Approche écosystémique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L’approche écosystémique est un élargissement de l'approche systémique par une hiérarchisation de niveaux de systèmes étudiés.

Sommaire

[modifier] Avant-propos

L’approche écosystémique est à l’approche systémique ce que la relativité générale est à la relativité restreinte de Albert Einstein, c’est-à-dire un déploiement plus vaste et plus profond du premier par rapport au second.

L‘approche systémique conçoit le phénomène étudié comme un tissu d’interactions où les interactions sont décrites de cette façon par Edgar Morin(« La méthode 1. La nature de la Nature», p.51, 1977),

« […] Les interactions des actions réciproques modifiant le comportement ou la nature des éléments, corps, objets, phénomènes en présence ou en influence.»

L’approche écosystémique, elle, se déploie en une hiérarchie de niveaux de dépendance, de contrainte ou de complexité, de système en système, de système ou métasystème. Ce déploiement est illustré par la série «La Méthode» de Edgar Morin.

Au premier niveau du tome 1 est la nature inorganique du monde minéral ou lithosphère qui oriente et délimite les possibilités d’occurrence, de développement et de reproduction de la vie du biosphère au deuxième niveau du monde du vivant (« La méthode 2. La Vie de la Vie, 1980).

Le deuxième niveau niveau de la vie, à son tour, oriente et délimite les possibilités d’association des congénères, c’est-à-dire ceux de la même espèce au troisième niveau du social des animaux et des végétaux.

Le troisème niveau du social, à son tour, oriente et délimite les possibilités d’occurrence, de développement et de reproduction des idées et leurs modes de représentation engendrées par les activités sociales des collègues, c’est-à-dire ceux qui partagent le même héritage (legs) et la même loi (lex, legis) de la culture du quatrième niveau de la noosphère.

L'approche écosystémique se déploie sur ces quatre niveaux, de la culture de l'ordre des idées de la noosphère, à la lithosphère, du complexe aux structures de la complexité. Sans ce monde minéral, il n'y aurait pas de vie. Sans la vie de la biosphère, il n'y aurait pas des êtres sociaux qui, en se liant entre eux, produisent la pensée et pensent la production. L'orientation de cette hiérarchie de dépendance de l'approche écosystémique se vérifie facilement par une évaluation à base zéro (zero basis evaluation).

[modifier] Introduction

L'approche écosystémique, ou approche par écosystème, est une façon de percevoir à la fois l'arbre et la forêt, sans que le premier masque la seconde. L'arbre est perçu comme une configuration d'interactions appropriée aux conditions de vie dans la forêt en compagnonnage avec d'autres arbres qui forment sa niche écologique. Comme ses applications, les sources de l'approche écosystémique sont multiples.

« Nul homme n'est une île en soi.
Chaque homme est un morceau du continent.
La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l'humanité.
Ne demande jamais pour qui sonne le glas.
Il sonne pour toi. »

Ainsi chantait le poète John Donne (1572-1631). Pour le mathématicien Jacob Bronowski, la science est inséparable de la poésie, tout comme pour l’anthropologue Gregory Bateson, deux des grands contributeurs à l’approche écosystémique qui, en psychologie, perçoit et conçoit l’Homme comme situé sur une hiérarchie de niveaux distincts, à savoir les niveaux biologique (les activités vitales de l'homme), social (la famille et la société) et culturel (les idées et leurs moyens de représentation). Chaque niveau forme l’enveloppe contextuelle et écologique des êtres, événements, objets et systèmes du niveau suivant. Ainsi, l'approche écosystémique est une méthodologie qui peut s'appliquer à de nombreux domaines, des processus physiques les plus simples aux processus psychiques plus complexes, jusqu'aux processus sociaux hypercomplexes.

[modifier] Histoire

[modifier] Introduction

Les points de départ de l'approche écosystémique sont la cybernétique et la systémique modernes, réunis au sein du complexe militaro-industriel des États-Unis, qui furent l’arsenal de la démocratie pendant la Seconde Guerre mondiale.

La cybernétique des linguistes s’occupait à décrypter les transmissions codées des machines « Enigma », pendant que la cybernétique des ingénieurs se rapportait à la conduite de tir en couplant une énorme machine à calculer avec un radar pour diriger les canons anti-aériens à travers des servomécanismes.

D’autres ingénieurs s’occupaient à concevoir, à produire et à livrer sur la ligne de front du matériel militaire en quantité maximale et en un temps minimal. C’est ce qui a permis à Pierre Couffignal (1902-1966) de décrire la cybernétique comme « l’art de rendre l’action efficace » dans son livre de vulgarisation ("La cybernétique", collection "Que saisje", PUF, Paris. Nombreuses rééditions). L’étymologie grecque du nom choisi par Norbert Wiener (1894-1966) évoque plutôt « L’art de gouverner » du timonier (« TaiKon », mot chinois emprunté par l’anglo-américain en « tycoon » pour désigner un potentat, un gouverneur) pour maintenir le dispositif sur une trajectoire optimale.

[modifier] Avant le XXe siècle

Bien avant, au XVIIIe siècle, en France, il y a eu des machines cybernétiques, comme le métier à tisser de Joseph Marie Jacquard (1752-1834) qui tissait mécaniquement la soie de Lyon .

Avec ces proto-robots industriels dans les ateliers, il y a eu aussi dans les salons des aristocrates des "automates", comme le canard de Jacques Vaucanson (1709-1782) qui battait des ailes, lissait les plumes, imitait les actions de boire et déféquer.

Selon Joseph Needham, dans la Chine du temps du premier homme qui s’élevait dans les airs sur un cerf volant pour observer le champ de bataille et rapporter la description de sa configuration, la cybernétique chinoise n’était pas des mécaniques horlogères, mais se fondait sur la dynamique des fluides reprise beaucoup plus tard par Jay W. Forrester (1918…) en « flux », « vanne » et « réservoir », rendus populaires en francophonie par Joël de Rosnay (dans Le macroscope). Il s’agit de la régulation des niveaux et des flux.

En chinois aussi bien qu’en anglais, le terme régulation, de la régularité, signifie également régler et réglementer et "régence", d’où « L’art de gouverner » et « L’art de légiférer » en plus de l’hydraulique agricole dans le maintien du niveau d’eau optimal en riziculture en terre inondée mentionnés dans l’ouvrage « La pensée chinoise » de Marcel Granet.

De cette manière et à travers l’écopolitique de la théorie des contextes d’Anthony Wilden, l’approche écosystémique fait ses retrouvailles avec l’économie politique asiatique. Cette économie politique se fait connaître en Amérique et en Europe lors de la mondialisation du XXIe siècle. Avec l'écosystémique, Jacques Attali a trouvé une utilisation dans son modèle économique étagé en espace des prix, espace des valeurs et l'espace de l'information généralisée. Le prix est simplement le niveau de la réalité physique, le deuxième concerne la réalité psychique des significations et valeurs conférées aux éléments de la réalité physique. Le troisième espace se rapporte à la réalité symbolique des croyances de la religion et des règles de conduite de la morale. Il s'agit des niveaux de réalité de l'approche écosystémique.

[modifier] Au XXe siècle

Cet éventail d’application se trouve dans l’AFCET (Association Française de Cybernétique Économique et Technique). C’est peut-être par les automates que la cybernétique française de la moitié du XXe siècle soit devenue une automatique des automaticiens. De là, la cybernétique et la systémique sont inextricablement entrelacées, peut-être comme structure et processus, à la manière de culture et communication, selon Ray Birdwhistell.

Après les automates de la mécanique horlogère, arrive la "tortue" du neurophysiologue William Grey Walter, capable d'interactions avec l'environnement et qui préfigure les missiles auto-guidés et les bombes intelligentes. Cette "tortue" est vraiment un système téléonomique. (la téléonomie est l'étude des systèmes finalisés par une stabilité; recherche de la stabilité structurelle et non du changement, en anglais: goal seeking systems)

L’information n’est plus une mesure de probabilité d’occurrences, un signal physique, mais un signe avec signification et valeur. Il s’ensuit que le signal physique soit porteur de signe psychique.

C'est le contraste entre l'ancienne communication de la transmission des signaux physiques du type émetteur-canal-récepteur et la "nouvelle communication" (cf. Yves Winkin) de la mise en commun des valeurs et significations au niveau social et de la communion autour des croyances et des règles de conduite au niveau culturel.

La systémique, elle, consiste dans une réflexion sur la cohérence structurelle et la cohésion fonctionnelle des composantes d’une totalité modulaire dont l’illustration pourrait être un mobile de pièces reliées les unes aux autres en un équilibre quelconque. Bien avant, au XIXe siècle, le physiologiste français Claude Bernard (1813-1878) affirmait que les systèmes n’existent pas dans la nature, mais qu’ils sont une vue de l’esprit des cliniciens interprétant un groupement d’organes et leurs fonctions comme une totalité cohérente.

Avec l’arrivée de Gregory Bateson, des anthropologues, des sociologues, des linguistes et des psychiatres, la systémique est passée de la biologie aux sciences sociales, passant du structuralisme à l’écosystémique. Le mathématicien Jacob Bronowski s'est toujours refusé à dissocier la science de la conscience, la nature de l'esprit.

[modifier] Système et métasystème

La systémique simple des ingénieurs de tout acabit faisait partie de la cybernétique de première génération, celle du signal du processus de production, de reproduction et de correction. L'écosystémique complexe est de l’ordre de la cybernétique de deuxième génération du signe psychique porté par le signal physique, à l’exemple d’un disque ou d’un ruban magnétique sur lequel sont inscrits des signaux électromagnétiques. La Théorie de l'information de Claude Shannon, Waren et Weaver fait partie de cette cybernétique de première génération et de la systémique simple des ingénieurs.

L’écosystémique complexe vient de la deuxième révolution scientifique de l’information, non plus l'information du simple signal d'erreur, mais l'information du signe avec un sens, dans son triple sens d’orientation (comme dans « sens unique »), de pertinence (comme dans « bon sens ») et de signification. Gregory Bateson, avec ses collègues et disciples, a lancé cette deuxième révolution scientifique de l’information en introduisant la typologie logique (Principia Mathematica) de Bertrand Russell et Alfred North Whitehead.

Cette théorie des types logiques, en métamathématiques, se déploie en une hiérarchie de niveaux de type logique de membres à classe et classe de classes, de méta en méta-méta. Elle postule qu’une classe ne puisse pas être membre d’elle même.

