Assyriens

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La dénomination ethnonationale « Assyrien » a été introduite au XIXe siècle par des missionnaires protestants américains et britanniques pour désigner d'abord les chrétiens nestoriens, puis l'ensemble des chrétiens d'Orient parlant un dialecte néo-araméen (chaldéens, syriaques orthodoxes, syriaques catholiques, Assyriens protestants). Elle est surtout utilisée en diaspora et par des non-Assyriens, par exemple en Arménie et en Géorgie où c'était l'ethnonyme officiellement d'usage à l'époque soviétique (Aisor), et par certains mouvements nationalistes "mésopotamiens", qui ont même parfois tenté, par exemple dans les mémorandums remis aux conférences de paix après la Première Guerre mondiale, d'y inclure les Maronites, les Mandéens (Sabéens) et les Juifs targumiques ("Juifs kurdes", néo-araméophones).

La question de la dénomination fait débat parmi les personnes concernées, les chercheurs et les journalistes utilisent tant Assyriens qu'Assyro-Chaldéens, voire Araméens, ou encore des termes distincts selon la communauté religieuse : Syriens/Syriaques, Jacobites, Nestoriens, Chaldéens.

Ceux qui s'étaient installés en Russie, devenue URSS, sont les seuls à avoir bénéficié d'une reconnaissance en tant que "peuple" (narod), c'est-à-dire groupe ethnique, en tant que tel, avec préservation de leur langue et de leur culture sans distinction selon leurs appartenances confessionnelles, sous la dénomination Aisor (Assyriens).

Dans les autres pays de la région, toute affirmation d'une identité ethnonationale minoritaire a été combattue par les différents gouvernements, voire réprimée dans le sang comme en Irak (voir infra), ce qui explique en partie le problème de la construction nationale et de l'autodénomination commune.

Dans les recensements en Australie, au Canada, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, la catégorie utilisée est Assyriens, comme en Arménie et en Géorgie. Il n'y a pas de recensements ethniques au Moyen-Orient (sauf en Israël, où la population assyrienne est minime).

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Filiation avec les habitants de l'Assyrie antique

Il n'y a aucune preuve tangible d'une quelconque filiation "génétique" ou autre entre les habitants de l'Empire assyrien de l'Antiquité (dont sont probablement issus, avec de multiples mélanges, toutes les populations actuelles du Moyen-Orient, quelle que soit leur ethnicité ou leur religion actuelle) et ces Assyriens modernes, mais le mouvement nationaliste assyrien cultive ce mythe national avec, par exemple, l'utilisation de prénoms comme Nabuchodonosor (impensable dans les familles traditionnelles, très attachées à leurs églises, puisqu'il ne s'agit pas d'un prénom chrétien), et la juxtaposition dans les brochures de propagande de profils de bas-reliefs antiques et de photos d'"Assyriens" modernes.

[modifier] Les Assyriens à la fin de l'Empire ottoman

Au XIXe siècle et au début du XXe, les Assyriens de toutes dénominations chrétiennes étaient répartis dans les provinces ottomanes qui constituent actuellement l'Est de la Turquie, l'Irak et la Syrie, ainsi qu'en Iran et dans le Caucase russe (Arménie, Géorgie). Leur langue véhiculaire était le néo-araméen oriental, dérivée de l'araméen. Dans le massif montagneux du Hakkiari (actuelle province de Hakkari, en Turquie), le chef religieux des Assyriens-Nestoriens, le Mar Shimoun, avait le statut d'un chef tribal à l'instar des chefs tribaux kurdes, et disposait donc d'une certaine autonomie de type féodal jusqu'en 1843-1846, quand l'Empire ottoman supprima les entités féodales de Bohtan et de Hakkiari suite à des massacres d'Assyriens-Nestoriens et de Kurdes rivaux par l'émir kurde de Bohtan.

Pendant la Première Guerre mondiale, les Arméniens, les Assyriens et les Pontiques subirent une épuration ethnico-religieuse, car ils habitaient des territoires à majorité non turco-musulmane entre l'Anatolie et l'Azerbaïdjan - dans une perspective tant pantouranienne (union politique entre les "Turcs" d'Anatolie, du Caucase et d'Asie centrale) que punitive des populations suspectes, à tort ou à raison, de pactiser avec les ennemis des Turcs musulmans : la Russie, la Grèce, la France, le Royaume-Uni, l'Italie.

voir: Massacre des Assyriens - Génocide arménien - Pontiques - Micrasiates - Karamanli

[modifier] Les traités de paix et les mandats

Le Traité de Sèvres en 1920 prévoyait une certaine autonomie pour les "Assyro-Chaldéens" (terme usité à l'époque), dont des délégations avaient assisté aux conférences de paix avec la revendication d'un État assyrien, apparemment promis par Londres en décembre 1917, mais le Traité de Lausanne en 1923 constitua un recul tant pour eux que pour les Arméniens ou les Kurdes, tous sacrifiés au réalisme géopolitique et à la nouvelle division du Proche-Orient entre Turquie kémaliste, mandat français en Syrie, Liban) et mandats britanniques (Irak, Transjordanie, Palestine).

[modifier] La diaspora assyrienne au Proche-Orient

[modifier] Les Assyriens en Irak

Un escadron assyrien (Assyrian Levies) aida la puissance mandataire britannique à réprimer des insurrections nationalistes arabes chiites et kurdes en Irak mais à la fin du mandat, en 1932, le Royaume-Uni abandonna ses alliés, comme plus tard la France les harkis ou Israël l'Armée du Liban-Sud. Le 20 octobre 1931, un mémorandum de notables assyriens, demandant l'établissement d'une région autonome, où auraient notamment été regroupés les Assyriens réfugiés du Hakkiari, fut adressé aux autorités, sans résultat, et l'été suivant les Assyrian Levies se révoltèrent et furent matés avec l'aide des troupes britanniques. En mai 1933, le gouvernement irakien mit le patriarche Mar Shimoun en résidence surveillée à Bagdad et les notables assyriens-nestoriens furent mis en demeure d'abandonner toute revendication d'établissement compact des réfugiés, suite à quoi, en juillet, une partie de ces réfugiés alla demander asile dans la Syrie sous mandat français. Devant le refus des autorités françaises de leur accorder un territoire autonome, ils refranchirent la frontière irakienne en août 1933 où un millier d'entre eux furent massacrés par les troupes irakiennes, dirigées par le colonel kurde Bakir Sidqi.

Depuis la chute de Saddam Hussein, l'Irak est le seul pays de la région où des partis "chaldo-assyriens" ou "syriaques" sont actifs et se présentent aux élections. Cependant, même sous le régime baassiste, du moins lors de sa période plus ouverte envers les minorités, la langue néo-araméenne fut enseignée et le développement culturel de cette minorité encouragé.

[modifier] Les Assyriens en Turquie

Les Assyro-Chaldéens ont presque disparu du Sud-Est Turc. Les Assyriens nestoriens furent massacrés et poussés à l'exil vers l'iran, la Russie et l'Irak durant la première guerre mondiale. Et la grande majorité des Assyriens Syriaques et Chaldéens survivants sont partis vers l'Europe(Suède, Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique...) à la fin du XXe siècle.

[modifier] Les Assyriens en Iran

Icône de détail Article détaillé : Assyriens en Iran.

Les Assyro-Chaldéens disposent d'un siège réservé au Parlement iranien.

[modifier] Les Assyriens en Syrie

La plupart des Assyriens de Syrie sont originaires qu'on se le dise bien , de Syrie ; mais les differents mouvements migratoires et l'annexion du Nord de la Syrie par la Turquie a fait que les Assyriens de Syrie se sont retrouvés eparpillés soit en Turquie (Midyat, Mardin) soit en Irak. C'est pendant la première moitié du XXe siècle qu'ils avaient fui les persécutions qui les frappaient en Turquie et en Irak . Ils sont surtout présents dans la Djézireh et à Alep. Ils migrent maintenant de plus en plus de la Syrie vers l'Occident. Depuis l'occupation américaine en Irak et la guerre civile qui règne dans ce pays, des dizaines de milliers d'Assyriens de ce pays se sont réfugiés en Syrie, d'où certains sont ensuite partis en Europe ou aux Etats-Unis.

[modifier] Les Assyriens du Caucase

"Les Assyriens d'Union Soviétique qui ont fui en masse de Perse et de Turquie vers le nord, au cours de la diaspora générale provoquée par les événements de la Première Guerre mondiale, ont largement bénéficié, dans le passé, de leur statut reconnu de nationalité soviétique. Dans plusieurs cas, leur voie s'est écartée de celle empruntée par le reste des Assyriens. Leur isolement a été dû en grande partie à la substitution de l'alphabet latin par l'alphabet syriaque et à l'attitude antireligieuse officielle de l'Union Soviétique. Les Assyriens d'Union Soviétique reflètent, à une échelle réduite, les changements que les nationalités soviétiques plus importantes ont également subis. En dépit d'une certaine tendance à se fondre dans la culture russe, la petite communauté assyrienne continue à préserver sa culture nationale." (Eden Naby, « Les Assyriens d'Union soviétique », Cahiers du monde russe, 16/3-4, 1975)

[modifier] Les Assyriens au Liban

Contrairement aux autres communautés confessionnelles, celles correspondant aux Assyriens ne bénéficient que d'une représentation via un siège commun pour ces quatre églises plus les Latins, les Coptes et les Juifs.

[modifier] Les Assyriens en Israël et en Palestine

La grande majorité des Assyriens d’Israël et des territoires palestiniens sont originaires de Syrie . En Israël, ils sont reconnus comme une minorité chrétienne non arabe. Sur demande, on pouvait avoir la mention : Assyrien(ne) sur les cartes d’identités israéliennes. Un peu moins reconnus dans les territoires palestiniens ou ils sont assimilés à la population palestinienne arabe (qu’ils ne sont pas). Sur l’ensemble du territoire, ils sont répartis en deux Eglises principales : Syriaque Orthodoxe (majorité) et Syriaque Catholique (minorité). Beaucoup vivent à Bethléem.

[modifier] La diaspora assyrienne hors du Proche-Orient

[modifier] Le mouvement nationaliste assyrien

[modifier] Statistiques Démographiques

[modifier] Sources

  • Sébastien de Courtois, "Chrétiens d'Orient sur la route de la Soie, dans les pas des nestoriens", La Table Ronde, octobre 2007.
  • Laurent et Annie Chabry, Politique et minorités au Proche-Orient, Paris Maisonneuve et Larose, 1984, ISBN 2706808756
  • Robert Alaux, Les derniers Assyriens, Lieurac Productions, Paris, [2003], Film documentaire 52 minutes.

[modifier] Liens externes

Article sur l'Assyrie antique: voir Assyrie.