Anne Duguël

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Anne Liger-Belair
Photogr. Jean-Marie David
Pseudonyme Anne Duguël, Gudule, Guduël, Anne Carali
Naissance 1er août 1945 à Bruxelles Belgique Belgique
Activité Écrivain
Nationalité belge
Langue français
Genre fantastique, jeunesse
Site officiel http://www.gudule.net/
Œuvres principales La Vie à reculons, etc.
Éditeurs Bragelonne, Albin Michel, Grasset, Flammarion

Anne Duguël, pseudonyme de Anne Liger-Belair, née à Ixelles (Bruxelles) le 1er août 1945, est une écrivaine belge francophone. Autres pseudonymes : Gudule, Anne Guduël, Anne Carali. Elle écrit pour les enfants et pour les adultes.

Sommaire

[modifier] Biographie

Enfant solitaire, Anne Duguël développe très vite un imaginaire débridé ainsi qu’une passion immodérée pour la lecture. Elle découvre Jean Ray et Michel de Ghelderode qui lui confèrent le goût de l’étrange et de l’irrationnel. Après des études d’Arts-déco en Belgique, elle passe cinq ans comme journaliste au Moyen-Orient.

À son retour en France en 1970, elle collabore à divers magazines, associant dessin, écriture et journalisme : Hara-Kiri, Pomme d’api, Fluide Glacial, Charlie Hebdo, L’Écho des savanes, Pif poche... et anime une émission consacrée à la bande dessinée sur Radio Libertaire.

Il lui faut attendre 1987 pour que son premier livre, Prince charmant poil aux dents, un album pour tous petits (Syros), soit publié. Depuis lors, elle mène de front la carrière d’auteur fantastique et celle d’écrivain pour enfants sous le nom de Gudule. Cette double passion confère à son écriture une vivacité et une émotion permanentes jamais démenties.

Ses récits pour la jeunesse traitent de manière légère et drôle de sujets graves et d’actualité, comme l’enfance maltraitée (Agence Torgnole, frappez fort, 1991), la séropositivité en milieu scolaire (La vie à reculons), les SDF (L’Envers du décor) ou le racisme (L’Immigré)…

Elle a été mariée avec l'auteur de bandes dessinées Paul Karali (Carali) et a eu avec lui trois enfants : Olivier (Olivier Ka), Mélanie (Mélaka) et Frédéric.


[modifier] Sur son œuvre à destination des adultes

Relevant d’un fantastique minimaliste, voire quasi inexistant, les romans pour adultes d'Anne Duguël n’en ont pas moins des accointances avec le policier. L’auteur rappelle Marc Agapit par son humour macabre et sa puissance créatrice. Son fantastique plonge ses racines dans l’enfance, ses peurs et ses angoisses et dans les dysfonctionnements psychiques de l’être humain. Ses histoires de possession, de jalousie, d’envoûtement, de transferts de personnalité, et de schizophrénie acquièrent en effet une structure solide, propre à porter, sans dérive externe, l’émotion fantastique. Pour elle, il n’y a pas de plus grande peur que celle que nous portons en nous, en permanence, à l’état endémique. Toute son œuvre semble affirmer que les ferments de l’épouvante se trouvent dans notre quotidien : cauchemars, traumatismes, vertiges intérieurs, pièges de la mémoire, impuissance devant le temps qui passe, la maladie, la dégradation, la mort…

Premier roman de ce genre, Le Corridor (1991) retrace la quête d’une femme prête à tout pour percer le secret de jeunesse de son mari. Ce qui inaugure ce roman, c’est la thématique de l’enfance brisée, une thématique qui, couplée avec celle de la folie, va devenir l’objet précis des développements romanesques futurs d’Anne Duguël.

En 1994, elle entame une collaboration avec le Fleuve noir et la collection « Frayeur » dirigée par Jean Rollin. Asylum (1994) raconte la vengeance d’un petit garçon surdoué qui découvre qu’il fait l’objet d’expériences génétiques à son insu et que les savants qu’il prenait pour ses parents ont tué ses vrais parents. Raconté du point de vue de l’enfant, le roman fait preuve d’une richesse de sensibilité et d’émotion rares.

La même atmosphère sombre pèse sur Gargouille (1995), consacré à la revanche d’une orpheline disgracieuse qui, autrefois, a été le souffre-douleur de ses camarades dans un pensionnat religieux. La Baby-sitter (1995) met en scène une gouvernante qui, traumatisée dans sa prime enfance, se laisse dominer peu à peu par la violence que contient les contes de fées qu’elle lit le soir à deux enfants. Par un renversement des situations, ces derniers deviennent, comme dans un jeu, les bourreaux de celle qui, tout d’un coup, se prenait pour l’ogre et les traquait. Chez Duguël, le climat fantastique peut provenir du non-dit, de pensées secrètes et des mystères de l’inconscient.

Avec La Petite fille aux araignées (1995), l’auteur nous entraîne dans l’univers intérieur d’une petite fille enfermée dans l’autisme suite au décès de sa mère et la mort de sa tante dévorée par son chien. Incapable de la comprendre, les adultes la poussent à agir secrètement pour réparer son drame.

Après l’arrêt de la collection « Frayeur », Anne Duguël publie Petite chanson dans la pénombre (1996), un roman d’atmosphère sur le thème du fantôme vengeur, dans la collection « Poche Revolver-fantastique » (Florent Massot). L’âme d’une petite fille, violée et tuée, erre depuis cinquante ans, prisonnière dans le hangar d’une vieille ferme, qu’un couple décide de rénover. En la personne de leur fille, le fantôme tiendra l’instrument de sa vengeance contre celui qui l’a amené là.

Avec Mon âme est une porcherie (1998), autre variation sur l’innocence crue et cruelle des enfants, Duguël livre son roman le plus violent, le plus désespéré et le plus poignant, pourtant écrit comme une farce. Une petite fille, ayant dérobé le cochon en peluche porte-bonheur de sa copine, se persuade que celui-ci possède des attributs magiques. Rêve-t-elle les meurtres abominables qu’elle lui fait accomplir ou sont-ils véritables ?

Moins fantastique et érotique mais tout aussi dérangeant, Dans la bulle de l’ange (1998) raconte, sur fond de trafic d’organes, d’internement abusif et d’émasculation d’un génie créateur, le récit d’une jeune adolescente qui fait évader d’un asile psychiatrique un malade, célèbre auteur de bandes dessinées, persuadée qu’il est enfermé à tort.

Enfin, lorsqu’on exacerbe la paranoïa jusqu'au crime, les conséquences d’une méprise peuvent s’avérer effroyables comme l’illustre La Mort aux yeux de porcelaine (1999), histoire d’un gamin conditionné par ses parents à voir, en tout adulte qui s’intéresse à lui, un pédophile et un bourreau potentiel.

Style épuré et concis, sens inné de la narration et de la bizarrerie, Duguël se place aux côtés des auteurs les plus remarquables du mouvement fantastique érotique, par son humour noir décalé, sa sensibilité féminine et sa perversité réjouissante. Elle sait surtout dépeindre l’enfance avec une véracité et une vivacité peu commune.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Romans pour adultes

  • Soumise à mon élève / Muriel T. Paris : Confessions érotiques n° 2, octobre 1986, 63 p.
  • Mon éducation amoureuse : les jouissances folles d’une vie dédiée au plaisir ! / anonyme. Paris : Confessions érotiques, 1987, 63 p.
  • Et Rose elle a vécu / Gudule. Paris : Denoël, 1990, 237 p. (Périphérique).
  • Amazonie sur Seine / Anne Guduël. Paris : Denoël, 1991, 237 p.
  • Le Corridor / Anne Duguël. Paris : Denoël, 1991, 189 p. (Présence du Fantastique ; n° 21)
  • Asylum / Anne Duguël. Paris : Fleuve Noir, 1994, 158 p. (Frayeur ; n° 3).
  • Gargouille / Anne Duguël. Paris : Fleuve Noir, 1995, 159 p. (Frayeur ; n° 13).
  • Lavinia / Anne Duguël. Paris : Fleuve Noir, 1995, 159 p. (Frayeur ; n° 21).
  • La Baby-Sitter / Anne Duguël. Paris : Fleuve Noir, 1995, 157 p. (Frayeur ; n° 25). Rééd. Pantin : Naturellement, 2002, 128 p. (Les Introuvables ; n° 005).
  • La Petite Fille aux araignées / Anne Duguël. Paris : Fleuve Noir, 1995, 156 p. (Frayeur ; n° 31). Rééd. (version revue et augmentée) : Denoël, 1997, 167 p. (Présence du Fantastique ; n° 58).
  • Petite Chanson dans la pénombre / Anne Duguël. Paris : Florent Massot, 1996, 138 p. (Poche revolver fantastique ; n° 5003). Prix Ozone du meilleur roman fantastique francophone 1997.
  • Entre chien et louve / Anne Duguël. Paris : Denoël, 1998, 169 p. (Présence du Fantastique ; n° 63). Prix Ozone du meilleur roman fantastique francophone 1999, Prix Bob Morane 1999.
  • Mon âme est une porcherie / Anne Duguël. Paris : Sortilèges - les Belles Lettres, 1998, 191 p. (Les Anges du Bizarre ; n° 2).
  • Dans la bulle de l’ange / Anne Duguël ; avec la collab. de Christian Robin ; préf. Pascal Françaix. Saint-Jean-d’Angély, Éd. Jean-Michel Bordessoules, 1998, 174 p. (Roman de pays ; n° 4).
  • Petit théâtre de brouillard / Anne Duguël. Paris : Flammarion, 1999, 156 p. (Imagine ; n° 4).
  • La Mort aux yeux de porcelaine / Gudule. Paris : Flammarion, 2001, 180 p.
  • Géronima Hopkins attend le Père Noël / Gudule. Paris : Albin Michel, 2001, 186 p. Rééd. Paris : France loisirs, 2002, 143 p. (Piment).
  • Nous ne méritons pas les chiens / Gudule. Paris : Hors Commerce, 2004, 196 p. (Hors Bleu).
  • La Ménopause des fées 1 : Le Crépuscule des dieux… / Gudule. Paris : Bragelonne, 2005, 183 p.
  • La Ménopause des fées 2 le retour : Crimes et chatouillements / Gudule. Paris : Bragelonne, 2006, 183 p.
  • La Ménopause des fées 3 : La Nuit des porcs vivants / Gudule. Paris : Bragelonne, 2007, 202 p.
  • Le Club des petites filles mortes : intégrale des romans fantastiques, vol. 1 / Gudule. Paris : Bragelonne, 2008 (L’Ombre) : Dancing Lotita (inédit), Entre chien et louve, Gargouille, La Petite Fille aux araignées, Mon âme est une porcherie, Petite Chanson dans la pénombre, La Baby-Sitter, Repas éternel.

[modifier] Recueils de nouvelles

  • Le Chien qui rit (Denoël « Présence du Fantastique » n° 39, 1995, Prix du Jury littéraire Gerardmer-Fantastica 1995).