Prenons cette histoire de bibliothécaire pour éclaircir cette hyperabstraction métamathématique.

  • Un bibliothécaire a achevé d'établir le catalogue de sa bibliothèque et se demande où il peut classer son catalogue qui, bien qu’ayant le format physique d’un livre, n’est pas du même ordre que les livres qu’il classifie, répertorie ou représente. En effet, le catalogue est le livre des livres, un métalivre, une cartographie des livres de la bibliothèque, une représentation des livres.

De ce postulat de la théorie des types logiques, il s’ensuit que la classe et les membres ne peuvent avoir les mêmes propriétés et caractéristiques. Les expressions suivantes illustrent ce postulat :

Après la période de collaboration avec Jacques Lacan à l'Université Johns-Hopkins de Baltimore, MD, et à sa période californienne, Anthony Wilden a travaillé avec Gregory Bateson à l’élaboration de la cybernétique de deuxième génération.

Cette collaboration qui a donné "System and Structure. Essays on Communication and Exchange" dont la première édition de 1972 a été suivie d’autres et de nombreuses rééditions et traductions dont la traduction française de 1983. De là, il a bâti la Théorie des contextes qui est une métaphore du déplacement et une métonymie de la condensation de cette approche écosystémique qui est une méthodologie, une métaméthode, méthode des méthodes, ou classe de méthodes, une sorte de boite à outils dont chaque outil est une méthode singulière appropriée pour résoudre une énigme particulière.

Cette Théorie des contextes présente trois règles, dont la "règle d’extinction" qui permet de bâtir une hiérarchie de niveaux de type logique, de contrainte ou de dépendance et de vérifier son orientation.

En premier lieu vient le système minéral de la lithosphère qui oriente et délimite les possibilités de vie du système organique de la biosphère qui, lui même, oriente et délimite les possibilités d’association des congénères animaux et végétaux du système social de la sociosphère..

Alors, le système biologique est l’environnement et le métasystème social, comme le système minéral est le fondement ("Grund" disait-on auparavant), l’environnement et le métasystème biologique.

En exemple, l’écosystémique de la foresterie et de la pêcherie, à la base, s’occupe du système social de l’association des arbres et des poissons avec son environnement ou métasystème organique dont son environnement est le système minéral de la lithosphère qui oriente et délimite les possibilités de vie sur la planète. Ainsi, nous pouvons aller de système en métasystème et métaméta système, dans un recul à l’infini pour mieux percevoir, en reliant les niveaux pour mieux comprendre et en situant l’énigme à déchiffrer à son niveau pour mieux agir.

La systémique simple des ingénieurs s’occupe des processus physiques ou des flux financiers dont l’environnement considéré est juste l’entourage de même nature que celle du contenu des flux et processus. C’est l’aplatissement des niveaux de contrainte, de dépendance ou de complexité au niveau où a lieu l’énigme étudiée.

L’écosystémique hypercomplexe de l’humain tient compte du niveau culturel de la noosphère dépendant du niveau social de la sociosphère et tient compte en plus du niveau symbolique le plus complexe et le plus dépendant. En effet, le niveau symbolique est celui des croyances et règles de conduite qui orientent et délimitent les significations et les valeurs possibles du niveau culturel.

L'écosystémique de l'agressivité humaine et du vieillissement humain est dans les interactions du physique de la neurologie et de l'endocrinologie de la biosphère avec le psychique de la sociosphère et le culturel des idées de la noosphère.

« […] Toute hypothèse scientfique vraiment nouvelle est en fait de l’ordre du délire du point de vue de son contenu, en ce qu’il s’agit d’une projection de l’imaginaire sur le réel. Ce n’est que parce qu’elle accepte a priori la possibilité d’être transformée et même abandonnée sous l’effet de confrontations avec de nouvelles observations et expériences qu’elle s’en sépare finalement. » (Henri Atlan, Entre le cristal et la fumée,p. 147, Seuil, Paris, 1979).

Georges Clemenceau disait: « La guerre est une affaire trop importante pour être confiée à des militaires ». En effet, les militaires risquent d'avoir le nez collé sur l'arbre de la guerre qui masque la forêt de lapolitique. Le Général Võ Nguyên Giáp a dit qu'une bataille fût à la fois diplomatique, militaire, politique et psychologique, comme la bataille de Điện Biên Phủ qui a conduit aux Accords de Genève et l'offensive du Tết aux Accords de paix de Paris.Clemenceau faisait de l’écosystémique sans le savoir, comme le bourgeois gentilhomme de Molière fait de la prose sans le savoir. En effet, l’écopolitique de la hiérarchie des niveaux de contrainte ou de dépendance, dans la Théorie des contextes de Anthony Wilden, met au niveau politique le choix de la paix et la guerre et l’attribution des ressources appropriées. Le niveau politique oriente et délimite les stratégies militaires et diplomatiques possibles au niveau de la stratégie du choix des batailles à engager avec des ressources qui leur sont attribuées. Ces batailles du niveau de la stratégie orientent et délimitent les combats au niveau tactique. Les militaires des guerres perdues sont ceux qui n’abordent pas le niveau politique des buts de guerre et de paix.

