Alphabet

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L'écriture
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Un alphabet (de alpha et bêta, les deux premières lettres de l’alphabet grec[1]) est un ensemble ordonné de symboles destiné à représenter plus ou moins précisément les phonèmes d’une langue.

Chacun de ces symboles, ou graphèmes, est aussi appelé « lettre » ; chaque lettre, en théorie, devrait noter un phonème. Certaines lettres peuvent recevoir un ou plusieurs diacritiques afin d’étendre le stock de graphèmes si celui-ci est insuffisant pour noter les sons de la langue ou permettre d’éviter les ambiguïtés. De la même manière, un alphabet peut être étendu par l’utilisation de digrammes ou encore de lettres supplémentaires.

Les évolutions phonétiques d’une langue se produisant à un rythme différent de l’évolution écrite, l’écriture alphabétique ne garantit en aucune manière une correspondance biunivoque entre les phonèmes et les graphèmes, ainsi en français, /s/ se note aussi bien ç, s, ss ou t. A contrario, s peut se prononcer /s/, /z/ ou être muet. Certaines langues, comme le hongrois, ont toutefois une écriture quasi-phonétique. Dans la majorité des cas (hormis pour le hongrois), ce sont des langues écrites depuis peu dont la transcription au moyen de signes alphabétiques a fait l’objet d’une recherche planifiée.

Sommaire

[modifier] Histoire

Les premiers alphabets de l'histoire sont l'alphabet ougaritique et l'alphabet linéaire, deux abjad d'ailleurs déjà classés dans l'ordre alphabétique levantin. Il est suivi par celui des Phéniciens, dont les descendants sont nombreux : aussi bien l'écriture arabe que l'alphabet latin.

Les deux premières lettres de l'alphabet grec, α (alpha) et β (bêta), ont pour origine les deux premières lettres phéniciennes : le coup de glotte et /b/, dont le nom signifiait vraisemblablement « taureau » et « maison ».

Françoise Briquel-Chatonnet (chargée de recherche au laboratoire des études sémitiques anciennes, CNRS-Collège de France) a proposé en 2006 une histoire des alphabets beaucoup plus complète

──o Écritures protosémitiques
  ├─o Alphabet linéaire ou Protosinaïque (XVIe siècle av. J.-C.)
  ├─o Ougaritique (XIIIe siècle av. J.-C.)
  ? ?
  | └─o Phénicien (XIe siècle av. J.-C. - Xe siècle av. J.-C.)
  |   ├─o Paléo-hébreu (IXe siècle av. J.-C., remplacé au VIe siècle av. J.-C. par l'Hébreu carré)
  |   ├─o Punique
  |   ├─o Araméen (IXe siècle av. J.-C.)
  |   | ├─o Hébreu carré (VIe siècle av. J.-C.)
  |   | ├─o Écritures d'Asie centrale (Sogdien, Ouïgour, Mongol, Mandchou, etc.)
  |   | ├─o Karoshti (IIIe siècle av. J.-C.)
  |   | ├─o Brahmi (milieu du IIIe siècle av. J.-C.)
  |   | ├─o Nabatéen (Ier siècle av. J.-C.)
  |   | └─o Syriaque (Ier siècle apr. J.-C.)
  |   |   :
  |   |   └─o Arabe (VIe siècle apr. J.-C.)
  |   └─o Grec (IXe siècle av. J.-C.)
  |     ├─o Étrusque (VIIIe siècle av. J.-C.)
  |     | └─o Latin (Ve siècle av. J.-C. - IVe siècle av. J.-C.)
  |     ├─o Copte (IVe siècle apr. J.-C.)
  |     ├─o Géorgien (début du Ve siècle apr. J.-C.)
  |     ├─o Arménien (début du Ve siècle apr. J.-C.)
  |     └─o Cyrillique (IXe siècle apr. J.-C.)
  └─o Écritures arabiques (début du Xe siècle av. J.-C.)
    ├─o Nord-arabiques (Safaïtique, Thamoudéen, etc.) 
    └─o Sud-arabiques
      ├─o Himyarite

[modifier] Alphabet français

Pour écrire le français, on utilise l’alphabet latin moderne avec ses vingt-six lettres, enrichi par 13 voyelles accentuées auxquelles il faut ajouter le graphème spécial de la consonne « c » portant une cédille « ç Ç » et les deux ligatures « æ » et « œ », appelés respectivement « e-dans-l’a » et « e-dans-l’o ».

L’ordre alphabétique du français est le suivant[2] :

a (à â) [æ*] b c (ç) d e (é è ê ë) f g h i (î ï) j k l m n o (ô) [œ*] p q r s t u (ù û ü) v w x y (ÿ) z

Pour le classement alphabétique « æ » et « œ » sont les équivalents de « ae » et « oe ».

