Aubette (Strasbourg)

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L'Aubette la nuit
L'Aubette la nuit
L'Aubette en travaux
L'Aubette en travaux
L'Aubette et la place Kléber
L'Aubette et la place Kléber

Le bâtiment de l'Aubette de Strasbourg est un long immeuble de facture néoclassique, fermant la face nord de la place Kléber, la place centrale de Strasbourg. Ancien bâtiment militaire puis centre de loisirs, il fut construit de 1765 à 1778. (Photo)

Le bâtiment de l'Aubette est pendant un siècle à destination militaire : il est prévu pour abriter des logements et un corps de garde. Son nom correspond sans doute à l'un des sens anciens du mot aubette (abri). On dit aussi qu'il viendrait du mot aube, car c'était à l'aube qu'on y donnait le mot d'ordre.

Sommaire

[modifier] Un élément d'un vaste projet d'embellissement

Ce bâtiment faisait partie du projet de la place d'Armes élaboré par Jacques François Blondel, architecte du roi, dans le cadre d'un plan directeur destiné à moderniser et embellir la cité. A cet effet, Blondel prévoit de régulariser l'espace de la place en accentuant sa forme en fer-à-cheval. Les deux côtés, au nord et au sud, sont infléchis avec des façades construites uniformément sur le modèle du bâtiment militaire de l'Aubette. À l'ouest, un arc de cercle, prévu à l'origine pour une salle de spectacles, est réservé pour une vaste auberge, la future Maison rouge.
La conjoncture prérévolutionnaire et le manque de finances entraveront ce programme ambitieux, qui ne sera concrétisé qu'avec le bâtiment de l'Aubette.

Au XIXe siècle, l'Aubette abrite le bureau de l'état-major et un café-concert au premier étage. Celui-ci cède sa place en 1869 au musée municipal de peinture et de sculpture.

[modifier] Reconstruction et nouvelle destination

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, les troupes allemandes font le siège de la ville et la bombardent, provoquant de violents incendies dont est notamment victime l'Aubette, dont ne subsiste que la façade.
L'architecte officiel de la Ville de Strasbourg, Geoffroy Conrath, dirige la reconstruction, qui conserve cette façade tout en y apposant des ajouts sculptés et qui réalise un nouveau toit en ardoise à comble brisé, tout à fait étranger au projet de Blondel. La façade est alors ornée de médaillons représentant les portraits de musiciens célèbres (Mozart, Haendel, Gluck, Mendelssohn...) La reconstruction est achevée en 1877.
Le bâtiment abrite alors au rez-de-chaussée des boutiques et au premier étage le conservatoire de musique ainsi qu'une grande salle de concert.

[modifier] Un monument de l'avant-garde des années 1920

Ciné-bal de l'Aubette, juin 2006
Ciné-bal de l'Aubette, juin 2006

En 1922, les frères Horn, concessionnaires de l'aile droite du bâtiment, projettent d'y installer un vaste complexe où s'imbriqueraient restauration et loisirs, avec une dizaine de salles comprenant notamment une salle de danse, un caveau-dancing, une cafétéria, un bar américain, une salle de billard et une salle de projection.

La conception est confiée à Theo van Doesburg, en collaboration avec Jean Arp et son épouse, Sophie Taeuber-Arp. Ils mettent alors entre 1926 et 1928 en pratique les théories du mouvement néerlandais De Stijl, alors en vogue en Europe, sur la conception de l'espace et de la décoration.
Sur le plan artistique, l'Aubette abritait l'un des programmes les plus ambitieux réalisé par l'avant-garde des années 1920, au point que les commentateurs les plus enthousiastes qualifient alors le bâtiment de « chapelle Sixtine de l'art moderne ».

[modifier] Une redécouverte tardive

En 1938, les frères Horn cessent d'être gérants et leur successeur décide de masquer les décorations alors défraîchies. Elles ne sont redécouvertes que dans les années 1970 et depuis 1997, un projet de restauration est en cours, visant à rouvrir ces lieux au public et à valoriser la singularité artistique de son aménagement intérieur.

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