« [...] Laissant des traces profondes – parce que devenant des réflexes instinctuels évacuant toute réflexion nouvelle et vraiment novatrice au rang de délire – dans les sciences sociales contemporaines, ces deux modèles clos (l'interaction élastique des boules de billard de la dynamique newtonienne et l'enceinte close de la thermodynamique des gaz) ignorent (aussi bien dans le sens français de "ne pas savoir" que le sens anglo-saxon de "ne pas vouloir savoir") la diversité requise (incluant les niveaux requis de type logique) et sont insuffisants pour modéliser (modeler et représenter) les systèmes vivants et les systèmes sociaux. La Théorie des contextes se propose d'aller au-delà de ces insuffisances en incluant l'ancienne et par le déploiement des niveaux de contrainte, de réalité ou de type logique. » (Thanh H. Vuong, Théorie des contextes et relations internationales: départ de la Première Guerre d'Indochine, dans Études Internationales, p. 583, Vol. XXVII, No. 3, septembre 1986).

L'écosystémique en psychologie étudie et intervient sur l’Homme fait de boue minérale, suivant beaucoup de mythologies, mais aussi de sang, d’os et et de peau biologiques des cellules associées en tissus et les tissus en organes et appareils au seul niveau biologique nécessaire et insuffisant. Au niveau social est l'association des collègues, de ceux qui partagent la même loi (lex, legis) et le même héritage (legs). Loi et héritage sont au niveau culturel de l’ordre des idées. C’est le niveau de l’homo sapiens, ludens et demens, celui de la folie, le jeu et la sagesse orienté par les croyances et règles de conduite du niveau symbolique. L'écosystémique, alors, se déploie en Thérapies systémiques familiales dans la Relativité du normal et du pathologique.

« [...] En tant qu’ordres d’idées et de représentations engendré par les activités des êtres sociaux, la culture ne peut se maintenir et se reproduire que grâce aux trois autres ordres » (Anthony Wilden. p. 521, 1983)

[modifier] Communication et métacommunication

L'expérience la plus simple de ces notions est dans la manipulation d'une machine à calculer électronique où le contenu est constitué par les valeurs numériques fournies et la relation est formée par l'ordre donné à exécuter des opérations avec ces valeurs numériques. Dans cette interaction ergonomique, de l'exemple illustratif, entre l'Homme et la Machine, la communication se porte sur le contenu de chiffres et de lettres et la métacommunication se rapporte à la communication sur ou au sujet de cette communication, c'est-à-dire "quoi faire avec ces chiffres et ces lettres". Ces deux aspects se trouvent à des niveaux distincts de type logique. Dans la communication humaine, le message transmet le contenu dit "factuel" de l'ordre de l'information indicative d'un compte-rendu (report) et le métamessage propose une sorte de relation dans la mise en commun du type "voici comment je vois que vous me voyez vous voir ". Au-delà du contenu informatif, le comportement définit soi, autrui et la relation qu'ils sont susceptibles d'entretenir et la communication, à ce niveau de la métacommunication, est une tentative de mise en commun de cette définition.

Les niveaux de type logique ou de contrainte sont distincts en saut quantique du type ou, bien l’un ou bien l’autre, en variation discontinue "digitale", comme les cinq "doigts" de la main, en contraste à la variation continue sur la paume de la main, à la racine des doigts avant qu’ils bifurquent et se disjoignent.

  • La "distinction" est "digitale" de la variation discontinue en saut quantique du type ou bien à un niveau, ou bien à l’autre, comme la progression sur les marches d’un escalier. La langue des mots de la parole est digitale, médiatisée par un code linguistique d’une convention mutuellement acceptée par des locuteurs de cette langue. De cette façon, les mots sont des représentations médiatisées, sans rapport continue ace ce qui est représenté. "Il n’y a rien de tabuliforme dans le mot ‘table’", disait Gregory Bateson, pour exprimer cette distinction
  • La "différence" est "analogique" de la variation continue, comme la progression sur un plan incliné. Le langage des icônes (images, sons, flagrances), gestes, mimiques, postures etc est analogique dans une progression continue entre la représentation et ce qui est représenté, comme une photographie, un dessin, une peinture et une sculpture.
« […] le sens est le produit de l’information à prédominance iconique comme dans la communication corporelle et dans notre expérience des icônes de l’émotion ("états émotifs"). La signification est le produit de l’information à prédominance digitale, comme les définitions du dictionnaire. (Les traductions entre ces ordre de perception engendrent souvent des paradoxes, et les mauvaises traductions peuvent entraîner une pathologie)… ». (Anthony Wilden, p. 546, 1983). Il s,ensuit alors les paradoxes et double contrainte.
  • Au niveau biologique sont les processus perceptifs nécessaires et insuffisants de la réception des signaux physiques de son et lumière, au premier niveau physique de la communication.
  • Au niveau social du sens sont les valeurs esthétiques et éthiques du deuxième niveau de la communication qui est la mise en commun des sens et des valeurs.
  • Au niveau culturel des idées sont les croyances et les règles de conduite du troisième niveau de la communication qui est la communion autour de ces croyances et règles, formant une communauté sociale, de la nation au groupe familial.

Pour Ray Birdwhistell, la relation entre "communication" et "culture" est de l'ordre de celle entre "fonction" et "structure".