L’alphabet fondamental
A a B b C c D d E e F f G g H h I i J j K k L l M m
N n O o P p Q q R r S s T t U u V v W w X x Y y Z z
Les treize voyelles accentuées supplémentaires
Accent Y y I i E e A a O o U u
aigu É é
circonflexe Î î Ê ê Â â Ô ô Û û
grave È è À à Ù ù
tréma Ÿ ÿ Ï ï Ë ë Ü ü
Icône de détail Article détaillé : Diacritiques utilisés en français.
  • Description des signes diacritiques :
    • l’accent aigu ´ (diacritique le plus courant, mais uniquement sur le e),
    • l’accent circonflexe ˆ (assez courant sur le a, le e et le o dont il peut modifier la phonétique en les fermant ou les allongeant suivant les régions, et résiduel en voie d'obsolescence sur le i et le u où il symbolise une ancienne lettre amuïe, et maintenant complètement disparue au plan phonétique),
    • l’accent grave ` (très courant sur le e qu'il allonge, et sur le a et le u dans quelques mots courants dont il précise le sens sans en modifier la phonétique),
    • le tréma ¨ (sur le e pour éviter la formation d'un digramme vocalique ou d'une diphtongue comme dans Noël, ou sur un e muet pour forcer la prononciation d'une voyelle précédente qui autrement resterait muette dans un digramme consonnantal comme dans aiguë, sur le i de quelques mots comme haï pour les mêmes raisons mais parfois remplacé dans d'autres mots par un h muet avant le i, sur le u de mots assez rares comme capharnaüm et de noms propres, là aussi pour éviter la formation d'un digramme vocalique, et parfois sur le y de certains noms propres comme l'Haÿ-les-Roses).
    • la cédille ¸ (assez courante, mais uniquement en français et en portugais sous le c pour en garder la prononciation avant les voyelles a, u ou o, par exemple le mot ça et les mots et conjugaisons dérivés des verbes en -cer). On trouve également des cédilles sous les S (en roumain et en turc) et sous les t (roumain).
    • Curieusement, certains claviers français, utilisés sous Windows, ne permettent pas d'accentuer un E majuscule (pas d'accent aigu en touche morte) ou d'indiquer la cédille sous un C majuscule, ce qui oblige à un certain nombre de contorsions pour rédiger un texte décent (ou à utiliser par exemple un autre clavier comme le clavier suisse romand ou canadien, ce qui est encore plus pénible à l'usage car les ponctuations sont toutes déplacées de même que certaines lettres de l'alphabet principal). Les systèmes d'exploitation Mac et Unix (ou Linux) ne connaissent pas ce problème, il suffit de se mettre en mode de verrouillage majuscule et d'appuyer sur la touche de la lettre accentuée (mais on doit alors maintenir quand même la touche majuscule enfoncée pour taper les chiffres de la première rangée si on n'a pas de pavé numérique séparé, ce qui est contraire à l'usage dactylographique français, et nécessite une adaptation et peut même ne pas s'avérer pratique pour certains utilisateurs de portables, habitués à taper les nombres sans devoir maintenir une seconde touche enfoncée) ;
  • des ligatures :
    • des ligatures orthographiques : æ et œ (considérées comme des digrammes, car provenant de l'amuïssement ou la contraction de deux syllabes en une seule) ;
    • des ligatures esthétiques : ct, et (&), ff (ff), ffi (ffi), ffl (ffl), fi (fi), fl (fl), ft, st (st) et tt (d'usage courant en typographie, elles ne sont toutefois pas considérées comme des lettres distinctes au plan orthographique, sémantique ou étymologique) ;
  • des graphies consonnantales :
    • des digrammes consonnantaux insécables : ch, gu, ge (avant a, o, u), ph, qu (avant e), sh (dans certains mots importés de l'anglais), sch (dans certains mots d'origine germanique) ;
    • des digrammes consonnantaux sécables, affectant la prononciation : ss ;
    • des digrammes consonnantaux sécables, souvent introduits par mutation orthographique d'un préfixe, et n'affectant normalement pas la prononciation de ce préfixe : ff, gg, ll, mm, nn, pp, rr, tt ;
    • des consonnes le plus souvent muettes en fin de mot, souvent requise pour leur fonction grammaticale ou pour des raisons étymologiques : d (en fin de mot), lt (après au, eau), p (muet après a, o), s, t (sauf après e), x (muet après au, eau, eu) ; ces consonnes sont souvent mutables pour former les accords (x devient s, f devient v) ;
  • des graphies semi-vocaliques :
    • une semi-voyelle formant des diphtongues : y (utilisée au lieu de ill après a pour former des diphtongues distinctes) ;
    • un trigramme semi-voyelle sécable, formant des diphtongues après un son voyelle, ou parfois isolément après une consonne : ill (forme préférée à y)
  • des graphies vocaliques :
    • une voyelle le plus souvent muette en fin de mot, souvent requise pour sa fonction grammaticale ou lexicographique : e (normalement toujours muette après é, i, u, sauf en cas de formule emphatique accentuant exagérément le féminin ; son ajout après une consonne finale provoque la mutation cette consonne, muette ou non, en une autre consonne non muette, ou parfois en digramme consonnantal sécable).
    • de nombreux digrammes ou trigrammes vocaliques (subissant parfois des mutations orthographiques et souvent phonétiques) issus d'anciennes diphtongues, ou d'une réforme de l'écriture de la nasalisation (après la disparition du tilde diacritique) :
      • ai, , ain, aie, an (mutable en am avant les consonnes b, p, m), au, ay,
      • ee (dans des mots importés de l'anglais), ef (dans le mot clef), ei, ein, en (mutable en em avant les consonnes b, p, m), er (en fin de verbe), et (en fin de mot), eu, ez (en fin de mot ou de verbe conjugué),
      • in (mutable en im avant les consonnes b, p, m),
      • on (mutable en om avant les consonnes b, p, m), oo (dans des mots importés de l'anglais), ou, œu
      • un (mutable en um avant les consonnes b, p, m) ;
    • des digrammes ou trigrammes de fausses diphtongues : oi, , oy (sauf avant une voyelle), oin (sauf avant une voyelle).

En français, à la différence d'autres langues, les signes diacritiques ou les combinaisons de lettres (digrammes et ligatures) ne sont pas pris en compte dans l'ordre alphabétique primaire, ou dans les jeux de lettres (mots croisés, scrabble, etc.) ; ces différences d'accents ou de ligatures sont prises en compte seulement au niveau ternaire, c’est-à-dire après le niveau secondaire (différences de casse), considéré plus important, et qui suit le classement alphabétique principal des mots selon les 26 classes de lettres.

[modifier] Alphabets récents et de transcription

Les langues dont la notation écrite est récente (nombre de langues africaines), celles dont l'écriture n'est pas latine voire alphabétique (mandarin, japonais) ou celles dont l'écriture est ambiguë et nécessite une explicitation phonétique dans le cadre de textes didactiques sont le plus souvent écrites ou transcrites au moyen de signes alphabétiques (latins pour l'essentiel). Ainsi, certaines langues africaines sont écrites au moyen de l'alphabet pan-nigérian, des langues purement orales le sont de plus en plus grâce à l'alphabet phonétique international (qui permet de noter plus ou moins bien toutes les langues), une langue à écriture non alphabétique comme le mandarin peut être transcrite en pinyin et l'on utilise en phonétique historique des langues romanes la transcription de Bourciez, toutes écritures alphabétiques.

On se reportera à la liste des méthodes de transcription pour plus de détails.

Icône de détail Article détaillé : Alphabet phonétique international.

[modifier] Autres alphabets

Note :

  • on a classé dans cette liste des écritures qui ne sont pas réellement des alphabets mais des abjads, c'est-à-dire des écritures ne notant que les consonnes ou principalement les consonnes, souvent nommés de manière courante alphabets. On se reportera à l'article en question pour plus de détails. Dans ces écritures, de plus, les lettres ont plus ou moins tendance à changer de forme selon le contexte ;
  • les alpha-syllabaires ─ écritures notant les consonnes accompagnées d'une voyelle fondamentale par un seul signe mais indiquant les autres voyelles par un signe annexe ─ sont recensés dans leur propre article, bien qu'on les nomme souvent mais improprement aussi alphabets. Dans ces écritures, les lettres changent souvent de forme selon leur place dans la syllabe ;
  • le fonctionnement du hangul en fait une écriture très originale mais bien alphabétique : les phonèmes sont visuellement regroupés par syllabe mais les blocs syllabiques créés ne constituent pas des graphèmes indépendants.

[modifier] Alphabets imaginaires

Certains auteurs de littérature fantastique et de science-fiction ont développé un alphabet imaginaire pour donner un relief supplémentaire aux peuples et aux cultures qu'ils ont créés :

[modifier] Système de codage

Le terme alphabet est parfois utilisé pour désigner divers systèmes de codage :

Par extension, alphabet devient une concept mathématique abstrait en théorie mathématique des langages. Mathématiquement, un alphabet est un ensemble, dont les éléments sont appelés lettres, à partir duquel les mots sont engendrés, comme suites de lettres. Cela permet d'y développer des algorithmes.

[modifier] Phrases alphabétiques

Icône de détail Article détaillé : Pangramme.

Un phrase contenant les 26 lettres de l’alphabet est nommé pangramme. Voici quelques exemples :

  • 32 lettres : Juge, flambez l'exquis patchwork d’Yvon (Thérèse Amiel)
  • 35 lettres : The quick brown fox jumps over the lazy dog
  • 37 lettres : Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume
  • 39 lettres : Voyez le brick géant que j'examine près du wharf
  • 40 lettres : Portefaix, buvez ce whisky limonade que je goûte
  • 54 lettres : Voix ambiguë d'un chœur qui au zéphyr préfère les jattes des kiwis
  • 58 lettres : Je me souviens de ce zouave qui jouait du xylophone en buvant du whisky

[modifier] Notes et références

  1. L’hypothèse d’une éventuelle origine hébreu (aleph et beth sont aussi les deux premières lettres de l’alphabet hébreu) est invalidée par la forme de ce mot dans toutes les langues européennes. En fait ces deux lettres grecques ont une origine phénicienne bien établie.
  2. Alain LaBonté, Règles du classement alphabétique en langue française et procédure informatisée pour le tri.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

  • Françoise Briquel-Chatonnet, La Révolution de l'alphabet, Les collections de l'Histoire, 29, 2005.