Antoine de Jomini

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Antoine de Jomini
Naissance : 6 mars 1779
Payerne, dans le pays de Vaud (Suisse)
Décès : 22 mars 1869 90 ans)
Passy
Origine : Suisse Suisse
Allégeance :  Grande Armée
Grade : Général de brigade
Autres fonctions : banquier et historien

Antoine-Henri de Jomini (6 mars 1779 en Suisse1869 à Paris) banquier, militaire, historien, ayant fait partie de l'état-major de Ney et Napoléon.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Jeunesse

Il naît le 6 mars 1779, à Payerne, dans le pays de Vaud. Sa famille appartient à la bonne bourgeoisie, et occupe depuis des générations, des fonctions de banneret, ou d'avoyer. Dès ses 12 ans, il est attiré par la carrière militaire et cherche à entrer à l'école militaire du prince de Wurtemberg à Montbéliard. Ce projet sera avorté à la suite du déménagement de l'école à Stuttgart. La chance ne sera toujours pas de son côté : quand, peu de temps après, sa famille voudra lui acheter une charge dans le régiment de Watteville, alors au service de la France, les événements révolutionnaires y feront obstacle.

Jomini est alors envoyé à Aarau, pour se préparer à une carrière commerciale dans la « Pension mercantile pour jeunes Messieurs » qu'Emmanuel Haberstock y a fondée. Il travaille effectivement un moment dans une banque.

[modifier] À l'armée

En 1798, il est secrétaire du ministre de la Guerre de la République hélvétique pour devenir son adjoint en 1800, en même temps que chef de bataillon. Mais il démissionne dès 1801.

En 1803 il rencontre Ney, le futur maréchal, venu recruter des régiments en Suisse. Ce dernier le prend comme aide de camp et, pendant la paix d'Amiens, l'aide à publier les premiers volumes de son traité sur les campagnes militaires de Frédéric II. Peu de temps après Austerlitz, Jomini en envoie un volume à Napoléon. Celui-ci est vivement impressionné par les comparaisons entre la stratégie de Frédéric II et la sienne et en septembre 1806 le fait appeler à Mayence. Il obtient le grade de général de brigade, devient chef d'état-major de Ney en Prusse puis, pendant la campagne de Russie, gouverneur de Vilna puis de Smolensk. Néanmoins, il n'obtient pas le bâton de maréchal qu'il convoite. Jomini en attribue la faute au maréchal Berthier qui n'aime pas l'arrogance du Suisse.

Cette absence de promotion, et la réticence de Napoléon à lui confier des troupes expliquent qu'en 1813, il passe au service du tsar Alexandre Ier dont il devient le conseiller militaire. Il devient précepteur d'Alexandre II et prend part à la création de l'École de guerre russe. Pendant la guerre de Crimée, il est encore conseiller militaire. En 1855, il se retire à Paris où il finit ses jours.

Avec Clausewitz, son contemporain, Jomini constitue l'un des auteurs les plus lus des grands stratèges de l'Europe.

[modifier] Principes tactiques et stratégiques

Avant d'aller plus loin, il est important de préciser que les tactiques ne survivent pas aux changements d'époque ; seules la stratégie et la base des opérations restent les mêmes.

Les principes énoncés par Jomini sont tirés de l'observation de multiples campagnes militaires, tant d'Alexandre le Grand, que de César, Frédéric le Grand, Bonaparte et celles de la Grande Armée :

Dans un premier temps :

  • précisément localiser les fronts droit, centre et gauche de l'ennemi ;
  • comparer les forces réciproques entre ces fronts et les siens propres ;
  • attaquer énergiquement sur celui qui vous semble le plus faible.

Ensuite :

  • poursuivre l'ennemi avec énergie ;
  • en montagne, couvrir le front avec de petits détachements, pour repérer l'ennemi, avant de l'attaquer avec le gros de ses troupes, avant qu'il ne soit rassemblé.
  • toujours manœuvrer de manière à couper l'ennemi de ses bases.

Le principe suivant est tout à fait daté comme tout les principes de tactique :

  • utiliser le carré en terrain découvert.