« […] La communication pourrait être considérée, au sens le plus large, comme l'aspect actif de la structure culturelle... Ce que j'essaie de dire est que la culture et la communication sont des termes qui représentent deux points de vue ou deux méthodes de présentation de l'interrelation humaine structurée et régulière. dans "culture", l'accent est mis sur la structure, dans "communication", sur le processus. » (Ray Birdwhistell, 1970, p. 251, Kinesics and Context. Essays on Body Motion Communication, University of Pennsylvania Press, Philadelphia.).

[modifier] Théorie

L'approche écosystémique est à la conjonction des théories du système général (Ludwig von Bertalanffy et Jean-Louis Le Moigne, etc) en privilégiant les relations plutôt que les composantes où il est nécessaire de reculer pour mieux percevoir, relier pour mieux comprendre et situer pour mieux agir (Joël de Rosnay, le macroscope), des théories de la communication (Gregory Bateson, Ray Birdwhistell, Paul Watzlawick avec collègues et disciples) où tout comportement a valeur de message et de la cybernétique (Norbert Wiener, William Ross Ashby, etc) de la régulation par la rétroaction négative atténuatrice des déviances (interaction complémentaire) et la rétroaction positive amplificatrice des divergences (interaction symétrique en escalade de la course aux armements ou en surenchère de vantardises où à chaque "coup" répond un "coup" de même intensité ou légèrement supérieure).

C'est surtout l'explication cybernétique déjà implicite dans l'évolution des espèces de Darwin et Wallace et explicitée par Gregory Bateson disant que parmi toutes les occurrences possibles, seule une "réponse appropriée" aux contraintes de l'environnement et du contexte ait les meilleures chances de survivre, de se développer et de se reproduire.

Il est bien plus aisé de définir l'organisation par ce qu'elle fait - comportement, fonction et processus: c'est ce qui transforme, produit, relie ou maintient - que par ce qu'elle est: une structure, c'est-à-dire un agencement ou une configuration de relations et d'interactions entre composantes. La plupart des définitions disponibles nous conduisent sans cesse de la définition de fonction à celle de structure. Il est encore plus rare de trouver des descriptions de l'organisation en termes d'adaptation, de correspondance et de convenance (réponse appropriée) aux contraintes de différents ordres. La polymorphie des définitions de l'organisation correspond à celle des définitions du système. En résumé, il s'agirait de l'organisation du savoir sans cesser d'être le savoir de l'organisation.

« […] L'idée de système est une problématique au sens fort ou exact du terme, c'est-à-dire une certaine façon de découvrir des problèmes qui pourraient ne pas être perçus autrement. elle n'a pas en elle-mème la force de trouver une solution à ses problèmes » (Yves Barel, L'idée de système dans les sciences sociales, 1976, p. 7, journée de l'AFCET (Association Française de Cybernétique Économique et Technique) du 21 avril 1976, AFCET, Paris).

La description de l'organisation en termes de correspondance, d'adaptation et de convenance aux conditions du contexte et de l'environnement révèle l'"explication cybernétique" qui, dans la terminologie de Bateson (Gregory Bateson, pp. 155-167, "Vers une écologie de l’esprit", tome 2, Seuil, Paris, 1980), est d'un type logique différent de celui à l'explication causale: il ne s'agit plus de savoir "pourquoi quelque chose s'est produit" mais de savoir quelles contraintes ont fait que "n'importe quoi ne se soit pas produit".

[modifier] Explication cybernétique

Déjà contenue en germe dans l’évolution des espèces de Charles Darwin, l’explication cybernétique, entrevue intuitivement par Alfred Russel Wallace, a été formalisée par Gregory Bateson, Jacques Lesourne et quelques autres, en contraste à l’explication causale de René Descartes.

« […] En termes cybernétiques, on dit que le cours des événements est soumis à des restrictions, et on suppose que, celles-ci mises à part, les voies du changement n'obéiraient qu'au seul principe de l'égalité des probalités. En fait, les 'restrictions' sur lesquelles se fonde l'explication cybernétique peuvent être considérées, dans tous les cas, comme autant de facteurs qui déterminent l'inégalité des probabilités... Idéalement - et c'est bien ce qui se passe dans la plupart des cas - dans toute séquence ou ensemble de séquences, l'événement qui se produit est uniquement déterminé en termes d'une explication cybernétique. Un grand nombre de restrictions différentes peuvent se combiner pour aboutir à cette détermination unique. dans le cas du puzzle, par exemple, le choix d'une pièce pour combler un vide est 'restreint' par de nombreux facteurs: sa forme doit être adaptée à celle des pièces voisines et, en certains cas, également à celle des frontières du puzzle; sa couleur doit correspondre à celles des morceaux environnants... Du point de vue de celui qui essaie de résoudre le puzzle, ce sont là des indices, autrement dit des sources d'information qui le guideront dans son choix. Du point de vue de la cybernétique. Il s'agit de restrictions. De même pour la cybernétique, un mot dans une phrase, une lettre à l'intérieur d'un mot, l'anatomie d'un quelconque élément d'un organisme, le rôle d'une espèce dans un écosystème, ou encore le comportement d'un individu dans sa famille, tout cela est à expliquer (négativement) par l'analyse des restrictions » (Bateson, 1980, pp. 155-156).

Alors, une description d'une organisation possible n'est adéquate que si l'on inclut une description des contraintes exercées par le contexte et l'environnement sur ses possibilités d'action (comportement, fonction et processus), d'agencement (structure) et de devenir (évolution).Il est de même du comportement conçu comme un construit organisé d'activités, de la cellule jusqu'à la machine et aux institutions en passant par l'animal et l'homme.

L'explication causale est, généralement, dite "positive" où, par exemple, une boule de billard B se déplace parce qu'elle est heurtée par une boule A sous tel ou tel angle et à telle vitesse. La trajectoire ou le comportement de la boule B est entièrement prédictible à partir des conditions initiales. L'explication cybernétique est dite "négative"dans l'examen des restrictions ou contraintes qui font que n'importe quoi ne peut se produire et que seule une "réponse appropriée" à ces contraintes peut survivre, se développer et se reproduire.

À partir de l'explication cybernétique se déploient les principes de l' "équifinalité" et de "multifinalité"qui sont très loins du précepte "déterministe" ou peut-être plus exactement "causaliste" de René Descartes.

L'équifinalité, formulée par Ludwig von Bertalanffy (p. 132, "General System Theory. Foundations, Development, Applications.", George braziller, N-Y.1968), dit qu'un même état final peut être atteint à partir de différents états initiaux, à travers dif-férentes voies et avec différents moyens. En d'autres termes plus habituels de causes et effets, des mêmes effets peuvent avoir des causes différentes.

La multifinalité, formulée par Anthony Wilden en termes de causes et d'effets, dit que des mêmes causes peuvent produire des effets différents par la "diversité" des niveaux distincts de type logique, de contrainte ou de dépendance et par la "variété" des éléments à chaque niveau. La diversité est le décompte des niveaux distincts, tandis que la variété de Ross W. Ashby est le dénombrement des structures et fonctions différentes à un même niveau.

L'approche écosystémique est plutôt un mode de pensée, une méthodologie dans le paradigme de l'information plutôt que dans celui de la matière-énergie et dans l'épistémologie constructiviste. Alors, elle se répand dans beaucoup de disciplines. L'approche écosystémique déplace l'analyse d'un phénomène à la conception d'un modèle de ce phénomène validé dans des simulations pour connaître son domaine optimal et ses limites. Elle déplace aussi l'explication à l'interprétation de l'énigme (Jean-Louis Le Moigne, théorie de la modélisation), à la suite de Abraham Moles.

[modifier] Les caractéristiques

  1. Logique circulaire de l'œuf et la poule dont seule une ponctuation (découpage singulier d'une suite continue en tranche privilégiée) où la poule conduit à l'œuf aussi bien que l'œuf à la poule et une perspective où B. F Skinner peut aussi bien être "dressé" à donner à manger au rat blanc lorsqu'il pousse sur le levier que l'inverse. La perspective du rat blanc est aussi exacte que celle de Skinner dans le conditionnement opérant de la suite Stimulation-Réponse-Récompense de la psychologie behaviorale ou comportementaliste. Ponctuation et perspective sont des élément du recadrage qui donnent une toute autre signification et une toute autre valeur à une même scène ou un même événement, comme une bouteille à moitié vide peut être perçue comme une bouteille à moitié pleine.
  2. L'équifinalité (Bertalanffy) où en termes de cause et d'effets, où un effet peut provenir de causes différentes, à travers différentes voies et avec différents moyens. La représentation mathématique est une suite convergente.
  3. La multifinalité de Anthony Wilden où une cause peut produire des effets différents avec une grande variété (Ashby) à chaque niveau de type logique (Russell et Whitehead) dans une hiérarchie introduite dans les sciences sociale par Gregory Bateson dans laquelle la représentation n'est pas ce qui est représenté, de la carte au territoire (Korzybski), du contexte au texte, du métasystème au système, etc. Pour Bateson, la schizophrénie est la confusion des niveaux, illustrée par Watzlawick avec quelqu'un qui mange le menu pour le repas !
  4. Le principe de Heinz von Foerster "Order from Noise" du "constructivisme", diversément mis en œuvre sous différents noms. Il est aussi un principe d’auto-organisation et de complexité chez Edgar Morin et Henri Atlan pour qui la condition de l’auto-organisation est la "redondance" initiale élevée qui n’est autre que la "variété" de Ross W. Ashby.

En psychologie, l'approche écosystémique tient compte de la relativité du normal et du pathologique, de la maladie et du symptôme dans le mesure où le malade "désigné" peut être le symptôme des interactions pathologiques dans le système familial homéostasique (Donald D. Jackson). La tuberculose pulmonaire, de maladie causée par le bacille de Koch peut être aussi le symptôme ou manifestation d'une maladie socio-économique et politique des mauvaises conditions de vie et de travail. La récurrence et la redondance des comportements permettent à l'observateur d'identifier et de définir les règles de conduite dont la totalité constitue le contexte familial de règles implicites d'interaction (Birwhistell), tandis que l'environnement familial est de l'ordre physique des arrangements matériels. L'entourage ou l'environnement familial est de l'ordre de la "réalité physique" constituée d'êtres, d'événements et d'objets directement observables, quantifiables et mesurables. L'ambiance familiale est de l'ordre de la "réalité imaginaire" des perceptions : sensations, significations et valeurs conférées à ces termes et systèmes de la réalité physique. Le contexte familial est de l'ordre de la "réalité symbolique" des règles d'interaction intra-familiale.

Par la logique circulaire et les niveaux de la typologie logique, l'approche écosystémique aborde les paradoxes et double contrainte.

[modifier] Pratiques

L'approche écosystémique est plutôt une façon d'identifier et de définir un problème et de le définir pour concevoir une ou des solutions possibles. André Malraux a déjà dit que la question a plus d'importance que la réponse. En tant que méthodologie ou classe de méthodes dans la perspective de la typologie logique, l'approche écosystémique couvre un large éventail de champs d'application, de l'anthropologie, d'où elle est issue avec les pères fondateurs comme Gregory Bateson et Ray Birdwhistell, à la zoologie en passant par la foresterie et la psychologie dans les Thérapies systémiques familiales. En psychologie et avec l'apport des anthropogues, l'approche écosystémique tient compte de la "relativité du normal et du pathologique".

À partir de la typologique de Russell et Whitehead introduite en sciences ssociales par Gregory Bateson, un de ses disciple, Paul Watzlawick a fait son cheval de bataille avec les “niveaux de réalité” où chacun fait de sa réalité la “Réalité”.

[modifier] Niveaux de réalité

« […] De la réalité chacun se fait une idée. Dans les discours scientifique et politique, dans les conversations de tous les jours, nous renvoyons en dernière instance au référent suprême : le réel. Mais où est donc ce réel ? Et surtout, existe-t-il réellement ? De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu’il n’existe qu’une seule réalité. En fait, ce qui existe, ce sont différentes versions de la réalité, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes l’effet de la communication et non le reflet de vérités objectives et éternelles » (Paul Watzlawick, La réalité de la réalité, Seuil, Paris, 1976).

Au premier niveau physique est la réalité objectale nécessaire et insuffisante des êtres, faits et objets répérables, observables, quantifiables et mesurables directement par tous.

Au deuxième niveau social est la réalité psychique imaginaire des significations et valeurs conférées aux éléments et systèmes de la réalité objectale précédente. Ainsi, un .fait" ne devient "événement" que par ses effets et réprcussions dans l'esprit des personnes. Lorsque tout est oublié il n'y a plus d'événement, seulement un fait enregistré dans quelque archive.

Au troisième niveau culturel est la réalité symbolique des croyances et règles qui orientent et délimitent les significations et valeurs possibles des parties de la réalité objectale. Ainsi se révèle la relativivité du bien et du mal, du normal et du patholologique, du beau et du laid, du juste et du faux.

À ces réalités, il y a aussi la "réalité bureaucratique" où est "réel" tout ce qui est inscrit sur des documents officiels. Dans le ciel calme et serein du début des années 70, un rapport d’expérimentation, publié dans la vénérable revue "Science", a éclaté comme une bombe.

Des étudiants "normaux" et parfaitement sains se sont portés volontaires pour cette expérimentation. Ils ont été présentés à un hôpital psychiatrique avec leur "dossier médical" mentionnant leur "maladie". Pendant leur séjour, tout le monde les prenait vraiment pour "fous", avec des symptômes appropriés et adéquats à leur "maladie officielle", sauf les "fous", bien entendu. Cette expérimentation venait appuyer les positions de Thomas Szasz.

L’approche écosystémique en sciences sociales tient compte particulièrement de la réalité symbolique des croyances de la Religion et des règles de conduite de la Morale qui oriente et délimite les significations et valeurs de la réalité psychique imaginaire.

[modifier] Complication et complexité

Le principe de Heinz von Foerster "Order from Noise" du "constructivisme", diversement mis en œuvre sous différents noms. Il est aussi un principe d’auto-organisation et de complexité chez Edgar Morin et Henri Atlan pour qui la condition de l’auto-organisation est la "redondance" initiale élevée qui n’est autre que la "variété" de Ross W. Ashby. La redondance est le déploiement d’une multitude de versions différentes d’un même schéma dans l’identité des différents et l’unité des distincts. La “variété” de Ashby est le dénombrement de structures différentes et de comportements différents exhibés par un système.

La redondance se déploie en deux formes:

  1. La redondance structurelle désigne des structures différentes pour exécuter une même fonction, comme le double circuit de freinage d'une voiture automobile ou plusieurs ateliers différents ou usines différentes pour fabriquer une même pièce ou un même engin. La redondance structurelle caractérise la "complication". La redondance structurelle s'illustre avec le double circuit de freinage pour plus de sécurité dans des véhicules automobiles modernes et avec les multiples circuits de commande électrique, hydraulique et pneumatique des engins de guerre pour les ramener au bercail avec leur équipage après des dégâts du combat.
  2. La redondance fonctionnelle est celle de la multiplicité de fonctions différentes exécutées en un point d'une structure, comme un atelier d'artisan qui exécute différentes opérations sur différents matériaux. La redondance fonctionnelle caractérise la "complexité" et condition de l'auto-organisation chez Henri Atlan. C'est la "variété" chez le neuropsychiatre Ross W. Ashby passé à la cybernétique.

La complication est de l’ordre de la redondance structurelle d’une configuration avec (cum) beaucoup de plis (latin: plico, are, atum: plier). La complication, multiplication, duplication et réplication sont de la même série des plis et plissements. C'est la multiplicité des circuits de commande pour effectuer une même fonction.

La complexité est une configuration avec (cum) un nœud (plexus) d’entrelacents d’enchevêtrements. Alors, la complexité est de l’ordre de la redondance fonctionnelle, comme un restaurant qui présente un menu de 40 plats différents. Une machine à bois combinée d'artisan qui scie, rabote perce et tutti quanti est représentative de cette complexité, comme une la perceuse électrique d'amateur avec une multiplicité d'accessoires pour différentes fonctions.

[modifier] Conclusion

Il semblerait que l’approche écosystémique rejoigne l’antique pensée chinoise qui s’est toujours refusée à séparer la nature de l’humanité qui se nourrit d’elle, le corps de l’esprit qui n’existerait pas sans lui. La pensée chinoise tient les relations pour plus importantes que les éléments disjoints. Pour étudier un phénomène, elle préfère observer les variables d’entrée (input), les variables de sortie (output) pour interpréter les variables d’activité sans jamais expliquer. La médecine chinoise n’a jamais pratiqué de dissection et préfère étudier le corps humain en fonctionnement "in situ". La pensée chinoise conçoit l’univers en termes de flux continu de Chii, comme la première machine à mesurer le temps a été l’horloge à eau chinoise faite d’un écoulement régulier continu découpé en séquence par un dispositif à godets, en contraste à la pensée occidentale qui procède par unités discrètes et disjointes. La pensée chinoise suit un raisonnement analogique et procède par équivalence, ne reconnaît pas le tiers exclu, mais manipule les paradoxes du tiers inclus du type "à la fois l’un et l’autre". L’idéogramme représentant l’empereur, le souverain (Wang, Wong ou Vuong), est fait de trois segments horizontaux superposés et reliés par un segment vertical qui fait la conjonction des trois ordres du ciel, de la terre et du vivant dont fait partie l’humanité.

« [...] Les Chinois n’ont aucun goût pour les symboles abstraits. Ils ne voient dans le Temps et l’Espace qu’un ensemble d’occasions et de sites. Ce sont des interdépendances, des solidarités qui constituent l’ordre de l’Univers. On ne pense pas que l’homme puisse former un règne dans la Nature ou que l’esprit se distingue de la matière. Nul n’oppose l’humain et le naturel, ni surtout ne songe à les opposer, comme le libre au déterminé. » (Marcel Granet, La pensée chinoise)

En contraste à la civilisation occidentale urbaine issue des premières cités de l’entre-deux fleuves (la Mésopotamie), la civilisation chinoise est paysanne où celui qui détruit son environnement se détruit lui-même. L’alternance des saisons, de la lumière et de l’ombre favorise la notion de flux et de contraste harmonisé plutôt que d’opposition binaire des contrastes de la différence transformés en contradictions. La Théorie des contextes d'Anthony Wilden est une critique épistémologique de ce mode de pensée.

L'approche écosystémique est une méthodologie pour aborder la complexité par la "diversité" des niveaux "distincts" de réalité et la "variété" des agencements et comportements "différents" à un niveau.

[modifier] Références

  • Henri Atlan, Entre le cristal et la fumée, Seuil, Paris, 1979.
  • Gregory Bateson
    • Vers une écologie de l'esprit 1, Seuil, Paris, 1977.
    • Vers une écologie de l'esprit 2, Seuil, Paris, 1980.
    • La nature et la pensée, Seuil, Paris, 1984.
    • avec Jurgen Ruesh, Communication et société, Seuil, Paris, 1988.
    • Une unité sacrée, Seuil, Paris, 1996.
  • Ray Birdwhistell, Kinesics and Context. Essays on Body Motion Communication, University of Pennsylvania Press, Philadelphia, 1970.
  • Thanh H. Vuong
    • Théorie des contextes et relations internationales: départ de la première Guerre d’Indochine, dans Études Internationales, Vol. XVII, No. 3, pp, 571-597, septembre 1986
    • Colonisations du Vietnam et colonialisme vietnamien, dans Études Internationales, Vol. XVIII, No. 3 pp. 546-571, septembre 1987.
    • Stratégies technico-commerciales asiatiques, dans Études Internationales, Vol. XXII, No.3, pp. 551-575, septembre 1991.
    • Communauté Économique de l’Asie Pacifique. Essai d’anthropolgie économique et de géographie politique avec Jorge Virchez, Presses Inter Universitaires, Cap Rouge, Québec, QC, 2004.
  • Paul Watzlawick, Janet. Beavin, Donald D. Jackson, Une logique de la communication, Seuil, Paris, 1972.
  • Paul Watzlawick, La réalité de la réalité, Seuil, Paris, 1976.
  • Anthony Wilden
    • System and Structure. Essays on Communication and Exchange, 1er, 2e édition, Tavistock, London & New York, 1972 et 1980 (2e édition revue. corrigée et complétée).
    • Système et structure. Essais sur la communication et l'échange, Boréal Express, Montréal, 1983. Version complète et définitive.
    • Context Theory. The new science, RSSI 5/2 (1986), pp. 97-116.
    • The Rules are no Game. The Strategy of Communication et "Man and Woman, War and Peace. The Strategist's Companion, Routledge & Kegan Paul, New York, 1987.
  • Yves Winkin, La nouvelle communication, Seuil, Paris, 1981.

[modifier] Voir aussi