Berlin-Ouest

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Berlin-Ouest (fr)
West Berlin (en)
West-Berlin (de)
1949 — 1990
Territoire occupé sous administration militaire alliée
Drapeau
Les quatre secteurs d’occupation de Berlin. Berlin-Ouest comprend les zones en bleu clair, bleu foncé et mauve.
Les quatre secteurs d’occupation de Berlin. Berlin-Ouest comprend les zones en bleu clair, bleu foncé et mauve.

Création 1949
Traité de Moscou 12 septembre 1990
Réunification 3 octobre 1990

Capitale Berlin (de facto)
Langue(s) Anglais, français, allemand
Religion {{{religion}}}
Superficie {{{superficie}}}
Population {{{population}}}
PIB {{{pib}}}
PIB/hab. {{{pib hab}}}
Monnaie {{{monnaie}}}
Fuseau horaire {{{fuseau horaire}}}
Domaine internet {{{domaine internet}}}
Indicatif téléphonique {{{indicatif téléphonique}}}
Devise {{{devise}}}
Hymne {{{hymne}}}

Entité précédente
Occupation alliée de l’Allemagne
Entité suivante
Allemagne (Land de Berlin)

Berlin-Ouest est la dénomination courante pour la partie de Berlin qui en 1945, après la Seconde Guerre mondiale, fut contrôlée par les trois puissances occidentales victorieuses, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Berlin-Est, par contre, était sous contrôle soviétique.

Sommaire

[modifier] Généralités

L’écriture « Berlin-Ouest » est celle dont on a pris l’habitude ; pour être rigoureux politiquement du point de vue occidental, elle devrait être remplacée par Berlin (Ouest). En RDA, par contre, il était écrit dans un sens limitatif voulu Unité politique autonome Ouest-berlinoise, ou, en abrégé, comme le permet la langue allemande, Berlin-Ouest en un seul mot (Westberlin), tandis que « Berlin », y compris le quartier du Centre, signifiait « capitale de la RDA ». À l’époque de la guerre froide, il était possible de déceler l’origine ou l’orientation politique d’un texte par ce critère orthographique. La nomenclature de la RDA était censée tout d’abord donner l’impression d’un territoire géographiquement autonome. Elle devait d’une part souligner une autonomie importante de Berlin-Ouest (par rapport à la RFA), et d’autre part éviter que la partie orientale de la ville, désignée par le terme de : Hauptstadt der DDR (capitale de la RDA), n’apparaisse que comme la moitié de la ville, cimentant par là le concept d’une division définitive de celle-ci.

[modifier] Histoire

[modifier] Arrivées des forces occidentales

Suite à la conférence de Yalta, tenue du 2 au 11 février 1945, les Alliés s’accordèrent pour diviser l’Allemagne en quatre secteurs d’occupation, l’ancienne capitale du Reich, Berlin le fut également.

Nom des diférents districts de Berlin-Ouest
Nom des diférents districts de Berlin-Ouest

En vertu de ses accords, les forces soviétiques qui occupaient alors en totalité la ville, évacuèrent donc pendant l’été 1945 les districts ouest, où elles avaient combattu les derniers nids de résistance nazie au printemps. Les occidentaux s’y installèrent et chacun de ces districts furent répartis sous l’autorité de l’un des alliés :

[modifier] Scission administrative du Grand Berlin

Dès le mois de mai 1945, Les soviétiques avaient investi un premier magistrat à leur solde en la personne d’Arthur Werner ainsi qu’un gouvernement provisoire composé d’anciens membres du KPD allemand dissout.

Les premières élections municipales d’après-guerre eurent lieu le 20 octobre 1946 dans les quatre secteurs d’occupation et se soldèrent par une nette victoire du SPD devant la CDU et le SED communiste. Mais une opposition politique croissante tant dans l’administration quotidienne de la ville que dans les délibérations du conseil municipal se développa, allant jusqu’à des émeutes et des occupations de locaux dans les secteurs ouest, une agitation probablement alimentée par les communistes, bien que désavouée officiellement par les élus du SED.

Un nouveau scrutin municipal devait se tenir le 5 décembre 1948, mais il ne fut organisé que dans les secteurs ouest, les autorités soviétiques l’ayant interdit dans le secteur qu’elles administraient. Suite à ces élections, Ernst Reuter fut désigné comme maire.

Cependant, avant le scrutin, les élus du SED avaient organisé de leur côté dès le 30 novembre un « conseil des représentants de quartier » auquel participaient de prétendues délégations des usines de la zone Est. Ce conseil décida de réinvestir dans ses fonctions Werner, le premier magistrat loyaliste, et nomma Friedrich Ebert junior (le propre fils du défunt président de la République) comme maire de l’agglomération du Grand Berlin, celui-ci ne fut donc pas reconnu comme tel dans les secteurs ouest de la ville. La division politique et administrative du Grand Berlin devînt donc définitive.

La municipalité de Berlin-Ouest ne tarda pas à s’installer au Rathaus Schöneberg, l’hôtel de ville du district de Schöneberg en secteur américain (les locaux du Rotes Rathaus, l’hôtel de ville central, étant occupé par la municipalité communiste).

[modifier] Le blocus

Icône de détail Article détaillé : Blocus de Berlin.

Très vite, l’enclavement de Berlin-Ouest permit aux soviétiques de faire pression sur les Occidentaux pour les amener à la table des négociations afin de conserver la prétendue unité de l’Allemagne, qui selon eux était menacée par les projets de réforme monétaire devant être opérée dans la Trizone.

Dès le 1er avril 1948, les premières restrictions de circulation sont appliquées contre les personnels Alliés devant transiter par la zone soviétique. Désormais, les mesures iront crescendo.

La création effective du Deutsche Mark le 20 juin 1948 incita les soviétiques à mettre en place un blocus total du secteur Ouest en violation complète de l’accord quadripartite exigeant que le ravitaillement de l’ensemble de la ville.

En réaction, les Occidentaux organisent un formidable pont aérien reliant Berlin-Ouest au reste de Allemagne occidentale, lui évitant ainsi l’asphyxie. Les moyens employés laissent à penser que le pont aurait pu durer indéfiniment.

Face à cette détermination, et grâce l’organisation d’un contre-blocus privant notamment le secteur soviétique du charbon de la Ruhr, l’URSS finit par lever le blocus le 12 mai 1949 à 0 heure.

La guerre froide vient de commencer.

[modifier] Berlin-Ouest, vitrine du monde occidental

À la suite de cet épisode, la partie ouest de la ville, îlot du « Monde libre » (selon la terminologie occidentale) au milieu d’un « Océan communiste », sera très vite promue comme vitrine du système capitaliste et fut donc, à ce titre, massivement subventionnée par le gouvernement de la RFA naissante, aide qui couvraient plus de la moitié de son budget.

Ainsi, les entrepreneurs reçurent des aides considérables comme la « prime Zitter », un prêt à 6% garantis, qui était censé pallier le manque chronique de main-d’œuvre. Les salariés berlinois même étaient choyés : une prime spécifique (le Berlinzuschlag) leur était versée, récompensant leur fidélité à la ville.

Grâce à ses mesure, Berlin ne tarda pas à retrouver alors le dynamisme qu'elle avait auparavant. Même si historiquement, l’industrie a toujours eu un poids important dans l’économie locale et notamment lors de la reconstruction et développement économique de la ville; les sociétés de service laissèrent aussi leurs empreintes et devinrent parmi les plus gros employeurs. Mais se fût cependant la fonction publique qui resta le premier pourvoyeur d’emploi.

Les chantiers de reconstruction donnèrent l’occasion à de nombreux architectes de démontrer leur talent, tel : Le Corbusier avec son Unité d’Habitation qui fit construire en 1957 à Charlottenburg. Le Kurfürstendamm devint le nouvel épicentre de vie ouest-berlinois : le Kaufhaus des Westens (le fameux "KaDeWe"), le plus vaste des grand magasin d’Europe, qui se trouve à proximité, fut réouvert dès 1950.

Berlin-Ouest se dota également de nouveaux équipements et institutions de grande qualité : dès 1948 fut fondé l’université libre de Berlin (qui deviendra bientôt la rivale de la vénérable université Humboldt de Berlin-Est), ainsi que l’université technique de Berlin. Parmi les autres projets significatifs qui virent le jour à l’Ouest durant cette période, citons la rocade autoroutière, la Deutschlandhalle et le Deutsche Oper Berlin.

[modifier] Le Mur

Icône de détail Article détaillé : Mur de Berlin.
Secteurs d’occupation de Berlin, tracé du Mur et points de passage (1989)
Secteurs d’occupation de Berlin, tracé du Mur et points de passage (1989)

Cette opulence qui régnait à l’ouest de la ville ne tarda pas à attirer un nombre croissant de citoyens de la République démocratique allemande en quête de liberté, d’autant plus que cette frontière urbaine était difficilement contrôlable, contrairement aux zones rurales qui elles, étaient déjà très surveillées. Ainsi entre 1949 et 1961, de 2,6 à 3,6 millions d’Allemands fuirent le régime communiste, privant celui-ci d’une main-d’œuvre indispensable au bon fonctionnement de son économie, à tel point qu’en 1961, la RDA était au bord de l’effondrement économique et social.

