Aztèques

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À l'époque de l'arrivée des Espagnols au début du XVIe siècle, les Aztèques étaient à la tête du plus grand empire qui ait jamais existé en Mésoamérique. Cette tribu chichimèque faisant partie du grand groupe des peuples de langue nahuatl était arrivée fort tard dans la vallée de Mexico après de nombreuses tribulations et s'était fixée sur un îlot du lac Texcoco. En un siècle, les Mexicas (le nom que les Aztèques se donnaient eux-mêmes à partir du commencement de leur vie sédentaire), avaient fait de la petite cité de Tenochtitlan, située à l'emplacement de Mexico, l'actuelle capitale du Mexique, une immense métropole, qui dominait, avec les autres membres de la Triple alliance un empire s'étendant du territoire huaxtèque au nord jusqu'à l'isthme de Tehuantepec au sud.

Sommaire

Société

À l'origine, la structure tribale des Aztèques, lorsqu'ils n'étaient qu'une tribu chichimèque, était fort simple et basée sur l'existence de clans. Au moment de la conquête espagnole, par contre, la société était en train de se stratifier.

  • Au sommet de la pyramide sociale, on trouvait les « tecuhtli » (« seigneurs »), que les chroniqueurs espagnols appelaient généralement « caciques » (un terme qu'ils avaient emprunté au langage des indigènes des Caraïbes). En principe élus à des fonctions administratives, militaires ou religieuses, ils étaient généralement désignés par le Tlatoani (voir ci-dessous) au sein d'une même famille. Pour assurer les frais souvent élevés de leur fonction, ils bénéficiaient des revenus des terres qui leur étaient attribuées et recevaient en outre une part des tributs prélevés sur les peuples de l'empire. Comme l'État aztèque était essentiellement militariste, les charges les plus prestigieuses étaient militaires. Seuls pouvaient y aspirer ceux qui s'étaient distingués au combat. Au moment de l'arrivée des Espagnols, ce groupe était en voie de devenir une « noblesse » héréditaire : leurs enfants faisaient automatiquement partie des « pilli » (sing. « pipiltin »). À l'origine, le mot signifie d'ailleurs simplement « enfant » en nahuatl. À ce titre, ils avaient accès aux meilleures écoles, appelées calmecac. Comme ces écoles formaient les prêtres, les pilli formaient donc également le gros de la hiérarchie religieuse, même si la prêtrise était accessible aux membres des classes inférieures. Notons qu'un pipiltin pouvait perdre sa position, s'il ne se distinguait pas du tout à la guerre.
Page 64 du Codex Mendoza. Le troisième registre à partir du haut montre trois guerriers : le premier, qui a fait deux prisonniers, a le droit de porter un manteau de couleur orange ; le deuxième qui en a fait trois, peut porter un manteau orné d'un motif de papillons, le troisième enfin, qui a fait quatre prisonniers, se voit attribuer un manteau divisé par une diagonale
Page 64 du Codex Mendoza. Le troisième registre à partir du haut montre trois guerriers : le premier, qui a fait deux prisonniers, a le droit de porter un manteau de couleur orange ; le deuxième qui en a fait trois, peut porter un manteau orné d'un motif de papillons, le troisième enfin, qui a fait quatre prisonniers, se voit attribuer un manteau divisé par une diagonale
  • Les « macehualtin » (sing. « macehualli »), c'est-à-dire les gens du commun formaient le gros de la population. Groupés en « calpulli » (l'unité sociale de base), ils cultivaient la terre. Les terres appartenaient collectivement aux calpulli et chaque famille en recevait une parcelle en usufruit. Comme ils accomplissaient un service militaire, il existait une certaine mobilité sociale : le guerrier qui se distinguait au combat en faisant quatre prisonniers pouvait s'élever dans la hiérarchie sociale. Les prouesses guerrières donnaient par exemple le droit de porter tel ou tel type de vêtements (voir image ci-contre). La tenue vestimentaire permettait en effet de distinguer la place d'un individu dans la hiérarchie sociale : si tous portent le même vêtement, à savoir une cape ou manteau appelé « tilmatli », celui des macehualtin était en fibres de maguey, alors que les pilli portaient une cape en coton. Le tilmatli des pilli descendait jusqu'aux chevilles, alors que celui des macehualtin ne descendait que jusqu'au genou.
  • Au-dessous des macehualtin, existait une catégorie de déclassés appelés « mayeque », qui ne faisaient partie d'aucun calpulli et cultivaient les terres des seigneurs. Un macehual qui ne remplissait pas ses obligations était susceptible de régresser dans cette catégorie.
  • L'esclavage existait chez les Aztèques. Certains esclaves, capturés à la guerre, étaient destinés à être sacrifiés. Les autres, appelés « tlatlacotin », pouvaient l'être devenus pour des raisons diverses : pour avoir commis un délit, ou encore parce qu'ils s'étaient vendus eux-mêmes ou avaient été vendus par leurs parents, lors d'une famine par exemple. Ils semblent avoir été bien traités. Ils pouvaient se marier et leurs enfants étaient libres.
  • Il existait une catégorie particulière, celle des marchands appelés « pochteca », qui fournissaient Tenochtitlan en produits exotiques. Ils formaient des caravanes et partaient pour des expéditions lointaines jusqu'à l'isthme de Tehuantepec. ils habitaient leurs propres quartiers, se mariaient à l'intérieur du groupe et avaient leurs propres tribunaux. Servant souvent d'espions, ils étaient également appelés à combattre dans les lointaines contrées hostiles où ils s'aventuraient. Leur position sociale était ambiguë. Le caractère semi-militaire de leurs activités leur conférait des avantages sociaux par rapport aux macehualtin : ils avaient certes le droit de porter des bijoux en or et des vêtements luxueux lors de leurs fêtes, mais en dehors de ces circonstances exceptionnelles, ils devaient conserver une attitude humble pour ne pas heurter les pilli.

Économie aztèque

Dans la société aztèque, le commerce était extrêmement développé. Une circulation de biens entre les hautes terres productrices de maïs, de haricots... et les basses terres côtières tropicales beaucoup plus riches et qui fournissaient le cacao, le coton, les plumes d’oiseaux pour les parures, etc., donnait lieu aux activités d’une classe spécialisée de marchands, les pochteca. Cette circulation marchande doublait la circulation des mêmes produits sous la forme du tribut à l’État aztèque. Dans une lettre célèbre à Charles Quint, Hernan Cortez décrivit les immenses marchés de Tenochtitlan. Sur ces marchés, chaque produit avait un lieu de vente déterminé. La vente se réalisait à la pièce ou à la mesure. Les jours de marché étaient fériés. Des tribunaux spéciaux, contrôlés par les marchands, tranchaient les conflits entre vendeurs et acheteurs et le chef des marchands fixait le prix des marchandises. Il était interdit de vendre les produits en dehors des places de marché. Les commerçants jouissaient de grands privilèges politiques et économiques. Mais ils étaient mal jugés s’ils faisaient étalage de richesse et de gloire. On attendait d’eux un comportement « humble » et parfois les biens des commerçants riches étaient confisqués par l’État. Les marchands étaient dispensés du service personnel et de la participation aux travaux publics organisés par l’État. Si l’on compare cette situation avec celle qui régnait chez les Incas, on s’aperçoit que chez ces derniers la production était plus strictement organisée par le pouvoir central et que cette économie centralisée ne laissait guère place au développement d’une classe de marchands.

État

Tlatoani

Ahuitzotl : la natte, le diadème de turquoises et la volute qui s'échappe de sa bouche indiquent qu'il s'agit du Tlatoani
Ahuitzotl : la natte, le diadème de turquoises et la volute qui s'échappe de sa bouche indiquent qu'il s'agit du Tlatoani

Le mot « tlatoani », qui désigne le souverain aztèque, peut être traduit par « celui qui parle » (du verbe nahuatl « tlatoa » (« parler »). Étymologiquement, on pourrait le rapprocher de « dictateur ». Pour le désigner, les Espagnols, qui tentent d'adapter cette fonction à leurs références européennes, emploient le mot « empereur ». Lorsqu'il est représenté dans les manuscrits indigènes, on le distingue entre autres par la volute qui se dégage de sa bouche et qui indique la parole. À la veille de la conquête espagnole, son pouvoir était devenu semi-divin mais il était choisi par un grand conseil. Il devait remplir ses devoirs envers les dieux et protéger le peuple aztèque. Le cihuacoatl et les grands dignitaires étaient ses conseillers intimes. Il avait en charge tout ce qui concernait les affaires extérieures à la cité. (À Texcoco, le tlatoani régnait sans cihuacoatl mais était entouré de quatre conseils : gouvernement et justice, finances, guerres et musique).

Cihuacóatl

Le Cihuacóatl, dont le nom signifie littéralement « femme-serpent » et qui représente la divinité du même nom, était le deuxième personnage de l'État aztèque après le Tlatoani. Son rôle était limité à la sphère de la cité. Tlacaelel est le personnage le plus célèbre à avoir exercé cette fonction. Il fut le principal conseiller des empereurs Itzcoatl, Moctezuma Ier (son frère) et Axayacatl.

Tlacocan (lieu de la parole)

Le Tlacocan, ou Grand Conseil, était consulté avant toute décision importante et pouvait refuser jusqu'à trois fois une proposition de l'empereur. Ses membres étaient désignés par le souverain ou recrutés par cooptation.

Grands dignitaires

On y trouvait les chefs de l'armée avec aux premières places le tlacateccatl (« qui commande les guerriers ») et le tlacochocalcatl (« préposé à la maison des javelines »).

Calendrier aztèque
Calendrier aztèque

Fonctionnaires

Moins importants que les précédents, ils s'occupaient des différentes tâches administratives concernant la police, les greniers et magasins où s'entassait le tribut. Le uey calpixqui (que les espagnols traduisaient par « grand majordome ») servait à la fois de préfet de la capitale et de ministre des finances.

Religion

Les dieux, selon les croyances en vigueur au Mexique à l'époque aztèque (XIVe siècle de notre ère), ont successivement créé plusieurs mondes, chaque fois anéantis. Le premier, formé sous un Soleil d'escarboucles (Autre nom du rubis, pierre précieuse d’un rouge vif), disparut dans des cataractes torrentielles ; les quelques êtres humains qui survécurent devinrent poissons. Le deuxième monde, constitué sous un Soleil de feu, fut détruit par des jets de flammes, et les hommes furent changés en divers animaux. Le troisième monde, né sous un Soleil noir, fut englouti à la suite d'un tremblement de terre, et les hommes furent dévorés par les bêtes sauvages. Le quatrième monde, apparu sous le Soleil de l'air, s'acheva par la métamorphose des hommes en ouistitis. Enfin, un cinquième monde fut créé, qui connut le Déluge universel : seuls un homme et une femme parvinrent à gagner le sommet de la montagne et évitèrent l'extermination ; ils repeuplèrent la terre ; la terre telle que devait la connaître et la travailler le peuple aztèque.

La religion aztèque comportait un grand nombre de dieux, en particulier pour tous les phénomènes naturels, ainsi que pour la vie quotidienne. On peut en particulier citer :

  • Coatlicue : « celle qui porte une jupe de serpents » est la mère de Huitzilopochtli, et la déesse de la terre et de la fertilité.
  • Huitzilopochtli : dieu du soleil et de la guerre, divinité tribale des Aztèques. Le nom Huitzilopochtli vient de uitzilin, « oiseau-mouche », et de opochtli, « de gauche », ce qui veut dire « guerrier mort au combat », parce que les aztèques croyaient que le guerrier se transformait à la mort en colibri et que la gauche (?) était la direction du sud, séjour des morts.
  • Coyolxauhqui : déesse de la lune.
  • Quetzalcoatl : dieu du vent, de la vie civilisée, et de la végétation (serpent à plumes), l'un des quatre dieux créateurs.
  • Tezcatlipoca : dieu de la nuit et de la mort, protecteur des esclaves, il a donné aux Aztèques la coutume des sacrifices humains. Il voue une haine farouche à Quetzalcoatl.
  • Mictlantecuhtli : dieu des enfers aztèques, souverain du royaume des morts (Mictlan), représenté par un squelette aux dents protubérantes.
  • Chicomecoatl : son nom signifie "sept serpents". Déesse du maïs, elle protège les récoltes.
  • Xipe Totec : dieu de la floraison printanière. Les aztèques lui attribuaient le pouvoir de guérir les maladies des yeux.
  • Chalchiuhtlicue : déesse de l'eau et compagne de Tlaloc.
  • Centzon Huitznaua : les quatre cents frères de Huitzilopochtli.
  • Tlaloc : dieu de la pluie, la végétation et des paysans, il est semblable à Chac, dieu maya.
  • Tonantzin : déesse mère.
  • Xiuhtecuhtli : dieu du feu. Xiuhtecuhtli, le plus ancien des dieux, a le pouvoir d'agir sur les contraires : il est la lumière dans les ténèbres, la chaleur dans le froid, le principe mâle dans les éléments féminins, la vie dans la mort.
  • Mixcoatl : "serpent des nuages", dieu de la voie lactée, vénéré par les chasseurs des plaines nordiques.

Histoire

Les origines des Mexicas et la fondation de Tenochtitlán

En moins de 200 ans, un humble peuple nomade chassé par plus puissant que lui, devint le maître de la vallée de Mexico et de ses environs. Ils attribuaient leur succès à Huitzilopochtli et adoraient conter la glorieuse épopée de leur longue errance dans le désert. L'« empire » qu'ils bâtirent rapidement et la soumission des nations occupant ce territoire trouvait leur légitimité dans le fait que les Tenochcas (autre nom pour désigner les Aztèques) étaient d'après eux-mêmes le peuple élu du soleil pour diriger le « monde ».

De nombreuses tribus (notamment les Toltèques), qui peuplèrent les plateaux du centre avaient une même origine, le Chicomoztoc ("lieu des sept cavernes" en nahuatl) d'où elles seraient parties les unes après les autres. Les Aztèques seraient également venus de cette caverne mais ils auraient au préalable quitté Aztlán, cité mystérieuse construite sur une île qui a donné son nom à ce peuple, probablement situé à ce qui correspond au Nord-Ouest du Mexique actuel. Leur départ semble se faire en l'an 1-couteau de silex (1116). Guidés par Huitzilopochtli, ils erreront pendant plusieurs générations avant de se fixer sur les rives du lac Texcoco, à Chapultepec. Établis à Chapultepec, les Aztèques tombèrent sous la domination des Colhuacas. Ils ne tardèrent pas à se révolter et sauvèrent leur vie en se réfugiant dans les zones marécageuses du lac. Selon la légende, en un endroit désigné par Huitzilopochtli, un rocher portant un cactus où se tenait perché un aigle mangeant un serpent, ils fondèrent leur capitale Tenochtitlán, l'année 2-maison (1325).

Empire aztèque

Géographie

Tenochtitlán, leur capitale, était située sur une île dans la partie d'eau douce du Lac Texcoco.

Tenochtitlan et la vallée de Mexico vers 1519
Tenochtitlan et la vallée de Mexico vers 1519
Étendue de l'empire aztèque à la veille de la conquête espagnole
Étendue de l'empire aztèque à la veille de la conquête espagnole
Quetzalcoatl
Quetzalcoatl

Empereurs aztèques

Deux souverains de Texcoco surent garder son influence à la troisième ville de la Triple Alliance qui devint la capitale intellectuelle de l'empire : Nezahualcoyotl, protecteur des arts et des sciences et Nezahualpilli, qui mit en application les idéaux de son père Nezahualcoyotl.

Chronologie de la conquête espagnole

  • 12 octobre 1492 : Christophe Colomb atteint les Bahamas.
  • 1511 : La tempête jette une caravelle sur les côtes du Yucatán. L'un des survivants, Aguilar, sera libéré des Aztèques par Hernán Cortés huit ans plus tard. Le second, Guerrero, épouse une aristocrate maya et s'intègre.
  • 1517 : Trois navires sous le commandement de Corodoba sont repoussés par les Mayas du Yucatán et de Campeche. Apprenant la venue d'étranges visiteurs, l'empereur Moctezuma, qui craint le retour de Quetzalcoatl, fait placer des vigies le long des côtes.
  • 1518 : Grijalva longe les côtes du Yucatán et du golfe du Mexique jusqu'à Tuxpan où il reçoit un accueil amical.
  • 10 février 1519 : Cortés quitte Cuba avec 11 navires et près de 400 hommes. Il retrouve Aguilar sur la côte du Yucatán, à Veracruz, et s'allie aux Totonaques. Des dignitaires locaux font don aux Espagnols de jeunes esclaves. Parmi elles se trouve une jeune fille d'origine noble parlant maya et nahuatl, la « Malinche » qui servira d'interprète à Cortés, et dont il aura un enfant. Pour la première fois Cortés entend parler des richesses aztèques.
  • Avril 1519 : Cortés reçoit un calpixque qui lui fait don au nom de Moctezuma, de vivres, de vêtements en coton de plumes, de bijoux. Ces émissaires rapportèrent à Moctezuma des descriptions des arrivants, plongeant le tlatoani dans l'indécision.
  • 2 septembre 1519 : Cortés fait saborder les navires pour couper court à toute envie de fuite à ses hommes, puis il quitte la zone côtière. Après une courte résistance, les Tlaxcaltèques et leurs mercenaires Otomi s'allient aux Espagnols. Ils se dirigent tous vers la vallée centrale.
À Tlaxcala, Cortés reçoit de nouveaux émissaires de Moctezuma qui tentent de le dissuader de se rendre dans leur capitale. Arrivé à Cholula, ville alliée des Aztèques, Cortés y apprend que ses habitants conspirent contre lui : il fait massacrer des milliers d'hommes et de femmes et détruire les idoles.
  • Novembre 1519 : Moctezuma, voyant que ni ses présents ni les incantations n'arrêtent l'avancée espagnole, essaie de s'enfuir. Les prêtres l'obligent à rester. Se croyant à l'article de la mort il fait même un discours d'adieux en public.
  • 8 novembre 1519 : Au petit matin, les Espagnols s'engagent sur la chaussée partant d'Iztapalapan. Cortés est accueilli par Moctezuma et de nombreux dignitaires. Les Espagnols s'installent alors dans l'ancien palais d'Axayacatl.
  • De novembre 1519 à juin 1520 : Moctezuma est prisonnier de ses invités et doit fréquemment apaiser la colère du peuple et des dignitaires. Les Espagnols s'opposent progressivement aux cultes des dieux et s'emparent de l'or tandis que leurs alliés Tlaxcaltèques pillent le jade et les plumes précieuses.
Lors d'une absence de Cortés, ses hommes profitent d'une cérémonie religieuse pour massacrer de nombreux nobles. Le peuple se soulève et le retour de Cortés, qui fait intervenir Moctezuma pour calmer la foule, ne permet pas d'apaiser la situation. Montezuma est lapidé (d'autres sources affirmeront qu'il succomba à des coups de couteaux portés par les Espagnols aux abois). Au mois de juin, Cuitlahuac succède à Moctezuma.
  • 30 juin 1520 : Galvanisés par la mort de Moctezuma et très supérieurs en nombre, les Aztèques se soulèvent. Assaillis de toutes parts, les Espagnols et leurs alliés s'enfuient à grand peine en subissant de lourdes pertes. C'est la Noche Triste.
Durant 10 mois, Cortés rassemble ses forces avant de les lancer dans une bataille sanglante. Il isole la capitale, coupe chaussées et aqueduc. La famine, le manque de nourriture et d'eau potable (l'eau du lac est salée) et la variole apportée de cuba auront raison des Aztèques. Cuitlahuac est victime de l'épidémie.
  • 13 août 1521 (1-serpent de l'année 3-maison) : Après 75 jours de siège, le dernier souverain aztèque, Cuauhtémoc, se rend à Cortés. Il sera pendu quelques années après sous prétexte de complot.

Les causes de la défaite

  • Une inégalité technologique: cuirasses d'acier, arquebuses, canons, cavalerie pour les espagnols face à des armes en obsidienne et en silex, des boucliers et des protections légères ornées de plumes.
  • Une inégalité tactique: les conquistadors sont pour une grande partie d'entre eux des vétérans des guerres d'Italie. Ils ont une excellente maîtrise tactique, en dépit de leur méconnaissance du terrain et de leur faible nombre (compensé en partie par leurs alliés Totonaques, Tlaxcaltèques, Otomi, mécontents de la domination Mexica).
  • Les Espagnols combattent pour éliminer l'ennemi du combat (de façon temporaire ou définitive), alors que les Aztèques tentent de faire des prisonniers en vue de sacrifices futurs pour les dieux.
  • La variole, maladie transportée d'Europe en Amérique par les Espagnols.
  • Les Aztèques avaient des règles et des rituels précis liés à la guerre. Chaque faction prévenait l'autre de son attaque prochaine ,et lui fournissait même des armes ( souvent en quantité plus symbolique qu'utile ). D'ailleurs une guerre ne se terminait jamais par un massacre ou un asservissement total. Les gagnants et les perdants discutaient ensemble des conditions de soumission, des tributs à payer, etc ... Les Espagnols combattaient pour détruire la culture du peuple Aztèque et n'avaient que faire de ces règles.Ils pratiquèrent le pillage et n'hésitèrent pas à tuer . Cette guerre fut avant tout un affrontement idéologique entre deux cultures très différentes ( cf Les Aztèques à la veille de la conquête espagnole de Jacques Soustelle )
  • L'indécision initiale de Moctezuma qui croyait assister au retour de Quetzalcoatl. Moctezuma, hanté par l'antique prophétie et par de mauvais présages, se prépara à livrer son empire. Il ne cessera d'hésiter sur la conduite à tenir.
  • Le facteur de surprise et de peur. Devant l'ennemi et leurs nouvelles technologies, les différents peuples amérindiens du continent faisaient face à une nouvelle domination. Le bruit du tonnerre entre les mains, les conquistadores maîtrisaient les foules en délire. Devant la destruction des lieux saints, la profanation des cultes et l'élimination des différentes idoles, l'absence de réponse divine ne faisait qu'accentuer le pouvoir des espagnols et la peur des conquis.

Organisation militaire aztèque

Armée aztèque

Les Aztèques étaient des très grands guerriers, et les soldats voyaient leur statut social s’élever lorsqu’ils se distinguaient au combat et montaient en grade.

Entrer chez les chevaliers-aigles était l’une des distinctions les plus honorifiques. Ces hommes portaient des coiffes colorées, ornées de plumes d’aigle et des costumes qui mettaient en valeur leur allure militaire. N’étant pas gênés par de lourdes armures, ils se déplaçaient promptement. Ils constituaient ainsi les troupes légères et rapides de l’armée aztèque, qui bondissaient sur l’ennemi. Toutefois, ils furent fort désavantagés lors des combats contre les Européens équipés d’armures et d’armes métalliques.

D'autres guerriers, les chevaliers-jaguars portaient des coiffes à l’effigie du jaguar et des vêtements imitant la fourrure de cet animal, choisi comme totem par ces guerriers car il s’agissait du plus féroce des prédateurs de la jungle d’Amérique centrale. Cette unité faisait sans doute office d’infanterie lourde et servait à attaquer le principal corps ennemi. Elle était certainement avantagée dans les combats contre les troupes légères prises par surprise ou assez insensées pour l’attaquer.

Lors des combats, ils se servaient d’une massue à lame d’obsidienne, la macana. Bien que n’ayant pas la force de pénétration des armes métalliques, la macana pouvait être tranchante comme une lame de rasoir. Mais sa princiaple utilité était de faire des prisonniers.

Les Macehualtin étaient une infanterie de base qui pouvait évoluer vers la dénomination de chevalier-jaguar après avoir capturé plusieurs ennemis et s'être illustré au combat.

Principes guerriers

Les Aztèques se battaient pour conquérir plus de terres et pour faire des prisonniers. En effet, ils pratiquaient les sacrifices humains, de ce fait, les Aztèques avaient besoin de victimes. C'est pourquoi ils partaient en guerre contre les peuples périphériques de l'empire. Leur tactique était simple : effectuer des raids rapides et efficaces dans le but de faire un maximum de prisonniers mais, dans ses désirs d'expansion, l'empire aztèque s'engageait dans de longues guerres en territoires ennemis. Il avait donc besoin de guerriers résistants et déterminés. Le principe des guerres fleuries est aussi central dans l'organisation aztèque.

Bibliographie

  • Alfonso Caso, Le Peuple du soleil : La Religion aztèque, Guy Trédaniel, 1995.
  • Christian Duverger, L'Origine des Aztèques, Seuil "points essais", 2003.
  • Christian Duverger, La Fleur létale, Seuil "Recherches anthropologiques", 1979.
  • Serge Gruzinski, Le Destin brisé de l'Empire aztèque, Gallimard "Découvertes", 1988.
  • Paul Hosotte, "L'Empire aztèque, impérialisme militaire et terrorisme d'Etat", Economica, Paris, 2001.
  • Miguel León-Portilla, La Pensée aztèque, Seuil "Recherches anthropologiques", 1985.
  • Miguel León-Portilla, Anthologie Nahuatl : Témoignages littéraires du Mexique indigène, L'Harmattan "UNESCO", 1997.
  • Laurette Séjourné, La Pensée des anciens Mexicains, Paris, Maspero, 1966, 1982.
  • Jacques Soustelle, La Vie quotidienne des Aztèques à la veille de la conquête espagnole, Hachette "La Vie quotidienne", 1967.
  • Jacques Soustelle, L'Univers des Aztèques, Hermann "Savoir", 1997.
  • Eric Roulet, Jacqueline de Durand-Forest, Daniele Dehouve, Parlons Nahuatl - La langue des aztèques, L'Harmattan, Parlons, 2000.
  • Bernal Díaz del Castillo, L'Histoire véridique de la Conquête de la Nouvelle Espagne, Editions La Découverte, Paris, 1987
  • Bernal Díaz del Castillo, La Conquête du Mexique, 1996.
  • Hernan Cortès, La conquête du Mexique, lettres de relation à l'empereur Charles-Quint, La Découverte, 1996

Voir aussi

  • Le jeu-documentaire Aztec de Cryo Interactive, comprenant une encyclopédie très complète.
  • Art aztèque
  • Le jade et l'obsidienne, roman historique d'Alain Gerber Éditions R. Laffonts 1981
  • Azteca, roman historique très documenté de Gary Jennings.
  • Azteca, jeu de plateau (Tilsit Editions) dans lequel les joueurs gouvernent les cités de la vallée de Mexico.

Liens externes

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