[modifier] Nouvelles

  • La Maison du peintre (in Territoires de l’inquiétude t.3, Denoël « Présence du Fantastique » n° 22, 1991) ;
  • In memoriam (in Femmes d’aujourd’hui n° 41, 1992) ;
  • Le Dernier amant (in Sortilèges n° 1, 1993) ;
  • La Joconde de bronze (in Crimes et/sans châtiments, Hachette « Courts toujours », 1997) ;
  • Ô temps suspends ton vol… (in Zoo n° 0, 1995) ;
  • La Voix d’Hitler (in Ténèbres n° 4, 1998) ;
  • La Fauve (in Cosmic Erotica, J’ai Lu, « Millénaires » n° 6025, 2000) ;
  • Cadavre exquis (in De Minuit à minuit, Fleuve noir Grand format, 2000, Prix Masterton de la meilleure nouvelle francophone 2001) ;
  • La Mort est un long fleuve tranquille (in 2001, une odyssée saintaise, Bordessoules « Roman de pays », 2000) ;
  • Voix sans issue (in Ténèbres n° 10, 2000) ;
  • Comment j’ai découvert que mes parents étaient des ogres (in Il était une fée, L’Oxymore « Emblèmythiques » n° 2, 2000) ;
  • Vertige (in Douces ou cruelles ?, Fleuve noir grand format, 2001) ;
  • Face à face (in Momies, L’Oxymore « Emblèmes » n° 3, 2001) ;
  • Mademoiselle Irma (in Écrans noirs : “ Polar, Cinéma et Stars ” t.2, Le Marque-page, 2002, signé Gudule) ;
  • Maman (in Psikopat n° 131, 2002, signée Gudule) ;
  • Enfer-sur-Meuse (in Petites danses de macabré, Vents d’Ouest « Rafales / nouvelles macabres », 2002) ;
  • Portrait d’un écorché en costume marin (in Noirs Sœurs : antiphonaire sacrilège en 24 chants, Œil du Sphinx « Les Manuscrits d’Edward Derby » vol. 5, 2002) ;
  • La Petite fille qui mordait ses poupées (in La Solitude du vampire, Librio n° 611, 2003) ;
  • De la mort et autres merveilles (in Mission Alice, Mnémos « Icares », 2004) ;
  • Parlez-moi d’amour (in Baisers de sang, Les Belles Lettres, 2005, signée Gudule).

[modifier] Romans jeunesse, sous le pseudonyme de Gudule

Bibliographie sélective

  • Agence Torgnole, frappez fort (Syros « Souris Noire plus » n° 18, 1991) ;
  • Mémé est amoureuse ! (Syros « Souris noire », 1992) ;
  • Ne vous disputez jamais avec un spectre (Hachette Jeunesse « Vertige » n° 1300, 1997) ;
  • Au Gringo’s bar (Syros « Souris aventure » n° 12, 1998) ;
  • J’irai dormir au fond du puits (Grasset jeunesse « Lampe de poche » n° 30, 1999, Prix de la SGDL 1999, Prix des Incorruptibles 2000) ;
  • Un jour, je serai assassinée sous ma douche ! (Altiora Averbode « Récits express » n° 1, 1999) ;
  • L'amour en chaussettes, Éditions Thierry Magnier (1999)
  • J'ai 14 ans et je suis détestable, (Flammarion, 2000)
  • Barbès Blues (Le Livre de Poche jeunesse Pol. n° 750, 2001)
  • Regardez-moi ! (Flammarion, 2001)
  • La Bibliothécaire (Hachette Jeunesse, 2001)
  • La vie à reculons (Hachette Jeunesse, 2001)
  • Kaïra (Tribal Flammarion, 2002)
  • L'École qui n'existait pas (Pocket Jeunesse, 2003)
  • La Sorcière est dans l'école (Hachette Jeunesse, 2005)
  • L'envers du décor
  • L'Immigré
  • Ne vous disputez jamais avec un spectre
  • Étrangère au Paradis
  • La série autobiographique des Rose, 3 tomes publiés et 2 en attente.
  • Le chant des Lunes, nouvelles fantastiques (Thierry Magnier, 2008)

La Vie à Reculons et La Bibliothécaire sont recommandés par l'Éducation nationale. La Bibliothécaire a fait l'objet d'une étude complète destinée aux classes de 6e-5e dans la revue l'École des lettres.

[modifier] Liens externes