Afin d’éviter cette issue néfaste, le gouvernement de Berlin-Est se devait donc d’agir. Dans la nuit du 12 au 13 aout 1961, des équipes de maçons placés sous la protection et la surveillance de policiers et de soldat posent les premiers grillages et barbelés autour des 115 km de frontière séparant Berlin-Ouest de la RDA. Ses installations provisoires seront bientôt remplacées par un mur de briques, puis de béton armé, haut de 3,6 mètres. Le tout équipé de plus de 300 miradors, de chevaux de Frise, d’alarme à détection de contact au sol et placés dans un no man’s land de 30 à 500 mètres de large encerclé lui aussi par un deuxième mur d’une hauteur de 2 à 3 m.

25 points de passage furent aménagés à travers le Mur et représentaient 60% du total des passages entre RDA et RFA (via Berlin-Ouest) :

  • 13 par la route (dont le fameux Checkpoint Charlie, qui était réservé au étrangers)
  • 4 par voie ferrée
  • 8 par voie d’eau

À la veille de la chute du mur en novembre 1989, 11 500 soldats et 500 civils étaient affectés à sa surveillance permanente.

Les conditions d’accès à Berlin-Ouest imposées par les autorités est-allemandes furent draconiennes :

  • Les passages au frontières firent l’objet d’une paperasserie longue et fastidieuse
  • Le transit aérien au dessus du territoire de la RDA ne pouvait se faire que par l’intermédiaire de couloirs aériens partant des aéroports de Hambourg, Francfort-sur-le-Main, Munich et rejoignant celui de Tegel, le principal aéroport berlinois.
  • Le transit ferroviaire imposait au trains venant de l’Ouest et circulant sur trois axes pré-définis de ne pas s’arrêter en territoire est-allemand.
  • Le transit routier se faisait par trois « autoroutes de transit », sur lesquelles les conducteurs occidentaux ne pouvaient s’arrêter que sur des aires de repos et des stations-services qui leur étaient spécialement réservés. Celles-ci étaient équipés de magasins d’États qui offraient des produits occidentaux que devaient payer en Deutsche Mark (ces endroits étaient donc théoriquement interdits aux Allemands de l’Est).
  • Les rapports entre citoyens de la RDA et les voyageurs occidentaux en transit furent prohibés. Ils était donc fortement déconseillés de laisser traîner dans les lieux publics toutes sortes de publication (livres, brochures, revues, magazines, cassettes audio ou vidéo, etc.) ou d’offrir le moindre cadeau à un citoyen est-allemand.

La construction du Mur de Berlin ne souleva pas de protestation des occidentaux, puisqu’il représentait dès lors une confirmation matérielle d’un statu quo : les Soviétiques abandonnant de ce fait leurs exigences d’une ville « libre », prétention déjà formulée lors de l’ultimatum de Khrouchtchev en 1958. Seul le maire l’époque, le futur chancelier Willy Brandt arrivera à mobiliser le 16 août 1961, 300 000 personnes au cours d’une manifestation devant le « Rathaus Schöneberg », siège du gouvernement de Berlin-Ouest.

Après avoir été scindée en deux politiquement, administrativement, puis enfin économiquement, la ville de Berlin fut désormais séparée physiquement. Nombreuses seront familles berlinoises brisées par ce mur que l’on surnommera bientôt le « mur de la Honte » et qui restera debout pendant les 27 années qui suivirent.

[modifier] Un dynamisme galvanisé

L’isolement physique de Berlin n’entamera en rien le dynamisme économique, social et culturel de ses habitants, bien au contraire. La partie occidentale devint plus exubérante et plus libertaire encore.

Témoin de cet engouement, de nouvelles constructions, parfois les plus avant-gardiste, continuaient à sortir de terre : la Philharmonie de Berlin, l’Europa-Center, la cité de Gropiusstadt.

L’aéroport de Tegel se dota de lui aussi de structures modernes et le métro de Berlin connu l’une des expansions les plus importante de son réseau.

En 1974, on rénova le stade olympique à l’occasion de la Coupe du monde de football.

Cependant, ces choix de société interpellèrent durant l’année 1968, les étudiants de l’Université Libre ne tardant à devenir le foyer d’une révolte qui enflammera bientôt toute la population ouest-berlinoise. À l’instar d’événements similaires en France, les rues furent le théâtre de violents affrontements entre policiers et manifestants.

Mais, la crise demeura et elle fut relayée quelques années plus tard, par une crise du logement conjuguée à une spéculation immobilière effrénée entraînant une multiplication les appartements inoccupés. C’est dans le district de Kreuzberg, foyer traditionnel de mouvements gauchistes, que fut créé à la fin des années 1970 un "mouvement de sans-abris" particulièrement massif et entreprenant. Ce mouvement atteignit son paroxysme en juillet 1981 en occupant jusqu’à 165 logements. Presque la moitié de ses squats furent régularisés trois ans plus tard et les autres furent évacués.

De 1982 à 1986, Berlin-Ouest (tout comme sa jumelle Berlin-Est) entreprit de grands travaux d’embellissement pour fêter les 750 ans de la cité. Ainsi, on fit reconstruire la Breitscheidplatz et on réhabilita les gares de banlieue et les stations de métro.

[modifier] La réunification

Icône de détail Article détaillé : Réunification allemande.

La situation qui était restée figée depuis 40 ans changea très brusquement à la faveur des bouleversements politiques intervenus en RDA en 1989. Le gouvernement communiste aux abois, fragilisé par les mouvements populaires qui réclamaient plus de liberté, n’eut pas d’autre alternative que de laisser ses compatriotes franchir le Mur afin de visiter la « vitrine du Monde occidental ». La réunification de l’Allemagne et de Berlin était en marche.

Donc, dès le 9 novembre une première brèche s’ouvre, suivies de nombreuses autres dans les jours qui viennent. L’afflux des Allemands de l’Est est tel que les gardes-frontières dépassés eux aussi par les évènements ne finissent par ne plus rien contrôler.

La porte de Brandebourg, lieu symbolique de la division de la ville sera finalement réouverte le 22 décembre 1989 devant une foule enthousiaste et présence du maires de Berlin-Ouest Walter Momper, de son homologue de l’Est Erhard Krack, du chancelier fédéral Helmut Kohl et du président du conseil de la RDA Hans Modrow.

On démantela presque aussitôt le mur de la Honte, plusieurs habitants se mirent également à la tâche, en empoignant pioche, marteau et burin pour détacher des éclats de ciment du mur, afin d’en faire des souvenirs.

Les deux municipalités travaillèrent dès lors en étroite collaboration, pour canaliser les efforts de citoyens enthousiasmés par une réunification imminente et les deux assemblées municipales tinrent leur première réunion commune au Rotes Rathaus (ancien hôtel de ville central) le 12 juin 1990.

Le 3 octobre 1990, Berlin retrouva son unité le même jour que celle de l’Allemagne toute entière en redevenant aussi sa capitale unique. La Constitution de Berlin votée pourtant par le Sénat ouest-berlinois 30 ans auparavant le1er septembre 1950 et valable pour l’ensemble du Land, entra en application au moment de la réunification de la ville, pendant qu’était également organisé les premières élections municipales communes.

[modifier] Statut

En vertu du statut quadripartite de Berlin, Berlin-Ouest n’était pas à part entière dans la RFA. Seules étaient reconnues par les Alliés les conditions spéciales. Néanmoins, des manifestations officielles de la RFA, étaient régulièrement organisées à Berlin-Ouest, ce qui conduisait régulièrement à des protestations de la part des Soviétiques.

Le Bundestag fédéral n’avait pas le droit de voter des lois s’appliquant à Berlin-Ouest. Les lois fédérales étaient votées par la chambre des députés berlinois (sénat), et devenaient alors applicables. De plus, les députés ouest-berlinois au Bundestag n’avaient qu’une voix consultative : ils n’étaient pas élus au suffrage direct par la population, mais désignés indirectement par la chambre des députés. Par opposition, les représentants de Berlin à la Bundesversammlung (Assemblée fédérale, chargée de l’élection du président fédéral) avaient voix délibératoire : les Alliés n’y avaient opposé aucune objection.

Les résidents de Berlin-Ouest étaient exemptés de la conscription. Dans certains domaines, comme par exemple les aéroports ouest-allemands, le maire de Berlin n’avait pas d’autorité directe sur les services de l’administration berlinoise, car ces domaines étaient au premier chef surveillés par les Alliés.

Dans les ouvrages juridiques et la jurisprudence, il fut discuté jusque dans les années 1980 si Berlin-Ouest devait être considéré comme territoire occupé et incapable de l’État allemand.

Berlin-Ouest, cette demi-portion d’ex-capitale, s’est plu à montrer au monde une insolente fureur de vivre, ses rites secrets, ses charmes morbides...

[modifier] Territoires isolés

Jusqu’à la fin des années 1980, Berlin-Ouest possédait plusieurs territoires isolés sur le territoire de la RDA. Ces enclaves furent peu à peu incorporées au territoire de Berlin-Ouest, ou cédées à la RDA (par exemple le triangle de Lenné à Berlin-Centre). L’exemple le plus connu fut Steinstücken, qui était la seule enclave habitée de façon permanente. Jusqu’à la construction d’une route de liaison vers Berlin-Ouest, la population y fut ravitaillée en partie par des hélicoptères de l’armée américaine. Ces procédures d’échange prirent fin en 1988, avec l’accord des deux parties sur le fait qu’il n’y avait plus de territoire à échanger.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes