Art des aborigènes d'Australie

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Bûche creuse de tombe aborigène.
Bûche creuse de tombe aborigène.
Mémorial aborigène à la NGA, le Torres Strait Islander.
Mémorial aborigène à la NGA, le Torres Strait Islander.

Le terme art aborigène désigne aussi bien l'art des aborigènes d'Australie qui précédèrent la colonisation que celui d'artistes aborigènes contemporains encore influencés par leur culture traditionnelle. Cela inclut la peinture, mais aussi d'autres médias comme la gravure sur bois, la sculpture, les costumes cérémoniaux, ou les décorations trouvées sur les outils ou les armes anciennes.

L'art est un élément clé dans la culture aborigène. Il est toujours lié à un territoire (itinéraire, site, grotte, point d'eau...) Les Aborigènes célèbrent, chantent, dansent, miment et peignent ( Ce que nous appellons "art" mais qui pour eux est d'abord spiritualité) pour actualiser l'esprit ancestral créateur du lieu (au sens topographique) et présentifier, réactiver cette énergie créatrice. En ce sens, célébrer, peindre ou chanter un territoire marque la propriété ( au sens de responsabilité) d'un clan ou d'une personne. La créativité aborigène est sollicitée lors d'évènements historiques perturbants. De nouveaux rituels, chants, danses, peintures, peuvent alors être communiqués par rêves aux vivants par les esprits ancestraux. Ces nouvelles formes d'expression "artistiques" viennent alors rejoindre l'énorme réservoir d'inspiration que constitue le Temps du Rêve. La création de l'Ecole de Warmun/Turkey Creek dans le Kimberley est un magnifique exemple de cette capacité. Elle permit aux Aborigènes d'exorciser le souvenir des massacres impunis perpétrés sur eux par les éleveurs blancs du Kimberley et de promouvoir l'esprit du "Two ways, two laws" (Deux voies, deux lois).*

  • Source : les ouvrages de Barbara Glowczewski, en particulier "Du rêve à la loi chez les Aborigènes d'Australie" - Puf - Ethnologie

De rares teintures ocres ont aussi servi de monnaie d'échange dans le nord de l'Australie.

Sommaire

[modifier] Sculptures gravures, dessins de sable

  • Coquillages gravés.
  • Représentations de Mimis : petites créatures mythologiques. Ils sont si légers qu'ils ne sortent pas les jours de vent, sous peine de s'envoler comme des feuilles. Quand les hommes les approchent, ils s'enfuient dans les crevasses des rochers. S'il n'y en a pas, les rochers s'ouvrent et se referment derrière eux.
  • Colliers et bijoux.
  • Paniers tressés.
  • Dessins de sable, en Australie centrale.

[modifier] Aspects religieux et culturel de l'art aborigène

Presque toujours, l'art aborigène traditionnel se rapporte au Temps du rêve mythologique, qui remonte à 500 ans. Plusieurs puristes modernes affirment que si une œuvre n'a pas un côté spirituel, alors ça n'est pas du « vrai » art aborigène. Wenten Rubuntja, un peintre de paysages aborigène dit qu'il est difficile de trouver un art qui soit exempt de tout contenu spirituel :

« Qu'importe quel type de peinture on fait dans ce pays, ça appartient toujours au peuple, à tout le monde. C'est un culte, un travail, une culture. C'est un rêve. Il y a deux manières de peindre, et les deux sont importants, parce que c'est la culture. » — source The Weekend Australian Magazine, avril 2002

représentations de perches Barramundi.
représentations de perches Barramundi.

[modifier] Dégradation des sites

Beaucoup de sites importants de peinture rupestre aborigène ont été progressivement désacralisés et détruits par l'arrivée des colons et des touristes d'aujourd'hui. Des dessins ont été détruits lors de travaux de construction, par l'érosion ou par les graffitis. Plusieurs sites maintenant nationaux doivent être surveillés par des gardes, ou ont même été fermés définitivement au public.

[modifier] Les artistes aborigènes contemporains

En 1934, le peintre australien Rex Batterbee enseigna à plusieurs autres artistes aborigènes, dont Albert Namatjira, lors de la mission Hermannsburg, la peinture de paysages à l'aquarelle dans le style occidental. Ce genre devint populaire, et il y eut des expositions à Melbourne, Adelaide et d'autre grandes viles. Namatjira devint, grâce à la popularité gagnée par ses tableaux, le premier citoyen aborigène d'Australie.

En 1966, un dessin de David Malangi fut utilisé sur les billets australiens d'un dollar, au départ sans qu'il le sache. Le paiement qu'il reçut de la Reserve Bank en compensation en fit la première affaire de droits d'auteur aborigène de la loi australienne.

Peinture de Richard Bell
Peinture de Richard Bell

En 1971-1972, le professeur d'art Geoffrey Bardon encouragea les habitants aborigènes de Papunya, au nord-ouest d'Alice Springs, à transposer leurs mythes sur le Temps du rêve sur toiles. Après avoir été dessinés sur le sable du désert, ceux-ci allaient recevoir une forme durable. Finalement, le style utilisé finit par devenir le plus reconnaissable de la peinture aborigène (la peinture « à points »). Beaucoup des peintures aborigènes que l'on trouve dans les boutiques de souvenirs montrent l'influence de ce style développé à Papunya. L'artiste le plus célèbre de ce mouvement fut sans doute Clifford Possum Tjapaltjarri, ainsi que Johnny Warangkula, dont Water Dreaming at Kalipinya se vendu par deux fois à un prix record (486 500 dollars la seconde fois, en 2000).

En 1983, les aborigènes Warlpiri, à Yuendumu, se mirent à peindre les 36 portes de l'école de la ville d'histoires tirées de ce mythe, et commencèrent ainsi un mouvement artistique. En 1985 l'association d'artistes de Warlukwlangu fut fondée à Yuendumu, qui coordonnerait les peintres des environs. Paddy Japaljarri Stewart est le peintre le plus célèbre issu de cette époque.

En 1988, un mémorial, le Torres Strait Islander, fut ouvert à la Galerie Nationale d'Australie à Canberra. Fait de 200 cercueils de bois similaires à ceux utilisés pour les cérémonies mortuaires sur l'île d'Arnhem, il commémorait les victimes aborigènes durant les conflits lors de la colonisation. Le passage au centre représente la Glyde River. 43 artisans venus de Ramingining et de communautés voisines y contribuèrent.

A la fin des années 1980 et au début des années 1990, les travaux d'Emily Kame Kngwarreye gagnèrent en notoriété. Malgré toute sa vie passée à travailler dans l'art et l'artisanat, elle ne connut la popularité qu'à l'âge de 80 ans. Elle venait de la communauté d'Utopia, au nord-est d'Alice Springs. Elle ne se mit à la peinture qu'à la fin de sa vie, changeant de style tous les ans. Ses travaux sont souvent perçus comme un mélange d'art aborigène traditionnel et contemporain. Sa nièce Kathleen Petyarre est une des plus importantes parmi les artistes aborigènes vivants.

Rover Thomas est un autre artiste contemporain aborigène. Né en Australie-Occidentale, il représenta l'Australie à la Biennale de Venise de 1991. Il eut des relations avec Queenie McKenzie, de la région d'East Kimberley, et l'encouragea aussi à peindre.

[modifier] Artistes contemporains aborigènes

[modifier] Sites importants d'art aborigène

[modifier] Sources

  • Ruff C (2002) "I sing for my land" in The Weekend Australian Magazine, 27-28 avril

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes