Angine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Cet article concerne l'inflammation de la gorge ou des amygdales, pour la maladie cardiovasculaire voir angine de poitrine.

Amygdales pendant une angine blanche
Amygdales pendant une angine blanche

L'angine ou tonsillite est une inflammation aiguë de la gorge ou des amygdales. Lorsque l'inflammation concerne uniquement les amygdales on parle d'amygdalite, lorsqu'elle concerne aussi la gorge on parle de pharyngite. L'angine se traduit par des maux de gorge. Son origine peut être bactérienne, particulièrement avant 15 ans, ou le plus souvent virale. Il est inutile de la soigner avec des antibiotiques quand l'origine est virale, un traitement symptomatique permettant d'en atténuer les inconvénients suffit. Un nouveau test non encore généralisé permet maintenant de déterminer si l'origine est virale ou bactérienne.

Sommaire

[modifier] Signes cliniques

Inflammation aiguë de l'oropharynx et des amygdales principalement. Elle se caractérise par une douleur pharyngée, des otalgies et une potentielle dysphagie. Des signes généraux peuvent être notés comme un malaise général et une fièvre. L'examen clinique s'attardera sur la palpation des zones cervicales de drainage lymphatique à la recherche d'adénopathies.

L'examen de la cavité buccale permettra de préciser le type d'angine rencontré orientant ainsi la prise en charge.

[modifier] Angine érythémateuse ou érythémato-pultacée

L'examen de la gorge peut retrouver soit des amygdales érythémateuses (« angine rouge ») , soit une muqueuse pharyngée recouverte d'un enduit blanchâtre punctiforme (« angine blanche »).

Ce type d'angine est le plus souvent d'origine virale (rhinovirus, coronavirus, adénovirus, myxovirus influenzae, myxovirus parainfluenzae, virus respiratoire syncitial, ...). Elle est associée dans ce cas à des adénopathies diffuses et une diffusion de l'infection à l'arbre respiratoire. Les examens biologiques et notamment la numération formule sanguine présente une leucocytose normale ou diminuée. Les antibiotiques sont inutiles. La guérison est généralement spontanée, des anti-inflammatoires, des antitussifs et des décongestionnants peuvent être prescrits pour soulager les symptômes tel que la toux et les céphalées.

Cependant, ce type d'angine peut être d'origine bactérienne, principalement due à un streptocoque béta-hémolytique du groupe A, pouvant être responsables de complications rares mais graves (suppurations locales, rhumatisme articulaire aigu, glomérulonéphrite aiguë, scarlatine) et justifiant un traitement antibiotique.

Les autres bactéries possibles sont les pneumocoques, Haemophilius influenzae et les staphylocoques (rare). L'infection est brutale et localisée aux amygdales. La fièvre est élevée 39°-40°. Les adénopathies palpables sont sous-digastriques. Les examens sanguins présentent une hyperleucocytose à polynucléaire neutrophiles.

La conduite à tenir est stéréotypée et elle passe par des prélèvements locaux et notamment l'utilisation de tests de diagnostic rapide (TDR) ou Doctor Tests.

Lorsque l'origine bactérienne (à streptocoque béta-hémolytique du groupe A ou SGA) est confirmée, le traitement repose sur une antibiothérapie de courte durée. Les dernières recommandations de l'AFFSAPS pour les angines à SGA sont[1] :

  • L'amoxicilline pendant 6 jours en 1er intention.
  • En cas d’allergie aux pénicillines on peut utiliser les céphalosporines de 2e génération (céfuroxime-axétil pendant 4 jours) et de 3e génération (cefpodoxime-proxétil ou céfotiam-héxétil pendant 5 jours). L'association amoxicilline-acide clavulanique (Augmentin®) et le céfixime (Oroken®) n'ont plus d'indication dans l'angine à SGA.
  • En cas de contre-indication aux béta-lactamines on peut utiliser les macrolides, les kétolides ou la pristinamycine.

Le traitement est uniquement symptomatique pour une infection virale d'un sujet immunocompétent.

Une attention particulière doit être portée lorsqu'on donne de l'amoxicilline lors de mononucléose, un rash cutané apparaît. Cela n'est pas une réaction allergique, mais simplement un effet secondaire. Puisqu'il est possible qu'une mononucléose infectieuse ou MNI, simule une amygdalite, on doit d'abord procéder à une prise de sang pour confirmer ou infirmer la présence du virus d'Epstein-Barr, avant de donner l'amoxicilline.

[modifier] Angine pseudo-membraneuse

Diphtérie
Due à Corynebacterium diphteriae. Devenue rarissime en France grâce à la vaccination obligatoire, la diphtérie est grave. Les signes généraux et fonctionnels sont modérés. À l'examen de l'oropharynx on peut remarquer sur les amygdales et les piliers des fausses membranes épaisses, adhérentes et cohérentes, envahissant la luette. Le diagnostic est évoqué selon le contexte épidémiologique (absence de vaccination, voyage en zone d'endémie) et la clinique. Il sera affirmé après la découverte du bacille sur prélèvement de gorge. On réalise le traitement en urgence par sérothérapie et antibiothérapie (Penicilline V et Macrolides)
Mononucléose infectieuse
Due au virus d'Epstein-Barr (EBV). À l'examen clinique, le patient présente des adénopathies diffuses et une asthénie intense. Une éruption cutanée et une splénomégalie peuvent être présents. Une numération formule sanguine présentera une hyperlymphocytose à grands lymphocytes basophiles caractéristiques du syndrome mononucléosique bien que celui ci puisse être retardé de 8 a 10 jours après le début des signes cliniques. Une cytolyse hépatique et une thrombopénie sont fréquemment associées. Le diagnostic sera affirmé par la positivité de la sérologie. On utilise pour cela le MNI Test et les IgM (Immunoglobuline) anti-VCA. On évitera tout traitement par ampicilline qui s'accompagne d'éruptions cutanées.

[modifier] Angine ulcéreuse ou ulcéro-nécrotique

Angine de Vincent
Due à l'association fuso-spirillaire (Fusobacterium necrophorum + Borrelia vincentii), elle est l'angine ulcéreuse la plus fréquente. Elle s'associe souvent à une mauvaise hygiène buccodentaire. On retrouve une fièvre modérée, une haleine fétide et une odynophagie unilatérale. L'examen de l'oropharynx montre une ulcération unilatérale avec des membranes grisâtres, souples. Présence d'adénopathies dans le territoire de drainage. Le diagnostic se fait après examen bactériologique des prélèvements de gorge. Le traitement repose sur une antibiothérapie par pénicilline V sur une durée de 10 jours.
Chancre syphilitique
Dû à Treponema pallidum. L'examen de l'oropharynx montre une ulcération superficielle et non douloureuse. La palpation de cette lésion montre une induration. Attention on veillera à bien réaliser cette palpation avec une protection (doigtier ou gant) car le chancre syphilitique est très contagieux. On peut noter une adénopathie satellite de cette lésion qui sera elle aussi non douloureuse. Le traitement se fera en une seule injection intra-musculaire de pénicilline G (benzathine-benzyl-pénicilline).
Agranulocytose
L'angine ulcéro-nécrotique est une manifestation clinique classique mais inconstante des neutropénies profondes et des agranulocytoses. Toute angine ulcéro-nécrotique impose la réalisation d'une numération-formule sanguine.

[modifier] Angine vésiculeuse

Angine herpétique
Due au virus Herpes simplex, le plus souvent lors d'une primo-infection. On notera une gingivo-stomatite (inflammation de la langue et des gencives) associée à l'angine. Le traitement repose sur l'aciclovir pendant 5 jours ainsi que des soins locaux par bains de bouche. Souvent accompagnée de poussée de fièvre et sentiment de vertige.
Herpangine
Due au Virus coxsackie A ou aux Echovirus, elle touche surtout les enfants de moins de 7 ans. L'examen de l'oropharynx présente des petites vésicules pharyngées et une muqueuse inflammatoire. On peut noter de plus une fièvre modérée. Le traitement reste symptomatique.

[modifier] Amygdalite caséeuse

L'amygdalite caséeuse est une accumulation de caseum dans une ou les deux amygdales consécutive à différents types d'angine (infection à streptocoque du groupe A, virus d'Epstein-Barr (EBV) ou Virus coxsackie A). C'est une amygdalite plus avancée, pouvant entraîner des conséquences graves tels que des cavités sur l'amygdale, "creusées" par le caseum et risquant des infections importantes.

[modifier] Notes et références

  1. Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, octobre 2005. En ligne sur http://afssaps.sante.fr/htm/5/rbp/indrbp.htm, page consulté le 15 janvier 2008.

[modifier] Lien externe

  • « Les angines en deux temps, trois mouvements », Le Généraliste n°2267, 21 novembre 2003