Certains principes ont été repris dans la théorie de la guerre de blindés en général, alors que Carl von Clausewitz disparaissait peu à peu des pensées :

  • prendre l'initiative des mouvements ;
  • attaquer le point le plus faible ;
  • combiner force et mobilité dans l'offensive ;
  • disperser l'ennemi par de fausses attaques ;
  • des trois alternatives, défensive, offensive, ou une combinaison des deux, choisir soit la deuxième soit la troisième ;
  • si la supériorité d'une armée face à une autre est vraiment forte, elle aura tout intérêt à ne pas concentrer ses forces, mais à attaquer en deux points, comme les deux ailes.

D'autres sont des principes généraux applicables à toute armée :

  • concentrer les forces pour l'action ;
  • reconnaitre la position de l'ennemi ;
  • toujours contrôler au mieux ses troupes ;
  • avoir une grande préoccupation pour le moral des troupes.

En fait, d'autres principes extrêmements importants de Jomini ne peuvent pas être simplifiés en une ligne. Mais on peut rajouter :

  • Ne jamais conduire une offensive par le littoral, sauf si le ravitaillement provient de la mer.

D'autre part, une des grandes idées de Jomini est la différenciation des théâtres d'opération avec les zones et les lignes d'opération et des lignes de communication et de ravitaillement. La simple compréhension de ces différenciations fait déjà beaucoup pour comprendre les idées opérationnelles générales de Jomini.

On apprendra d'autre part que Jomini a surtout éclairé l'art de la guerre opérationnelle, même si ses écrits sur la guerre en général sont très intéressants et tout à fait vrais ; mais les idées n'étaient, elles, pas novatrices. Au niveau de la tactique, comme indiqué plus haut, celle-ci ne survit pas au changement d'époque et des techniques. Ainsi, ses ouvrages sur la tactique n'ont pas d'autre valeur qu'informationnelle. Et même à ce niveau, on préfèrera l'ouvrage de Carl von Clausewitz.

[modifier] Œuvres

  • Traité de grande tactique, 1805
  • Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution, 1810
  • Vie politique et militaire de Napoléon, 1827
  • Précis de l'art de la guerre, 1838

Rééditions :

  • Précis de l’art de la guerre, éditions Ivrea, 1994 ;
  • The art of War, London Greenhill Books, 1996 ;
  • Les guerres de la Révolution, Hachette, 1998 ;
  • Précis de l’Art de la Guerre, Éditions Ivrea, 1994 ; édition abrégée présentée par Bruno Colson, Perrin, 2001.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie sommaire

  • Ferdinand Lecomte, "Le général Jomini, sa vie ses écrits" " esquisse biographique et stratégique" Lausanne 1860
  • Charles-Augustin de Sainte Beuve, "Le général Jomini,étude" Paris 1869
  • Lucien Poirier, Les voix de la stratégie. Généalogie de la stratégie militaire Guibert, Jomini, Fayard, 1985 ;
  • C. Brinton, G.A. Craig, F. Gilbert, « Jomini », in Les maîtres de la stratégie, s.dir. E. M. Earle, vol. I, Flammarion, coll. « Champs », 1987 ;
  • Bruno Colson, La culture stratégique américaine. L’influence de Jomini., Economica, Bibliothèque stratégique, 1993 ;
  • Baqué Jean-François, L'homme qui devinait Napoléon...Jomini, Perrin, Paris 1994.
  • Jean-Jacques Langendorf, Faire la guerre : Antoine-Henri Jomini, t.I : Chronique, situation, caractère, Georg, Genève, 2001 ;
  • Ami-Jacques Rapin, Jomini et la stratégie. Une approche historique de l’œuvre, Payot, Lausanne 2002.
  • Jean-Jacques Langendorf,"Faire la guerre: Antoine-Henri Jomini",T.II "Le penseur politique,l'historien militaire, le stratégiste" Georg, Genève, 2004;
  • Andreï Merzalov, Liudmila Merzalova, "Antoine-Henri Jomini":"Der Begründer der wissenschaftlichen Militärtheorie, Eine Bewertung aus russicher Sicht" VDF 2004 Zürich
  • Renée-Paule Guillot, Jomini, âme double de Napoléon, Alphée, 2007 (ISBN 978-2753802414)

[modifier] Liens externes