • Jean-Luc Hennig, Bi, Gallimard, 1996.
  • Rommel Mendes-Leité, Bisexualité, le dernier tabou, Calman-lévy, 1996.
  • Charlotte Wolff, Bisexualité, Stock, 1977.
  • Samuel Demers, Polyvalente Hyacinthe Delorme, 2007.

[modifier] Articles connexes

  • Bi'Cause : association française créée par et pour les bisexuel-le-s, ayant pour objectif de promouvoir l’émergence d’une identité bisexuelle.
  • Bisexualité animale
  • Saphisme

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Représentations au Petit Gymnase, Paris, du 18/09/2007 au 31/12/2007.